Au Sénat, Minaku voit rouge
  • lun, 29/09/2014 - 03:37

Hors de lui, le président de la Chambre basse face aux «élus directs du Peuple congolais» - contrairement aux «élus indirects» du Sénat - parle d’«élucubrations politiques» après avoir suivi les déclarations du président du Sénat.

Passe d’armes aux Chambres. On savait que quelque chose de très important allait se passer ce jour là, lundi 15 septembre 2014, rentrée parlementaire. On savait que quelque chose de très important allait se passer ce jour là, lundi 15 septembre 2014, jour de la rentrée parlementaire mais on ignorait que le président de la Chambre haute (opp.) ne saurait se retenir face à la tentation de tirer profit d’une belle tribune - le président de la Chambre basse, le Premier ministre, le gouvernement au grand complet, les diplomates, toute la classe politique rassemblée, etc. - pour prendre date avec l’histoire. Connu pour être un homme d’Etat, s’étant exprimé auparavant sur le dossier, on pouvait s’attendre à tout sauf à un revirement à 100 degrés. Voilà Kengo faire feu de tout bois, mettant en garde la majorité présidentielle après qu’il eut examiné la question au triple plan: de co-président des Concertations nationales, de juriste - le président du Sénat est un ancien procureur général de la République - et, last but least, de politique. «Les dispositions intangibles de la Constitution, je pense ici à l’article 220 et tous ceux auxquels il renvoie, constituent le pivot, le socle, l’armature de toute l’architecture constitutionnelle». Cet article 220 limite les matières de la Constitution qui peuvent être modifiées. Ainsi le nombre et la durée des mandats du président de la République ne peuvent faire l’objet d’aucune révision constitutionnelle. Puis d’expliquer qu’il ne faut pas tirer prétexte de la révision constitutionnelle pour aboutir à un changement de Constitution. Indiquant que «la Constitution du 18 février 2006 est issue du compromis historique de Sun City.
Puis: «Comment peut-on prendre le risque d’altérer ce compromis politique sans menacer la cohésion nationale et la paix sociale», invitant la classe politique au respect des engagements, à l’esprit de tolérance et d’alternance. Pas avant d’avoir asséné: le temps est arrivé pour notre pays de dépasser «le stade des querelles politiques byzantines pour se concentrer enfin sur les vrais problèmes du peuple et du pays». Comment peut-on prendre le risque d’altérer ce compromis politique sans menacer la cohésion nationale et la paix sociale», invitant la classe politique au respect des engagements, à l’esprit de tolérance et d’alternance. Pas avant d’avoir asséner: le temps est arrivé pour notre pays de dépasser «le stade des querelles politiques byzantines pour se concentrer enfin sur les vrais problèmes du peuple et du pays».

IL NE VEUT PAS LAISSER PASSER.
Une heure plus tard, la bataille se poursuit dans la Chambre d’à-côté. Visiblement en colère, le président de la Chambre basse a senti l’outrage. Il refuse de laisser passer. Bille en tête, il s’adresse à ses collègues, en touchant du doigt: «élus directs du Peuple congolais». Qui dit mieux?
Puis, d’entrée de jeu d’asséner: «Je voudrais réaffirmer qu’il est venu le moment de la prise des décisions. Oui, nous devons prendre des décisions, tant en ce qui concerne la législation que le contrôle parlementaire! Ainsi que chacun le sait, aujourd’hui il y a un grand débat, un débat important dans notre pays, un débat citoyen, qui se développe notamment sur l’organisation des futures échéances électorales: les élections locales, municipales, urbaines et sénatoriales; l’élection des Députés provinciaux, l’élection des Députés nationaux et la prochaine élection présidentielle. C’est un débat essentiel et incontournable, qui se veut national et sans exclusive, dans un Etat ayant judicieusement opté pour la voie de la démocratie. Il va donc sans dire que nous devrons trancher à l’issue de tous les échanges qui s’ensuivront! Et trancher signifie décider. Décider signifie lever des options; et qui dit lever les options, dit en même temps en abandonner d’autres. Et puisqu’il faut abandonner, puisqu’il faut se départir de certains comportements, de certains schémas, il y a nécessairement des défis à relever... sinon des sacrifices à consentir pour le salut de notre peuple et de notre Nation. Voilà pourquoi, au-delà et au-dessus de tous les débats annoncés ou entrepris ici et là, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, au-delà de tous les commentaires, des options privées enregistrées au niveau des partis politiques, de la Société civile, des personnalités et acteurs sociaux indépendants, nous allons ici dans cet hémicycle, en tant que représentants directs du peuple, trancher par adoption ou rejet de projets lois concernés par ces enjeux de l’heure. Aussi, par illustration conforme à notre agenda, allons-nous, chers Collègues, nous prononcer sur les projets de loi portant organisation des élections locales, municipales et urbaines qui n’appellent pas révision constitutionnelle. Cela devra se faire après des discussions constructives, franches et ouvertes, pourparlers de couloir non exclus. Dans la même optique, toujours au titre des priorités de cette Session, essentiellement budgétaire notre agenda a inscrit en bonne place le projet de loi relatif aux élections des Députés provinciaux qui appellent au préalable une révision constitutionnelle touchant l’article 197. Là aussi, il faudra, à mon sens, lever une option quant au bien-fondé de cette intention de réviser, en agissant en toute responsabilité, après échanges républicains, dans l’intérêt du fonctionnement de la République, de la gouvernance électorale, en tenant compte des réalités du Congo, mais aussi du standard international en la matière.
Un débat préalable est nécessaire. Je dis: nous l’organiserons! Mais la décision qui s’en suivra demeure, elle, fondamentale, qu’elle soit positive ou négative. Quoi qu’il en soit, la République, je le sais, ne disparaîtra pas, l’essentiel étant qu’une décision soit prise, assumée, et encadrée.
Dans le même chapitre, parce que nous parlons de la Constitution, Honorables Députés et Chers Collègue, il y a des discussions sur la révision de certaines autres de ses dispositions. D’aucuns s’interrogent sur l’opportunité et le bienfondé d’une telle démarche. Est-ce le moment? Y lit-on une nécessité impérieuse? A ce propos, je vous convie, chers Collègues, à débattre librement, en tant qu’élus, de toutes ces questions dans un climat empreint de cordialité et de sérénité. En tout état de cause, votre Bureau n’ayant reçu aucune demande de révision de la Constitution au-delà de l’article 197, ne saurait programmer pas une séance dans ce sens et nous n’avons donc pas à prendre une décision à ce sujet. D’ailleurs, à ce sujet, seul le peuple demeure le souverain primaire, l’Alpha et l’Omega de tout processus constitutionnel, au-delà même des prérogatives de toutes les institutions de la République. Mais, en tant qu’élus, au risque de me répéter, nous devons, par des échanges internes, arriver à comprendre le sens et la raison d’être de tous ces chocs d’idées. Les élus appartenant, dans mon entendement, à l’élite de notre peuple, ce débat républicain les concerne intimement.
Votre Bureau a eu, quant à lui, à constater l’effervescence qui caractérise le climat politique de l’heure. Il est d’avis qu’il y a, dans ce grand débat citoyen, nécessité pour la Représentation nationale de s’imprégner des expériences des uns et des autres, des options, idées et orientations que véhiculent les partis politiques, les activistes de droits de l’homme, les milieux universitaires, les éclaireurs avertis de la société, le Congo profond, voire l’homme de la rue». «Pareille précaution fera que nous puissions être à même, à tout moment, d’avoir une attitude responsable et républicaine»
(...) «Il ne fait l’ombre d’aucun doute que chacune et chacun d’entre nous, ici dans cet hémicycle, est guidé par la haute idée de servir avant tout la République et ses intérêts, de représenter dignement le peuple en accomplissant sa mission conformément à la Constitution et au Règlement intérieur, tout en observant le sens élevé de l’Etat. L’Etat, Chers Collègues, ici défini comme la chose publique et commune, requiert de nous une certaine impartialité arbitrale au-delà des divergences d’appréciation et d’orientation.
L’Etat, c’est la mise en forme d’un projet collectif au-delà des intérêts des uns et des autres, dans un monde où la compétition entre nations est de règle.
L’Etat, ce sont, aussi et enfin, des institutions stables, porteuses d’une foi commune à tout un peuple, et enfin une histoire longue dont nous sommes les héritiers avec ses points forts et ses points faibles, ses mérites et ses échecs, son côté positif et sa part d’ombre. Une histoire que nous avons à poursuivre et qui est celle d’un grand peuple croyant en son avenir et qui, durant des décennies, a dû payer du sang de ses fils avant de voir la nation emprunter le chemin de l’espérance et relever le défi de son épanouissement». (...). «Je voudrais me résumer en ces termes: l’heure est à la prise des décisions face à tous les grands dossiers qui sont en attente et face aux enjeux majeurs auxquels notre pays est confronté.
S’il est des moments où les représentants du peuple doivent savoir se débarrasser de leur costume de politiciens et arborer celui d’homme d’Etat, ce moment-là est bien arrivé. Dans les démocraties électives, il est demandé aux représentants que nous sommes d’incarner autre chose que les représentés. Cette autre chose, c’est notamment la délicate mission de représenter l’Etat. Ceux parmi les élus qui croient n’être que les représentants de leurs électeurs ne sont que des hommes politiques ordinaires. Ceux, en revanche, qui, en plus de représenter leurs électeurs, incarnent l’idée de ce qu’est l’Etat avec ses valeurs peuvent être légitimement qualifiés d’«hommes d’Etat».
«Hommes et femmes d’Etat, j’ose croire que nous le sommes, toutes et tous, ici dans cet hémicycle. Cette qualité d’homme ou de femme d’Etat suppose une manière d’être qui met son titulaire à même de rendre sensible ce que nous avons en commun, de savoir faire la part de choses entre, d’un côté, les élucubrations politiques et, de l’autre, les impératifs liés à la gestion de l’Etat. Quelles que soient nos opinions, c’est d’abord pour la République Démocratique du Congo que nous œuvrons et c’est dans un véritable esprit de responsabilité démocratique partagé que nous relèverons tous les grands défis à venir». (...)
Sur le contrôle parlementaire, Aubin Minaku Ndjalandjoku est aussi ferme: «L’Assemblée nationale devra davantage défendre les intérêts supérieurs de la communauté notamment par le recours à la sanction. Les Congolaises et Congolais exigent de leurs gouvernants de l’efficacité, de la transparence, de l’engagement et des résultats concrets. Notre société est désireuse d’un bannissement radical des antivaleurs et de l’érection d’une nouvelle moralité publique. Face à cette réalité, l’Assemblée nationale n’a d’autre choix que d’agir (...). Si hier la conscientisation était la règle, cette fois-ci elle devra s’accompagner de sanction éventuelle».


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