Les Michel gagnent la guerre, le fils Charles prend le pouvoir
  • lun, 13/10/2014 - 02:37

Le clan avec à sa tête le Patriarche libéral, a combattu en interne (contre Reynders) et à l’externe (contre le PS). Et a gagné.

Après un vrai combat des gladiateurs à l’externe (avec le PS et le PM ministre sortant Elio di Rupo notamment) et en interne (avec le camarade Didier Reynders) conduit par le chef du Clan lui-même Louis Michel, la famille Michel a pris le pouvoir en Belgique.
Samedi 11 octobre, les 14 ministres et 4 secrétaires d’Etat du nouveau gouvernement fédéral ont tous juré «fidélité au Roi, obéissance à la Constitution et aux lois du peuple belge». Charles Michel a été le premier à énoncer la formule, dans les trois langues nationales, suivi de ses vice-Premiers ministres Kris Peeters (CD&V, Emploi, Economie, Consommateurs), Jan Jambon (N-VA, Intérieur, Grandes Villes, Régie des bâtiments), Alexander De Croo (Open Vld, Telecoms, Poste, Coopération au développement, Agenda numérique) et Didier Reynders (MR, Affaires étrangères et européennes, Beliris, Institutions culturelles). MM Peeters, De Croo et Reynders ont prêté serment en néerlandais et en français, M. Jambon en néerlandais seulement.
Les autres ministres ont suivi, dans l’une ou les deux langues: les deux N-VA Johan Van Overtveldt (Finances) et Steven Vandeput (Défense et Fonction publique), les cinq MR Willy Borsus (Classes moyennes), Hervé Jamar (Budget, Loterie nationale), Marie-Christine Marghem (Energie), Jacqueline Galant (Mobilité et SNCB) et Daniel Bacquelaine (Pensions), le CD&V Koen Geens (Justice) et l’Open Vld Maggie De Block (Affaires sociales et Santé).
Les quatre secrétaires d’Etat ont fait de même: les deux N-VA Theo Francken (Asile et Migrations) et Elke Sleurs (Lutte contre la fraude fiscale, Lutte contre la pauvreté, Egalité des chances, Politique scientifique), le CD&V Pieter De Crem (Commerce extérieur) et l’Open Vld Bart Tommelein (Lutte contre la fraude sociale, Protection de la vie privée). Peu auparavant, le Roi avait reçu en audience le nouveau Premier ministre Charles Michel et accepté la démission du gouvernement d’affaires courantes d’Elio Di Rupo.

LE PLUS JEUNE PREMIER BELGE.
A 38 ans, Charles Michel est le plus jeune premier ministre de l’histoire de Belgique. Il devient le deuxième libéral francophone à exercer cette fonction, après Paul-Emile Janson en 1937. Depuis sa tendre enfance, Charles Michel baigne dans la politique.
Né le 21 décembre 1975, il est le fils aîné de Louis Michel, l’une des figures marquantes du libéralisme francophone, qui fut président du PRL-FDF, vice-premier ministre, commissaire européen et l’artisan du retour au pouvoir de son parti en 1999 après 11 ans d’opposition.
Licencié en droit de l’ULB et de «l’Universiteit van Amsterdam», le nouveau Premier ministre belge a fait son stage d’avocat au bureau Lallemand-Legros. Il n’a toutefois pas attendu la fin de ses études pour se lancer en politique. En 1994, âgé d’à peine 18 ans, il est élu conseiller provincial du Brabant wallon. Cinq ans plus tard, il fait son entrée à la Chambre, où il est le benjamin de l’assemblée. Il prend part aux travaux de la commission d’enquête sur la crise de la dioxine - et s’en prend au pouvoir du Boerenbond - et dépose une proposition de loi rendant punissable l’outrage au drapeau tricolore et à l’hymne national. Sa carrière déjà précoce connaît une accession fulgurante en octobre 2000. Le président du PRL-FDF-MCC, Daniel Ducarme, l’envoie au gouvernement wallon où il prend le portefeuille des Affaires intérieures et de la Fonction publique à Jean-Marie Séverin. Il n’a alors que 24 ans.
Le jeune ministre s’illustrera dans sa volonté de rationaliser le paysage touffu des intercommunales wallonnes. Il se heurtera au ministre-président de l’époque, Jean-Claude Van Cauwenberghe (PS). Le conflit sera identique à propos de la réforme de la loi communale, notamment sur le principe de l’élection du bourgmestre, ou sur la réforme du Fonds des communes. Charles Michel est également à l’origine d’une réforme des provinces et de l’élaboration du Code wallon de la Fonction publique. En 2004, le PS choisit de s’allier avec le cdH et renvoie le MR dans l’opposition dans les Régions et à la Communauté française. Diverses explications circulen à la suite de cette décision. Parmi elles, l’attitude de Charles Michel dans les dossiers liés aux communes et aux intercommunales qui aurait déplu à de nombreux mandataires socialistes.
Pour éviter d’être évincé, Louis Michel prend les devants et s’en va à la Commission européenne.
On lui prête alors la volonté de vouloir faire monter son fils à la présidence du parti. L’annonce d’une candidature de Serge Kubla, inamovible maire de Waterloo, ruine le projet et permet à Didier Reynders de se présenter comme le seul candidat et de décrocher la présidence tout en restant vice-premier ministre. Charles Michel est désigné porte-parole du parti.

ÂPRE LUTTE POUR LE POUVOIR.
En décembre 2006, il succède à Charles Aubecq au maïorat de Wavre. Fin 2007, il monte dans le gouvernement Verhofstadt III pour y prendre le portefeuille de la Coopération qu’il conservera dans les exécutifs qui suivront. Le relatif échec du MR aux élections de 2009 et son maintien dans l’opposition commencent à agiter le parti.
La grogne se mue en fronde après les élections de 2010, qui voient le parti socialiste triompher. Charles Michel rassemble autour de lui un groupe de parlementaires dont le nombre ira croissant. Les «rebelles» du groupe Renaissance veulent mettre un terme au cumul de la présidence du MR et du poste de vice-premier ministre dans le chef de Didier Reynders. La lutte sera âpre.
Didier Reynders finit par renoncer au boulevard de la Toison d’or (la présidence du MR) mais un candidat de son camp, Daniel Bacquelaine, se mesurera à Charles Michel au cours d’une élection présidentielle interne.
A cette époque, les libéraux font leur retour dans les discussions fédérales alors que la Belgique est embourbée dans la crise communautaire. Ils participent aux accords qui accouchent de la 6e réforme de l’État et le paient un prix élevé. Le FDF, et son président Olivier Maingain, ne peuvent accepter une scission de Bruxelles-Hal-Vilvorde. En septembre 2011, la fédération PRL-FDF vole en éclats.
Les élections communales d’octobre 2012 sont favorables au MR. Les libéraux décrochent le plus grand nombre de bourgmestres du côté francophone. Alors que certains observateurs prédisent un rapprochement entre socialistes et libéraux en vue du méga-scrutin du 25 mai 2014, l’ambiance entre les deux grands partis se détériore et devient irrespirable à l’approche de l’échéance, singulièrement quand il est question de réforme fiscale.Trois semaines après les élections, c’est la rupture. Le MR, qui a sacrifié son alliance avec le FDF et permis à Elio Di Rupo de devenir premier ministre, apprend qu’il passera cinq années de plus dans l’opposition en Wallonie et à Bruxelles. Les socialistes, redoutant la formation en cours d’alliances de droite, ont reconduit leur coalition avec le cdH et embarqué le FDF dans la capitale. Après le non du cdH à une alliance avec la N-VA, le CD&V et le MR, le fils de Louis Michel est désigné informateur par le roi. Le 22 juillet, il est chargé avec Kris Peeters de former un gouvernement.
(Avec les agences).


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