Les nominations dans les états-majors des Forces Armées, la réponse attendue
  • mar, 24/12/2024 - 10:56

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1624|MARDI 24 DECEMBRE 2024.

Il n'y a aucun doute. Le Général Christian Tshiwewe Songesha a bien été limogé à la tête de l'état-major général des FARDC, les Forces armées de la République Démocratique du Congo. Le président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a signé jeudi 19 décembre 2024 une série d'ordonnances portant nominations au sein des FARDC dans un contexte de poussée de violences à l’Est et de progression de la coalition pro-rwandaise M23-AFC, particulièrement dans le territoire de Lubero, au Nord-Kivu où «la situation, ces dernières semaines, nous confie un habitant de la ville de Goma, s'est totalement détériorée. Matembe, localité de Lubero, est tombé dimanche 15 décembre. Sans combats. Le 17, deux jours plus tard, la localité d'Alimbongo est tombée. Sans combats. L'ennemi semble vouloir avancer vers la porte de Musienene. Il s'agit de sites stratégiques. Il viserait Butembo. Ces rebelles vont-ils y aller comme dans un salon ? Il s'agit d'une guerre d'usure. La paix promise ne vient pas. Signe que l'ancienne équipe des FARDC n'a pas fait du résultat».

Entre autres de ces ordonnances présidentielles qui touchent toutes les structures décisionnelles de l'armée nationale, il y a donc clairement l'éviction à la tête de l'armée avec le remplacement du chef d’état-major général. Le général d’armée Christian Tshiwewe Songesha a cédé sa place après deux ans à la tête de l'armée.

Succédant au Lieutenant général Célestin Mbala, l'ancien commandant de la Garde Républicaine, GR, en charge de la sécurité du Chef de l’État et d’autres installations stratégiques de sécurité, avait été promu chef d’état-major général, le 4 octobre 2022, avec mission de contrer l’avancée du M23, mouvement rebelle soutenu par le Rwanda. Le général d’armée Christian Tshiwewe Songesha est nommé conseiller militaire auprès du président de la République. Le militaire qui reprend la main est le Lieutenant-général Jules Banza Mwilambwe, un officier artilleur de formation.

SOUTIEN DE DIPLOMATES AU M-23 ?
Avant sa promotion, le Lieutenant-général Jules Banza Mwilambwe occupait le poste de chef adjoint de la maison militaire du Chef de l’État, chargé des opérations et des renseignements. Considéré comme l'un des hommes de confiance du président de la République Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, cet officier avait auparavant exercé les fonctions de commandant adjoint de la Garde Républicaine.

Un autre changement de premier plan concerne l’état-major des renseignements militaires, la DEMIAP. Le Général-major Christian Ndaywel, qui en assurait la direction, est nommé commandement des forces terrestres.
Le Général-major Christian Ndaywel venait d'être honoré, lundi 11 novembre 2024, avec un autre officier supérieur congolais, le Lieutenant-général Tumba Byamunda de la Maison militaire, par la République française.

Les deux officiers congolais, selon le communiqué de l’ambassade de France à Kinshasa, ont été élevés au rang de Chevaliers de l’Ordre national français pour leurs bravoures et compétences. Le texte ajoute que cette décoration leur a été remise après examen minutieux des dossiers de plusieurs généraux congolais.
Plusieurs autres nominations et permutations touchent les commandements des zones de défense et des bases militaires.

Ci-après, la nouvelle équipe de commandement des FARDC:
- Lieutenant Général Jules Banza Mwilanié est nommé Chef d’état-major général des FARDC ;
- Général d’armée Christian Tshiwewe est nommé conseiller militaire du Chef de l’État ;
- Général major Christian Ndaywel quitte la DEMIAP pour la Force terrestre, comme chef d'état-major général;
- Général Chico Tshitambwe est nommé commandant de la première zone de Défense ;
- Général major Jean-Roger Makombo est nommé sous chef d’état-major chargé du renseignement militaire ;
- Général Pacifique Masunzu est nommé commandant de la troisième zone de défense.

Sont promus en grade pour leur bravoure et le travail rendu à la nation.

Lieutenant Général.
1. Banza Jules Mwilanié ;
2. François Kabamba;
3. Jean-Pierre Kasongo Kabwik ;

Général major.
1. Malubuni Martin
2. Makombo Jean Roger
3. Biagolo Antoine

Général de brigade.
1. Benjamin Katende Batubadila ;
2. Éric Maloba Mwila;
3. Raymond Monga Bongo ;
4. Modeste Mpanga Muamba ;
5. Jules Muteteke.

Le Président de la République a aussi nommé Jean de Dieu Ntanga Nkita à la tête du Programme de Désarmement, Démobilisation, Relèvement Communautaire et Stabililisation, P-DDRC.
Deux ans après la nomination de Christian Tshiwewe Songesha à la tête de l'armée nationale, le constat est que la situation sécuritaire a continué à se détériorer à l'Est du pays.

À ce jour, la coalition armée pro-rwandaise, qui compte dans ses rangs, au moins 4.000 soldats RDF, l'armée rwandaise, selon des rapports des commissions d'experts des Nations Unies, contrôle de vastes territoires dans le Nord-Kivu, incluant Masisi, Rutshuru, Walikale, Nyiragongo et Lubero, des zones dont l’étendue est aujourd’hui deux fois supérieure à celle occupée en 2012.

Nombre de Congolais qui saluent ces nominations espèrent que les nouveaux chefs EMG vont pouvoir faire face aux troupes rwandaises qui ont envahi l'Est convaincues, elles, que le Rwanda qui a mené à ce jour au moins deux guerres au Congo, a poussé à la chute à Kinshasa de deux présidents, Mobutu Sese Seko et Laurent-Désiré Kabila, en a tué un, Laurent-Désiré Kabila, abattu dans son bureau du Palais de marbre, ne saura pas cette fois, pour la troisième fois, atteindre ses objectifs.

Reste que si la coalition M23-AFC «voulait prendre la ville de Goma, à 30 kms de ses positions, elle la prendrait. Mais Goma, qui passe désormais pour le siège des Nations Unies au Congo, est préservée des attaques suite à cette présence de diplomates. La coalition pro-rwandaise voulait, et n'en a rien abandonné, prendre en même temps la ville de Bukavu. Elle se trouve présentement sur le plateau de Kalehe», explique un autre habitant de Goma qui estime que fatigués de mille guerres, les déplacés n'ont plus désormais peur des rebelles du M23-AFC, puisqu'ils regagnent de plus en plus leurs habitations.

«Au moins 900.000 personnes auraient regagné leurs maisons», ajoute la même source qui pense que «l'ennemi pro-rwandais est déterminé ; il a des assurances de diplomates; il a les moyens. L'extérieur nous bombarde de bons discours sans actionner les sanctions».

Cas de la résolution prise vendredi 20 décembre 2024 à l'unanimité des membres au Conseil de sécurité. En renouvelant pour un an «jusqu'au 20 décembre 2025 le mandat de la Monusco en RDC», alors même que cette force a commencé à se désengager progressivement du Congo à la demande des autorités de Kinshasa, le Conseil de Sécurité des Nations Unies s'est arrêté à exprimer via ce texte son inquiétude face à «la poursuite des violences dans l'Est (...) et au maintien des tensions entre le Rwanda et le Congo». Sans plus.

Il affirme que «la RDC continue de souffrir de cycles de conflits récurrents et évolutifs, et de violences persistantes de la part de groupes armés étrangers et nationaux» sans accuser le Rwanda de soutenir la coalition M23-AFC ou d'avoir ses propres forces au Congo.

Kigali continue de démentir l'implication de ses troupes aux côtés des rebelles dans le Nord-Kivu quand des rapports documentés des experts des Nations Unies et de plusieurs pays, disent le contraire.
ALUNGA MBUWA.


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