Kitenge Yesu pleure sa Reine Bateme Bibi Sophie
  • ven, 16/08/2019 - 17:12

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1464|VENDREDI 16 AOUT 2019.

Tout de go, l’homme effondré, feignant le courage, avoue dans un courrier adressé à des proches: «Je suis orphelin de femme.

Car malgré qu’elle est moins âgée que moi, elle est comme une véritable mère qui a merveilleusement assuré ce rôle. Comme dans un conte de fées, la Reine s’est endormie. Dans l‘espérance de la Résurrection. Elle est entrée dans la lumière du Père ce dimanche 28 juillet 2019 à 1822’».
Puis: «Il apparaît splendide à l’horizon du ciel. Aton aux commandes de la barque solaire conduit sa Pharaone vers le Créateur. Sa lumière dissipe la nuit. De noir vêtus, les Kinois regardent le ciel. Les oiseaux s’envolent et chantent: pauvre Pharaon, il faudra beaucoup pleurer ce soir».
Puis, comme dans un refrain, de reprendre sous une forme corrigée, améliorée: «Il apparaît, splendide, à l’horizon du ciel. C’est Aton. Aux commandes de la barque solaire qu’il dirige vers le Créateur de la vie , où il conduit, étendue, sa Pharaone vers le Créateur bien aimée. Il remplit toute la ville de lumière. Il dissipe les ténèbres en rependant les rayons. Les Kinois de noir vêtus se dressent et regardent vers le ciel. Les oiseaux s’envolent de leur nid dans toutes les directions et croyant qu’il fait jour, ils chantent: «pauvre Pharaon, il faudra beaucoup pleurer ce soir».
Ceux qui étaient à ce deuil qui frappe les Kitenge, ont senti comment cet homme aimait tant cette femme dont deux portraits érigés à l’approche du cercueil blanc, à la Cité des Anges, 35, avenue du ex-Haut Commandement, commune de la Gombe, montraient ce qu’elle fut, femme joyeuse, rayonnante au «sourire sublime», témoigne le mari !
À l’arrivée du cercueil dans la Capitale au soir du 8 août par le long vol qui passe par Luanda en survolant son pays et qu’elle détestait, le Haut Représentant du Président de la République en même temps son Envoyé Spécial fait montre de courage de Roi. Atteint certes et affaibli par cette tragédie qui l’a frappé alors qu’il se trouvait en Belgique, celui que certains appellent aussi «Le Tomatier» (lors d’un débat radio-télévisé, ce debater hors pair avait mis hors course son contradicteur par une formule imparable: «j’ai consommé de la tomate crue à mon jeune âge, et toi?») qui quitte le premier le vol Brussels Airlines, cache mal sa détresse.
Il fait mine de quitter le sujet mais l’entourage sent la douleur qui reprend ses droits. Jacques Tshimbombo Mukuna qui a pris en première ligne la direction des opérations lui impose une pause d’un jour, vendredi 9 août, le temps de refaire des batteries après des jours éprouvants passés à préparer le dossier administratif en vue du transfert du corps au Congo pour le repos éternel. Samedi 10 au matin, il faut bien que Maman Kitenge née Bateme Bibi Sophie Martine Marie Victoire, vienne saluer cette bâtisse à l’européenne, sur les hauteurs de Binza, quartier Pigeon, où elle vécut sa «vie heureuse, aisée», lui dit son homme dans une lettre posthume poignante d’amour Grande émotion...
Le soir, à la tombée de la nuit, en dépit de ses charges d’État, le Président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo trouve le temps de venir s’incliner devant Bibik. Fatshi est un homme. D’abord. Un humain. Avec des sentiments...
«Sophie mon bonheur. Tu es mon bonheur et le sens de mon bonheur. Le roi pleure sa reine, Sophie. Sophie, ta mort fait douter de la vie. Un jour, la mort demanda à la vie: Pourquoi les gens t’aiment tant et moi ils me détestent? La vie répliqua: Parce-que je suis un merveilleux mensonge, et toi une triste réalité».
Un texte d’amour dont lecture est donnée par un très proche de Kitenge Yesu que, depuis des temps immémoriaux, il appelle «mon Fils» et lui répond «mon Père», le Professeur Tryphon Kin-kiey Mulumba.
Pas avant que «le Tomatier» n’ait rendu honneur à sa reine en s’élançant, face à elle, sa canne de Maréchal à la main, et dont il fut un farouche opposant puis un proche mais critique. Ces pas de danse de Grand Chef très craints... Qui sait!
«Lettre posthume d’amour à Bateme Bibi Sophie, épouse bien aimée, Kinshasa, le 11 août 2019».
Ci-après :
«Excellences, Honorables, Éminences,
Chers amis, chers soutiens,
Je me permets vous avertir: pendant mon discours et même durant cette épreuve, il pourrait m’arriver de larmoyer.
Oui, il arrive qu’on pleure... non pas parce qu’on est faible, mais parce qu’on a été trop fort, longtemps!
Message d’amour de Kiky à Bibik chérie.
Dans le village où il y a une montagne se trouve un grand homme, dit-on.
Derrière un grand homme, il y a toujours une grande femme!
Et cette grande femme s’appelle Sophie. Le roi pleure sa reine, Sophie. J’aime t’appeler, la tsarine de tous les Congo par allusion à l’impératrice de toutes les Russies, Catherine II, née Sophie. Avec une seule comparaison: Catherine a augmenté la grandeur de la Russie, toi, Sophie, tu as augmenté la grandeur des Kitenge.
Sophie, ta mort fait douter de la vie.
Un jour, la mort demanda à la vie: Pourquoi les gens t’aiment tant et moi ils me détestent? La vie répliqua: Parce-que je suis un merveilleux mensonge, et toi une triste réalité.
«Parfois, la vie peut être injuste, mais ce n’est pas une raison pour renoncer à elle».
Einstein a dit un jour que la mort n’est pas la pire chose dans la vie: le pire, c’est ce qui meurt en nous quand on vit.
Sophie mon bonheur. Tu es mon bonheur et le sens de mon bonheur. Je t’ai donné une vie heureuse, aisée mais toi, tu m’as donné plus, oui, beaucoup plus: tu as donné un sens à ma vie.
Chers frères et sœurs, le vide que laisse et laissera ma chère Sophie ne sera jamais comblé. Nous célébrons donc aujourd’hui une énorme perte. Lamartine traduit le mieux mon sentiment quand il dit: «un seul être vous manque et tout est dépeuplé».
Cette femme, cette mère, cette épouse, cette grand-mère, amie à tous, du riche et du pauvre, «avait la solidité du chêne et la souplesse du roseau».
Elle était unique, et personne n’aurait pu l’imiter de son vivant.
Nous devrons entretenir sa mémoire. Puisse-t-elle nous inspirer de là où elle se trouve.
Tu es et tu seras toujours la plus belle saison de ma vie. Tu me manques. Je t’aime tellement, amour de ma vie.
Toujours et toujours. Doux moments. Pour moi c’est toi la plus belle. Avec toi, je suis moi. Qu’est-ce la vie sans toi? Tu es dans toutes mes pensées. L’amour véritable ne meurt jamais. Je ne pense qu’à toi tout le temps. Tu es la joie de mon âme.
Merci pour tout le bonheur que tu m’as donné depuis que tu es dans ma vie.
Perdre une Maman est pour nous ses enfants, les petits-enfants et le mari, un drame sans fond. Le deuil nous emporte et nous devons avec l’énergie du possible faire preuve de courage.
A propos du courage, parlons-en. Chaque fois que moi j’envoie un message de condoléances à des connaissances, le message renferme toujours le mot courage.
Dans tous ceux que j’ai reçus à cette pénible occasion, tous se terminent par courage. Malgré tout cela, le courage, je n’en ai point.
Nous avons perdu notre Maman et la douleur ne se mesure pas. Une douleur pour toujours. Le flot de souvenirs du temps passé aux côtés de Sophie est une richesse immense.
Son dévouement, sa générosité extraordinaire a comblé nos cœurs tout le long de notre vie commune.
Sophie, Maman et femme nous a montré les vraies valeurs et les petites choses essentielles de la vie.
Elle lançait sans cesse à ses enfants, et même à moi, son slogan favori: toujours plus haut, toujours plus fort.
Cette phrase résonne si fortement aujourd’hui pour nous et nous appelle aux souvenirs des jours heureux passés ensemble.
Nous avons perdu un être de lumière et chacun avec sa propre sensibilité et son vécu se souviendra de Sophie comme une personne merveilleuse. Femme de talent et de qualité! Belle âme!
Notre Maman, Sophie, était dans l’amour. Le vrai amour, celui qui n’a aucune attente. Elle l’a offert toute sa vie sans compter, sans juger, sans réfléchir.
Très engagée politiquement à mes côtés, elle rêvait d’un Congo idéal où l’humain vivait en cohésion dans la paix et le respect.
Je suis intimement convaincu, aujourd’hui, de là où elle est, elle devient la magicienne discrète dont émane une lumière protégeant ceux qu’elle a aimés.
Maman Sophie l’altruiste nous a appris à braver ses peurs pour offrir une présence, un sourire, un geste affectueux à ceux qui sont dans la détresse physique et émotionnelle. Des actes de générosité et de partage qui font grandir et nous apprennent la gratitude.
L’altruiste, la compassionnelle, la dévouée, la généreuse, la rigolote, aimait rire, beaucoup, énormément. Elle se surnommait elle-même, robot Sophie.
Tu as su nous transmettre ta soif et ton amour de la vie. Tu as laissé en héritage, à ceux que tu as connus et aimés, ta générosité, ta patience, ta persévérance et ton humanisme. T
u t’es donnée toute ta vie, telle une rose qui étale ses pétales au vent qui souffle. Toi, femme au cœur fier et femme de tête, d’un labeur constant, tu as su garder ce sourire franc et honnête, tant dans-les jours ensoleillés que dans les jours orageux.
La plus belle courbe d’une femme, c’est son sourire. Sublime était le tien!
Très sensible à la situation du prochain. Si on n’est pas sensible, on n’est jamais sublime. Voltaire.
Ce don de soi, qui te caractérisait si bien, fut une de tes plus grandes qualités et il nous sera impossible de te rendre la pareille dans cette vie.
Cependant, si chacun de nous inculque à chaque personne qui nous entoure une pétale de cette fleur si rare que tu es, nous te garderons en souvenir et très longtemps. Sophie d’amour, tu étais la cause de mon sourire.
Tu es devenue la cause de mes larmes. Mais le malheur de t’avoir perdue ne me fera jamais oublier le bonheur de t’avoir connue. Merci ma chère Sophie d’avoir pris du temps pour nous aimer toutes et tous inconditionnellement et sans jugement. Merci mille fois, Maman.
Maman Sophie, l’épouse bien aimée, la mère adorée, s’en est allée dans la félicité éternelle. Celle qui fut aussi une grand-mère exceptionnelle, attentionnée, aimante, était une femme d’une rectitude reconnue de tous. Elle était ferme mais juste.
Son exigence était à la hauteur de l’exemple qu’elle voulait que ses enfants, ses petits-enfants, et par-delà, tous ses proches, constituent aux yeux de tous. D’une générosité légendaire, elle a toujours su ouvrir ses mains et sa porte à tous. Directe et sans détour, elle était allergique aux flatteries. Des flatteurs, elle disait: un flatteur est un ennemi secret.
Tshikusuma tshikubomba tshikudia mitshima munda.
Sa vie chrétienne exaltante irradiait tout son entourage. Sa foi était inébranlable.
Je le proclame ici solennellement, le bonheur en Dieu, elle l’a toujours recherché. Sa vie en est le témoignage éminent. Je peux donc sans risque de me tromper, affirmer qu’elle a réussi sa vie de femme, de mère et surtout de chrétienne.
OMA, puisque c’est comme cela que nous t’appelons, nous voudrions te dire ce jour, que rien ne pourra combler ce vide que ton départ crée. Tu vas nous manquer à un point que personne ne peut imaginer. Mais je sais que de là où tu seras, tu guideras nos pas.
De ton vivant, tu étais le ciment qui unissait toute ta famille. Devant ta dépouille mortelle, OMA de nous, cette unité dont tu étais l’artisan infatigable, se perpétuera. Nous en faisons le serment devant toi.
Nous ne dirons jamais, Maman n’est plus là. Mais plus tôt, Maman n’est pas là.
Sophie au cœur noble.
Maman au cœur d’or. Un cœur illuminé. Quand un jour on rencontre une personne sans même le vouloir, puis elle devient notre plus belle histoire. On ne rencontre personne par hasard. Nous deux, c’est pour la vie. Ton sourire me manque. Mon bonheur à moi, c’est nos moments à nous. «Il n’y a qu’un bonheur dans la vie, c’est d’aimer et d’être aimé».
C’est, de George Sand. Gracieuse, calme, imposante, charismatique.
Je pourrais parler encore pendant des heures de ma femme et dire toute la fierté qui est la mienne, qui est la nôtre d’avoir eu une épouse, une mère et une grand-mère aussi merveilleuse. Mais ma bouche a suffisamment parlé et mon cœur vous dira le reste.
L’épitaphe le plus indiqué pour elle serait: «Elle a vécu en faisant le Bien».
Chers amis, merci pour votre grand soutien.
Les enfants de BIBI et leur papa sont sincèrement reconnaissants pour tout le réconfort, pour tout le soutien que vous témoignez suite à la mort de notre trop jeune Maman. Vos fleurs, vos messages, vos marques de respect et de sympathie vont droit dans nos cœurs.
La douleur est vive et c’est avec courage que nous faisons face à cette épreuve.
La veille, et même le jour de son départ, notre Maman était d’un courage et d’une volonté exceptionnelle. Son optimisme, un optimisme providentiel, restera à nos yeux une véritable leçon de vie. Ça va aller, disait-elle!
Elle a décidé de nous quitter et rejoindre une vie céleste tranquille et sereine.
Merci à tous chaleureusement pour vos pensées de soutien.
Ma femme adorée que j’aime de tout mon être. MAMAN je t’aime, tu es si belle.
Une femme sublime, une douceur, une merveille.
Merci Maman pour tout ce bonheur. Merci ma moitié, je t’aime de tout mon cœur. Ma Maman, je te suis très reconnaissant.
OMA de nous, reçois l’amour de ton homme. Je t’embrasse avec tendresse et respect. Je t’aime plus que tout.
Chère Maman, par ce message d’amour, je voudrais te rappeler combien je t’aime. Une femme comme toi est un trésor précieux pour un mari.
Tu as toujours été une mère poule qui protège ses poussins des risques et dangers de l’existence. Et par moment, une véritable Tigresse qui sort ses griffes.
Maman, tes enfants et petits-enfants, tu leur as appris à avoir confiance en eux, à être les meilleurs..., à persévérer dans la prière. Qu’est-ce qu’on fait avant de dormir? Réponse des petits: on prie.
Paraphrasant un sage, tu disais: Pour être heureux, possède ce qui ne s’achète pas: l’amour, la gratitude, le pardon, la sérénité et la conscience. Tu étais une montagne d’amour et de bonté, sans haine ni vengeance.
L’eau ne reste pas sur la montagne, ni la vengeance sur un grand cœur, dit un proverbe chinois.
Je pleure une morte, et je salue une immortelle.
Je la félicite parce que ce qu’elle a construit est grand et je la remercie parce que ce qu’elle a réalisé est bon. Une si grande âme.
Je l’ai aimée, je l’ai admirée, je l’ai vénérée; aujourd’hui dans l’auguste sérénité de la mort, je la contemple.
Mais, plus je la cherche plus je la perds.
Plus je la regarde moins je la vois. Plus je lui parle, moins je l’entends!
La distance me donne une raison de l’aimer plus fort.
Le silence n’est pas vide, il est plein de mystères!
Est-ce que nous l’avons perdue? Non, écrivait Victor Hugo. «Ces hautes figures disparaissent, mais ne s’évanouissent pas. Loin de là; on pourrait presque dire qu’elles se réalisent.
En devenant invisibles sous une forme, elles deviennent visibles sous l’autre. Transfiguration sublime».
Enfin, je sais que tu es partie avec deux soucis majeurs: tes enfants, ton mari. Tu étais pour la famille notre BDS: Banque de Dépôt des Soucis.
Ta première lettre à nos débuts, se terminait par: toute à toi.
La mienne ce jour, se termine par: toute à Dieu! Toute à Dieu, Sophie Martine Marie Victoire, le Ciel me t’avait prêtée. Il y a un moment où les mots s’usent. Et le silence commence à raconter. Khalil Gibran.
Maman, OMA de moi, OMA de nous, repose en paix!
Pauvre OPA, il faudra beaucoup pleurer ces jours.
(Sé) Kitenge Yesu. Lettre posthume d’amour à Bateme Bibi Sophie, épouse bien aimée.
Kinshasa, le 11 août 2019.


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