Où est passée la Majorité
  • lun, 29/09/2014 - 03:48

A Kingakati, le Chef de l’Etat a parfaitement dit qu’il n’existe de victoire que commune.

1.000 dollars en jeu. Par où est passée la majorité présidentielle? Alors que l’opposition fait feu de tout bois dans la rue, sur tous les écrans - sans à ce jour certes drainer encore grand monde - nul ne sent la majorité. Hormis quelques têtes qui ont craché sur leurs cartes et ont pris celles de l’opposition - ne s’empêchant pas d’afficher publiquement leurs nouvelles convictions - le gros de la troupe majoritaire paraît tétanisée, attendant un événement annoncé, jouant à «qui sait de quoi demain sera fait». Elle en tout cas aux abonnés absents.
Comment expliquer ce phénomène rarissime au monde? Depuis la grande réunion de Kingakati fuitée dans des colonnes de tabloïds kinois, le Président de la République a été pourtant sans équivoque face à ses conducteurs d’hommes. Au moins deux ans sont devant nous, la majorité doit se mettre au travail et ne jamais laisser prise. «Jamais dans ce pays on a atteint le point de non-retour».
Le Gouvernement a compris le message, fait tourner à plein régime sa machine. Rien n’a fait changer à cet ascète de Premier ministre Matata Ponyo Mapon son rythme de travail. Tous les lundis à 6h00 du matin, il réunit sa troïka stratégique (le Kern congolais) et ausculte l’économie du pays. Une fois par semaine, il fait défiler dans «le Jardin des Premiers» nos écoliers afin que tôt, ils aient le goût du beau, du bien, du pouvoir et de la responsabilité! Les Premiers ministres à venir sont parmi ces enfants du primaire...

POUR UNE MACHINE DE GUERRE.
Certes, des dossiers attendent encore une meilleure «clarté» ou de la «clarification» - depuis l’annonce-surprise faite par le président du Sénat Léon Kengo wa Dondo qui date désormais de près de dix mois, confirmée certes par le Chef de l’Etat lui-même - d’un Exécutif de «cohésion nationale». L’équipe Matata est pourtant loin de tourner les pouces. La monnaie nationale est toujours aussi robuste, ne décrochant pas; le cadre macro-économique ne souffre d’aucun relâchement et ce n’est pas un hasard si le Président de la République a annoncé le 25 septembre - du haut de la tribune de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, face au monde - un taux de croissance de deux chiffres pour 2015 pour un Congo désormais debout. Que du travail mené au forceps par une équipe qui veille au grain, parfois raillée, que ce journal présenta comme enferma des surdoués! A l’arrivée, les résultats ne trompent pas...
Restent les politiques! Où sont-ils passés? Pourquoi n’occupent-ils pas le devant de la scène? Mieux, pourquoi l’ont-ils laissé à une frange de l’opposition qui bat le pavé, semaine après semaine même sans certes à ce jour drainer grand monde, voyant ses rangs se vider? Ainsi, n’a-t-on pas beaucoup vu ces derniers temps un Fayulu (ECIDE) s’afficher avec un Kamerhe (UNC), que le discours que l’on entend de recouvrement de l’impérium d’un Etienne Tshisekedi (malade et aux soins en Europe) est un trompe-l’œil, propos de légitimation pour des opposants inidentifiables.
La majorité est-elle occupée à attendre «le partage équitable et équilibré du pouvoir»? Si l’attente est compréhensible, elle est dommageable.
Car le temps et le peuple, eux n’attendent pas! Quand dans des salons ouatés, on parle d’infiltration au sein de la majorité voire de trahison. Et que des… derniers Mohicans à l’heure du reniement prennent le courage des deux mains, s’assument, font entendre leur voix, s’engagent en vue de ne pas mourir vivants!
Qui sait, le salut collectif est avec eux. Ils croient dur comme fer… A chaque tournant de l’Histoire, ce sont les plus courageux, les plus décomplexés qui ont sauvé la communauté… Pourvu qu’ils soient compris et ne soient pas étouffés dans l’œuf. Un tel risque est réel par ces temps-ci au Congo où, en interne, des coups se distribuent et les fonds se distribuent.
A force de descendre dans la rue et d’occuper les devants de la scène, l’opposition risque de faire croire qu’elle seule a un projet, que la majorité n’a rien. Pire, qu’elle ne croit en rien! Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose, paraît être la posture adoptée par des opposants...
Il faut espérer une rencontre de «mise en forme». Qui en prendrait l’initiative? Il faut certainement que le secrétaire général de la Majorité lance des initiatives même si on peut comprendre les priorités du président de l’Assemblée nationale face aux enjeux de gestion de la Chambre basse particulièrement par ces temps... Cela dit, l’heure n’est-elle pas venue d’une vraie réorganisation générale de l’appareil susceptible de permettre à la famille politique majoritaire de disposer d’une machine de guerre?
Une formule est possible: celle d’un secrétaire général délégué disposant d’assez de force et de capacité en vue de prendre des initiatives et d’accompagner celles-ci.
Cela passe par une relecture des textes fondateurs, la Charte de la Majorité? Reste qu’on se rappelle à peine à quand remonte la dernière manifestation majoritaire…
A Kingakati, le Chef de l’Etat a parfaitement dit qu’il n’existe de victoire que commune. «A ce jour, on a gagné ensemble. Demain aussi, on gagnera ensemble». Il reste à larguer les amarres.
T. MATOTU.


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