Qui cherche des poux sur la tête de Boshab
  • lun, 04/05/2015 - 00:21

La pression exercée sur le pouvoir ne faiblit pas.

La pression exercée sur l’Exécutif ne faiblit pas. Le Dép. Delly Sessanga Hipungu Dja Essek engage la responsabilité du Vice-premier ministre Evariste Boshab Mabudj dans la polémique liée à l’affaire de la tombe de Maluku donnant une autre dimension à la motion de défiance déposée par le Dép. José Makila Sumanka, ministre des Affaires sociales sur la liste du Gouvernement Matata publiée le 7 décembre 2014 mais qui a repoussé l’offre, n’invoquant pas l’idéologie mais la préséance! L’art. 147 de la Constitution de la République et, s’agissant de l’Assemblée nationale, l’art. 197, stipulent: «Lorsqu’une motion de défiance contre un membre du Gouvernement est adoptée, celui-ci est réputé démissionnaire». «La motion de défiance (...) n’est recevable que si elle est signée par un dixième au moins des membres de l’Assemblée nationale» (art. 196, Règlement intérieur de l’Assemblée nationale).

INHUMAINE?
Le Vice-Premier ministre Boshab et son collègue en charge de la Justice, Garde des Sceaux et Droits humains Alexis Thambwe Mwamba pensaient avoir tout dit de ce qu’ils savaient de «l’affaire de la tombe Fula Fula de Maluku» où 421 corps furent enterrés, de nuit, le 19 mars 20015... Devant les deux Chambres, des ministres - une fois n’est pas coutume - se sont présentés de leur propre initiative (art. 131, al. 2 de la Constitution) soucieux en l’espèce d’éclairer la lanterne des élus, de la Nation et du public en général. Arguments bétonnés n’ont pas manqué; soubassements légaux mis en avant. Même si, en l’espèce, on ne peut jamais exclure le détail auquel on n’aurait pas donné de l’importance et qui, par ces temps de «complotite» crée le «soupçon»... Par exemple, en pleine bourrasque au lendemain des événements de janvier, pourquoi avoir laissé les fonctionnaires agir, convaincus certainement de bonne foi de faire leur travail, rien que leur travail...
On a beau expliquer, quand des chancelleries occidentales baissent le niveau d’attaque en disant avoir eu la lanterne suffisamment éclairée, vous n’empêcherez pas quiconque veut vous chercher des poux sur la tête de les trouver même s’ils n’existent nulle part en se donnant en spectacle. Comment expliquer, sauf nouveau rebondissement lié à la résurgence d’un nouvel élément qu’on en vienne à remettre l’ouvrage sur le métier comme si la Nation n’avait rien d’autre à faire, même si la démarche - le besoin de recherche de la vérité - n’est pas pour déplaire quiconque, bien au contraire? En initiant une motion de défiance - la toute première de cette législature - contre le Vice-Premier ministre Boshab qui tient de haute main son groupe parlementaire de la Chambre basse - le plus important du point de vue numérique - qu’espèrent les opposants quand le pays fait face à des enjeux que l’on pourrait qualifier d’existentiels? L’application de l’art. 147 de la Constitution de la République qui viendrait à réputer démissionnaire le VP Boshab? Et voilà que désormais ce ne serait plus «des militants congolais pro-démocratie fauchés par la police en janvier» que le Gouvernement aurait enterrés - «précipitamment en oubliant de couvrir les fosses communes et en laissant les membres de certains corps à l’air libre» - on reproche que «le 19 mars, 425 Congolais aient été enterrés dans des conditions inhumaines dans une fosse commune dans la commune de Maluku», rapporte le site en ligne de la radio onusienne Okapi.

POUR SI PEU?
«Il y a eu des atteintes graves à la dignité humaine. Il a y eu une forte banalisation de ce qui s’est passé. Et il nous semble que la responsabilité politique du vice-Premier ministre est engagée. Et nous attendons nous en expliquer dans le cadre de ce que prévoit la Constitution», affirme un élu, le Dép. Sessanga, ex-MLC, président d’un parti politique, Envol, ne cachant pas sa colère que la motion de défiance n’ait pas été débattue plutôt en plénière depuis son inscription au bureau de l’Assemblée nationale - il y a plus d’une dizaine de jours - «alors que de droit, cette motion de défiance doit pouvoir être alignée et que la condition de recevabilité est purgée par la présence de plus de cinquante signatures apposées sur le document», explique l’élu, hors de lui.
«A la grande satisfaction de la majorité, le Gouvernement réussit le tour de force de desserrer l’étau sur Maluku» (mise en ligne jeu, 16/04/2015 - 02:38), avait pu écrire le Soft International. Poursuivant: «Il n’y a aucun doute: le Gouvernement piégé par l’opposition, des ONG et, il faut le souligner bien fort hélas!, des membres de sa propre majorité, a su donner la preuve qu’il peut desserrer un malin étau présenté par tous les observateurs comme «Lubumbashi-bis» qui précipita la fin du régime Mobutu. A l’étranger, il n’y avait pas un titre de presse écrite, la plus petite radio, la plus petite chaîne locale de télé qui n’avait pas pour ses «fosses communes de Maluku», à près de à 80 kms de Kinshasa, où auraient été enterrés «nuitamment «des personnes tuées pendant les manifestations de l’opposition, en janvier dernier», rapportaient certaines organisations des droits de l’homme et des opposants. Avec un peu de recul, il faut avouer que le Gouvernement avait été pris au dépourvu par ce que des opposants ont tôt appelé «un massacre de masse de plus dont se rendait coupable un régime sanguinaire». Et les réseaux sociaux de s’en donner à cœur joie».
Puis, le Soft International: «Si Paris et Washington, deux capitales majeures qui suivent la politique congolaise au plus près restaient plutôt prudentes - sans avoir publiquement fait une déclaration bien que le représentant de l’Union Européenne à Kinshasa ait déjà tracé la ligne, Jean-Michel Dumond -, à Bruxelles, le ministre des Affaires étrangères (libéral francophone) Didier Reynders ne laissait planer l’ombre d’aucun doute sur la position du royaume en postant un tweet depuis son compte officiel appelant «la sanctuarisation du site de Maluku jusqu’à la fin de l’enquête» qui «doit être ouverte sans délai» quand son collègue en charge du Développement Alexander De Croo (autre Libéral mais flamand), mettait 1, 5 million d’euros sur la table de la Monusco afin de... garantir une enquête «internationale neutre, crédible, au-dessus de tout soupçon»!
Puis, Le Soft International: «La machine était lancée et les jours du régime étaient comptés! Puisque des correspondants de presse affluaient dans les consulats du Congo sollicitant des visas. Chacun voulait être le premier à prendre l’image de... la fuite à l’étranger des dirigeants qui marquerait la chute du régime!»

A LA JUSTICE.
Depuis, les choses étaient revenues à la normale. Puisqu’après l’enterrement du 19 mars - dans le seul but de désengorger la morgue - 178 nouveaux corps furent accueillis, enterrés avec à la clé la forme, contexte politique oblige! Le 13 avril, au lendemain d’un Bureau Politique de la Majorité, des initiatives se multipliaient: en direction du corps diplomatique et des médias (communication mieux élaborée et visite de la grande morgue); en direction de la Nation (Boshab et Thambwe) en première ligne à l’offensive avec une com de présentation saine (Nicolas Boileau: «Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément»): aucune émanation pestilentielle provenant des corps en putréfaction, procédure d’inhumation respectée, dignité des personnes décédées respectée, chaque corps enfoui dans un linceul, présence d’aucun homme armé à l’enterrement, cette inhumation n’est ni la première, ni la dernière et il en existe partout dans le pays. La loi léopoldienne intégralement respectée. Le vocabulaire change des éléments de langage. Le gouverneur André Kimbuta Yango ne décolère pas: «Aucun de mes Kinois n’est indigent. Même si c’est le cas, tout mort mérite respect et dignité». Au Sénat, auteur d’une question à Boshab, Sébastien Adambu lui en sait gré. «C’est vrai, les avortements clandestins sont légion. Dans ce cadre, il n’y a pas moyen de conjurer les faits, compte tenu de ce que notre société n’est pas stabilisée. De l’autre, il y a des personnes non identifiées par manque de pièce d’identité». De s’interroger si toutes les précautions avaient été prises pour la sauvegarde des droits de la personne humaine. Mais puisqu’une enquête judiciaire a été ouverte, que vient faire le débat parlementaire? Ne faut-il pas la laisser travailler dans la sérénité?
D. DADEI.


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