À la veille des élections, à l’Equateur, les candidats craignent Ebola
  • ven, 18/05/2018 - 04:59

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Comment aller en campagne électorale dans une contrée où le virtus a refait surface?

Ils vont m’accuser d’avoir transmis Ebola. C’est le candidat annoncé à la Présidentielle Moïse Katumbi Chapwe qui le déclarait récemment sur un média belge. Ebola qui vient de se lancer (ou de se relancer) au Congo va-t-il avoir des répercussions politiques, mieux électorales? Ministre honoraire de l’Environnement et de la Conservation de la nature, le Dép. Bavon N’sa Mputu craint. Il lance un cri d’alarme. «Aujourd’hui, il y a une espèce d’ostracisme total à Bikoro. Les populations s’isolent par peur de contamination. Or, le processus électoral appelle une mobilisation de la population. Nous avons vivement des préoccupations s’agissant de l’applicabilité du calendrier électoral dans le territoire de Bikoro parce que la problématique de l’épidémie est structurelle et risque de s’installer dans la durée», explique cet élu du territoire de Bikoro. «Nous pensons qu’une action d’endiguement ou de lutte doit s’accompagner d’une action de sensibilisation pour nos populations entre autre isoler les différents villages parce que la connectivité, la fluidité de populations est très accrue chez nous». Le dép. réclame un déploiement adéquat des équipes médicales. «Les équipes d’assistance sur place, ne sont qu’à Bikoro Centre. Les villages de Momboyo, Ikoko-Impenge d’où est parti le virus, Itipo, Iboko et d’autres, ne sont pas pris en charge. Cela, à l’évidence, augure un grand risque de propagation de l’épidémie».

ARRIVÉE DE LA RIPOSTE.
Iboko jouxte le territoire de Kirti dans le Maï-Ndombe (ancien Bandundu) où du personnel soignant et des familles ont manipulé des individus atteints par le virus et le village d’Ikoko-Impenge, sanctuaire du virus, n’était pas couvert, selon l’élu.
Outre les attroupements proscrits de la population en vue d’éviter la propagation de l’épidémie, les examens d’Etat pourraient être menacés. «Au-delà de la prise en charge médicale, le Gouvernement devra s’investir pour éclore des alternatives économiques à la chasse primaire du gibier porteur du virus. La route reliant M’bika à Bikoro n’est pas opérationnelle, les ponts sont déterrés en vue de leur réhabilitation et tout convoi terrestre ne peut être établi que par le long détour de Bokatola, ce qui entame la réactivité dans l’action», se lamente le député.
Il faut cependant espérer qu’avec l’arrivée le 16 mai dans la Capitale du premier lot de vaccin contre cette fièvre hémorragique à virus Ebola, l’action va être efficace. C’est environ 5.400 doses de vaccin qui vont constituer une première réponse à la propension du virus déclaré dans le territoire de Bikoro. Selon le ministre de la Santé, le Dr. Oly Ilunga Kalenga qui réagissait aux diverses rumeurs, le vaccin arrivé à Kinshasa n’est pas expérimental. «C’est un vaccin qui a prouvé son efficacité. Il a été élaboré effectivement pendant l’épidémie en Guinée à partir du stéréotype Zaïre. C’est donc les souches de la RDC qui avaient contribué à élaborer les souches vaccinales. Et ce vaccin a été testé et toutes les personnes qui ont été vaccinées n’ont plus développé la maladie», a-t-il assuré, précisant que ce vaccin a été validé par l’OMS et «les autorités scientifiques mondiales».
Outre Bikoro, des cas ont été confirmés dans la grande ville de Mbandaka et à Esesenge, à 35 km de Faradje, province du Haut-Uele. C’est Oly Ilunga Kalenga qui a communiqué l’information dans la soirée de mercredi 16 mai.
«Nous entrons dans une nouvelle phase de l’épidémie qui touche désormais trois zones de santé, dont une zone de santé urbaine. Depuis l’annonce de l’alerte à Mbandaka, nos épidémiologistes travaillent sur le terrain avec les relais communautaires pour identifier les personnes ayant été en contact avec les cas suspects. C’est sur base de la liste des contacts que nous pourrons déclencher, pour la première fois dans l’histoire de notre pays, une nouvelle composante de la riposte, à savoir la vaccination».
«Les autres villes de l’Equateur ainsi que les villes en amont et en aval de Mbandaka sur le fleuve sont placées sous surveillance sanitaire», a-t-il aussi indiqué. A Esesenge, c’est la panique. Le médecin chef de la division provinciale, Marcel Lola, a appelé au calme, précisant qu’il s’agit d’un cas suspect, non encore avéré. Depuis la vague en cours, Ebola a tué 23 personnes et on dénombre 21 cas suspects et 20 cas probables.
ALUNGA MBUWA.


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