Vraie claque
  • lun, 20/05/2024 - 12:18

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1609|LUNDI 20 MAI 2024.

Face au chaos, à la douleur, à la clameur, au discrédit, au désaveu, il ne restait que LA CLAQUE, la vraie. Puis l'arrêt, le retour. Fort dommage pour le pays... Pour le Congo.

Quelle image aura désormais de l'homme politique congolais ?
Chaos entretenu du processus, douleur ressentie par les Congolais, clameur publique partout, discrédit populaire, désaveu public. Et la finale, LA CLAQUE. Puis l'arrêt de tout le processus. Retour au point de départ.
Jamais le pays n'avait atteint un tel niveau des abîmes !

Certes, sous Kabila fils, des caciques du régime avaient pu aussi s'amuser.
Chacun avait rêvé qu'il serait le dauphin, l'homme de la succession, lui, lui seul, nul autre, après des assurances reçues de toutes parts et de Kabila fils lui-même, nombre de ces caciques ont mobilisé des millions de $US, recruté des équipes de campagne dans tout le pays parmi les personnalités politiques manipulables, commandé des tonnes de matériel de campagne en Chine et ailleurs, apprêté le discours, etc. Il ne restait plus que le go...

Mais ce fut le tonnerre !, le choix était porté ailleurs.
Vînt la débandade. La grande débandade...

Chacun était tellement sûr qu'il serait le futur Président du pays que tous - ou les plus idiots - avaient oublié de déposer auprès des BRTC, les Bureaux de Réception et de Traitement des Candidatures, les documents de candidature à la députation nationale.

Horreur ! Ils étaient tous morts politiquement, certains abîmés physiquement. Il n'y avait plus rien à faire...
Sauf l'ultime tentative. L'incroyable forcing. Via la Cour Constitutionnelle, une cour sous son juge président Benoît Lwamba Bindu totalement acquise au pouvoir.

Il suffisait d'y remettre le dossier et la Cour faisait le travail à tout prix : faire parvenir le dossier à la CÉNI de Corneille Nangaa Yobeluo et la Commission Électorale Nationale... Indépendante accusait bonne réception.
Sauf qu'hier, les réseaux sociaux n'étaient pas comme aujourd'hui, les influenceurs n'avaient pas vu le jour, ni des collectifs de médias n'étaient organisés ou structurés.

COMMENT A-T-IL PU FAIRE ÇA?
Hier, on pouvait encore agir. On pouvait encore s'amuser. Rien de tel aujourd'hui où tout se sait, où aucun secret n'existe plus...

Le præsidium de l'Union Sacrée de la Nation avait-il oublié que l'époque n'était plus la même, que nul ne pouvait plus s'amuser comme hier sans être pris la main dans le sac ? Comment a-t-il pu faire ça ? Se distribuer des postes passe, mais les confier chacun qui à son fils, qui à sa sœur, qui à soi-même et à personne d'autre, est insoutenable.

Mais que reste-t-il du sacro-saint principe de poids politique ? Comment imaginer qu'un candidat ait pris la course avec une étiquette (un parti politique, un regroupement politique qui l'a inscrit sur une liste, a payé sa caution légale, a disponibilisé des moyens, etc.) et que celle-ci se retrouve le lendemain privée de ce candidat désormais élu du peuple parce qu'une autorité en a décidé ainsi ?

Quelle existence laisse-t-on aux partis politiques, qui sont le fondement de la démocratie ?
Si le coup de massue a marché hier avec l'incroyable et historique effondrement de la majorité parlementaire de Kabila, sous Kabila sans voix, muet, qui bascula en plein mandat et hors élections, a-t-on pensé que ce coup pouvait se rééditer indéfiniment ? Ceux qui hier ont été à la manœuvre ou en ont tiré profit, ne se sont-ils pas trompés d'époque en voulant tenter un nouvel exploit aujourd'hui ?

Peut-on faire la politique et avoir les yeux fermés sur le temps qu'il fait ?
On comprend la colère exprimée vendredi 17 mai par le président de la République en s'adressant à 406 Députés de sa majorité, celle de l'USN, devant ce præsidium, devant une quarantaine de chefs de partis et regroupements politiques.

« Si les tumultes politiques actuels autour des postes du bureau définitif persistent, si ces mauvaises pratiques persistent, je n’hésiterai pas à dissoudre l’Assemblée nationale et à renvoyer tout le monde à de nouvelles élections », a-t-il déclaré haut et fort. « Nous devons faire de ces défis nos priorités. J’appelle à l’éveil de votre conscience collective», a-t-il poursuivi. Le président de la République a invité ces ténors de sa majorité parlementaire à « privilégier les intérêts de la Nation impatiente de vivre un changement social ».

Au terme d'une causerie morale historique, il a annoncé le report à une date ultérieure de l’élection du bureau définitif de l’Assemblée nationale initialement prévue pour le samedi 18 mai, en attendant la recomposition du ticket de la majorité parlementaire aux postes du bureau définitif de l’Assemblée nationale à la base des discordances.

Sauf que la rencontre de recherche du consensus entre le præsidium et les chefs de partis politiques et de regroupements annoncée et qui a eu lieu le lendemain 18 mai n'a rien donné. La crise persiste...
D. DADEI.


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