Okapis vendus aux Etats-Unis?
  • lun, 24/08/2020 - 16:27

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1496|LUNDI 24 AOUT 2020.

La Banque Centrale du Congo a eu tort de mettre en exergue, de valoriser l’Okapi sur le billet de 1.000 CDF. L’Okapi n’a jamais été une exclusivité nationale, selon l’ICCN, l’Institut congolais de conservation de la nature qui en fait et refait des tweets, voilà des jours.

Cosma Wilungula, inamovible D-G de l’ICCN (depuis quinze ans) veut, en fait, faire comprendre qu’il n’a jamais vendu des Okapis aux Etats-Unis.

OKAPIS,
COLTAN, ETC.

«Il y a plus de 30 Okapis aux USA. Ils se reproduisent là-bas avec des échanges entre les zoos. Les premiers y sont arrivés avant 1960», lit-on dans un tweet signé ICCN renvoyé au Soft International. Le tweet poursuit qu’un Okapi a été vu à Anvers, en Belgique, en 1928. Voilà quasiment un siècle… Donc, même nos livres de sciences naturelles, de géographie et d’histoire doivent être révisés pour se conformer au « scoop » de Cosma Wilungula, qui, si cela peut avoir un sens, est pasteur d’église.

Le 20 juillet 2020, une femelle Okapi a, en effet, donné naissance à un petit dans un zoo de Houston, Etat du Texas. Le site naturaliste marocain Map Ecology qui a livré l’info atteste que « le bébé (…) est né d’une mère importée de la Réserve de Faune à Okapi d’Epulu, dans la province d’Ituri en RD Congo ». Que le zoo de Houston a conclu un deal avec la RDC. « La Réserve de Faune à Okapi d’Epulu est soutenue par Houston Zoo, qui lui fournit du matériel pour la conservation des Okapis et organise une campagne de recyclage des téléphones pour réduire la demande de nouveaux métaux extraits de cette réserve à Okapi».

A Kinshasa, la mouvance de la société civile soupçonne le D-G pasteur de l’ICCN de jouer à Ananias. Du nom de cet homme de Dieu des Evangiles qui avait maquillé les chiffres dans un contrat immobilier qu’il avait seul négocié. Sanction : la mort. Par ces temps où l’IGF, l’Inspection Générale des Finances a largué ses Sherlock Holmès et Colombo et paraît connectée sur les réseaux sociaux, l’ICCN pourrait connaître un temps des loups. Selon des sources recoupées, un couple d’Okapi mature (1,80 m au garrot, avec un poids variant de 200 kgs à 230 kgs) se négocierait au marché noir entre 800.000 et 1.5 million d’euros.

ET ARGENT DU BEURRE.
La réserve d’okapis d’Epulu, en Ituri, compte au moins 35.000 têtes. Jean Bamanisa Saïdi, Gouverneur de l’Ituri, lui aussi très connecté, a dit tout son ras-le-bol de l’ICCN qui engrange beaucoup d’argent et ne verse rien à l’administration provinciale. Il a donné un ultimatum, jusque fin décembre 2020, à Cosma Wilungula pour ouvrir la fameuse RFO (Réserve de faune à Okapis). Un petit Etat dans un Etat de 13.700 km2. D’intenses activités minières artisanales et semi-industrielles s’y déroulent depuis que des creuseurs y ont déniché du coltan et du lithium, éléments indispensables dans la fabrication des téléphones portables.

Anguille sous roche. Déjà, du temps où José Endundo Bononge était ministre de l’Environnement, il y a un peu plus de dix ans, des experts du Secrétariat général étaient très critiques sur la gestion financière de l’ICCN. Tout est secret d’Etat, disait-on. Début août 2020, sur une radio privée à Kinshasa, Cosma Wilungula a expliqué que la crédibilité de l’Etat s’était à ce point dégradée suite à la mauvaise gestion de fonds que des bailleurs extérieurs ne font guère confiance à l’administration congolaise. « Remettez aujourd’hui à Wilanga (Responsable de la gestion des forêts) un million de $US et qu’on sache dans cette ville que la direction des forêts a reçu un million de $US qu’il a le coffre de son bureau. Je pense que du matin au soir, il aura plus de 50 appels de partout parce qu’on a besoin de ceci.

Et, à la fin de la journée ou, peut-être demain, il se retrouve qu’il n’a rien! » En d’autres termes, l’ICCN, quoiqu’établissement public sous tutelle du ministère de l’Environnement & Conservation de la nature, a radié la redevabilité, la reddition des comptes, l’audit externe, etc., de son vocabulaire. Le D-G de poursuivre : «La communauté internationale n’a pas arrêté ou diminué mais on a changé plutôt d’interlocuteur. La société civile, des ONGs bénéficient des fonds. (…)

On n’a pas une diplomatie de l’environnement et de la conservation qui pouvait nous permettre d’obtenir des ressources ». Même si Cosma Wilungula soutient qu’il n’a jamais obtenu une subvention de l’Etat, l’ICCN est toutefois financé au-delà de ses besoins au point que le D-G crée des postes de dépenses de bric et de broc. « Pour l’honneur du pays, je peux vous dire aujourd’hui que c’est l’ICCN qui paie les cotisations de la RDC à l’UNESCO, à UICN, au CITES, etc. ». Selon les estimations du très sérieux WWF, rien qu’avec le parc des Virunga, l’ICCN pourrait atteindre des revenus d’un milliard de $US. Il n’y a donc pas que les mines ou les régies financières qui rendent millionnaires.
POLD LEVI MAWEJA.


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