Fayulu et... ses ex
  • jeu, 26/09/2024 - 12:41

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1619|JEUDI 26 SEPTEMBRE 2024.

Comment expliquer des revirements politiques aussi spectaculaires ?

Parlons légalité (l'acte posé selon la loi).Lorsque l'on ne dispose d'aucun élu dans aucune chambre parlementaire, au local et au national que l'on a refusé de gagner lors d'une confrontation électorale après que l’on a appelé les siens à ne prendre part à aucune élection, et donc à boycotter des scrutins sur papier politiquement ouverts et que l’on annonce qu'on ne prendrait pas soi-même aucune course même celle de la présidentielle et que l'on se précipite la veille des scrutins à déposer secrètement son dossier personnel, en laissant sur les carreaux tous ses lieutenants, et qu'on y obtient au final 5,33% des voix face à plusieurs autres candidats dont l'un fait 18, 08%, le vainqueur réalise 73,34%, parler dialogue quand se clôture le cycle électoral avec la mise en place des Institutions d'après élections, au national et au local (provincial), cela, pour, dit-on, rechercher la cohésion nationale, quel sens donner politiquement à ce récit?

Parlons conflit (la guerre à laquelle fait face le Congo mais malheureusement depuis une trentaine d'années, le pays convoité et redouté pour les richesses de son sous-sol, agressé par ses voisins instrumentalisés et armés par la Haute Finance, les multinationales soutenues par des puissances planétaires).

La solution réside-t-elle dans un dialogue politique interne ou dans une réponse appropriée qui commence par la reconstruction des forces armées, leur montée en puissance et dans la maîtrise de la diplomatie ?

Comment et pourquoi ne pas le dire haut et fort? Dans la vie et en politique, rien n'est impossible, tout est possible. Les accords se construisent et se déconstruisent chaque jour et parfois selon le temps qu’il fait.

Petit rappel (deux phrases cultes prononcées par deux dirigeants politiques français) :
◗ Jacques Chirac, ancien maire de la ville de Paris, ancien Premier ministre, ancien Président de la République: «Les promesses n'engagent que ceux qui les reçoivent».
◗ Charles Pasqua, un homme de la même veine que le précédent, pétri lui aussi d'expérience, qui fut ministre de l'Intérieur dans son pays : « Les promesses des hommes politiques n'engagent que ceux qui les reçoivent ».

« ATTRAPE-NIGAUDS» ?
Par quelle magie Martin Fayulu Madidi appelle l'UDPS, le parti présidentiel, à venir l'accueillir à l'aéroport de N'Djili, à sa descente d'avion le 31 septembre 2024 et lance un appel à un dialogue ? Mais si la cohésion nationale est une nécessité, est-ce la cohésion - qu'on ne s'y méprenne pas - qui arriverait en tête face à la guerre que livre le Rwanda à notre pays ?

Si les provinces de l'Est sont attachées au Congo, ce qui fit triompher (il faut le souligner) le récit corsé du Candidat Président lors de la campagne électorale, cet attachement des populations à leur pays a-t-il empêché les trop nombreuses prises de localités par la coalition RDF-M23-AFC au Kivu ?

Comment expliquer tant de revirements aussi spectaculaires qu'inattendus de Fayulu, auto-proclamé «commandant du peuple», «éternel demandeur de la vérité des urnes», « opposant de choc anti-Tshisekedi », qui a eu à la bouche, des années durant, les mots « simulacres d'élections et résultats farfelus de la CÉNI », expliquant sans fin que « jamais au Congo, Monsieur Tshisekedi Tshilombo Tshilombo ne peut, en aucun cas, gagner une élection organisée régulièrement »?

Parlons légitimité (l’acte reconnu, accepté par une communauté, en l'espèce, la Nation). Quand, dans une autre vie, on a été porté par quelques membres lors d'une entente politique tactique, donc éphémère, au cours d’une rencontre à l'étranger, à Genève en l'occurrence, appelée et financée par des multinationales qui combattent et exploitent le pays et qu'on croit avoir fait du résultat non reconnu à la publication, que tous ceux qui vous ont porté et présenté dans leurs espaces sociologiques (Jean-Pierre Bemba Gombo, Moïse Katumbi Chapwe, Antipas Mbusa Nyamwisi, Adolphe Muzitu Fumutshi, Freddy Matungulu Mbuyamu Ilankir) vous ont abandonné, que vous êtes désormais plus isolé que jamais, quelle cohérence, quelle justesse, quelle mesure donner à la démarche qui consiste à vous hisser à la tête d’une initiative de dialogue national pour (la cohésion nationale) ?

Certes, le dialogue est permanent en politique tout comme la consultation (il n'y a rien de nouveau sous le soleil) et plus que jamais dans un pays avec une foule de partis politiques, organisations de la société civile, églises, médias, etc., dont la parole a une influence dans la perception des affaires mais fondamentalement à qui revient la légitimité d’une telle initiative pour qu'elle ait un sens et dans quel contexte en faire l'annonce ?

Lundi 13 novembre 2023, à la veille des élections du 20 décembre 2023, lors d'une rencontre diffusée en direct à la télévision depuis la salle Majesté de l'hôtel Hilton à Kinshasa, organisée par la Commission Électorale Nationale Indépendante, présidée par son président, Denis Kadima Kazadi, qui avait réuni les vingt-et-trois candidats président de la République ou leurs représentants dans un cadre dit de concertation, réunion à laquelle ne s'était pas présenté physiquement sans savoir pourquoi Moïse Katumbi, les téléspectateurs avaient perçu très clairement une évolution (une révolution) dans les rapports entre le président en exercice et candidat à sa propre succession, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo et son opposant «farouche».

Excellente idée de cohésion ! Nul doute, fondamentalement, leurs rapports n’avaient plus été/n'étaient plus désormais les mêmes ! Ce jour-là, le Président de la République et Fayulu s'étaient parlés longuement et, au moment de quitter la salle, appelé par une charge d'État, le président avait eu un dernier échange de mots avec lui.

Qu'est-ce qu'ils s'étaient dits ? Comment ne pas se poser la question quand Fayulu s'adresse à l'Udps, parvient à le convaincre, l'appelle à venir l’accueillir à sa descente d'avion et l’accompagner des heures durant à son meeting ? L’appareil politique d'un parti aussi organisé, pouvait-il être loin d’une telle action?

Disons-le franchement. En dépit de retournements de veste fréquents au sein de la société congolaise, quel sens aurait un dialogue national sans Kabila et les siens qui invoquent désormais l'article 64 de la Constitution, sans Katumbi dont le porte-parole, Olivier Kamitatu Etsu, dit, en l'écrivant sur son compte X (Twitter), «dialogue, négociation ou table-ronde, des attrape-nigauds lancés par le pouvoir, ont pour seul but de leurrer une opposition dont certains membres semblent déjà essoufflés» et dont Katumbi ne se sent nullement «concerné»? Et d'ajouter, penser à une présence de Katumbi ? « Rien n'est plus faux ».

Au fait, a-t-on jamais douté de l’engagement de la Nation pleine et entière aux côtés de ses forces armées ? Dès lors, s’il faut gagner cette guerre, que reste-t-il à faire sinon réorganiser nos forces armées et les monter en puissance ? Que viendrait y faire Fayulu ou un quelconque participant à ce Dialogue que n’ont pu faire à ce jour les Congolais ?

Quand un jeune homme d'affaires passé en politique, Seth Kikuni, hier rencontré ici, aujourd’hui rencontré là, qui n’a désormais de cesse que l’injure à la bouche, ne doit-on pas se demander ce qu'au final le pays porte comme modèle ?
KKMTRY.


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