Un journaliste français membre de l’extrême droite berna les Africains
  • mar, 17/06/2014 - 05:46

Elu maire de Béziers sur des listes FN, Bernard Ménard dit «l’adjudant Ménard» a dirigé des années durant l’association française Reporters Sans frontières partenaire de nombreuses ONG africaines

Savait-on qui était Robert Ménard surnommé aussi «l’adjudant Ménard», qui dirigea longtemps l’ONG RSF (Reporters sans frontières) élu, aux dernières élections municipales françaises, maire de Béziers, sur les listes du FN (le Front National), parti des Le Pen (père et fille)? Le Pen, cet homme politique français connu pour ses idées racistes, qui préconisait fin mai dernier le recours à la fièvre hémorragique mortelle Ebola pour exterminer «en trois mois» la race noire sur la surface terre. Evoquant l’«explosion démographique dans le monde», le «risque de submersion» de la France par l’immigration et «le remplacement de la population qui est en cours» à cause notamment de la «faible natalité du continent européen», celui qui est aujourd’hui président d’honneur du FN, réélu député européen, affirmait: «Ils ont des yeux et ne voient pas. Ils ont des oreilles et n’entendent pas», citant un livre de la démographe Michèle Tribalat, «Les yeux grands fermés», sous-titré «L’immigration en France».
Ci-après des extraits d’un article du Soft daté 7 mars 2006 publié à l’occasion d’une visite de Bernard Ménard à Kinshasa. Ménard auteur notamment de «Ces journalistes que l’on fait taire», Albin Michel, Paris 2001 et, avec Emmanuelle Duverger, juriste internationaliste à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme, de «la censure des bien-pensants», Albin Michel, Paris 2003, ouvrage violemment attaqué, notamment, par Arno Klarsfeld, avocat d’affaires, internationaliste également.
Le journaliste français Robert Ménard, patron de RSF, arrive à Kinshasa le mardi 7 mars directement de Paris. Il atterrit dans la Capitale peu avant 19 heures locales par un régulier d’Air France et, signe de l’objet et de l’urgence de sa mission en R-dCongo dont on peut imaginer le rétentissement international, l’activiste professionnel de défense des journalistes dans le monde se rendra depuis l’aéroport N’Djili, directement à la rédaction de notre consœur de «la Référence Plus» où il signera le livre de condoléances ouvert à la suite de l’ignoble assassinat du journaliste Franck Ngycke Kangundu et de son épouse Hélène Paka et fera part de la solidarité de la communauté professionnelle internationale alors que l’enquête judiciaire pour élucider le mystère du double meurtre du quartier Mombele paraissait réellement s’embourber pendant qu’elle paraissait avoir été lancée tambour battant avec l’arrestation et la présentation au public de faux coupables. Si tous les faisceaux indiquent que «Franck a été tué parce qu’il a trahi», les officiels proches du dossier ont immédiatement après le double meurtre, parlé de «crime crapuleux» sans apporter depuis le moindre début de preuve. Le programme de la visite du secrétaire général de Reporters Sans Frontières prévoit qu’il rencontre le chef de l’État Joseph Kabila Kabange mais la veille de cette visite, l’organisation internationale de protection des journalistes n’avait encore reçu aucune suite sur l’issue d’une demande de visite introduite au Palais de la Nation, a annoncé JED, Journalistes en Danger, au «Soft International».

RSF PRET
A ENQUETER.

À Kinshasa, Robert Ménard ne devrait néanmoins pas chômer puisque son agenda déborde de rendez-vous. Il rencontrera - c’est confirmé - le Vice-président en charge de la Commission politique, sécurité et défense, Me Ruberwa Azarias Manywa - qui avait invoqué «l’infranchissable» au lendemain du double meurtre - mais également le ministre de la Justice Honorius Kisimba Ngoy et son collègue de l’Information Henri Mova Sakanyi de même que l’Auditeur général militaire avant d’avoir des séances de travail à la HAM, Haute Autorité des Médias, à l’Observatoire national des Droits de l’homme, à l’Observatoire des Médias R-dCongolais, OMEC en sigle. Ménard rendra visite, annonce JED, à quelques maisons de presse locales, Antenne A, le groupe CCTV-CKTV de Jean-Pierre Bemba Gombo, le groupe DigitalCongo de Jaynet Kabila, la sœur jumelle du chef de l’État, Tropicana tv, Radio Okapi et le groupe «le Soft International». Robert Ménard sera reçu par l’ambassadeur de l’UE, Union Européenne à Kinshasa, l’Italien Carlo de Filippi. Le secrétaire général de RSF qui voyage avec le «Monsieur Afrique» de l’ONGI Léonard Vincent réunira jeudi 9 mars une conférence de presse au siège de JED, quartier des textiles, avenue colonel Mondjingba. Celle-ci aura lieu à 16 heures, peu avant qu’il ne se rende à l’aéroport où il embarquera pour regagner Paris.
L’objet de la visite de la délégation RSF est clairement d’obtenir des dirigeants politiques r-dcongolais qu’ils lancent enfin l’enquête sur l’assassinat du journaliste de son vrai nom Franck Kangundu Kengy et de sa compagne de vie. Si jamais elle a été politisée, RSF veut dépolitiser cette affaire et affirme, à la suite de son partenaire r-dcongolais JED, qu’il s’agit d’une affaire de justice. Dans un communiqué diffusé depuis Paris le 14 février, le jour même de la publication de l’enquête de JED - dédiée «à la mémoire de Franck Ngyke Kangundu et Hélène Paka et à celle de tous les journalistes congolais tués ou portés disparus afin que la justice des hommes rende paisible leur sommeil éternel» -, l’ONGI appelait «solennellement le président congolais Joseph Kabila à constituer au plus vite une commission d’enquête indépendante chargée de faire la lumière sur ce double assassinat politique», et insistait, «sur la base des investigations de JED». «Pour stabiliser et pacifier le pays, le gouvernement de la République démocratique du Congo ne peut pas faire l’économie de la justice», déclarait encore RSF, poursuivant: «Bâclée par la police jusqu’à aujourd’hui, l’affaire Franck Ngyke doit être résolue pour que la blessure infligée au pays par ce double assassinat soit guérie. Les pressions, les entraves et la mauvaise volonté politique empêchent les autorités d’avancer».
«Il est donc urgent de confier l’élucidation de cette affaire à un tiers qui bénéficie de la confiance des témoins et dont les conclusions seront exemptes de tout soupçon de partialité». «Nous exhortons la communauté internationale, qui supervise le processus de transition, à prendre JED et les témoins de l’assassinat sous sa protection et à s’associer à notre voix pour exiger la constitution rapide d’une commission d’enquête indépendante, à laquelle nous sommes prêts à participer», écrivait encore le communiqué. Le 10 février, depuis New York, CPJ, The Committee to Protect Journalists via sa directrice Ann Cooper, s’adressait à Joseph Kabila Kabange dans une correspondance insistant sur l’urgence de constituer une Commission d’enquête indépendante et sur le besoin d’établir un climat de travail susceptible de permettre aux journalistes d’exercer leur métier en toute liberté à la veille des élections générales. Franck Ngyke et son épouse ont été assassinés dans l’enceinte de leur domicile, au n°87, avenue de Ngaliema, quartier Mombele, commune de Limeté, dans la nuit du 2 au 3 novembre 2005 à 1 heure du matin. Après être sorti de son véhicule pour ouvrir le portail de fer de sa maison, alors qu’il revenait du «marbre» - le travail de nuit du journaliste - Franck Ngycke a été abordé par quatre hommes armés, vêtus en civil, qui l’attendaient.
«Nous sommes venus pour te tuer», a affirmé l’un des hommes.
ALUNGA MBUWA.


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