Joseph Kabila Kabange, Ban Ki Moon et Paul Kagame.
Un Congo plus fort
  • lun, 01/10/2012 - 10:13

La terrible épreuve du M23 a eu effet d’aider à renforcer la cohésion nationale.
Ils étaient en retard d’une guerre. Le M23 et ses soutiens avaient sous-estimé la capacité des Congolais à se mobiliser et à se battre même mains nues pour faire entendre raison. Ils se sont trompés.

LE SOFT INTERNATIONAL N°1191 DATE LUNDI 1ER OCTOBRE 2012
Les rencontres de New York où le Chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange a séjourné la semaine dernière à l’occasion de l’Assemblée générale des Nations Unies et prononcé un discours à la tribune des Nations Unies, outre la rencontre de haut niveau présidée jeudi 27 septembre par le secrétaire général Ban Ki-Moon en présence des ministres français et belge, montre que le vent est en train de tourner pour la rébellion et ses soutiens. Sauf d’y avoir été - et peut-être le saurons-nous avec le temps - le fait que le président rwandais Paul Kagame ait quitté la réunion avant que celle-ci n’ait pris fin, laisse à penser que l’air était devenu irrespirable pour lui. D’entrée de jeu, le Sud-Coréen Ban Ki-Moon n’aurait pas porté de gants pour appeler un chat un chat...

LES PAROLES NE S’ENVOLENT PAS.
Des formalistes ou... jusqu’auboutistes regretteront l’absence d’un communiqué final qu’auraient signé les deux présidents Kabila et Kagame contresigné par le Secrétaire général des Nations-Unies Ban Ki-Moon...
Bien sûr que les Congolais avaient raison de tant souhaiter une condamnation claire et nette, par communiqué ou déclaration, de cette rébellion et des pays qui la soutiennent. Cela aurait été sans doute plus simple. C’est oublier qu’en diplomatie - dans les relations internationales - comme dans les relations humaines tout court, rien ne sert à courir et les paroles ne s’envolent pas toujours...
Or, la semaine dernière, dans ce qui constituait la Capitale du monde, à savoir New York, siège des Nations Unies et qui abritait l’Assemblée générale des Nations Unies, il semble très clairement que beaucoup de phrases ont été prononcées par des dirigeants du monde qui concernaient les crises qui secouent le monde: la Syrie, l’Est de la R-dC, les Kivu, le Nord Kivu, le mouvement du M23, la rébellion confinée à Bunagana, à quelques encablures du Rwanda. C’est donc à raison que le président Paul Kagame y était. Il y était, même sans le dire, comme l’accusé principal dans cette énième guerre... Il semble que le Secrétaire général sud-coréen Ban Ki-Moon n’y soit pas allé de main morte.
D’entrée de jeu, devant la ministre française en charge de la Francophonie Yamina Benguigui et le Belge Didier Reynders en charge des Affaires étrangères mais aussi devant des responsables des Nations Unies dont le chef du Département des opérations de maintien de la paix des Nations-Unies, Hervé, il a jeté ses cartes sur table. Du coup, Paul Kagame a préféré ne pas avoir à entendre cela. Il a quitté la salle... Et s’est fragilisé.

LE VENT TOURNE.
Au sortir de la réunion, aux journalistes qui le pressaient de dire quel type de relations la R-dC entretenait avec le Rwanda, le président de la République Joseph Kabila Kabange a eu ces mots: «La vérité est que nos relations ne sont pas bonnes...», expliquant que cela ne donnait lieu à aucun doute... A une autre occasion, le Chef de l’Etat explicitait que la R-dC entretenait de «bonnes relations avec tous ses voisins sauf avec un seul...» laissant clairement entendre qu’il s’agissait du Rwanda.
Présent à cette réunion, le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders a été plus catégorique et même mordant à l’égard: «Tout soutien extérieur au M23 doit cesser».
A la tribune des Nations Unies, son Premier ministre Elio Di Rupo a déclaré: «La situation dans l’Est de la R-dC, la recrudescence de la violence de ces derniers mois et la rébellion du M23, sont une grande préoccupation pour le gouvernement belge, en particulier en raison de l’impact grave sur les populations locales». Evoquant massacres, viols, pillages, il poursuit: «Tout cela est totalement insupportable».
La Belgique demande depuis longtemps que l’attention pour l’Est du Congo ne soit pas relâché. «Les pays de la région doivent intensifier leurs efforts pour mettre fin à la rébellion».
S’adressant directement au Congo et au Rwanda, il a ces mots: «L’intégrité territoriale de la R-dC doit être respectée. Tout soutien extérieur aux mutins doit cesser». «Personne n’est dupe de ce qui se produit sur le terrain», a dit Di Rupo. L’ONU, l’UE et le ministre Reynders, avaient déjà déclaré que le Rwanda soutenait activement la rébellion.
Hervé Ladsous a eu ces mots: «Les rencontres de New York ont permis l’expression d’un sentiment très fort au sein de la communauté internationale: le refus de la poursuite des violences, et une forte volonté de voir cesser les ingérences dans les affaires intérieures du Congo». Le vent tourne...

TRES COMBATIFS.
Ces rounds diplomatiques se déroulaient aux Nations Unies alors que pour la toute première depuis que notre pays connaît ces guerres à répétition, des délégations des chefs des églises parcouraient les Etats-Unis ainsi que nombre de grandes villes européennes avec mission d’expliquer les origines et les motivations de cette énième guerre, distribuant une pétition «Non à la guerre de balkanisation» qui avait récolté 10 millions de signatures de Congolais...
Ces délégations étaient reçues dans nombre d’administrations...
Entre-temps, l’Union Européenne faisait part de sa décision de suspendre toute aide en direction du Rwanda.
Tout cela, après que plusieurs pays aient annoncé la suspension de plusieurs programmes de coopération.
Quand on sait comment le Rwanda est étroitement dépendant de l’aide financière extérieure, on peut supposer ce à quoi le pays des mille collines va devoir faire face au cours des prochains mois.
Lui qui a reconstruit son économie suite aux guerres qui pleuvent chez le voisin. Comme le Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon très combatif le confiait mi-août 2012 au journal Le Soir. «Je souhaite que le communauté internationale comprenne qu’on ne peut pas laisser un pays semer du désordre ailleurs, profiter de la mutinerie pour organiser son économie. J’ai la conviction que le Vice-premier ministre belge, qui a géré les finances de son pays durant dix ans, a compris que la gouvernance est un concept global, qu’on ne peut parler de réussite économique si ce succès est obtenu en pillant le voisin. Il sait qu’on ne peut pas faire de la bonne gouvernance en tirant profit des ressources de son voisin: il ne s’agit pas là de gouvernance, fondée sur des valeurs éthiques, mais de tricherie».
Dans une autre interview - à l’hebdomadaire Jeune Afrique - Matata Ponyo n’avait mâché aucun mot: «En mai, Bosco Ntaganda a conduit une mutinerie. En réaction, les Forces armées de la République démocratique du Congo FARDC ont confiné ses troupes à Bunagana, à quelques kilomètres du Rwanda. Je me suis rendu personnellement sur le théâtre des opérations pour réconforter les troupes et les populations locales (...). Les différentes investigations faites par nos services ont pu établir, en juin, que le Rwanda avait soutenu l’organisation des mutins du M23. Cette implication a été confirmée par la MONUSCO, la Mission de l’Organisation des Nations unies pour la stabilisation en R-dC, et cela nous a poussés à conduire des actions diplomatiques pour faire connaître le rôle joué par Kigali».
Quoiqu’en pensent des membres de l’opposition, tout laisse croire que les temps qui viennent sont ceux du Congo. La mobilisation contre la rébellion le rend ce pays plus fort encore que jamais...

LEGENDE : Joseph Kabila Kabange, Ban Ki Moon et Paul Kagame. THORGA.
T. MATOTU

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