Kerry et Kabila
Kabila, un grand destin
  • ven, 09/05/2014 - 21:58

Chaude poignée de main, amitié scellée, retour sur l’événement.

Revoyons le film de la visite le week-end dernier de John Kerry dans la Capitale. Des gestes et des mots qui en disent long. Une visite chaleureuse voire très chaleureuse. Où l’Afp et Rfi ont trouvé ce que ces médias ont rapporté? L’Afp a fait un Urgent, sa consœur Rfi a surenchéri en parlant d’une phrase choc introuvable dans le verbatim officiel (le texte officiel retranscrit) par le Département d’Etat américain que Le Soft International a trouvé sur Internet sur le site officiel américain (lire page 5, éd. papier)!

Vendredi 2 mai, un représentant de la communauté sanitaire mondiale annonce au Premier ministre Matata que le Congo va recevoir 701 millions de dollars du Fonds Mondial pour le financement de la lutte contre le VIH sida, la tuberculose et le paludisme pour la période 2014-2016; que le Congo est l’un des six pays au monde à être élu pour expérimenter un nouveau modèle de financement du Fonds Mondial; que cela fait suite à une gouvernance du pays qui fait impression à l’échelle mondiale. A Kinshasa, on se réjouit que 214 millions de dollars de ce financement soient déjà disponibles; que le reste est en pipeline; qu’un haut fonctionnaire international séjourne dans le pays pour le suivi exécution de ce fonds. On note que tout cela est exceptionnel, qu’une mobilisation internationale particulière s’observe en direction du Congo; que la Fondation Bill Gates - du nom du richissime donateur américain des NTIC - attend à Genève un Missi Dominici congolais.
Clôturant un week-end dans la Capitale, l’ancien candidat aux primaires pour la Maison blanche qui a remplacé Mme Clinton au Département d’Etat, a fait deux annonces.
1. Washington va mettre 30 millions de dollars de financement supplémentaire visant à soutenir le processus électoral.
2. L’USAID (agence américaine pour le développement international) va débloquer 1,2 milliard de dollars pour le processus de DDR (Démobilisation, Désarmement et Réintégration). Jamais à ce jour, les Etats-Unis n’avaient été aussi généreux à l’égard de notre pays et l’Amérique ne fait jamais un geste qui ne soit basé sur l’efficacité...

DES FAISCEAUX CLAIRS.
L’Amérique qui pèse sur les décisions du Fonds Mondial vu son poids financier, a décidé d’envoyer le bon signal. Washington clairement mise désormais durablement sur la normalisation et sur la stabilité du Congo. Cela est le résultat de la nouvelle respectabilité qu’inspire notre pays.
Dans le concert de réprobation généralisée qui dangereusement prend corps, où chaque mot positif est sujet à polémique et rangé dans le politiquement incorrect, il nous faut faire montre de conviction et de courage pour éviter de crier avec les loups. Mais comment ne pas être d’accord sur le fait qu’il est inacceptable de cacher la vérité!
Cette vérité, la voici: il s’observe des faisceaux clairs qui indiquent un retournement de situation dans la sous-région et un déplacement stratégique du centre d’intérêt en Afrique. Après les années gâchis de fin du régime Mobutu, le Congo retrouve sa place dans le concert des Nations grâce au redressement opéré par Kabila dans le pays avec tous les indicateurs économiques au vert.
L’Amérique veut être avec et aux côtés du Congo. Kabila sera la grande attraction du 1er Sommet Etats-Unis-Afrique à Washington (5-6 août 2014) sur le modèle de celui de l’Elysée (6-7 décembre 2013) autour de François Hollande où le président français avait passé un message autre que celui du XIVème Sommet de la Francophonie (Kinshasa, 10-14 octobre 2012) dû à une connaissance imparfaite des réalités du pays autant qu’à la pression inconvenante de l’opinion publique. Kabila est ainsi invité à effectuer une visite d’Etat à Paris (le 21 mai) où il aura un tête-à-tête avec le président français en vue de sceller une nouvelle amitié.
Alors que l’Asie (Chine, Japon, Inde) parcourt l’Afrique de part en part, l’Occident ne pouvait continuer à ignorer un Continent et un pays qui font montre d’efficacité.
«Le président Obama se réjouit d’accueillir les dirigeants du Continent africain dans la capitale de la nation afin de renforcer les liens avec l’une des régions les plus dynamiques et à la plus forte croissance au monde», écrit le communiqué de la Maison blanche annonçant ce Sommet. «La croissance de l’Afrique a fait naître l’espoir que l’un des derniers grands marchés inexploités de la planète commence à atteindre son potentiel. Les responsables des pays occidentaux commencent à comprendre l’enjeu stratégique que représente l’Afrique. Dans ce contexte, on peut sans doute situer l’intérêt des Américains dans ce premier sommet», analyse un observateur.
Or, si l’Afrique connaît un taux de croissance moyen de 5%, le Congo affiche un chiffre qui fait pâlir: 8,5% et annonce pour 2015 un taux de croissance de deux chiffres. De là les déclarations du chef de la diplomatie américaine. Des mots qui en disent long. «Je n’ai aucun doute sur le fait que l’héritage du président Kabila sera défini par les progrès qu’il a faits, en particulier l’année dernière, en vue de la résolution de la question sécuritaire dans l’est du pays et sur le plan économique (…). Le Président est un homme jeune. Il peut encore contribuer au développement de son pays». Si le secrétaire d’Etat ne prédit pas un grand destin au Président de la République, il faut trouver d’autres mots pour le dire...

FORTEMENT ADMIRATIF.
Selon des témoins oculaires, tout au long de cette visite, le secrétaire d’Etat américain s’est montré fortement admiratif pour l’œuvre accomplie par Kabila. A certains moments d’une rencontre matinale dominicale, en présence de leurs collaborateurs, on les prendrait pour des Rock Stars. Un véritable baume de convivialité entre les deux, devant leurs collaborateurs, devant la presse internationale, devant des caméras du monde. Kerry aurait été porteur d’un message désagréable qu’il aurait certainement adopté une autre posture. Dès sa descente de son Boeing 757-300 à N’Djili où le Président de la République avait mis les petits plats dans les grands en organisant un accueil sur le tarmac et au pavillon présidentiels, signe qu’il est un hôte de marque de la République, il empoigne chaleureusement la main de son homologue congolais Raymond Tshibanda Ntunga Mulongo avant de lui faire une petite tape dans le dos, devant des journalistes et des caméras de télévision diffusant en direct, signe d’amitié et de reconnaissance pour l’œuvre accomplie par le pays. Avait-on vu un tel épanchement d’amitié à la XIVème Francophonie de Kinshasa lors de l’atterrissage de l’avion français et lors de l’accueil protocolaire dans le patio du Palais du Peuple, devant les caméras du monde?
Tous ceux qui ont vu les gestes et les mots du secrétaire d’Etat tout au long de sa visite dans la Capitale sont formels: il s’est agi d’une escale chaleureuse voire très chaleureuse. Avec le nouveau leadership impulsé par Kabila à la tête du pays, le Congo se remet sur la place et dans le rôle qui sont les siens et qu’il avait longtemps laissés vacants: le moteur du Continent.
Il suffit d’ailleurs de rechercher la logique de cette escale.
Si le secrétaire d’Etat s’est rendu à Addis-Abeba, c’est certainement une visite de diplomate: la Capitale éthiopienne abrite le siège de l’Union Africaine. Il en a profité pour faire une escale à Juba - l’Amérique a parrainé l’indépendance du Soudan du Sud et veille sentimentalement à ses premiers pas.
S’il s’est rendu à Luanda, c’est à nouveau une visite de protocole: la capitale angolaise abrite le siège de la présidence en exercice de la CIRGL (la Conférence de la Région des Grands lacs) outre la place réelle de l’Angola comme puissance pétrolière.
Pourquoi Kinshasa et pourquoi un week-end au pays de Kabila? Croire qu’il serait venu parler Droits de l’homme ou rencontrer la société civile ou une opposition qu’il connaît par des fiches de chancellerie ou décerner un carton rouge à quelque monarque désirant s’éterniser au pouvoir - face aux événements d’Egypte ou d’Algérie - quand il y a une quinzaine de termes présidentiels en Afrique (lire page 5, éd. papier) serait faire fausse route. Croire qu’il serait venu délivrer un message sur l’observance des cycles électoraux quand, rappelle-t-il, l’Amérique a mis des siècles pour installer une tradition (tex. cit.) serait se tromper!
Il faut en convaincre nos compatriotes. «Un Américain à un tel niveau ne se déplace que lorsqu’il y a un enjeu planétaire» (lire page 6, éd. papier).
T. KIN-KIEY MULUMBA.


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