Des ministres passent outre les directives du DirCab Guylain Nyembo Mbwizia
  • ven, 12/03/2021 - 15:01

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1520|VENDREDI 12 MARS 2021.

Un ministre, mieux des ministres d’un gouvernement réputé démissionnaire ne peuvent-ils être suspendus et/ou démis de leurs fonctions pour faute ostentatoirement lourde, qui s’apparente à une insubordination ou un boycottage des recommandations expresses du Chef de l’Etat?

Le 30 janvier 2021, Guylain Nyembo Mbwizia, alors tout nouveau DirCab du chef de l’Etat, agissant au nom du président de la République, rend public un communiqué portant notamment suspension de tout engagement, liquidation et paiement de toutes dépenses autre que les charges du personnel au sein des ministères.

Recrutement, nomination, promotion du personnel à tous les niveaux sont également interdits autant que des voyages à l’extérieur du pays des membres du gouvernement et ceux de leurs cabinets. Mais, dès la diffusion de ce communiqué, que des commandes des véhicules, des équipements divers, que des recrutements, le mouvement va s’accentuer avec la nomination du nouveau Premier ministre, Jean-Michel Samba Lukonde.

INSUBORDINATION CARACTERISEE.
Ministre d’Etat sortant en charge des Ressources hydrauliques et Electricité, Eustache Muhanzi Mubembe s’est engagé, mi-février 2021, dans la réhabilitation de son cabinet et de celui de son vice-ministre. On ne sait trop sur quoi portent les travaux sinon qu’ils ont été confiés à l’entreprise Modern Construction de l’Indien multi-milliardaire Harish Jagtani pour 221.445 US$.

Le 19 février 2021, le même Eustache Muhanzi réalise une triple commande : «des véhicules terrestres » sans en préciser ni le nombre ni la marque ou encore les caractéristiques techniques. Juste le montant, 368.100 US$ auprès de la société PETRAC. Selon la note du ministre, les bénéficiaires de ces véhicules sont les membres de son cabinet et le secrétariat des Ressources hydrauliques et Electricité «dans le cadre de suivi des projets», note-t-il.
Une autre commande a porté sur du «matériel roulant» non autrement identifié pour un montant de 40.000 US$ auprès de la DAON MOTORS.

Motif avancé : compte du projet Katende-Kakobola.
La troisième commande porte sur «les équipements informatiques» d’une valeur de 116.030,36 US$ et «des équipements divers pour l’évaluation des centrales hydroélectriques identifiées dans l’Atlas des énergies renouvelables» pour 129.214,64 US$ auprès de l’UAC.
Commentaire de ce syndicaliste de la SNEL SA sur l’opportunité de ces différents équipements: «du n’importe quoi! Juste pour se faire l’argent».

DOCUMENTS ANTIDATES ET POSTDATES.
Autre ministre : José Mpanda de la Recherche scientifique et Innovation technologique.
Alors qu’il s’est emmêlé les pinceaux avec son arrêté-portant sur les modalités pratiques d’intervention du Comité national de protection contre les rayonnements ionisants (CNPRI) et du Commissariat général à l’Energie atomique (CGEA), qu’il aurait antidaté, selon les services précités, pour se soustraire des mesures conservatoires prises par le Dircab du chef de l’Etat, le voilà qui s’est payé l’outrecuidance d’effectuer, en février 2021, des commandes de divers équipements scientifiques et de laboratoire pour plus de 482.000 US$ auprès d’une société sujette à caution CUPRO LABO, au bénéfice, selon lui, du Centre de recherche géologique et minière (CGRM), du Centre de recherche en sciences appliquées et technologiques (CRSAT), du Centre de recherche agro-alimentaire de Lubumbashi (CRAA) et de l’Institut de recherche en sciences de la santé (IRSS). Mais aucun de ces services précités n’aurait, à ce jour, acquis un quelconque matériel. (…).

Aux ITPR, le coordonnateur de la Cellule des Infrastructures, Théophile Ntela Lungumba, a probablement déjà recruté un comptable dont le début de prestation est prévu pour le mois d’avril 2021. La cellule des Infrastructures est en cours de recrutement d’ une firme de consulting pour réaliser l’étude de référence pour l’évaluation des impacts du projet Kin Elenda porté par le ministre de tutelle sortant, Willy Ngopoos. Au ministère de la Santé, on a recruté pêle-mêle courant février, notamment un assistant technique et trois chauffeurs.

Il y a aussi ce projet qui n‘irait pas sans faire polémique. Mi-février 2021, le ministère de la Santé annonce vouloir se constituer un fichier des fournisseurs des biens et des prestataires des services que sa Cellule de gestion des passations des marchés publics va devoir inviter pour participer à des appels d’offres restreints au cours de deux prochaines années. Il s’agit des opérateurs dans les domaines de papeterie, imprimerie, services traiteurs et salles des conférences, stations-services, fourniture d’équipements informatiques, des fournitures de labo, des médicaments… les entreprises des travaux (ndlr probablement de construction), les agences de transport et fret, des bureaux d’études. (…) Après ses démêlés, Azarias Ruberwa en soins en AfSud, pourrait ne pas revenir au gouvernement.

D’ailleurs, au terme des consultations menées par le chef de l’Etat, la classe politique a jugé le ministère de la Décentralisation superfétatoire et opté pour sa suppression. Et pourtant, au Secrétariat général de la Décentralisation, il est rapporté un marchandage des promotions et des postes, 20 à 50 US$ selon la tête du client, au mépris des directives du Dircab du chef de l’Etat. Des voix s’élèvent pour qu’un audit financier soit organisé dans chaque ministère avant la remise et reprise entre ministres Sylvestre Ilunga Ilunkamba et Jean-Michel Samba Lukonde.
POLD LEVI MAWEJA.


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