Dans le faste du Salon Congo, Kabila porte son FCC sur les fonts baptismaux
  • jeu, 05/07/2018 - 04:57

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Ce fut dans la solennité du fastueux décorum d’un Salon Congo rénové.

Il n’y a aucun doute. Pour ce numéro de dimanche 1er juillet 2018 surprenant, le Président de la République Joseph Kabila Kabange a mis les petits plats dans les grands. Salon Congo pour un Front Congo mais un salon Congo complètement rénové dégagé de ses lustres d’antan. Décorum de Davos Forum avec des petites bouteilles d’eau posées sur des bahuts placés face à des sofas de cuir fonctionnels de même type, protocole millimétré d’entrée en salle telle une montée des marches de stars à Cannes avec tapis rouge. Seule manquait une musique de chambre mais le classique Congo Nde Mboka de Tabu Ley a bel et bien résonné...
Sans aucun doute, la forme y était. Parfaitement soignée. Le fond c’est la forme, dit le Français Victor Hugo. Pour ce numéro décliné à la surprise générale dimanche 1er juillet 2018 en début d’après-midi quand nombre de commentateurs politiques le destinaient aux calendes grecques parlant de mort-né après notamment diverses prises de position rapportées par des médias provenant de membres du gouvernement issus de l’opposition - ils auraient exigé le règlement préalable de «questions de fond»-, Joseph Kabila Kabange a donc résolu de mettre les petits plats dans les grands.

PETITE SURPRISE.
D’abord le choix du site où l’activité avait lieu, le Salon Congo. Il ne pouvait y avoir mieux pour un Front Congo mais quelle surprise heureuse pour ceux qui longtemps avaient déserté ce lieu mythique de la IIème République mais désormais trop ringard!
Un Salon Congo défait de ses énormes lustres d’antan et de sa moelleuse tapisserie et, modernité oblige!, complètement rénové avec un plafond fonctionnel truffé de projecteurs et de spots. Décorum de Davos Forum nul doute avec des petites bouteilles d’eau posées sur des bahuts face à des sofas de cuir strict où les participants s’enfoncent sur un poduim de bleu, protocole millimétré d’entrée en salle qui rappelle la montée des marches à Cannes avec, à l’entrée, l’inévitable tapis rouge.
Seul absent un son de musique de chambre mais le classico «Congo Nde Mboka» chanté par Tabu Ley Rochereau au soir de sa vie, laissé à la postérité et qui charme toutes les rencontres souverainistes, était de la partie.
Côté parties prenantes invitées à cette cérémonie faite de solennité de signature de la Charte constitutive du Front Commun pour le Congo, on pouvait être surpris que le Gouvernement ait fait le choix du chacun pour soi Dieu pour tous et... de ne pas se ranger derrière son chef constitutionnel, le Premier ministre Bruno Tshibala Nzenzhe. Ce qui aurait décliné une cohésion nécessaire à l’action gouvernementale.
Mais qui, en définitive, blâmer? Chaque membre du Gouvernement a le droit de révendiquer son appartenance à sa famille de départ qui lui donne son identité (Majorité Présidentielle, Accord de la Cité de l’UA, Accord de la Saint-Sylvestre, opposition kengiste dite Républicains Indépendants et Société civile ) même si cela peut être porteur de germes de division dans un contexte pré-électoral tendu. Au moins, les ministres issus de l’opposition auraient-ils dû se rassembler d’un coté et, de l’autre, ceux de la majorité présidentielle. D’avoir choisi de se ranger en ministres issus des accords de la Cité de l’Union Africaine avec leader José Makila Sumanda, ceux issus des accords du Centre interdiocésain à leur tête, le Premier ministre Bruno Tshibala Nzenzhe et, enfin, ceux de l’opposition kengiste a, certainement du point de vue de ses théoriciens, l’intérêt de positionnement stratégique.

UNITE ET IDENTITE.
Le Vice-premier ministre en charge des Transports et Communications Makila connu pour n’avoir pas la réputation d’entretenir les meilleurs rapports avec le chef du Gouvernement a, sans doute, voulu affirmer, avec son pôle, son identité et, donc, son indépendance.
Ce qui a l’avantage de le mettre hors de portée du chef du Gouvernement et le place, à la prochaine échéance, à la table de partage. Reste ce qu’en pense une Majorité Présidentielle souvent muette, qui pourrait se croire mise à l’index! Dans son allocution de circonstance prononcée dimanche 1er juillet lors de la cérémonie d’ouverture de la Charte à la signature et, lundi 2 et mardi 3 juillet - cette cérémonie s’étant déroulée sur trois jours -, le maître de céans a insisté sur l’un de ces aspects.
Directeur de cabinet du Président de la République, le professeur Néhémie Mwilanya Wilondja sous la modération de qui avait été placé le comité stratégique de retraite gouvernementale qui a mis au point la charte et le protocole du FCC, a pris la parole ces trois jours plus que jamais au nom du Chef de l’Etat, Autorité Morale de ce Front Commun pour le Congo «du fait de son initiative et du caractère fédérateur de celle-ci» (art. 5 de la Charte constitutive).
En clair, si cette méga plate-forme politique est une coalition pour le scrutin présidentiel et qu’elle a principalement pour but de «soutenir une seule candidature à l’élection présidentielle prochaine sur base d’un programme commun», si ses membres déclarent, par la signature de la Charte, se donner des «garanties de solidarité et de bonne foi», chacun d’eux garde son identité et son autonomie, aux termes de la charte, tout en restant néanmoins «soumis à la discipline du groupe».
Florilège de morceaux choisis de cette allocution, plus précisément, celle prononcée dimanche 1er juillet 2018:
«A l’aube de la célébration du 58ème anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance, Son Excellence Monsieur le Président de la République a appelé à la paix, à l’unité nationale et au rassemblement des Congolais».
«La cérémonie d’aujourd’hui portant ouverture de la charte du Front Commun pour le Congo, à la signature sonne en écho au message du Chef de l’Etat, comme un signe d’engagement d’une large partie de la classe politique de ce rassemblement autour de ce que nous avons de plus cher, le Congo». «Le Chef de l’Etat remercie à cette occasion tous ceux qui partagent son soucis de faire passer le Congo avant toute chose, dont l’échantillon se retrouve parmi ceux qui vont signer la charte aujourd’hui et au cours des deux prochains jours».
«Travailler avec tous ceux qui ont la passion du Congo, tel a été depuis 2011 son engagement et sa démarche politique». «Il remercie également les millions de Congolais anonymes qui se tiennent déjà prêts à soutenir ce projet et à accorder leurs suffrages très bientôt aux candidats du FCC à tous les niveaux, afin de donner au pays un Président de la République et une majorité cohérente, stable et la plus large possible à notre pays à même d’asseoir une gouvernance basée sur le patriotisme, la recherche constante du progrès et la justice sociale».
«La charte qui sera signée dans quelques instants est le fruit de tout un processus; il est bien plus, une action participative des forces politiques signataires de l’accord politique de la saint Sylvestre, tendant à préserver la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale chèrement acquises par les pères fondateurs de la nation congolaise».
«C’est bien la résultante des réflexions de ceux qui ont expérimenté les mérites de la cohésion nationale depuis le dialogue national de Sun City ayant facilité la réunification du pays, jusqu’au sursaut patriotique de la nuit de la saint Sylvestre qui ont permis de stabiliser politiquement le pays et de jeter les bases du consensus électoral en vue des élections du 23 décembre prochain, et qui, sous le leadership du Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, ont décidé de renforcer notre démocratie, en lui dotant un des acteurs le plus représentatif : le Front Commun pour le Congo».
«A l’aube des échéances précitées, le FCC se donne l’ambition d’aller à la conquête démocratique du pouvoir en soutenant une seule candidature à l’élection présidentielle prochaine, sur base d’un programme commun, chacun des membres gardant son identité commune, tout en se donnant des garanties de solidarité et de bonne foi».
«En rendant un vibrant hommage à Son Excellence Monsieur le Président de la République pour initiative, je souhaite beau vent au FCC».
D. DADEI.

Le texte intégral de la Charte du FCC.
C’est une charte assez complète. Souverainiste - préserver la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale chèrement acquises par les Pères fondateurs de la Nation; création des richesses pour les Congolais, etc. - mais souci d’apporter un démenti à l’idée d’incapacité politique de l’élite congolaise - démontrer au monde que la classe politique congolaise est capable de se rassembler autour d’une vision commune et des valeurs républicaines en vue de servir l’intérêt général de notre peuple, tout comme prise en compte de divers autres aspects qui incarnent un Etat moderne - politique capable de fédérer les énergies et les ressources humaines indépendamment de leur appartenance tribale, ethnique, provinciale, religieuse, idéologique et autres, etc. C’est cela la Charte constitutive du Front Commun pour le Congo.
Ci-après:

Nous,
- Forces politiques et sociales signataires de l’Accord politique global et inclusif du 31 Décembre 2016 et de l’Arrangement particulier du 27 avril 2017, représentés au Gouvernement d’Union Nationale, à savoir:
1. Majorité Présidentielle,
2. Opposition «Républicains Indépendants»,
3. Opposition signataire de l’Accord du 18 octobre 2016 de la Cité de l’Union Africaine,
4. Rassemblement des Forces Politiques et Sociales acquises au changement,
5. Société Civile.
- Partis politiques;
- Regroupements politiques;
- Personnalités indépendantes;
- Société Civile.
Considérant le processus électoral en cours visant l’organisation des élections apaisées, crédibles, transparentes, libres et démocratiques dans notre pays;
Considérant la nécessité impérieuse de poursuivre la recherche de la cohésion nationale et de consolider la paix, la sécurité, la stabilité ainsi que la promotion du développement socio-économique de notre pays, notamment par la création des richesses pour les Congolais et la justice distributive;
Déterminés à démontrer à la face du monde que la classe politique congolaise est capable de se rassembler autour d’une vision commune et des valeurs républicaines en vue de servir l’intérêt général de notre peuple;
Soucieux de préserver la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale chèrement acquises par les Pères fondateurs de la Nation Congolaise;
Considérant que la tradition politique congolaise, au regard des faits historiques, a démontré que les Congolais, mis ensemble, ont toujours réussi à surmonter de grandes crises, comme cela fut le cas du Conclave de Lovanium, de l’Accord de Lusaka, de l’Accord Global et Inclusif de Sun City, des Concertations Nationales, de l’Accord Politique Global et Inclusif de la Cité de l’Union Africaine du 18 octobre 2016 et de l’Accord Politique Global et Inclusif du Centre Interdiocésain du 31 décembre 2016;
Considérant l’esprit d’ouverture, sans cesse renouvelé, de Son Excellence Joseph Kabila Kabange, Président de la République;
Considérant l’importance de la cohésion nationale expérimentée durant cette période de gestion commune permettant de relever des défis majeurs que connaît le Pays;
Considérant que le bien-être de tout Congolais ne saurait se réaliser sans mettre en avant la pratique des valeurs universelles qui fondent la prospérité des Nations, y compris celles propres à notre culture et à notre peuple;
Soucieux de consolider la démocratie, l’Etat de droit et le respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales dans notre pays;
Considérant qu’il y a nécessité de renforcer la Démocratie par la création d’une structure politique capable de fédérer les énergies et les ressources humaines indépendamment de leur appartenance tribale, ethnique, provinciale, religieuse, idéologique et autres;
Que cette structure devra placer au centre de ses objectifs l’émergence du Congo;
Considérant que cet objectif ne pourra être atteint que grâce à la conquête démocratique du pouvoir, à tous les niveaux, à l’issue du processus électoral en cours;
Que les fondateurs et autres signataires de la présente charte s’engagent à soutenir une seule candidature à l’élection présidentielle et à disposer de la majorité pour gouverner et engager les réformes nécessaires en vue d’un Congo Uni et Fort;
Considérant que dans la recherche de cette majorité, ils s’engagent à demeurer solidaires;
Prenant acte, avec satisfaction, de l’initiative du Président de la République, Son Excellence Joseph Kabila Kabange, de fédérer les forces politiques et sociales au sein d’une plate-forme électorale dont il est l’Autorité Morale;
Mus par la volonté de respecter la Constitution et les lois de la République;
Déterminés à gagner ensemble les prochaines élections à tous les niveaux; Avons convenu et arrêté ce qui suit:

Article 1er:
Il est créé, à Kinshasa, capitale de la République Démocratique du Congo, une grande coalition politique électorale dénommée Front Commun pour le Congo, en sigle «FCC».
Son siège est situé à Kinshasa.

Article 2:
Le but du Front Commun pour le Congo est la conquête démocratique du pouvoir à tous les niveaux aux prochaines élections présidentielle, législatives nationales et provinciales, urbaines, municipales et locales, sur base d’un programme commun.

Article 3:
Les membres du FCC sont:
- Forces politiques et sociales signataires de l’Accord politique global et inclusif du 31 décembre 2016 et de l’Arrangement particulier du 27 avril 2017, représentés au Gouvernement d’Union Nationale, à savoir:
1. Majorité Présidentielle,
2. Opposition «Républicains Indépendants»,
3. Opposition signataire de l’Accord du 18 octobre 2016 de la Cité de l’Union Africaine,
4. Rassemblement des Forces Politiques et Sociales acquises au changement,
5. Société Civile.
- Partis politiques;
- Regroupements politiques;
- Personnalités indépendantes;
- Société Civile.
Chaque membre garde son identité et son autonomie dans le respect de la présente Charte, de ses textes d’application et des décisions des organes du Front.
Les membres se donnent des garanties de solidarité et de bonne foi avant, pendant et après les élections. Ils restent soumis à la discipline du groupe et respectueux de leurs devoirs en tant que membres.

Article 4:
Les règles d’organisation et de fonctionnement du Front Commun pour le Congo sont
déterminées dans le Règlement Intérieur.

Article 5:
Le Président de la République, Son Excellence Joseph Kabila Kabange, est l’Autorité Morale du Front Commun pour le Congo du fait de son initiative et du caractère fédérateur de celle-ci.

Article 6:
Le Front Commun pour le Congo est ouvert à l’adhésion des Partis et Regroupements
politiques, des Personnalités indépendantes et de la Société civile.
Fait à Kinshasa,
le …. /……./ 2018.


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