Le débat sur le partage des postes n’empêche pas le devoir d’Etat
  • lun, 15/04/2019 - 03:44

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Impasse dans les négociations sur le partage du pouvoir d’Etat mais cela n’empêche pas le président de la République d’accomplir son devoir d’Etat. Le FCC de l’ex-président Joseph Kabila et CACH, coalition politique du président de la République sont en discussion mais plusieurs sources affirment que les négociations au sein du gouvernement sont bloquées. Les deux camps se rejettent la responsabilité du blocage. Le FCC réclame 80% des postes ministériels contre 20% à CACH. Inacceptable pour CACH qui souhaite un partage 50/50.
C’est ce type de répartition équitable des responsabilités publiques donnerait du sens à une coalition politique FCC-CACH. À la limite, les pro-Fatshi accepterait un partage faiblement déséquilibré de 60% FCC contre 40% CACH.
Pourquoi le FCC ne cède pas à l’offre de son partenaire au risque de voir le deal politique éclater? Au FCC, on explique cela au refus du président Tshisekedi de nommer le Premier ministre que l’ex-président Kabila a proposé par une correspondance. Pour le FCC, tant que le président de la République ne nommera pas le patron de la GECAMINES Albert Yuma Mulimbi proposé comme chef du gouvernement, bien que cette correspondance n’ait toujours pas été révélée, les pro-Kabila ne bougeront pas.
Un autre cadre du FCC explique que certaines sorties médiatiques du président de la République ne sont pas de nature à créer un climat de confiance pour le partage des responsabilités ministérielles au sein du futur gouvernement. Notamment, la déclaration présidentielle aux États-Unis où il a parlé de «déboulonner le système dictatorial» mais en prenant aussitôt le soin de dire qu’il n’y aura pas de chasse aux sorcières et qu’il ne visait pas les individus.
Les bonzes du FCC reprochent à Félix Tshisekedi aussi ses «fréquentations». Le fait qu’il ait reçu notamment l’activiste des droits humains Paul Nsapu à Kinshasa, un «banni» du régime sortant et l’Américaine Ida Sawyer de Human Rights Watch, une paria de la Kabilie, deux personnalités foncièrement anti-régime Kabila et qui ont été le fer de lance des sanctions occidentales contre les cadres du régime Kabila, a beaucoup frustré les caciques souverainistes de l’ex-majorité présidentielle.
Autant de griefs que formulent les membres du FCC contre leur allié et qui expliquent le malaise politique persistant que l’escapade à Mbuela Lodge de hauts cadres CACH et FCC n’a pas su dissiper. «Avec 20% du gouvernement, que ferons-nous?», s’interroge pour sa part un autre cadre du CACH?

COHABITATION?
Il y a l’UDPS qui devra avoir plus de postes que tous dans la coalition grâce à son poids politique, suivie de l’UNC et des alliés CACH aussi bien de la première heure que ceux de la dernière heure, poursuit notre source. Qui précise par ailleurs, qu’il faut aussi récompenser les cadres de Lamuka qui ont rejoint Félix Tshisekedi, le patriarche Kyungu, Delly Sesanga, Claudel Lubaya, Jean Claude Muyambo, Adam Bombole, Jean Bertrand Ewanga et Frank Diongo.
En ne donnant pas assez de postes à CACH, c’est chercher à fragiliser politiquement Félix Tshisekedi et sa coalition car il n’aura pas assez de quoi satisfaire les ambitions politiques de certains de ses partenaires, insiste notre source.
Pour lui, Félix Tshisekedi ne doit pas être regardé sous le prisme du poids parlementaire par la Kabilie car son poids politique va au-delà du nombre d’élus nationaux et provinciaux du CACH. Réduire son poids politique aux députés CACH, est «une erreur monumentale». Tshisekedi «au-delà des élus est le bouclier de Joseph Kabila et de sa famille biologique et politique contre la vengeance de la communauté nationale, la vindicte populaire et même la hargne des opposants comme Bemba, Katumbi, Fayulu. Sans oublier la puissante église catholique et les mouvements citoyens qui en veulent toujours à Joseph Kabila pour ses crimes. Les crimes sont encore frais! Et ça, nos amis du FCC, ne doivent pas l’oublier», prévient notre source.
Pour CACH, si la formule de partage du pouvoir reste en l’état (80-20), la coalition ne servirait plus à rien. CACH envisagerait la cohabitation mais qui serait sérieusement encadré par le contreseing du président en sa qualité de chef de l’exécutif et de garant du bon fonctionnement des institutions.
Une année plus tard, le président pourra rebondir en prononçant la dissolution de l’assemblée nationale et en demandant la confiance des électeurs pour conduire sa politique de déboulonnage, précise notre source. Il appelle donc les partenaires du FCC à revenir à la raison en adoptant un profil bas. Bien que conscient de la précarité de l’alliance FCC-CACH, dont il dit qu’elle «peut péter à tout moment», nul n’est pas pessimiste. «Les divergences seront aplanies par le président Tshisekedi et Joseph Kabila». Hormis Yuma Mulimbi, le FCC dispose d’autres cadres de valeur. «Ce serait stupide de créer une crise institutionnelle et politique à cause d’un individu, d’engager un bras de fer avec le chef de l’État», a conclu notre source. Le FCC a annoncé par communiqué avoir déjà déposé le nom du formateur du gouvernement au cabinet du président de la République sans le révéler. Des fuites aussi bien au cabinet du président qu’au FCC ont fait état du président de la Fédération des Entreprises du Congo comme l’homme choisi par Joseph Kabila au poste de Premier ministre, dont la Communauté internationale, les Etats-Unis en tête, ne veut entendre parler.
ZABULON KAFUBU.


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