La Banque Centrale au cœur de la fausse monnaie en circulation
  • mer, 15/03/2017 - 02:00

C’est un cuisinier invité à vider la poubelle qui remet à la table de son maître une nourriture fétide.

Dans son compte-rendu à l’issue du dernier Conseil des ministres, le gouvernement par le biais de son porte-parole Lambert Mende Omalanga, ministre de la Communication et des Médias, a été sans équivoque: des billets de banque destinés à l’incinération ont été remis en circulation.
Même si le ministre n’a pas donné de détails, l’accusation, venant du Gouvernement, portée à l’endroit des dirigeants de la Banque centrale est extrêmement grave.

OPERATION CRIMINELLE.
Cela ne peut l’être que par des agents de la BCC eux-mêmes.
L’Institut d’émission qui remet en circulation une fausse monnaie destinée à aller dans les fours d’incinération, jamais on ne pouvait imaginer cela. C’est comme un pharmacien qui doit détruire des produits pharmaceutiques périmés qui les remet en vente... Ou un cuisinier invité à vider la poubelle qui remet à la table de son maître une nourriture fétide.
Cela n’est rien moins que criminel.
La Banque Centrale du Congo a sapé la monnaie nationale déjà en très mauvaise passe face à la devise étrangère et qu’elle est censée protéger par dessus tout. Le dollar américain qui s’échangeait, il y a peu, à CDF 950 serait en passe de dépasser les CDF 1400...
C’est une banque commerciale locale qui a donné l’alerte sur les faux billets de CDF 5.000 en informant des «cambistes» (changeurs de monnaie de rues). «Les billets qui vous ont été remis contre de la devise sont des faux», a expliqué un banquier.
Parmi la clientèle de ces cambistes, nombre de hauts fonctionnaires et des agents de la BCC. Du coup, le rôle de la Banque centrale est plein. Entre deux yeux, elle avoue des «dysfonctionnements internes».

DEMARCHE SUSPECTE.
La BCC a certes émis des consignes de vigilance. Mais, selon Rfi, «cadres et agents de l’Institut d’émission sont cités comme faisant partie du réseau des fossoyeurs de la monnaie. Des médias locaux ont révélé que des matrices de billets de francs congolais, soustraites de la Banque centrale du Congo, ont été cédées à des contrefacteurs et installées dans un pays asiatique». Vrai ou faux, le président de la Confédération des changeurs, Donat Lengo a une explication qui accable encore plus la BCC: «Nous avons reçu des billets de banque provenant de la Banque Centrale du Congo, de même que des officiels dont on devait faire des dépôts dans une banque commerciale de la place (ndlr, la Rawbank) et c’est la banque qui nous a dit qu’on nous avait remis des faux billets». Du coup, l’autorité monétaire s’est réveillée pour dénoncer, à son tour, la circulation de la fausse monnaie. La population appelée à la vigilance sans lancer une véritable campagne. Pour nombre de Congolais, loin d’être patriotique, cette démarche est suspecte. «L’explication de la Banque Centrale du Congo se base sur les numéros, sur les filigranes. Cela ne veut pas dire que ce sont des faux billets, non. Ce sont des billets qui sont sortis de la Banque Centrale elle-même et il y a eu, peut-être, un raté dans l’impression et malheureusement, un réseau mafieux interne a mis ces billets en circulation», explique un connaisseur.
ALUNGA MBUWA.


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