L’empire Financier Nangaa Yobeluo Lâché banni
  • ven, 05/04/2019 - 06:20

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Revu. Corrigé. Complété.
Uniquement Le Soft International.

Il n’a plus de signature à la banque. L’association professionnelle de banque s’est saisie d’office du dossier après des informations de presse et d’ordre de la Banque Centrale, de lui retirer la signature. Le ministère de tutelle s’était déjà alerté de sa situation, lui demandant de faire diligence et de trouver sans délai une solution afin de ne pas bloquer le fonctionnement de la machine électorale nationale.

CE N’ETAIT
PAS LE 1ER AVRIL.

C’est fait. Corneille Nangaa Yobeluo n’a plus la signature. Il a cédé celle-ci. Il n’engagera plus la Céni auprès d’une banque ou d’une institution financière quelconque. C’est l’homme qui, un 20 novembre, il y a trois ans, lui céda les clés de son bureau de Président après trois semaines d’intérim, qui sera désormais la signature de la céni, du moins pour les banques. Le Rapporteur Jean-Pierre Kalamba Mulumba N’galula. En attendant...
Ce n’était pourtant pas le 1er avril. Eux croyaient pourtant à une blague. Avaient fait mine de bomber le torse. De croire en leurs propres mensonges.
D’invoquer indépendance, nationalisme, souverainisme. Trop faussement. En pleurs, suffoquant, rattrapés, dans les filets de la Justice américaine, mis sous surveillance accrue par Interpol, Nangaa et Kantintima sont passés aux abois. Mains en l’air, crient au secours, implorent la compréhension de leurs pairs de la plénière précarisés à souhait, leur ayant refusé leurs droits sociaux légitimes - congés payés par exemple -, délibérant sur les questions des finances en cercle fermé, appellent à l’unité face à la bombe atomique qui a décollé, arrive, va impitoyablement s’abattre sur eux, invoquent la solidarité du groupe, de l’institution injustement agressée quand elle a rendu de bons et loyaux services, pensent-ils, décrédibilisée.
Depuis une dizaine de jours, le couple assiégé a conçu dans la précipitation un texte - déclaration longue de huit pages - mal rédigée.
Signe de grande panique. Si certains se cachent, sont aux abonnés absents, ne se rendent plus au bureau ou se rendent en rasant les murs, soucieux d’être hors d’atteinte, l’un des membres de la plénière a dit à haute et intelligible voix ce que toute la plénière pense, faisant l’unanimité, en adressant quelques salves précises à Nangaa.
Un courrier sec, incisif dont elle réserve copie à ses collègues.
L’assermentée (devant la Cour Constitutionnelle) Nadine Mishika Tshishima inscrit les sanctions américaines dans le registre politique. En clair, «idéologique» - pas la peine de recourir au service d’un avocat, en dépensant inutilement de la ressource.
Ces sanctions frappent des individus, non l’institution CÉNI encore préservée. Elles sont ciblées, intuitu personae. Outre que la matière sous référence - détournement de fonds publics, corruption, etc. - est hautement sensible, abordable avec la plus grande précaution. US Treasury ne peut avoir parlé en l’air. Partout dans le monde, même sur une île Machin, ces Américains qui ont déployé en permanence leurs grandes oreilles, laissent ouverts leurs grands yeux...

DAME DE FER LUBA-KASAÏENNE.
La dure Luba Kasaïenne de Lupatapata - vrai cru Mbuji Mayi, femme brillante, femme battante, issue des rangs ascètes du MLC en contact étroit avec cet homme d’acier qu’est le Chairman JPBG - qui a repris le 14 juillet 2017 les fonctions de Micheline Bie, poussée avec force à la porte, accusée d’avoir trahi la cause MLC, le slogan écusson «avec Dieu, nous vaincrons» - et, après des années depuis la défunte CÉI comme membre de la plénière (l’assemblée générale), ne dit rien d’autre à Nangaa: «Nangaa va te faire cuire un œuf. Va te faire foutre...», mieux, «Va paître ailleurs», «Casse-toi».
Une vraie descente aux Enfers! Vraie «little boy» version light larguée sur la tête de ce trio, Nangaa, Katintima, le fils Katintima, Mukolo (aîné) qui joue, les US$ millions en poche, la Hight Society, Jeunesse kinoise dorée, le Vice-président équato-guinéen!
Ecroulés, écrasés, hurlant, Nangaa et Katintima Basengezi ont pensé trouver une parade en se référant aux «Autorités morales» de divers partis politiques concernés - quand la CÉNI hurle haut et fort, invoque la loi (ses membres ont coupé tout lien avec leurs partis politiques, dès le jour où ils ont prêté serment devant la Haute Cour!)
Aux origines d’un scandale hors du commun - une bombe à fragmentations - qui met Nangaa, un homme de fer au visage faussement affable et le coordonnateur entre 1996 et 1997 pendant la première guerre mondiale africaine AFDL d’une cellule de crise des réfugiés rwandais et burundais sous le Gouvernement Kengo Wa Dondo, gouverneur du Sud Kivu de la rébellion RCD-Goma passé ministre PPRD de l’Agriculture, Norbert Basengezi Katintima, ce Shi de Walungu, Sud Kivu, sans état d’âme. Lâchés devant la Justice américaine, aux portes de la prison. Bannis.
Uniquement Le Soft International
....

Nul doute!
«Fraus omnia corrumpit». La fraude corrompt tout. Tout acte juridique entaché de faute peut être l’objet d’une action en nullité. Quel Congolais a jeté un coup d’œil à la faute qui sévit lors de la désignation de l’ancien conseiller de Jean-Paul Nemoyato Begepole, ministre de l’Économie et du Commerce, à la tête de la Commission électorale nationale indépendante, Céni? Quel Congolais a introduit devant quelle juridiction nationale ou internationale une requête en nullité? Né le 9 juillet 1970 à Bagboya, territoire de Wamba, Haut-Uélé, ex-province Orientale, voisin de son mentor Begepole originaire du Bas-Uélé, le «portrait officiel» diffusé de Corneille Nangaa Yobeluo par la centrale électorale sur son site ceni.cd, ne fait aucune mention de ce passage au bâtiment massif de béton armé de type colonial de l’ex-ONATRA où le ministère de l’Économie et du Commerce logeait alors le cabinet du ministre avant le transfert plus loin au cœur de la Gombe, le long du même boulevard du 30-Juin, à l’immeuble intelligent.
Ce passage au cabinet Begebole est-il vaguement dilué dans les «près de vingt ans d’expérience professionnelle» que brandit fièrement cet homme qui prétend dans ce CV avoir la maîtrise de l’anglais et du français qu’il bagouille, pas sûr du mot prononcé, pas convaincu qu’il l’a bien prononcé, qu’il en a respecté le sens, la syntaxe, la conjugaison, bref cette grammaire stricte de la langue française, et qu’il ne s’en est pas emmêlé les pinceaux dans une construction tarabiscotée pour paraphraser Sylvie Brunet et son Petit livre de la littérature française en 150 citations, mettant le à la place de la ou le contraire, etc. Si c’est cela, c’est fort de café...
Explication: Begepole et Nangaa sont en froid, en très grand froid. D’aucuns parlent de guerre totale...
Signe: l’ancien ministre n’a plus jamais été réélu. Lui qui retrouva son siège à l’Assemblée nationale après son départ du Gouvernement en 2014 - pour n’avoir pas, expliquent certains quand les langues se délient, honoré à hauteur acceptable au bénéfice de ses mentors, des prébendes qui se montaient jusqu’à US$ 50.000,00/mois dans la part qui lui revenait de la recette de la structure des prix des produits pétroliers.
Nulle part!
Ni aux Provinciales. Ni aux Nationales. Ni à l’Exécutif provincial du Bas-Uélé d’où il fut invalidé doublement. D’abord son colistier. Puis lui-même! Si ce n’est pas du fait de Nangaa, celui qui «nomme les élus ou, a, dans le processus, un mot à placer», c’est un des siens...! Comme dans lacette fable de La Fontaine du loup et de l’agneau.
Vengeance, on te déguste surgelée...
Chez les Nangaa, corégionnaire ou pas, ça ne blague pas! Ce qui compte carrière, pouvoir, train de vie, verbe haut.
Comme ce mercredi 10 octobre 2018 quand, toujours ce faux sourire en coin, il fait des remontrances à la dizaine de candidats Président de la République (Vital Kamerhe, Martin Fayulu, Kin-kiey Mulumba, Théodore Ngoy, Seth Kikuni, Sylvain Maurice Masheke, les représentants de Félix Tshisekedi, de Freddy Matungulu, etc.) qu’il a invités dans un cadre de concertation pour tenter de dénouer la crise dans le dossier de la fameuse machine à voter et rechercher un consensus politique.

IL CHATIE
SON MINISTRE.

A court d’arguments, se voyant dos au mur face à des attaques fusant de partout, Nangaa exaspéré, interrompt tout, estimant qu’il a mieux à faire.
«Celui qui n’est pas d’accord prend la porte», déclare-t-il avec ce même regard affable toujours hautain. Imité par son colistier Vice-président Norbert Basengezi Katintima qui s’émeut que des candidats Président de la République non autrement identifiés viennent remettre en cause, à son «siège matelassé, inviolable» (...) «la crédibilité de la CÉI (...) Ceci à la limite constitue un crime».
Il indique n’avoir pas voulu prendre la parole à ce cadre et s’il la prend, «c’est pour recadrer ces Candidats qui sont comme quiconque...».
Surpris et comme un seul homme, les candidats se lèvent, prennent acte d’une fin de réunion en queue de poisson...
Dans son outrage, Nangaa a oublié que l’un d’eux va diriger le pays l’année prochaine. Que chacun a versé US$ 100.000 au Trésor public. Que la loi ne met pas au même pied le candidat Président de la République et le candidat à un autre scrutin sinon elle ne lui assurerait pas une garde de 25 policiers.
Nangaa se met en scène devant son égérie Ramazani Shadari, ancien Vice-premier ministre en charge de l’Intérieur, Candidat Président du pouvoir, qui participe pour la première fois à ce cadre avant de s’en aller et que les deux tourtereaux saluent debout à son apparition, avec révérence, en se penchant. Ce qu’ils ne font pas avec aucun autre, même ancien ministre.
«Le prochain Président du pays, ces gens le connaissent», murmure un homme. «On verra bien…», rétorque son voisin, suggérant que rien ne sera facile. Qu’un passage en force, une proclamation qui ne sera pas juste, légitime, pourrait trouver solution dans la rue; qu’il faut craindre le pire...
Accusé de détournement de fonds au cabinet Begebole, le ministre a révoqué ce collaborateur indélicat...
En réaction, Nangaa pourchasse et châtie celui qui, un jour, lui donna un emploi.
En mai 2012, à l’annonce du Gouvernement Matata-1, Nangaa a enjambé le boulevard du 30-Juin depuis le modeste bâtiment ex-BZCE, Banque Zaïroise du Commerce Extérieur, à trois étages acquis à peu de frais par la banque katangaise TMB, puis cédé lourdement à l’État.
En bon sprinter, il en avale les marches deux à deux. Objectif: se trouver une niche auprès de ce ministre de patelin dans le fier immeuble qui s’élance dans le ciel du centre-ville kinois.
Sept ans auparavant, 2005, à la veille des scrutins de 2006, Nangaa avait senti l’intérêt d’un positionnement au cœur de l’appareil électoral national.
Celui qui monte et gonfle ses budgets, brasse des millions de US$ sans contrôle d’aucune institution, distribue auprès des mentors et complices, constitue - ceci explique cela - la priorité absolue du Trésor devant les dépenses de l’armée, de la police, du social, des investissements porteurs.
Avec un budget de 4 milliards, le Gouvernement octroie 1,5 milliard à des scrutins contestés d’avance.
Nangaa est Monsieur STN, Superviseur technique national…
Recruté par Apollinaire Malu Malu Muholongu et proche de ce prêtre Nande de Beni-Butembo qui l’emploie comme directeur de programme à l’ÉFEAC, l’école de Formation Électorale en Afrique Centrale, il coordonne les opérations électorales dans nos onze provinces d’alors. Associé à Fabio Bargiacchi, l’un des experts les plus éminents mondialement dans le domaine de l’assistance électorale financé par l’UE, l’Union européenne, pour créer le Centre Européen d’Appui Électoral (ECES), l’abbé le nomme en 2007 Coordonnateur du Réseau du savoir électoral en Afrique centrale. Le Réseau ambitionne de «réaliser l’unité électorale» dans les pays de la CÉEAC, Communauté Économique des États de l’Afrique Centrale.
Coaché par ce prêtre incardiné de l’évêque Sikuli Paluku Melchisédech du diocèse de Butembo-Beni, dans le Grand Nord, Nangaa ouvre des bureaux du Réseau dans neuf des dix pays de la sous-région.
A sa disparition le 30 juin 2016 à Dallas, au Texas, Nangaa occupe déjà le fauteuil de président de la CÉNI.
Quand des rumeurs font état de la «mort cérébrale» - mort clinique - du prêtre catholique, son successeur va s’assurer de ses propres yeux de la santé d’un prêtre qui a dépéri étrangement, prématurément. Dont le corps désaffecté est semblable à celui d’un bossu, un ado éternellement courbé, se déplaçant sur une chaise roulante…
Des rumeurs flambent sur un incroyable mal qui s’est abattu sur le corps de ce prêtre qui n’aurait jamais dû valider un retour critiqué à la tête de la CÉNI après le passage et le désastre du pasteur Daniel Ngoy Mulunda Nyasa.
«Le cœur (de l’ancien président de la CÉNI) bat encore», déclare Nangaa, mais son «état de santé est critique»!
Comment cet assistant, détenteur d’une licence en Sciences économiques de l’Université de Kinshasa, réussit-il le 21 octobre 2015 le tour de bras de prendre la tête de la centrale électorale nationale?
Si la loi organique de la CÉNI fait l’objet de controverses, le législateur a prévu que son président soit, dans tous les cas de figure, un membre de la composante Société civile et - c’est très important - issu de la sous-composante Confessions religieuses. Dans l’esprit du législateur, ne saurait exercer cette fonction qu’un prêtre, un religieux. Son premier président fut l’abbé disparu à Dallas; le second un pasteur, Daniel Ngoy Mulunda Nyasa très politisé.

«L’HOMME
DE MINAKU».

D’où vient ce laïc Nangaa? Ni prêtre, ni pasteur! Qui ne cache aucune ambition politique, a créé et finance des partis politiques, des regroupements affiliés à la majorité présidentielle! Fait élire/nommer aux Législatives nationales et provinciales épouse, enfants, cousins, neveux, amis, amies, dirigeants et membres de ses partis et regroupements, etc.
Le jour de sa désignation quand il n’est que secrétaire exécutif adjoint à la CÉNI qu’il a réintégrée après son éviction chez Begebole, l’église catholique crie au scandale, claque la porte d’un cadre de concertation suspect. Fait entendre sa voix...
Secrétaire général de la Cénco, la Conférence épiscopale nationale du Congo, l’abbé Léonard Santedi, explique que ce laïc invétéré n’a jamais été le candidat de l’église catholique mais celui «des sept autres confessions religieuses, sans l’église catholique».
Pour trouver un accord sur un candidat digne à la succession du prêtre incardiné du diocèse de Butembo-Beni, les confessions religieuses se concertent depuis une dizaine de jours, débattent de la question. A ces échanges, tonne Santedi, «il apparaît des divergences notables sur des principes majeurs devant conduire à honorer une telle responsabilité».
Les princes du Vatican font le guet autour de ce processus, suspectent des «arrangements». Un complot contre les calotins. Ne décolèrent pas. Sûrs que le processus électoral national en vue du grand changement attendu par le Congo est corrompu. Refusant de prendre part «à un vote, dénonce Santedi nommé en 2017 Recteur de l’Université Catholique du Congo, qui n’en était pas un, qui semblait être décidé en amont».
Déjà une cette «parodie d’élection»?
Très proche du pouvoir, le Sénateur protestant, longtemps président de l’Église du Christ au Congo, le Rév. Mgr Pierre Marini Bodho, un patriarche de 77 ans, est passé par là. L’originaire de Mahagi, ex-province Orientale, président national et représentant légal de l’Église du Christ au Congo de 1998 à 2017, pasteur titulaire de la paroisse internationale protestante de Kinshasa, la Cathédrale du Centenaire, a imposé un frère de la Grande province Orientale.
Pour le clergé catholique, les sept confessions religieuses avaient, avant tout débat sur des critères de désignation, arrêté leur choix sur un homme du Pouvoir. Cela ne fait l’ombre d’aucun doute.
«Quand l’on a huit confessions religieuses et que sept viennent avec un candidat, il n’y a pas débat», assène Santedi.
L’Église catholique avait-elle un candidat? Le plus important, c’était le débat sur des principes à arrêter, question que n’ont jamais voulu aborder les églises protestantes, kimbanguiste, musulmane, du Réveil, etc.
Le 20 novembre, au lendemain de la prestation de serment devant les hauts juges à la Cour. Nangaa et les nouveaux entrants tiennent une cérémonie dans l’enceinte de la CÉNI. Le vice-président sortant André Pungwe a passé le flambeau à son successeur, l’ancien ministre de l’Agriculture PPRD Norbert Basengezi Katintima revenu à la CÉNI upgradé passant du poste de 2ème Vice président de jadis à celui de 1er Vice-président, après avoir recouvré un moment son siège à l’Assemblée nationale. La questeure sortante Chantal Ngoy Tshite rend son tablier à l’entrante Pierrette Mwenze.
Nangaa a pris les clés de son nouveau bureau auprès du rapporteur Jean-Pierre Kalamba Mulumba N’galula, qui venait d’exercer, trois semaines durant, ces fonctions de président intérimaire de la CÉNI que le conseiller évincé s’apprête à assumer.
Le sang de Begepole qui vécut un désamour au sein de la Majorité à laquelle il disait ne pas appartenir, basculé entre plusieurs sollicitations, ne fait qu’un tour... Invalidé comme candidat vice-gouverneur au Bas-Uélé, son colistier prétendument membre de la Majorité a éteint son ticket. Begebole a été rattrapé par la Cour d’appel de Kisangani.
Inconsolable, il se fend, le 10 mars 2016, d’une déclaration dans les médias. «C’est la déception la plus totale. Avec ce qui se fait actuellement dans notre pays, nous sommes en train de connaître un recul de la démocratie. Moi je suis candidat indépendant. Mon colistier Shiko Moanda, élu en 2006 sur la liste de CODECO n’a jamais été à la MP. La défense l’a démontré. Les experts de la CÉNI qui ont une base de données fiables ont démontré clairement que M. Shiko ne pouvait pas être concerné par la lettre que le secrétaire général de la Majorité présidentielle avait écrite à la CÉNI pour demander l’invalidation d’un certain nombre de candidats. Vous ne verrez pas le nom de mon candidat vice-gouverneur».
Begepole n’est pas dupe.
La vengeance ce plat qui se déguste surgelé, est parfois consommée sans modération.
A la Majorité présidentielle où trône le trop puissant Aubin Minaku N’djalandjoku, qui fit ses classes dans les services avec le Katangais Mwenze Kongolo puis avec l’autre Katangais John Mbuyu, mis en selle par son condisciple un autre Katangais feu Augustin Katumba Mwanke, la distribution des rôles est monnaie courante. Si celui-ci te fait les yeux doux, l’autre a mission d’aplatir...
Ministre sorti par ses mentors des rangs de l’opposition à l’Assemblée nationale quand Kabila nouvellement élu offre, dans son discours d’investiture, de travailler avec tous ceux qui ont la passion du Congo, Begebole n’aurait pas toujours fait droit à ses engagements. Il se serait d’ailleurs trouvé de nouveaux appuis tel le Premier ministre Matata avec qui, plus tard, il constituera un regroupement politique. Dans la mafia, on sait comment cela se paie...
Donnant son discours de prise de fonctions, le nouveau président annonce vouloir inscrire son mandat dans la ligne droite de son prédécesseur de prêtre, promet de «travailler à consolider les acquis et à corriger les ratés du passé».
Puis, soudain, Nangaa avoue - prémonition? - se trouver face à un événement tragique! Comme Jésus, il va à la crucifixion…
«Je mesure la gravité de ce qui nous attend. En même temps, si Jésus a été crucifié sur la croix, il a fini par ressusciter».
Pense-t-il qu’après s’être fait crucifier, il serait sauvé, ce passage tragique franchi?
Puis: «Il est vrai que nous allons entrer dans ce périple. Mais l’objectif est d’arriver à l’organisation d’élections libres, justes, transparentes et crédibles»!
Dubitative est la petite salle...
Peu avant, le rapporteur Jean-Pierre Kalamba Mulumba N’galula n’avait pas caché son grand soulagement en se délestant de cette croix… Désormais, il retourne à ses champs.
«Simon de Cyrène revenait des champs, a été réquisitionné par les soldats romains pour porter la croix du Christ jusqu’au «Lieu du Crâne», Golgotha. C’est cette croix que j’ai portée au départ des autres. Aujourd’hui, je peux m’estimer heureux de remettre cette croix à celui qui va être crucifié! Comme Simon, je reprends mon chemin. Je vais là où je me rendais...», se plaît-il à raconter, citant les trois évangiles synoptiques.
Nul ne nie le fait que depuis ce 20 novembre, le chemin de Nangaa a été un chemin de croix.
Dans un pays qui compte 700 partis politiques, du pouvoir et de l’opposition et autant d’associations de la société civile, du pouvoir et de l’opposition outre des partenaires extérieurs très engagés, soupçonneux, sous-régionaux, régionaux, occidentaux, réunissant sommet sur sommet, la conduite de la CÉNI n’a pas été une sinécure. Jamais consensus n’a été trouvé à aucun moment, en dépit d’une multitude de rencontres.
Deux dialogues dans la Capitale Kinshasa.
Le premier à la Cité de l’Union Africaine qui enfante un Gouvernement dirigé par un UDPS (ou ex) BCBG Samy Badibanga Ntita qui ne passe étonnamment pas le cap de quatre mois avant d’être révoqué en direct par Kabila lors d’un discours devant le Congrès passant outre toute procédure constitutionnelle...
Le second au Centre Inter-diocésain de Kinshasa qui donne naissance à un Gouvernement à la tête duquel prend place un autre UDPS (ou ex) BCBG Bruno Tshibala Nzenzhe appelé aux affaires à sa sortie de prison!
Badibanga a été le roi stupide.
Kabila l’a chassé sans que la Terre ne tremble.
Si Tshibala s’est étrangement sauvé malgré le grand théâtre qui règne dans son gouvernement, c’est après avoir été dépouillé de son gouvernement se contentant d’inaugurer les chrysanthèmes...
Ni Ntita, ni Nzenzhe n’apporte l’apaisement politique. L’opposition, quel champs de ruines! Il faut sauver ce soldat...

NIKKI SIFFLE LA
FIN DE LA RECRE.

Les rues tremblent toujours, les manifestants toujours aussi brutalement réprimées par la police et les services de sécurité. Chaque fois, des morts en nombre...
Quand le pouvoir local croit avoir tourné la page, l’extérieur accourt sur les décombres. Documente. Belle moisson… Quand face à Kabila, un homme répète interminablement: «La prise du Siècle c’est Fatshi; lançons-nous en bon ordre à sa chasse», des calculs matériels individuels inhibent et annihilent la réflexion.
C’est la représentante permanente des États-Unis aux Nations Unies, à l’occasion, envoyée personnelle du plus puissant de la Terre après Dieu, Donald Trump, Mme Nikki Haley qui sonne la fin de la récré. Le 25 octobre 2017...
Ce coup de sifflet intervient deux ans après que Nangaa a pris les commandes de la centrale électorale.
En mission commandée, reçue sous haute tension à la plénière de la CÉNI au grand complet alors que le calendrier électoral tangue, vire au «théâtre de chez nous», que jour après jour, le pays s’enfonce dans l’abîme d’une indescriptible crise politique, sociale, humanitaire, que le monde a les yeux braqués sur ces scrutins congolais, que Washington lance des messages sans ambiguïté allant d’avertissement à avertissement, déploie un vertige d’imagination, au pied sur les marches de l’immeuble de la CÉNI, boulevard du 30 juin, l’envoyée de Trump livre l’oracle! Organiser les élections l’année prochaine sans nouveau délai; en 2018, sans autre forme de procès. Sinon le Congo «ne pourra pas compter sur le soutien des États-Unis et de la communauté internationale.
Nangaa et Basengezi avaient continué de réclamer 504 jours minimum. Des scrutins à la mi-2019! Soit deux nouvelles longues années! Citant ses propres données, Nikki coupe court. «La CÉNI est un organe important à la tenue des élections. Chaque jour que les élections sont repoussées, ce sont des femmes violées, des enfants enrôlés dans les groupes armés. C’est important d’organiser les élections en 2018. Les élections sont possibles en 2018 si toutes les parties prenantes mettent la main à la pâte et si elles n’ont pas lieu en 2018, la RDC ne pourra pas compter sur l’appui de la communauté internationale, ni celui des États-Unis». Muets de stupeur sinon de torpeur Nangaa et Basengezi.
Au pied de cet immeuble ex-BZCE, la foule compacte qui se presse sur les marches et attendait ce message fort, jubile.
Avant de s’offrir des selfies le lendemain à Goma, autre ville martyre du Congo, avec des femmes violées inconsolables, Nikki rencontre Kabila au Palais de la Nation, siège de la Présidence. Sous les ors de la République, tête-à-tête électrique…
Remise de liste (restée confidentielle) de personnalités congolaises mêlées, selon la CIA, les services secrets américains, dans l’assassinat des jeunes experts onusiens qui enquêtaient dans le plus grand secret sur des fosses communes au Kasaï. La Suédo-chilienne Zaida Catalan et son collègue américain Michael Sharp sauvagement décapités en mars 2017.
Comme si cela ne craignait pas déjà trop, deux jeunes Occidentaux sont sacrifiés sur l’autel d’un confus processus électoral Nangaa-Basengezi. Aucune enquête n’est lancée et si une est ouverte, elle traîne à démarrer. Quand le pouvoir est accusé d’exfiltrer des présumés coupables de cet odieux double crime, Nikki passe à Kabila un message. De Trump...
Clairement, Washington ne fait aucun mystère. Il en a marre et veut en finir avec Kabila.
Les Etats-Unis ont hâte de remettre pied dans ce pays miracle du monde...
Aux propos de Nikki, «le sang du Président n’en a fait qu’un tour et il faillit la mettre dehors», confie un proche au confessionnal.
La réaction de Kabila n’en résonnera pas moins, peu après par la bouche de son inamovible porte-parole. Le ministre des Médias Lambert Mende Omalanga pour qui Nikki n’a ni grade, ni titre pour parler au nom de la Communauté internationale...
«Mme Nikki Haley est ambassadrice des États-Unis aux Nations-Unies. Donc, elle représente un pays au sein de la communauté internationale. La volonté de Mme Nikki Haley n’a rien à voir... C’est à la Commission électorale nationale indépendante de voir si elle peut organiser les élections (…)».
Donc c’est Nangaa et l’homme fort de la CÉNI Basengezi.
Au nom de la souveraineté nationale, l’envoyée du président américain est mise sur liste noire. Kinshasa lui oppose un refus de visa.
N’empêche! La pression ne faiblit pas. Début octobre 2018, deux mois avant les scrutins, une délégation du Conseil de Sécurité des Nations-Unies se rend au Congo. Mission : s’assurer du bon déroulement du processus électoral. Le Conseil n’est pas dupe. Nikki n’est pas admise au voyage…
Washington avale l’affront.
Conduit par la Représentante permanente adjointe de la Bolivie, Veronica Cordova Sopria, le Conseil rappelle, pour la énième fois, la nécessité d’un «plus large consensus sur la… machine à voter» comme de «la crédibilité du scrutin...».
Depuis New York, Nikki n’a de cesse de condamner cette machine à voter et le Gouvernement sud-coréen se résout de refuser de valider le produit de la firme nationale Miru Systems. Nangaa n’en a cure! Le Gouvernement sud-coréen n’est pas partie prenante du marché, opine-t-il!
Un autre envoyé spécial cette fois des États-Unis (cette fois pour les Grands lacs africains) nommé début novembre 2017 envoyé spécial des États-Unis par le Secrétaire d’État Mike Pompeo, en remplacement du très coriace démocrate Tom Perriello, ne peut mettre pied au Congo, premier pays visé par cette nomination. L’homme humilié ronge son frein dans les pays de la sous-région, espérant une occasion, une opportunité quand navires américains et Marines font mouvement vers les côtes congolaises.
A ce Républicain pur-sang John Peter Pham, ancien vice-président et directeur de l’Africa Center au think thank Atlantic Council, rédacteur en chef d’une revue à Washington, Kinshasa, relayé par ses médias, reproche ses appels à la balkanisation du Congo comme seule façon de sauver le pays et de… dangereuses fréquentations… congolaises.
Il a été vu avec le très blacklisté ex-gouverneur du Katanga minier Moïse Katumbi Chapwe dont l’image semble s’être dégradée dans les allées de la Capitale fédérale américaine.
Venu de Brazzaville où il a rencontré le président Denis Sassou-Nguesso, Peter Pham se rend à Kinshasa pour la première fois depuis sa nomination. L’homme s’enthousiasme. Ne croit pas ses yeux, ni un mot...
Reçu avec fanfares vendredi 22 février à la Cité de l’Union Africaine, sur les hauteurs de la ville où le nouveau président travaille désormais. A ses côtés le représentant de Donald Trump au Congo, l’ambassadeur Mike Hammer se lâche de tweets. Une vidéo sur fond de musique de chambre est tournée et postée. Une page se tourne...
Mais à Washington, l’affront enduré des années, reste en travers de la gorge. Oncle Sam tire le premier. Certes. Mais les Etats-Unis savent aussi se faire violence. Si la vengeance peut être un plat qui se consomme sans modération, il se délecte surgelé...
Reste que si le couple Nangaa-Basengezi s’est finalement conformé aux pressions américaines évitant toute tentative risquée de résistance face à la machine planétaire - à l’annonce d’un «nouveau petit glissement technique», en plein mois de décembre, il s’assure précautionneusement de ne pas couper les tendons de Washington en tentant de franchir le cap de 2018 sans organiser ses scrutins -, sur la machine à voter, Nangaa et Basengezi restent de marbre. Trop d’intérêts en jeu...
De gros pas-de-porte, de gros pots de vin, de mirobolantes opérations retour, des surfacturations, des paquets-cadeaux, etc.
Au total US$ 110 millions retracés rien que sur cette machine Mirus Systems à payer par le Trésor public via la Banque Centrale du Congo qui, en l’espèce, doit être auditée!
Du coup, des projets pharaoniques de Nangaa à Kinshasa, dans le pays, à travers le monde, pourraient se trouver compromis si le dossier se plantait...
Comme redoutées, les élections se déroulent dans un parfait imbroglio. Listes des électeurs sans cohérence, fiches des résultats et procès verbaux introuvables dans les centres de vote, publication des résultats sans référence aux travaux des CLCR, Centres locaux de compilation des résultats qui se poursuivent et ont dû fermer pour… inutilité. Les bonzes Nangaa et Basengezi déclarent avoir eu recours aux clés USB (électroniques), donc illégales. La loi impunément foulée aux pieds!
A la Présidentielle, le candidat n°20, Fatshi, est proclamé vainqueur quand au matin du vote, en glissant son bulletin dans l’urne, à Kinshasa, celui du pouvoir PPRD Ramazani Shadari dont la campagne a été financée par les millions des fonds retour de la machine à voter Mirus Systems, s’est déclaré «déjà élu Président de la République».
Si la nouvelle sur l’élection de Fatshi est logique, crédible, légitime, apaise le pays, l’Afrique et le monde - le Congo a exprimé un vote sanction contre la gouvernance sortante -, la majorité écrasante (354 élus sur 500 en attendant le vote repoussé de Yumbi au Bandundu et du Grand Nord au Nord-Kivu) que revendique imprudemment l’ex-majorité présidentielle aux Législatives qui ont eu lieu le même jour, et, du coup, la direction du Gouvernement et d’importants portefeuilles ministériels, émeut l’Europe, les États-Unis, l’Union Africaine qui voient le retour par une porte dérobée d’un pouvoir décrié.
L’extérieur attend et réclame une indépendance affirmée du nouveau Président. Elle craint une main mise des caciques suite à des accords secrets. Mais à Washington, au Congrès, les Démocrates très sourcilleux sur les droits de l’homme et la bonne gouvernance, ont fait reflux...
Quand l’ouragan du dégagisme déferle et dévaste le pays, le même électorat qui déracine un régime ne peut remettre en selle ses hommes marqués au fer rouge! Le cas de près de trente ministres élus ou réélus Députés nationaux, jette un trouble.

ONCLE SAM
TIRE LE PREMIER.

Les preuves de manipulation, de corruption, etc., tombent comme un déluge.
Samedi 12 janvier 2019 lors de la proclamation aux petites heures des résultats des Législatives, un incident majeur se produit. Le crime n’est jamais parfait...
La circonscription de Masimanimba, dans le Kwilu, a été oubliée et la séance est levée. Troublée, la salle hurle la circonscription, cite le nom du plus emblématique candidat estampillé Masimanimba, réélu de tous les temps!
Gêné, faux sourire aux lèvres, Nangaa se tourne vers Basengezi qui s’en moque. Puis, rageusement, l’homme ôte une feuille de papier d’un bloc-notes qu’il tient, griffonne cinq noms sortis de sa tête, devant les caméras du monde, sans autre forme de procès, sans crainte aucune, donne à lire. Stupéfaction dans la salle...
A Masimanimba, comme ailleurs, candidats et agents électoraux n’avaient rien caché de leur mission: donner le grand maximum de sièges au parti au pouvoir PPRD/Mosaïque.
Dans le pays Mbala/Yansi, l’agent local hurle devant qui il veut, tous les soirs qu’il a été «recruté à ce poste pour ça! Quand son dossier, validé depuis des mois avait été retoqué, c’est un candidat (en réalité une candidate bling-bling qui dit «savoir ouvrir toutes les portes à Kinshasa») qui vient le chercher à la maison - au nom du parti présidentiel, sur ordre du Secrétaire général de la Majorité présidentielle. Le présente physiquement à Nangaa qui le nomme sur le champ. Licenciant, du coup, un intérimaire originaire de la contrée, très apprécié par ses agents et par la population, pour son professionnalisme. A ceux qui s’émeuvent de ce nouveau venu, Nangaa répond: «Pourquoi vous vous inquiétez? Pensez-vous que l’élection d’un candidat dépend de ce jeune? Sachez qu’elle dépend de moi...».
On comprend la mission dont fut investi, deux ans auparavant, l’évêque protestant Pierre Bodho Marini au cadre de concertation des Confessions religieuses...
«S’il y a eu affaire Masimanimba, des coups de feu tirés des heures durant et, pour la première fois, du gaz lacrymo arrosant la petite cité du Kwilu, sur la nationale n°1, c’est cela, rien d’autre...», explique un originaire. Entraînés et enivrés par Lamuka, des groupes d’ados se déchaînent sur tout partisan identifié du parti au pouvoir caillassé. En retour, ces partisans font parler les armes. La cité sous tension vit des moments atroces. Nangaa en fait état mais c’est pour justifier son «petit glissement technique».
A l’approche des scrutins, aucun partisan candidat du parti au pouvoir et de sa mosaïque ne voit une chance lui sourire.
Sauf que Nangaa et Basengezi étaient eux-mêmes en mission et à l’œuvre… «Ils ont composé avec une précision de montre suisse leurs listes des élus tombéés pour la plupart du ciel», fulmine un candidat malheureux. Ce que des membres de la plénière confirment qui espèrent que pour Yumbi, «on ne va pas nous demander de nommer». Sans dire combien - comme c’est souvent le cas – chacun a reçu pour le service.
A Bandundu Ville, la Cour d’appel du Kwilu a réceptionné 78 recours en contestation des résultats. Un matin, un juge de la Cour de cassation débarque d’un avion en provenance de Kinshasa. Il est en mission officielle. Porte un ordre strict de «la Haute Hiérarchie»: ne rien changer aux listes transmises par la CÉNI; pas un recours des 78 réceptionnés ne sera déclaré fondé...
La pieuse cour a obtempéré religieusement. Affaire bouclée, classée. Les opposants et apprentis tels n’ont que leurs yeux pour pleurer...
A l’ère des réseaux sociaux, plusieurs semaines avant, une liste de personnalités élues a fuité, faisant le buzz. Authentique, elle émanait des officines de l’ex-MP. Sauf que depuis, beaucoup de calculs ont changé. Des personnalités ont déserté les rangs de la Majorité.
Impitoyablement, la Majorité a frappé. En dépit du vote populaire exprimé, la CÉNI est passée outre, ne proclamant que les listes reçues d’une centrale électorale de la Majorité présidentielle, le CCE, Centre de coordination des élections dont l’un des responsables est un certain Gilbert Muhika Mudikaka qui, en mars 2018, était surpris qu’un courrier qu’il avait adressé à la Céni, ait pu fuiter sur les réseaux sociaux, se fendant d’un démenti. «Le CCE n’est pas concerné par ce document qui circule sur internet. C’est simplement criminel de la part de ceux-là qui ont concocté le document (...) Quand vous regardez le papier officiel utilisé par les arnaqueurs, c’est un papier du CCE. Malheureusement, ce papier n’est pas le nôtre».
Nul doute, Muhika ne passera pas sans peine au détecteur de mensonges...
Aux Législatives nationales et provinciales, il n’y a eu que des nominations. «Pas un bulletin de vote n’a été comptabilisé par la Centrale», atteste un membre de la plénière.
D’où les sanctions qui frappent le secrétaire général de l’ex-Majorité présidentielle également président de l’Assemblée nationale.
Au cœur, de l’avis unanime, d’une véritable conspiration (sans doute avait-il en vue la Présidentielle où il était cité par beaucoup comme le dauphin naturel de Kabila), Aubin Minaku Ndjalanjoku avait pourtant déclaré à maintes reprises vouloir muter le Parlement en «un temple de la démocratie». Il a, au contraire, fortement contribué à tuer la démocratie.
Après avoir présidé l’Assemblée nationale une législature durant - exploit qu’aucun de ses prédécesseurs sous Kabila n’avait su réaliser - il s’est réinscrit sur les listes de ceux qui vont concourir à la tête de la Chambre basse... Quant aux juges de la Cour constitutionnelle dont le premier président Benoit Lwamba Bindu est visé par les sanctions, il s’agit, nul doute, d’un avertissement à peu de frais.
Au-dessus de la tête de cette Haute Cour, Washington qui réclame une réelle indépendance, laisse suspendre une épée de Damoclès!
Parti depuis la fin Mobutu et après la débâcle Afdl portée au pouvoir par une coalition d’armées africaines pro-occidentales, Wall Street piaffe d’impatience mais attend prudemment le bon signal. Si Kinshasa abrite toujours quelques missions occidentales, elles ne s’occupent que de l’humanitaire et d’offres de services consulaires au grand désarroi des diplomates dans un pays locomotive de l’Humanité. Alors que d’autres Capitales africaines sont courues par des Dirigeants et des milliardaires de la Planète à la recherche de placements sûrs, en une décennie, un Congo peu attractif n’en a reçu aucun. Ni le Chinois Xi Jiping, ni le Russe Vladmir Poutine. A la Francophonie, François Hollande fut poussé dans l’avion par son ami sénégalais Abdou Diouf qui prend Kabila pour un fils. En débarquant à N’Djili, le président français lui en a un peu voulu…
La Chine qui aurait conclu de mirobolants contrats tendant à déverser des milliards de $US au Congo, peut faire atterrir deux fois son président à Brazzaville et le faire redécoller vers d’autres destinations africaines plus alléchantes en survolant Kinshasa. Quant à Poutine qui aurait promis de la logistique aux militaires des FARDC, même en rêve, l’idée ne lui paraît jamais l’avoir effleuré de s’envoler un jour pour le Congo... Vrai gâchis congolais!

ILS ONT TOUT VERROUILLÉ.
Tout cela est la conséquence d’une diplomatie de repli dans le monde. L’ancien président est resté le même. S’il s’est rendu ces dernières années à l’étranger, c’est dans les seuls pays de l’axe de la SADEC, la Communauté des pays de l’Afrique Australe. Il a été vu à Addis-Abeba, en Éthiopie, siège de l’Union Africaine, mais pour un sujet sur le Congo et, même, à des rares occasions. Souvent, il est reparti bien avant la fin de la réunion, y laissant un ministre ou un conseiller. A quelques occasions, Kabila s’est rendu à New York, aux États-Unis, siège des Nations Unies parfois sans y être annoncé mais c’est pour lire un discours qu’il estimait important à l’occasion de l’Assemblée générale de septembre lorsque sa position sur le front diplomatique était fortement ténue. Très souvent en rapport avec la trop délicate question des échéances électorales.
Trois mois après son investiture, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo change de tempo. Le Président parcourt sans relâche la sous-région, du Centre à l’Est jusqu’au Sud, Luanda, Brazzaville, Nairobi, Addis-Abeba, Windoeck, Kampala, Kigali - incroyable Kigali. Il a même le toupet d’offrir une médiation dans le conflit entre les frères ennemis… ougandais et rwandais hier alliés inséparables dans des guerres sous-régionales.
Retour du Congo sur la scène diplomatique où excellait un certain Mobutu des années Grand Zaïre?
Voilà que Washington l’annonce du 3 au 5 avril. Sur le toit du monde! Invité par le Secrétaire d’état Mike Pompeo, il a désormais toutes les chances de se trouver sous les lampions du prestigieux Bureau Ovale échangeant une affectueuse poignée de main avec l’occupant des lieux, Donald Trump. Ses premiers pas sont décortiqués.
Au lendemain des scrutins du 30 décembre, Nangaa et Basengezi sont en extase.
L’index et le majeur tendus formant le «V» vers le haut, ils jubilent leur victoire. La grande... muette qu’est la Nation congolaise a mangé son chapeau. Elle avait menacé de brûler ce couple. Elle qui n’a jamais réalisé, hier comme aujourd’hui, sous Mobutu comme sous Kabila, deux jours d’affilée de contestation, se contente des annonces de la CÉNI.
Qu’importe! Pour le Congo, l’essentiel est fait. Un opposant connu, reconnu, crédible, légitime, a pris la tête du pays et le chantier du changement est enclenché.
Le parti au pouvoir PPRD/FCC a triomphé...
Aux législatives nationales et provinciales, Nangaa et Basengezi ont tout verrouillé. Plus de 85 % des sièges dans les assemblées lui sont dûes. Même impossible exploit à la Chambre haute où certes c’est le vote aux provinciales qui agit. Scénario identique aux exécutifs provinciaux?
Du fait de cet infernal couple Nangaa-Basengezi, tous les «élus» sont aux strapontins PPRD/FCC, le parti au pouvoir sortant/entrant. Le Gouvernement central sur papier émanation de l’Assemblée nationale pourrait échapper à cette logique? CACH, la plate-forme qui a remporté la Présidentielle, pourrait n’avoir que ses yeux pour pleurer… Tout au plus, cette plateforme se contenterait-elle de quelques maroquins? Par quel miracle CACH emporterait la Primature? Tout ça pour ça! Certes, l’impossible n’est pas congolais…
L’Occident qui a décidé de sauver le Congo, du coup, d’en découdre avec cette ex-majorité qui lui a tourné le dos, lui a opposé la guerre, l’humiliation, a fermé ses représentations, a interdit ses médias en tête la «vertueuse» Rfi - Radio France Internationale transformée ici en radio locale -, a expulsé et blacklisté ses envoyés spéciaux réduit et bloque les vols de ses compagnies aériennes et alliées, veut à tout prix éviter un suicide politique à Kinshasa.
Avec détermination, il pourrait voler au secours du nouveau Président qui doit continuer à imposer son rythme. Avec, à ses côtés, des millions de Congolais acquis à sa cause prêts à défier les enclaves isolées que sont les assemblées PPRD/FCC constituées par le couple Nangaa-Basengezi...
Des progrès sont visibles.
La Maison Schengen pour la délivrance des visas aux Congolais, mais aussi pour l’emploi des Occidentaux, a rouvert. Déclaré persona non grata, l’ambassadeur UE Bart Ouvry peut revenir à Kin.
Des envoyés américains sont accueillis avec caméras par le nouveau Président qui annonce à chacune de ses prises de parole, vouloir combattre de toutes ses forces une corruption qui gangrène le pays et détruit les Congolais. Un discours très sexy par lequel l’Occident va s’engouffrer.
Vice-premier ministre des Affaires étrangères sur qui Kinshasa a fait couler une douche froide lors de l’inauguration de son ambassade dans la Capitale ne tolérant que la seule présence d’un chef coutumier inconnu, le Belge Didier Reynders fait mercredi 3 avril le déplacement de Washington à la rencontre de Fatshi. Dans un tweet, il assure, avec le Président, avoir renforcé les relations bilatérales, la coopération militaire, les infrastructures, la gouvernance entre Kinshasa et Bruxelles.
Qui ne sait que beaucoup de ces hommes du pouvoir qui se sont outrageusement enrichis, ont amassé et déposé dans des comptes bancaires dans la Capitale et à l’étranger - désormais des pays de l’Extrême Orient - d’immenses coffre-forts de billets de US$. Mobutu avait été anéanti ainsi.
«Il n’avait jamais autant privatisé l’ex-Zaïre», constate un diplomate.
«Rien qui bouge ou pousse à Kinshasa et dans les grandes villes du pays n’échappe à la fratrie au pouvoir. Rarement, on n’a fait ce constat ailleurs dans le monde», surenchérit un autre. Des témoins égrennent l’infinie liste de propriétés de Nangaa. «Immeubles à plusieurs niveaux défiant le ciel à Dubaï, propriétés dans le lointain Singapour; bateaux, établissements multiples dont le Castelo Hotel à Kinshasa, face à la Cour d’ordre militaire; «Fête Parfaite», la fameuse maison avenue Lukusa - pas moins de 4.000 m2, immeuble au centre ville à Kin, à proximité de la place dite de l’Hôtel de Ville: un autre non loin de la Primature où pousse une succession d’immeubles non loin des chantiers navals et dans le quartier très huppé du Mont Fleuri où s’agglutine la nouvelle élite post-Mobutu; carrés miniers, etc.; ça n’en finit pas...». Voire des sociétés écran créées pour le compte de Nangaa, ses mentors et complices. Créées pour prélever des fonds indus en surfacturant trois voire quatre fois plus que les factures réelles pour la réalisation d’une opération donnée. Telle la révision du fichier électoral. Des firmes sont citées. Entre autres STIM Plus (installation VSAT, US$9 millions; SMS Plus, sous-traitance Gemalto, US$14 millions, SMS Plus, Scrutins 30 décembre, US$ 2 millions.
Dans le quartier huppé du Mont Fleuri, l’une de ses somptueuses villas est prise en location par la fameuse CIME, l’organe des confessions religieuses acquis à sa cause et se charge de... la médiation électorale. Nangaa ne sait même nulle part sauver, ne serait-ce que, la forme.
«En trois ans à la tête de la CÉNI, Nangaa s’est constitué une fortune qui dépasse les US$ 300 millions», dénonce un lanceur d’alerte qui avoue, depuis des mois, s’intéresser de très près au dossier.
Comment Nangaa a amassé une aussi coquette fortune? «Contre toute règle de bonne gestion, le président de la CÉNI signe seul. Et des sommes abyssales! Il en a tous les pouvoirs, du fait d’une loi organique sur mesure...».
Le ruisseau qui déboule vers des océans? Une route des dollars US que les hommes du Pouvoir empruntent pour faire disparaître en toute quiétude des conteneurs d’argent? Pourquoi l’Assemblée nationale devant laquelle la CENI est comptable, n’a jamais une seule fois plongé dans ses livres ou retoqué ses comptes? Connivence, donc complice des détournements massifs?
Quand la plénière a collégialement approuvé le principe d’une opération, telles les grandes décisions sur le calendrier, les opérations de vote, etc., ces décisions ne sont jamais assorties de budgets.
Dès la clôture de la séance, Nangaa, se léchant les babines, s’isole dans son bureau avec un membre de son cabinet, généralement un parent. A deux, ils inventent le budget, ne le soumettant à aucun filtre. Puis, Nanga ordonnance et signe, passe les commandes, honore mentors et complices haut placés...
Les Américains ne verraient que le marché de la machine à voter! A leur décharge, ils ont au moins communiqué sur ce marché.

IL A APPRIS A BIEN CONJUGUER.
Il y a mieux. «Le marché de transmission des résultats; celui des kits bureautiques, des motos, d’appareils téléphoniques, des isoloirs, des urnes, etc. Qui sait combien tout cela a coûté et combien cela a rapporté à Nangaa?», s’emporte un expert.
La CENI réduite à la famille. Toute la fratrie en a pris le contrôle des parties nobles. Il est fait obligation aux agents et cadres de la Céni, de ne prendre leurs billets d’avion qu’au seul guichet de l’agence de voyages de Bienvenu Nangaa, le jeune frère. Le marché de dédouanement appartient au «Bof», le grand frère de Madame Nangaa, l’épouse nommée Députée nationale sur une liste d’un parti de l’ex-Majorité présidentielle qu’il finance. Outre un frère également nommé Député. Quant au marché des assurances, c’est le domaine réservé de l’un de ses conseillers... «Nangaa doit prendre cette affaire de sanctions très au sérieux», conseille un avocat. Les firmes étrangères avec lesquelles il a signé des contrats sont sous l’œil du cyclope. Sous surveillance étroite... Pour éviter des amendes qui pourraient atteindre des milliards de US$, et se protéger en bourse, elles pourraient être amenées à coopérer avec le Trésor américain qui retrace ces détournements. La situation personnelle de Nangaa et de son colistier virerait au tragique... Outre le fils bling-bling éteint. Cas d’infanticide insoupçonné...
«Nangaa c’est un briguant. Son seul endroit est la prison», pestent des magistrats à la Cour de Cassation proches du dossier.
L’homme est tellement glouton qu’il a toujours conjugué le verbe manger à la première personne au présent du singulier - comme le dénonça un jour un député proche de l’opposition lors d’un débat à l’Assemblée nationale taguant le Premier ministre Matata Ponyo. Sans connaître les pronoms «tu», «il/elle», «nous», «vous», «ils/elles».
«Vous conjuguez, Monsieur le Premier ministre: «Je mange, je mange, je mange». Plutôt que «je mange», vous devriez dire, «je mange, tu manges, il/elle mange, nous mangeons, ils/elles mangent»».
A ce train, ce chancre dévorant qui aime à s’en faire péter la sous-ventrière, ne pouvait éviter un clash avec son vice-président, redoutable guerrier «Mai-Maï» Shi du Sud-Kivu, l’homme des années Mobutu.
Un jour, ce tout sauf un béni-oui-oui se résout de prendre à rebrousse-poil ce président qui mange trop seul. Katintima déménage du boulevard du 30-Juin, siège de la CÉNI pour s’installer sur une avenue attenante, dans un baraquement à cinq minutes à pied, face à la Gare centrale autrefois siège de sa centrale d’achats. Là, il reçoit, consulte, monte des stratégies. Distribue des prébendes. Les sous de la campagne de vulgarisation du calendrier électoral, matière dont il a la charge, explique-t-il laborieusement. Le Shi a lancé la guerre. Il promet qu’elle sera sans pitié...
A ses proches, il confie en avoir trop vu, en savoir trop et trop. Cet homme fort de la Céni s’apprête à balancer Nangaa sur la place publique. Il assure que les jours de Nangaa sont comptés.
Sauf que le président est marié à une Shi (du Sud-Kivu) comme son vice-président. Les loups ne se mangent pas entre eux…
Nangaa qui a décidé de survivre à la tête de la CENI et, s’il tombe, qu’il tombe les armes à la main, appelle son épouse au secours.
En langue Shi, la désormais députée Nangaa parle à celui-là. «Une espèce de compromis à l’africaine» - pour reprendre l’expression de Jean-Yves Le Drian, le ministre français des Affaires étrangères - est trouvé... Ce verbe manger, Nangaa convient désormais de le conjuguer comme convenue: «Je mange, tu manges, nous mangeons».
Propriété de Katintima et de son épouse Faïda Narungeta Katintima, le Centre hospitalier BioPharm présent de Bukavu, commune d’Ibanda qui s’est déployé, depuis peu, en une puissante antenne à Kinshasa, avenue Kato, sera le seul et unique hôpital des agents de la CÉNI. Equipé de matériels de dernière génération, le vice-président s’en glorifie. Un agent CÉNI a un petit bobo, Nangaa le dirige vers cet hôpital qui est monté en puissance et offre désormais tous les services: maternité, chirurgie, pédiatrie, médecine interne, gynéco-obstétrique, dentisterie, ophtalmologie, kinésithérapie, imagerie médicale, etc.
Ceux qui ont des intérêts en commun ne se font pas la guerre. Nangaa partage d’autres marchés. Le vice-président a placé son fils dans les marchés Miru Systems. Les retombées passeront par le père. La paix revient.
Conseiller de Nangaa, Marcellin Mukolo Basengezi conduit, négocie, conclut le dossier Machine à voter.
L’enrichissement du fiston est insolent.
«Il offre un appartement en plein Gombe ou un véhicule tout-terrain payé cash à de la gent féminine dorée. Dans les boîtes de nuit à Kin, il fait irruption en bonne compagnie et repart en bonne compagnie après des tournées de bars à Champagne...», témoigne un proche.
«C’est le Vice-président équato-guinéen, Teodoro Nguema Obiang Mangue, fils de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, le président équato-guinéen...», renchérit un autre.
Dans cette high society kinoise, il ne manque à Basengezi fils qu’une succession de calandres... Loin des regards des combattants de l’opposition, à l’étranger, il étale sans vergogne son luxe exubérant.
Quand le département du Trésor américain furieux que Nangaa et Basengezi, aient instrumentalisé le rapporteur Kalamba, brocardant les sanctions US State Department qui leur interdit la résidence ou le passage sur le territoire américain, à Washington, cela ne passe plus. La coupe est pleine. Le Trésor américain décide reprendre la main, d’éventrer le boa. Les deux hommes et le fils Mukolo n’ont plus le droit de toucher à un US$. Avec la capacité d’espionnage des Services secrets américains, si jamais Nangaa, Basengezi et le fils étaient pris en flagrant délit de manipulation de US$, même dans leurs chambres à coucher ou dans leurs salles des bains, le pire peut arriver.
Du coup, Nangaa instruit par le ministre de tutelle, a passé le relais au rapporteur Jean-Pierre Kalamba Mulumba N’galula qui engage désormais la CENI auprès des banques. Celles-ci instruites par la puissance association professionnelle de banque, agissant pour le compte de la Banque Centrale, ont fait savoir qu’elles n’accepteraient plus aucun document de banque signé de la main de Nangaa. Tragique fin de course...
Les Congolais lisent peu. En fait, ils ne lisent pas. Nos médias aux titres ronflants et sablonneux - comme a pu le dire avec pertinence l’ancien Premier ministre Lunda Bululu - crétinisent. Sait-on à quoi ressemble la situation congolaise? Incroyables similitudes avec celle de Panama...
Mi-décembre 1989 à fin janvier 1990 a lieu l’opération Just Cause. Intérêts économiques stratégiques américains en jeu, ça rappelle cuivre, coltan, cobalt, etc., dont seul le Congo détient des réserves aussi immenses; citoyens américains tués, cela renvoie à ce jeune américain étêté au Kasaï dans le conflit Kamwina Nsapu; scrutins repoussés et truqués, c’est Nangaa et Basengezi en plein. Outre le trafic international de drogue. De l’uranium congolais... cédé à qui?

LA RAISON
DU PLUS FORT.

Juste Cause surgit dix ans avant que la souveraineté du Canal de Panama ne soit rendue par les États-Unis au Panama. Chef militaire et président du pays, Manuel Noriega, déjoue plusieurs coups d’état, annule la tenue des scrutins perdus d’avance, défie l’Amérique, déclare son pays en état de guerre contre les États-Unis.
Pourtant, deux décennies durant, de 1959 au début des années 1980, Washington et Noriega coulent le parfait amour. Noriega est un élément actif des services de renseignement américains et salarié de la CIA.
Il travaille à faire progresser les intérêts américains en Amérique centrale, sabote les forces du gouvernement socialiste au Nicaragua, les Sandinistes et révolutionnaires du FMLN du Salvador. Reçoit plus de US$100.000 par an pour le service.
Il travaille avec la Drug Enforcement Administration pour limiter les envois de drogues illicites vers les États-Unis? Du coup, avec les trafiquants de drogue mais le général panaméen est un agent double. Il est avec Cuba, facilite le transfert de technologies sensibles à des pays du bloc de l’Est, vend des armes aux guerilleros pro-communistes d’Amérique latine et au gouvernement sandiniste.
Les services de renseignement militaires américains l’espionnent, ignorant la CIA quand Noriega tente d’infiltrer les unités de renseignement américains. Le général est lâché et, en 1988, Ronald Reagan négocie avec lui, lui demande de quitter pacifiquement le pouvoir.
Mars 1988, une tentative de coup d’État est déjouée. Mai 1989, pendant les scrutins, une alliance de partis opposés à la dictature militaire compte les résultats de la Présidentielle dans les circonscriptions du pays avant qu’ils ne soient envoyés aux centres régionaux. Le compte atteste que leur candidat, Guillermo Endara a battu Carlos Duque, candidat de la coalition pro-Noriega. Un rapport de 3 contre 1. Pourtant, Endara est roué de coups par les supporters de Noriega impopulaire qui déclare l’élection nulle, se maintenant au pouvoir par la force. Le gouvernement explique qu’il avait remporté la présidentielle, que les irrégularités avaient été le fait des candidats des partis d’opposition soutenus par les États-Unis. Bush demande à Noriega de respecter la volonté du peuple panaméen. L’armée tourne le dos à Noriega, propose de le remettre aux États-Unis. En octobre 1989, Noriega déjoue une deuxième tentative de coup d’État. La pression monte sur Bush traité de «mauviette» par les médias pour ne pas avoir apporté d’aide au Panama. Bush déclare que les États-Unis ne négocieraient pas avec un trafiquant de drogue. Nie avoir eu connaissance de la participation de Noriega au commerce de la drogue.
Les allégations américaines selon lesquelles les forces placées sous le commandement de Noriega auraient tiré et tué un soldat américain non armé, blessé un autre, arrêté et sauvagement battu un troisième soldat américain ainsi que brutalement interrogé sa femme, la menaçant par des abus sexuels, sont citées devant le Conseil de sécurité des Nations unies comme motif suffisant pour que l’invasion soit un acte de légitime défense au sens de l’article 51 de la Charte des Nations unies… Peu après le début de l’invasion, Guillermo Endara prête serment sur la base navale Rodman.
Face à la masse de civils et militaires détenus, la 1138e compagnie de police militaire de la garde nationale du Missouri met en place un camp de prisonniers sur le terrain d’entraînement Empire Range sur la rive sud du canal de Panama.
Cette unité marque l’histoire. Depuis la guerre du Viêt Nam, elle est la première unité de la garde appelée en service actif. Ce ne sera pas la dernière fois que l’unité sera appelée. L’opération «Desert Shield/Storm» se profilait à l’horizon… Contre les unités militaires de l’armée du Panama, les opérations militaires américaines se poursuivent pendant plusieurs semaines. Noriega reste en liberté mais face à une grande chasse à l’homme lancée, avec un million de US$ de récompense offerts pour sa capture. Le général réalise qu’il a peu d’options à envisager, trouve refuge dans la mission diplomatique du Vatican à Panama.
Les militaires américains montent la pression psychologique sur lui et la pression diplomatique sur la mission du Vatican.
Le 3 janvier 1990, le général se rend aux Marines. Immédiatement arrêté, il est embarqué dans un avion de transport militaire. Destination: une prison aux États-Unis. Entretemps, son armée a été dissoute.
Cette histoire, avec quelques variantes, s’est déroulée ou s’est répétée ailleurs. A Haïti, en Irak, en Libye, en Côte d’Ivoire, en Gambie. La raison du plus fort est toujours la meilleure...
Tous les ingrédients sont en place pour faire de Kinshasa ce Panama.
Les observateurs de toutes parts en conviennent. Après avoir poussé le puissant président angolais Edouardo Dos Santos à quitter le pouvoir et à laisser mains libres au nouveau président João Lourenço, Washington se sert de ce modèle pour libérer Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo de l’emprise de l’ancien régime. Si, au lieu d’aller à la retraite, celui-ci rumine l’idée d’un retour en force sur la scène politique, Panama tôt ou tard sera aux portes de Kinshasa. Avec la garde nationale du Missouri ou quelque chose de semblable.

NAGY: «JE SERAI TRES CLAIR»
Le 12 mars, alors qu’il se rend à Kinshasa en passant par des pays voisins, le Secrétaire adjoint aux Affaires africaines Tibor Nagy, fait la déclaration ci-après, visible sur le site state.gov du Département d’État:
«Au Congo, je serai très clair parce que je sais que nous n’avons presque plus de temps. Le Congo est une dynamique politique en pleine évolution. Il est très important de voir cela comme un processus en cours et ne pas se contenter d’examiner des questions de personnes. Comme nous le savons tous, des coalitions se forment entre partis présents au sein de l’Assemblée nationale. Nous savons comment le Gouvernement est constitué. Il n’est pas constitué par le Président mais le Président a essentiellement un droit de veto. Et c’est ce qui devrait se passer. Nous continuerons d’avoir des discussions très franches, ouvertes et honnêtes avec le Président Tshisekedi. Nous faisons entendre notre voix et nous espérons seulement que dans un an et demi, nous pourrons parler de la RDC de façon positive, tout comme nous parlons de l’Angola aujourd’hui».
Washington attend avant d’agir (aller plus loin dans la frappe contre ceux qui chercheront à anéantir l’action du nouveau Président ou, autre hypothèse, dans l’appui ou non au nouveau régime).
L’un des prédécesseurs de Tibor aux Affaires africaines de 1989 à 1993, connu pour avoir mis fin à la guerre entre l’Érythrée et l’Éthiopie en 1991, ainsi qu’aux conflits d’Angola et du Mozambique, a, dans un tweet, décrit les récentes sanctions américaines prises à l’encontre des personnalités de l’ancien pouvoir comme un avertissement.
Des membres de l’ancienne majorité présidentielle ne doivent pas entraver la gouvernance du président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo». Eux qui ont massivement participé au pillage du Trésor public via la CÉNI, de connivence avec des responsables dont certains à l’Assemblée nationale, sont dans la ligne de mire. Ils se sont fait remettre des millions de US$ en espèces sonnantes et trébuchantes et par le marché de fournitures surfacturé.
A la CÉNI, jour après jour, les langues se délient. Depuis l’abbé Malu Malu, cette institution ne peut se prévaloir d’un compte-rendu, d’une évaluation d’opération, d’une décision validée par la plénière en dépit de correspondances multiples restées sans réaction. Agents et responsables identifient trois pôles de pillage du Trésor public qui se partagent le marché de fournitures de la CÉNI et les rétro-commissions invoquant gestion politique et urgence sécuritaire. Sur la machine à voter, le prix attesté par l’ambassade du Congo à Séoul est de US$400/pièce passé à US$ 1.500/pièce. Paiement effectué via la Banque Centrale qui participe à une opération de blanchiment d’argent.
Quant au couple de la CÉNI, lâchés par leurs pairs de la plénière, bannis par Washington, la porte de sortie pour Nangaa et Basengezi est ouverte.
T. MATOTU.


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