Après Musungay, Mbwinga et Isidore Kabwe, un quatrième ex-ministre abandonne Matata dans sa débâcle
  • lun, 24/05/2021 - 15:55

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1527|LUNDI 24 MAI 2021.

Sur TV5, la chaîne française francophone, l’ancien premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon s’était fendu sur d’une déclaration en ces termes : «Mais quand vous décidez de coudre une chemise et que vous ne terminez pas, si l’autre qui reprend votre place, ne la termine pas, à qui la faute?».

Il s’en prenait à ses successeurs Samy Badibanga Ntita à qui il a remis les clés de l’Hôtel du Gouvernement mais qui n’a duré que l’espace d’un matin (17 novembre 2016 - 18 mai 2017, soit six mois et 1 jour avec une équipe gouvernementale désignée le 19 décembre et qui a passé moins de temps au travail) et à celui qui a fait plus longtemps au 5, avenue Roi Baudouin, à savoir, Bruno Tshibala Nzenze qui, nommé le 18 mai 2017, a rendu les armes le 7 septembre 2019 à Sylvestre Ilunga Ilunkamba.

Début juillet, précisément lundi 6 juillet, un communiqué de l’ex-Premier ministre donnait le ton : Matata n’a jamais géré des fonds destinés aux projets d’investissements. « Point n’est besoin de rappeler à l’opinion tant nationale qu’internationale que la Primature, sous son mandat, tout en tenant un centre d’impulsion et d’évaluation rigoureux de l’action gouvernementale, en harmonie avec le Président de la République, n’a jamais été ni un centre d’ordonnancement des fonds publics, ni une unité d’implémentation des projets du Gouvernement, encore moins un lieu de décaissement ou de gestion des fonds destinés aux projets d’investissement », écrit cette mise au point.

Puis, Matata, qui, dans ce communiqué dit se réserver le droit d’ester en justice pour tous ces faits invraisemblables et répréhensibles par la loi pénale, soutient par le canal de son cabinet, que le projet du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, le marché international de Kinshasa à Maluku, des locomotives neuves pour la Société Nationale des Chemins de fer du Congo (SNCC), de la société Congo Airways, de Transco, des bus Esprit de vie, la relance de la Société Congolaise des Transports et Ports (SCPT) etc, n’ont pas été été gérés par la Primature, ajoutant que la coordination était assurée par les ministères. S’agissant du parc agro-industriel, deux ministères sont visés : celui de l’Agriculture et celui des Finances.

PAROLE À LA JUSTICE.
Qui sont ces ministres sectoriels ? Matata 1, Finances (ministre délégué auprès du Premier Ministre, Patrice Kitebi Kibol Mvul avec vice-ministre Roger Shulungu Runika), Agriculture et Développement Rural (ministre Jean Chrisostome Vahamwiti Mukesyayira); Matata II, du 7 décembre 2014 au 14 novembre 2016, Finances (ministre Henri Yav Mulang avec vice-ministre Albert Mpeti Biyombo); Agriculture, Pêche et Élevage (Isidore Kabwe Mwehu, puis Émile Mota Ndongo Kang).

Mais cités par plusieurs sources comme les ministres qui avaient signé le contrat avec la société sud-africaine Africom Commodities (LTD), Rémy Musungayi Bampale qui venait de l’opposition pour répondre à Kabila qui, son élection fortement contestée par toutes les chancelleries, intronisé en catimini à l’esplanade de la Cité de l’UA devant un seul président, le Zimbabwéen Robert Mugabe, faisait appel à tous ceux qui ont «la passion du Congo» de le rejoindre, aujourd’hui AFDC-A Bahati et le FCC-PPRD Robert Mbwinga Bila, ministres respectivement de l’Industrie et PME et des Affaires foncières à l’époque des faits, dans des courriers adressés au Soft International, disent n’avoir rien eu à avoir avec le projet Bukanga Lonzo. «Le Premier ministre Matata nous a demandés de signer le contrat. Point barre», dit l’un.

L’autre s’étonne qu’on leur ait parlé d’un projet de 80 millions de US$ alors qu’il est de plus de 200 millions de $US, que ce sont les Sud-afs qui allaient financer alors que c’est le Trésor public congolais. Le courrier de l’ex-Premier ministre reçu dans les rédactions du Soft International se complaît à vanter une «gouvernance économique et financière (à son époque), le taux de pression fiscale ayant culminé à près de 15% contre moins de 9% aujourd’hui». Il appelle à l’audit de son passage aux affaires de 2003 à 2010, de DG BCeCO à la Primature en passant par le ministère des Finances. Il avoue qu’«aucune structure gouvernementale n’était impliquée dans la gestion des fonds destinés au projet» et impute le chaos du projet à l’arrêt des décaissements par l’Etat».

Pourtant, un système économique prédateur pire que celui qu’avait érigé Mobutu a existé et a fonctionné dans le pays, que veut faire sauter le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Dans un courrier daté du 16 décembre 2020 adressé au Directeur Général du Journal Le Soft International, Yerkis Muzama Muzinga avec ampliation au Procureur Général de la République, aux Présidents de la Haute Autorité des Médias, de l’Union de la Presse du Congo et de l’ACP sans toujours savoir pourquoi, un troisième ex-ministre Matata aujourd’hui député, Isidore Kabwe Mwehu Longo, exerce son droit de réponse «pour démentir fermement toute implication, écrit-il, de ma part dans la gestion du dossier Bukanga Lonzo qui n’a par ailleurs dans les faits jamais relevé de ma compétence durant mon mandat au ministère de l’Agriculture, Pêche et Elevage qui s’est étendu du 7 décembre 2014 au 25 septembre 2015».

L’ex-ministre Matata dit «contester les faits qui (lui) sont imputés», réf. éd. n°1510, datée 11 déc. 2020, «sous la plume de M. Alunga Mbuwa dans l’article «Matata, Kitebi, Ida Naserwa, etc., accusés levez-vous». Il «regrette» que son nom ait été cité dans l’article du Soft International sans que le texte ne relève «aucun fait précis qui puisse étayer» son implication, y voyant «des intentions malveillantes qui visent essentiellement à porter atteinte à l’honneur et à la dignité» de sa personne.
Il dit se réserver «le droit de poursuites en justice pour diffamation» l’auteur dudit article, Le Soft International, «ainsi que toute personne qui continuerait à colporter ou à diffuser des faits mensongers» faisant clairement allusion aux déclarations ci-dessous du communiqué du cabinet de l’ancien Premier ministre datée du 6 juillet.

Le député Isidore Kabwe Mwehu Longo serait pertinent s’il harmonisait son propos avec l’ex-Premier ministre qui déclare, par la voie de son cabinet, que sous son mandat, la Primature «n’a jamais assuré la coordination de quelque projet que ce soit qui dépendait des ministères sectoriels» visant, s’agissant du Parc agro-industriel, deux ministères, l’Agriculture et les Finances.

Il reste que c’est à la justice - et à elle seule - saisie par les services compétents - de déterminer les vrais responsables de cette mafia financière qui s’est attribuée au moins 200 millions de $US, a conduit à la débâcle d’un projet abusivement présenté aux Congolais comme celui de l’émergence du Congo.
Jean Chrysostome Vahamwiti Mukesyayira est le tout dernier en date à se désengager de l’ex-Premier ministre en le vouant aux gémonies.

Sa correspondance datée du 12 mai 2021 remise à des médias locaux, relayée par la presse internationale, écrit notamment : «Plusieurs médias en ligne ont publié le 10 mai 2021 un article intitulé : «RDC/Bukanga Lonzo : les 9 raisons qui ont justifié le gré-à-gré dans la mise en œuvre du PAI BL».
Cette même publication est relayée sur plusieurs chaînes de télévision par une légion des journalistes. Parcourant avec curiosité ces publications, je découvre que le temps 1 (sur les 9 temps/étapes) de ce marché gré-à-gré est le suivant : «choix du partenaire sud-africain AFRICOM Commodities (Pty).

La mission de vérification de la capacité d’AFRICOM d’assurer la gestion du PAI/BL comptait les délégués de la Primature et des Ministères des Finances, Agriculture et Portefeuille. Chaque délégué a été choisi et désigné par son Ministère et, à l’issue de la mission, a soumis à l’attention de sa hiérarchie un rapport de mission».

«Ces affirmations laissent croire à l’opinion que le Ministère l’Agriculture et du Développement Rural a été impliqué dans la sélection de gré-à-gré de la firme Sud-africaine AFRICOM Commodities (Pty). En ce qui concerne le Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural que j’animais à l’époque, il n’a jamais été impliqué ni de près ni de loin. Il n’y a aucun doute que ces médias tombent dans le piège des quatre journalistes d’investigation (Israël Mutala, Eric Tshikuma, Rachel Kitsita, Bienvenue Bandala) qui ont publié le 21 janvier 2021 un rapport sur la «Débâcle du parc agro-industriel de Bukanga Lonzo, causes, responsabilités et perspectives».

Ils font allusion à l’existence d’un comité interministériel de pilotage du PAI/BL qui n’a jamais était opérationnel jusqu’à mon départ du Ministère en décembre 2014. En quoi consiste ce piège de publier des informations sensationnelles sans consulter la source disposant de la vraie information ?

Plusieurs médias et ONG font de plus en plus de ce mode opératoire un mode de vie. Si les rédactions de ces médias avaient pris le moindre soin de me contacter avant de publier l’article susmentionné, voici des éléments précis que je leur aurais fournis : l’ancien Premier Ministre Matata Ponyo n’a cessé de déclarer sur les médias et dans la presse écrite qu’aucun ministre n’a été impliqué dans la gestion du PAI/BL.

Or, la passation des marchés est un acte de gestion. Ces médias s’inscrivent donc dans une contradiction inexplicable avec le Premier Ministre honoraire Matata Ponyo. En date du 10 février 2014, par sa lettre n°CAB/PM/ADR/IN/2014/9179 adressée à quatre ministres (Agriculture et Développement Rural, Industries, Petites et Moyennes Entreprise, Portefeuille, et le Ministre Délégué en charge des Finances), le Premier Ministre Matata Ponyo les informe que AFRICOM est déjà sélectionné pour gérer le Projet Bukanga-Lonzo avec un Projet de contrat. Bien plus, il est dit dans la lettre que la firme AFRICOM s’est proposée. Où est l’implication du Ministère de l’Agriculture et du Développement Rural dans la sélection de cette firme?»
ALUNGA MBUWA.


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