- mar, 15/12/2020 - 22:32
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1511|MARDI 15 DECEMBRE 2020.
Texte revu, corrigé, complété, actualisé.
S’il échoue dans un projet d’industrialisation à Bukanga Lonzo, Matata gagne le marché d’industrialisation du Congo.
Cela pourrait s’appeler un gentelman Gift fait à un mentor ou, s’agissant d’une affaire d’argent, retour sur investissement sauf qu’il s’agit de questions de gouvernance, des questions de l’Etat.
D-G d’une banque en puissance de développement qui brasse plusieurs centaines de millions de US$ à prêter à qui veut - généralement à des amis bien placés -, Patrice Kitebi Kibol M’vul a accordé, le 18 juin dernier, le gros marché d’élaboration d’un Plan directeur d’industrialisation du Congo au cabinet Congo Challenge, propriété de son mentor, l’ex-Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon (image - document en fac-similé ci-contre).
Problème : la note d’attribution non référencée est muette sur le coût de la prestation (les sommes que devra débourser le FPI au bénéfice de Congo Challenge) outre qu’elle n’informe pas sur les données standards d’adjudication d’un marché public tel que le recommande l’Autorité de Régulation des Marchés publics, particulièrement la procédure de passation du dit marché.
PROCHE DE MATATA PONYO MAPON.
Ministre délégué honoraire des Finances, Kibol M’vul sait pertinemment l’obligation légale de rendre public le coût de ce marché sans lequel le fisc (Direction Générale des Impôts) ne saurait percevoir la TVA, la Taxe sur la valeur ajoutée.
«Tout porte à croire qu’il s’agit d’un marché de gré à gré, un arrangement convenu au temps fort de la gué-guerre dans la coalition FCC-CACH au pouvoir. L’attention de tout le monde était tournée ailleurs», explique un délégué syndical du FPI «horrifié par la conclusion de ce marché» et dont les rapports sont électriques avec le D-G.
La loi dispose que les conditions essentielles pour un marché de gré à gré sont la détention d’un brevet d’invention, d’une licence ou d’un droit exclusif, les raisons techniques ou artistiques détenues par un seul prestataire, l’extrême urgence… les marchés spéciaux.
Or, Congo Challenge (qui publie une revue dite scientifique, propriété de l’ancien Premier ministre) n’a été créé qu’en 2017, l’avant-veille du départ de Matata de la Primature et n’a encore fourni, en l’espèce, aucune preuve... sauf médiatique, commente un «opérateur politique» qui note «le bruit dans les médias» autour de cette revue dont la qualité d’impression ou graphique est cependant réelle. Par ailleurs, le décret sur les marchés spéciaux attendu depuis 2010 n’a pas encore été rendu public.
Pourtant, sur sa décision d’attribution définitive, Kibol M’vul écrit qu’il a obtenu, à la date de 16 avril 2020, l’avis de non-objection de la Direction de Contrôle des Marchés Publics. S’agirait-il de la Direction Générale de Contrôle des Marchés publics dont le témoignage du DG a.i a été déterminant dans le procès des 100 jours et dans la condamnation de Kamerhe et Jammal au procès du siècle? Ensuite, experts du gouvernement, industriels délégués des organisations patronales dont la FEC et partenaires extérieurs réunis dans un palace dans la Capitale venaient de valider le Document de la politique et des stratégies industrielles de la RDC, après 10 jours (20-29 février 2020) d’intenses réflexions. L’atelier de validation était présidé, au nom du Premier ministre Sylvestre Ilunkamba, par la VPM en charge du Plan, Elysée Munembwe. Présent : le ministre de l’Industrie, Julien Paluku qui a la tutelle du FPI.
«Le document qui sera validé est le fruit de travail effectué par les experts du ministère de l’Industrie lors d’un atelier organisé du 5 au 6 novembre 2019», a déclaré Paluku en ouverture. Kibol n’en était-il pas au courant ou a-t-il fait précipiter les choses pour ne pas être gêné aux entournures? La «Décision d’attribution définitive» du marché de l’élaboration d’un Plan Directeur d’Industrialisation du Congo, se fonde sur le plan de passation des marchés de l’exercice 2020 du FPI. De quel plan s’agit-il ? Le ministère de l’Industrie en dispose déjà un?
Julien Paluku : «L’élaboration de la politique industrielle va toucher le plan directeur de l’industrialisation qui sera chiffré». Puis : «Comme nous sommes encore au processus d’élaboration du budget programme, nous allons devoir sortir les financements qui seront faits par le gouvernement de la République et le gap qui devra être négocié auprès des partenaires».
Fort de son plan stratégique d’industrialisation du pays, Paluku a réussi à convaincre, le 30 juillet, l’ambassadeur de la République Islamique d’Iran, Mohamed Javad Sahiriati, de faire profiter aux industriels iraniens des faveurs des zones industrielles économiques du Congo en gestation.
Les deux pays ont signé des accords commerciaux sur le transport aérien, la fourniture du pétrole, la création d’une commission spéciale mixte en matière commerciale. Le marché confié à Matata paraît pour le moins injustifié ou redondant.
Mais comment l’homme qui a échoué dans un projet agro-industriel à Bukanga Lonzo malgré la mise à disposition de plusieurs centaines de millions de $US par le Trésor, a pu gagner le marché d’industrialisation du Congo?
Conseiller de Matata - lors des années Finances -, Kibol N’Vul a suivi le nouveau Premier ministre au Gouvernement mais comme ministre délégué près le Premier ministre en charge des Finances avant de passer la main à un ministre plein, Henri Yav Mulang.
Signe que le vrai décideur aux Finances était celui qui avait été élevé au rang de Premier ministre...
Avant de passer les clés de la Primature à Samy Badibanga nommé le 20 décembre 2016 à l’issue du dialogue de la Cité de l’UA, Matata a fait désigner son ancien ministre délégué, D-G au FPI. Une nomination jamais lue sur la télé publique Rtnc comme de coutume ni publiée au Journal officiel.
POLD LEVI MAWEJA. /strong>
Le Soft International n°1494 daté 10 août 2020.