Douze mois derrières les barreaux.
Il écope de 12 mois ferme et met fin à son mandat de Député
  • lun, 01/10/2012 - 10:10

Il écope de douze mois ferme et d’une amende de 100.000 CDF. C’est l’arrêt rendu vendredi 28 septembre à la Cour suprême de Justice statuant en procédure de flagrance dans l’affaire opposant le Ministère public contre le Député de la Majorité, ancien chef de la rébellion du RCD-Goma, ancien membre du Bureau du Parlement du 1+4, ancien ministre de la Défense du 1+4, médecin de son état, Adolphe Onusumba Yemba.
LE SOFT INTERNATIONAL N°1191 DATE LUNDI 1ER OCTOBRE 2012

INFRACTION DE VIOL.
C’est d’office une fin de mandat de Député pour Adolphe Onusumba.
Après cinq audiences émaillées de débats houleux et contradictions entre le Procureur général de la République, la défense et le conseil de la victime, les juges ont établi, en droit et en fait, une infraction de viol.
Le procureur général de la République avait requis une peine maximale de 20 ans. Onusumba a bénéficié des circonstances atténuantes, qui ont réduit sa peine à une année d’emprisonnement.
L’avocat de la victime - Mireille Owale - a regretté une occasion ratée de «faire un exemple» à l’intention de ceux qu’il qualifie de «prédateurs».
«Le ministère public a requis 20 ans mais la cour a décidé 12 mois. Donc, nous ne sommes pas vraiment satisfaits par rapport à ce volet parce qu’il aurait fallu que cela serve d’exemple aux autres prédateurs. Nous allons saisir le tribunal de grande instance pour les dommages et intérêts de la fille car elle a été abusée sexuellement», a-t-il affirmé. Côté défense, on se résigne à accepter le verdict. «La cour a rendu son verdict en toute souveraineté. Nous nous inclinons. Il n’est pas question de parler de satisfaction ou pas. On respecte le verdict de la cour», a déclaré un avocat du Député qui avait été arrêté en flagrance par la police dimanche 23 septembre dans un hôtel de la place.

UN PIEGE TENDU PAR LA FAMILLE.
Dès le lendemain, le Député, cadre de la Majorité présidentielle, en résidence surveillée, avait été présenté dans une chambre, poursuivi pour viol sur mineure et comparaissait en procédure de flagrance.
La victime a dit avoir 17 ans mais le Député a protesté, parlant de 22 ans, exhibant comme preuve une carte d’électeur de la fille qu’il dit avoir tirée du site internet de la CENI, la Commission électorale nationale indépendante.
La victime explique qu’elle est abusée depuis à 2007 par le Député.
Ce que le Député a reconnu.

UNE ASCENDANCE PSYCHOLOGIQUE.
Sur son âge, la victime a présenté ses bulletins de classe depuis l’école primaire jusqu’au secondaire sur lesquels il est mentionné qu’elle est née le 22 avril 1995.
Mlle Owale, diplômée d’Etat, a affirmé devant les juges, garder encore le liquide séminal du Député Onosumba, se disant prête à subir un test médical.
Dans sa défense, Onusumba a déclaré que les relations sexuelles avec la fille - qu’il a prise en charge de Lodja à Kinshasa - sont consentantes depuis un mois. L’élu et la fille ont été surpris en flagrance dimanche 23 septembre dans une chambre d’hôtel de Kinshasa par la tante de la victime qui a aussitôt alerté la police nationale congolaise qui s’est rendue sur le lieu et a arrêté le Député.
Pour le Député, cette arrestation est un piège tendu par la famille de son amante. Au terme d’un réquisitoire prononcé jeudi 27 septembre, le procureur général de la République a requis 20 ans de prison et 100.000 FC Constants, soit 100.000 USD d’amende contre le député.
Pour le ministère public, le viol sur la victime présumée est bel et bien établi en fait et en droit. Mais le doute persiste sur l’âge exact de la jeune fille.
Le ministère public a expliqué que le député avait frauduleusement obtenu la carte d’électeur de sa victime présumée, les informations sur les électeurs étant discrètes et personne ne pouvant y accéder.
La mère de Mlle Owale qui dit avoir confié sa fille au Député pour des raisons d’études, avait affirmé que celle-ci est née en 1995, avant de parler de 1993, confirmant la version de l’accusé. Mais le procureur parle d’«acte sexuel illicite et illégal» par lequel le prévenu a exercé une ascendance psychologique sur sa victime qui affirme avoir été déviergée par l’accusé en 2007, alors qu’elle n’avait que 14 ans. Ce que l’accusé nie.

UNE VIE ACTIVE TRUCULENTE.
«C’est moi qui ai été sexuellement harcelé par Mireille», s’est-il défendu.
Tout au long de ces audiences, le prétoire était rempli de partisans du Député, ancien président du RCD-Goma devenu ministre de la Défense à Kinshasa lors du régime 1+4 avant de quitter le RCD et de créer avec d’anciens dissidents l’UCP (Union des Congolais pour le progrès).
Selon le secrétaire général de ce parti, Bienvenu Akilimali Mungaga, le procureur général de la République n’ayant pas prouvé la minorité de la fille, on ne peut pas parler de viol sur mineure. «Il s’agit bien d’une majeure sur laquelle le Député national n’avait pas d’autorité parentale», contrairement à ce que soutient le procureur. «Le Député l’avait aidée de façon sporadique par une assistance. C’est la chose qu’on veut tenir pour dire qu’elle avait une autorité sur la fille. Ce sont des fabulations», a-t-il déclaré. Médecin de son état, Onusumba est connu de ses compatriotes depuis son passage à Goma où, venant d’Afrique du Sud, il avait rejoint la rébellion du RCD-Goma peu avant avant les négociations inter-congolaises de Gaborone.
Courageux sinon téméraire, il est l’un des rares Congolais à avoir suivi une formation militaire concluante dans les camps de l’APR (Armée Patriotique Rwandaise) qui le fit remarquer par l’armée rwandaise alors aux côtés du RCD-G.
A Goma, il rencontra peu de sympathie à son égard et repartit en Afrique du Sud avant de revenir comme «gouverneur» du Kasaï d’où il revient peu de temps après pour être nommé chef de la diplomatie avant de prendre la présidence du mouvement rebelle. En mai 2008, il reçut des balles aux jambes lors de ce qui est présenté par certains comme une bagarre avec des soldats en faction. Après des soins en Afrique du Sud, il manqua à Bruxelles d’être lynché par des opposants alors qu’il marchait imprudemment dans les rues à l’aide de béquilles. Député de Lodja, Sankuru (élu en 2006 et 2011), ses relations avec d’autres hommes politiques de la contrée ont souvent été à la base de jacqueries suivies de graves dégâts matériels et parfois de morts d’hommes.

LEGENDE :
Douze mois derrières les barreaux. DROITS RESERVES.
ALUNGA MBUWA

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