- lun, 26/10/2020 - 00:15
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1505|SAMEDI 24 OCTOBRE 2020.
L’Union Sacrée de la Nation égale rabattement des cartes.
Des mots très forts choisis qui défilent les uns après les autres dans une implacable logique martiale. Un discours bref comme il en faut pour une annonce majeure - six minutes chrono au total - il n’en fallait pas plus. Ce que le Congo et le monde attendaient, ils l’ont eu vendredi 23 octobre dans la soirée.
Le patron Afrique de l’administration américaine - qui ne pouvait pas ne pas être au courant des inquiétudes de gouvernance et des risques d’atteinte des objectifs de l’Etat de droit au Congo quand les Etats-Unis ont convenu avec ce pays de nouer un partenariat privilégié qui se construit au jour le jour et chaque jour davantage - avait tweté, peu avant le discours du Président de la République alors que l’ambassadeur américain dans la Capitale - le très actif Mike «Nzita» Hammer - avait été parmi les diplomates qui avaient été accueillis la veille par le Président de la République à la Cité de l’Union Africaine où il continue d’habiter très modestement.
Un tweet qui en dit long de Tibor Peter Nagy Jr, le secrétaire d’État adjoint américain aux Affaires africaines, ancien officier du Département extérieur américain, ancien ambassadeur américain en Guinée et en Éthiopie : «We look forward to a peaceful process in the DRC that puts the voices of the Congolese people front and center.
The world is watching» @AsstSecStateAF. Traduisons : «les Etats-Unis ont hâte à voir s’installer au Congo un climat de paix qui mette en avant et au centre les attentes du peuple congolais». Peu avant ce discours comme jamais un discours présidentiel n’était aussi souhaité et attendu au Congo, la troisième personnalité ayant signé l’accord de Nairobi créant la plateforme électorale CACH, Cap pour le Changement, le professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba poste un tweet allant dans le même sens que celui de Monsieur Afrique de l’administration Trump : « Lui seul le Président de la République et nul autre a la main sur ses options et j’ignore ce que @fatshi13 dira sous peu à la Nation. Selon ceux qui savent, toutes les options sont sur la table.
Moi, j’irai vers un #référendum soutenable, tenable immédiatement et transformateur ». Problème : qui organiserait ce référendum, l’actuel bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante présidé par Corneille Nangaa Yobeluo contesté comme jamais, ayant perdu toute légitimité? D’où la nécessité - l’urgence - de reconstruire une légitimité nouvelle des Institutions par le consensus.
Dans son discours de vendredi 23 octobre, le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo l’a très clairement rappelé parlant de «divergences qui persistent (et qui) plombent les ailes de l’espoir de notre envol vers le développement, près de deux ans après» l’alternance démocratique.
Et d’énumérer ces divergences - au centre «d’enjeux majeurs pour notre Nation» qui sont la paix, la sécurité nationale, la - précisément - Commission Electorale Nationale Indépendante, l’organisation des élections, la gestion du portefeuille de l’Etat, la territoriale, la diplomatie, l’indépendance de la justice, l’instauration de l’Etat de droit. Puis : «l’importance de ces questions me convainc qu’elles ne doivent pas être laissées à la merci d’un seul groupe politique, elle nécessite un large consensus». Qui, en l’espèce, donnerait tort au Président de la République?
DANS LE VISEUR,
ILUNKAMBA ET DEO NKUSU KUNZI.
Puis, plus précis encore : «Face à l’ampleur de ces défis, le Peuple n’accordera aucun pardon à ceux qui, dans la classe politique, s’évertuent à créer ou à entretenir des entraves au progrès, animés qu’ils sont par une simple stratégie de survie politique ou de positionnement individuel, par la haine tribale, la rancœur ou par la poursuite de la prédation en toute impunité».
Comment ici également ne pas donner raison au Président de la République si on rappelle une vidéo virale d’une réunion tenue dans un palace de la Capitale où l’on voit l’un des caciques du PPRD distillant la peur de disparition de l’ex-parti présidentiel qui équivaudrait la mort de tous ses cadres sauf si des stratégies de «survie» étaient mises en route.
Qui avait pu faire fuiter vers les médias sociaux et la presse structurée cette vidéo sinon un cadre PPRD hostile à «une simple stratégie de survie politique ou de positionnement individuel», ces cadres que le Président de la République qualifie de «nostalgiques, habitués à l’impunité et aux traitements de faveur»?
Puis, d’asséner afin que nul n’en ignore rien et de placer tout cadre désormais de partenariat : «Le partage des valeurs liées à l’Etat de droit et à la justice...».
En clair ou vous êtes avec moi - dans ma vision - ou vous n’êtes pas avec moi.
Le Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba et son ministre des Relations avec le Parlement, l’ex-gouverneur du Kongo Central Déogratias Nkusu Kunzi Bikawa à qui le Conseil des ministres avait demandé d’organiser le protocole de prestation de serment des trois juges constitutionnels nommés par le Chef de l’Etat et qui étaient aux abonnés absents, sont ceux qui ont particulièrement irrité le Président de la République et, du coup, les premiers visés par le bic rouge du Président de la République qui a clairement repris la main depuis précisément ce mercredi 21 octobre à l’issue de la prestation de serment de ces juges.
Plus clair que jamais après avoir rappelé l’article 69 de la Constitution - «le Président de la République est le Chef de l’Etat. Il représente la nation et il est le symbole de l’unité nationale. Il veille au respect de la Constitution. Il assure, par son arbitrage, le fonctionnement régulier des pouvoirs publics et des Institutions ainsi que la continuité de l’Etat.
Il est le garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire, de la souveraineté nationale et du respect des traités et accords internationaux» - et du coup, l’engagement de son serment constitutionnel «de ne jamais faillir à cette mission sacrée et de ne jamais trahir le Congo, tombe : « Je ne laisserai aucun engagement politique de quelque nature que ce soit primer sur mes prérogatives constitutionnelles et sur l’intérêt supérieur du peuple congolais.
Je ne transigerai jamais avec les intérêts supérieurs de la nation. Je ne céderai jamais la moindre portion de notre souveraineté nationale. Je ne ménagerai aucun effort pour préserver la paix et l’unité nationale ».
Il n’existe pas d’autres mots : le Président de la République reprend la main quand il invoque «le Salut du Peuple (qui) est la loi suprême» qui doit lui conduire à créer une «union sacrée de la Nation» autour d’un nouveau partenariat fondé sur les actions de son programme, faut-il rappeler : la paix, la sécurité nationale, la - précisément - Commission Electorale Nationale Indépendante, l’organisation des élections, la gestion du portefeuille de l’Etat, la territoriale, la diplomatie, l’indépendance de la justice, l’instauration de l’Etat de droit.
T. MATOTU.