- ven, 12/12/2025 - 11:36
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1651 | VENDREDI 12 DÉCEMBRE 2025.
GrasDiscours fleuve. Deux heures et demie ! Jamais ces dernières années on avait vu ça ! On aurait pu craindre n'importe quoi. Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo s'y est donné avec succès. Avec grand succès.
Le discours sur l'état de la Nation prononcé lundi 8 décembre 2025 devant les deux chambres parlementaires réunies en congrès au Palais du Peuple à Kinshasa, restera dans l'Histoire comme l'un des plus grands (déjà en termes d'espace temps, deux heures et demie), comme l'un des plus brillants (même timbre de voix du début à la fin) - à ce jour, certainement le plus brillant, l'un des plus structurés - nul doute, certainement le mieux conçu, le mieux pensé, le plus émouvant.
Les mots étaient si forts, si bien choisis. Il s'est agi de «dresser le bilan de l’année 2025», a déclaré le président de la République d'entrée de jeu. Des questions de sécurité au sport en passant par l'art, la musique, la politique et l'économie, tout y a été. Un discours des plus émouvants suivi dans la salle, ovationné.
À chaque chapitre, à chaque tournure, la même permanence. En dépit des défis, le Congo est debout.
«Malgré notre bonne foi...».
Certes, «les défis sont immenses, les retards réels, les contraintes nombreuses. Mais l’essentiel est là». «Malgré les blessures infligées par la guerre et les convoitises sur nos ressources, notre pays continue d’assumer une responsabilité disproportionnée (...). Nous sommes un pays-solution» et c'est loin d'être un simple slogan : «dans un contexte de guerre d’agression, de chocs externes et de tensions géopolitiques mondiales, notre économie n’a pas cédé».
Le Congo « s’affirme désormais comme une puissance d’influence et de proposition appelée à peser sur les décisions majeures qui façonnent la paix, la sécurité, les droits humains et le développement, en Afrique comme à l'échelle mondiale».
«Éprouvée, notre économie a tenu.
L’inflation, qui était de 11,7% à fin 2024, a été ramenée à 2,5% en rythme annuel fin octobre 2025, nettement en dessous de l’objectif de 7% fixé par la Banque Centrale du Congo.
Le CDF s’est apprécié d’environ 29% par rapport au dollar ; nos réserves de change s’établissent à près de 7,4 milliards de $US - soit l’équivalent d’environ 3 mois d’importations, conforme aux standards de viabilité du Fonds monétaire international - et, dans le même temps, la balance des biens demeure excédentaire, avec un surplus provisoire estimé 9,9 milliards de $US à fin août 2025.
La croissance est estimée à 5,6% en 2025, au-dessus de la moyenne de l’Afrique subsaharienne projetée entre 3,8% et 4,1%. Le projet de budget 2026 se caractérise par son ambition et son équilibre, avec un niveau de recettes et de dépenses estimé à 20,3 milliards de $US. Il marque une progression significative de 16,4% par rapport au rectificatif 2025, arrêté à 17,7 milliards de $US) ».
«GUERRE PAR PROCURATION».
Un discours présenté par le président de la République lui-même comme «un rendez-vous de vérité, de redevabilité et d’espérance. Vérité sur ce que nous avons traversé, vérité sur ce que nous avons accompli, vérité sur ce qui reste à accomplir. Redevabilité envers notre peuple, qui a le droit de savoir dans quelle direction va la République. Espérance enfin, parce que malgré les épreuves, nous demeurons debout, résolument tournés vers l’avenir».
Quant à la guerre menée par l'armée rwandaise, RDF et ses alliés M23 et AFC, il l'a dit (redit) haut et fort. «Il s’agit d’une guerre d’agression par procuration visant à contester notre souveraineté sur un espace hautement stratégique, riche en minerais critiques et en potentialités économiques déterminantes pour l’avenir de notre Nation».
Une guerre qui est loin d'avoir mis les Congolais par terre. «Une Nation ne tient debout que si ses institutions sont solides, si son économie se transforme et - peut-être surtout - si son âme demeure vivante (...). À chaque Congolaise et à chaque Congolais, de nos villages les plus reculés aux quartiers les plus densément peuplés de nos villes, je veux redire ma foi profonde en notre pays. Nous ne sommes pas condamnés à la fatalité de la guerre.
Nous sommes capables de faire triompher la paix, de consolider la cohésion nationale et d’enraciner durablement l’État de droit. Je ne vous promets ni l’aisance sans effort, ni la réussite sans persévérance. Je vous promets un État qui protège, qui arbitre avec justice, qui paie ce qu’il doit et exige ce qu’il faut.
Ensemble, faisons en sorte que nos engagements ne soient plus des annonces, mais des résultats mesurables. Notre histoire nous a appris deux choses simples : nous ne sommes jamais condamnés et nous ne sommes grands que rassemblés. Alors choisissons, résolument, la vie, la dignité, le travail bien fait. Choisissons un Congo qui n’attend plus, mais qui avance - en paix, en justice et en solidarité».
Les accords de paix de Doha (avec le M23/AFC) et de Washington (avec Le Rwanda) ? Aux malins qui l'accusent d'avoir bradé le Congo, d'avoir vendu la République, d'avoir cédé les terres rares ou un territoire du pays, sans cite un seul, il répond en grand : « Permettez-moi d’être parfaitement clair : ces accords ne consacrent aucune forme de partage de notre souveraineté.
Ils ne valident ni les prétentions territoriales de qui que ce soit, ni la mise sous tutelle de nos ressources. Ils ne sauraient non plus être interprétés comme une amnistie déguisée des crimes perpétrés contre notre peuple.
La justice suivra son cours, avec rigueur, jusqu’au bout, et sans complaisance afin d’honorer la mémoire de celles et ceux injustement tombés du fait de cette agression. Nous les assumons comme des leviers stratégiques au service d’une paix juste et vérifiables : non comme une concession, mais comme l’expression d’une volonté ferme de conjuguer l’efficacité de notre défense à la puissance de notre action diplomatique».
La paix ? Celle «véritable ne viendra ni du seul rapport de force militaire, ni des seules signatures diplomatiques. Elle prendra corps dans le quotidien retrouvé : l’État qui revient avec l’école et le centre de santé, les routes qui s’ouvrent à nouveau, les marchés qui reprennent vie, les entreprises locales qui redémarrent, et une jeunesse à qui l’on offre des perspectives d’emploi et d’avenir.
La paix ne se défend pas seulement sur nos collines et nos frontières ; elle se défend aussi dans les salles de négociation, dans les organisations internationales et au cœur des grandes décisions qui structurent le monde. La voix du Congo compte à nouveau dans le concert des nations.
Le Congo s’affirme désormais comme une puissance d’influence et de proposition appelée à peser sur les décisions majeures qui façonnent la paix, la sécurité, les droits humains et le développement, en Afrique comme à l’échelle mondiale».
Un discours nul doute d'éveil de conscience, un discours de mobilisation.
La fin en dit tout. «Je voudrais, pour finir, adresser cette prière à l’ensemble de la Nation congolaise : «Les ténèbres ne règneront pas toujours. République Démocratique du Congo lève-toi et sois éclairée, car ta lumière arrive !»
D. DADEI.





