La Miba se fait retirer 20 titres miniers
  • mar, 26/04/2022 - 13:31

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1551|LUNDI 25 AVRIL 2022.

L’État a dépossédé la MIBA 20 ses titres miniers pour non-paiement de près de 4 millions de $US de droits superficiels auprès du Cadastre minier (CAMI) et de la DGRAD. Décision prise, selon la mouvance syndicale de la MIBA, par la ministre des Mines, Antoinette N'Samba Kalambayi.

Les titres ravis couvrent l’essentiel du fameux polygone de la MIBA, soit près de 45 km2. En clair, la MIBA a perdu la zone appelée Massif I qui regorge de plus de 75% des réserves de diamants de la minière, de gisements certifiés de l’or, du gaz, du cuivre et surtout du nickel dont la valeur estimée a été chiffrée, en 2009, à 44 milliards de $US.

Pourtant, le caucus des députés du Kasaï Oriental avait demandé au gouvernement (Ilunga Ilunkamba) de faire la lumière sur le partenariat liant la MIBA à la firme chinoise SACIM qui a longtemps bénéficié d’un régime d’exonérations totales alors que la MIBA à qui l’État doit au bas 350 millions de $US demeure soumise aux droits, taxes et autres obligations dues au Trésor.

Aucune tentative des élus ouest-kasaïens d’aider la Minière de Bakwanga à recouvrer ses droits dans des partenariats noués avec des firmes essentiellement chinoises n’a abouti ni au gouvernement ni au Parlement.

LE PERIL KASAÏEN EST REPARTI.
Éric Ngalula Ilunga, élu UDPS de Lupatapata, province du Kasaï-Oriental, a tenté en vain d'obtenir, à travers le bureau de l’Assemblée nationale, une traçabilité des ventes des diamants de SACIM Sarl auprès du CEEC, le Centre d’expertise, d’évaluation et de certification des substances minérales, précieuses et semi-précieuses qui supervise la vente publique des diamants bruts de la SACIM.

Même la demande de mise en place d'une commission d’enquête parlementaire sur les activités de la SACIM est restée sans suite. SACIM exploite le diamant à Tshibwe dans la province du Kasaï-Oriental depuis 2013. Ni la MIBA ni la population ne tire profit des activités de SACIM. Aucun projet, rien n’a été fait en faveur du développement communautaire.

SACIM, sur base d'un accord conclu le 13 mars 2013, entre l’État propriétaire et actionnaire majoritaire (80%) de la MIBA et une société chinoise dénommée AFEEC, exploite la même mine qui a été cédée à Sengamines, du temps de Laurent-Désiré Kabila, à Tshibwe, à 45 km à l’ouest de Mbuji-Mayi dans le périmètre minier de la Minière de Bakwanga.

Pour rappel, Jean Charles Okoto Lolakombe, alors P-dG de la MIBA, n'avait pas pu établir devant les médias l'actionnariat de Sengamines. Et du partenariat fifty-fifty RDC-AFEEC d'où est née la SACIM, il était établi que la production mensuelle serait de plus de 500.000 carats. Aucune institution, ni le ministère des Mines, ni celui du Portefeuille, ni les Chambres, ne dispose des statistiques fiables sur la production et les recettes de SACIM.

Ce n'est pas une révélation, la MIBA est le cœur socioéconomique de l'espace Kasaï. Or, ce cœur est devenu exsangue. Il y a 5 ans déjà, Éliane Mukeni (cadre à la FEC) alors commissaire aux comptes à la MIBA, avait déclaré la minière en faillite. Mais le Conseil d'administration avait estimé que la MIBA pouvait se relever à court terme grâce à ses réserves et réaliser un chiffre d'affaires annuel de 2 milliards de $US.

Ces fameuses réserves ont été attachées à la MIBA. Et tout croule singulièrement dans la région de Mbuji-Mayi, environ 5 millions d'âmes.

Le FPI, Fonds de promotion de l'Industrie, avait annoncé un chapelet de projets infrastructurels à coup des millions de $US. Mais la bonne fois du président de la République semble avoir été trahie. Lors de sa dernière tournée dans le Kasaï, le président n'a pas caché sa désapprobation devant l'incurie et la prévarication trouvées au chantier du barrage de Katende.

Devant des médias, le ministre de la Recherche scientifique, José Panda Kabangu avait étalé tous les couacs de différents projets lancés au Kasaï en indexant les responsables de ce capharnaüm. Hélas, dans l'espace lubaphone, l'espoir a cédé à l'incertitude du lendemain... comme en 2008, quand les cours mondiaux du diamant avaient périclité dans la durée et contraint à l'exode des milliers de foyers vers notamment la bourgade de Kenge, dans l'ex-Bandundu, à Kinshasa, où des creuseurs artisanaux du diamant se sont reconvertis dans le taxi-moto (phénomène Wewa) et le commerce des produits venus d›Angola à travers le port sec de Lufu.

D'autres familles kasaïennes ont préféré tenter une vie meilleure au Lualaba et au Haut-Katanga notamment à Lubumbashi. Hélas, comme dans les années 1990, le discours de la haine, du péril kasaïen est reparti au galop.
POLD LEVI.


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