- mar, 29/05/2012 - 08:37
LE SOFT INTERNATIONAL N° 1161 DATE 21 MAI 2012
Deuxième conseil des Ministres prévu lundi 21 mai. Les ministres pourraient se voir délivrer la feuille de route qu’avait annoncée le Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon lors de l’investiture au tout début de mai du Gouvernement, le 1er de la IIème Législature de la IIIème République.
Si le go ahead a lieu, il sera délivré par le Président de la République Joseph Kabila Kabange lui-même. Il ne restera aux ministres qu’à se jeter à l’eau et à exécuter les travaux que le Premier ministre avait annoncés aux Députés. Des travaux qui sont de véritables défis à relever et doivent conduire le pays au statut de pays émergent.
C’est loin d’être un discours. Autant ce pays a surpris en atteignant enfin le fameux point d’achèvement de l’Initiative PPTE quand le discours politique dominant était au pessimisme, autant les travaux prévus par le Gouvernement Matata Ponyo que d’aucuns appellent déjà les «28 travaux de Kabila», allusion faite au nombre de ministères, pourraient surprendre plus d’un et hisser le pays à un niveau jamais espéré.
Parmi ces travaux d’hercule figurent, selon des sources proches du dossier, notamment la détermination d’en finir avec les catastrophes aériennes, fluviales et routières, la construction de logements sociaux dans le pays, l’augmentation de l’offre de la desserte en eau potable.ila
C’est une semaine décisive qui commence. Lundi 21 mai à la Cité de l’Union Africaine, le chef de l’Etat Joseph Kabila Kabange pourrait présider une importante réunion du Conseil des Ministres.
Cela était déjà le cas il y a une dizaine de jours. A l’issue de l’investiture du Gouvernement Matata, le Président de la République avait tenu personnellement à tracer les grandes lignes de la politique qu’il entend voir l’Exécutif mener tout au long de son second mandat, politique résumée par le concept ambitieux de la Révolution de la Modernité. Il faudra être constamment sur le terrain et briller par ses œuvres, avait recommandé le chef de l’Etat, expliquant que le Gouvernement n’est pas celui de Kinshasa mais celui de la République Démocratique du Congo, insistant sur le fait que c’est à l’aune de ses réalisations que chaque Ministre sera évalué et jugé.
C’était le premier acte. Le deuxième se jouerait lundi 21 mai. Après le quitus accordé par la Représentation Nationale au programme du Gouvernement, c’est au tour de la feuille de route d’être validée en Conseil des Ministres. Concrètement, chaque Ministre devrait se voir assigner une série d’objectifs prioritaires à atteindre. Parce qu’il s’agit d’une promesse du chef de l’Etat tout au long de la campagne électorale; parce qu’il s’agit d’un engagement qu’il a pris, sur l’honneur, devant l’histoire et la Nation, pour faire bénéficier aux Congolaises et aux Congolais le fruit de la croissance et faire entrer notre pays dans le cercle des pays émergents.
Grande innovation: la feuille de route ne décrit pas seulement les priorités à atteindre. Elle s’accompagne d’un chronogramme précis qui fixe les délais de la réalisation des objectifs.
Selon des informations proches du dossier, ces priorités ont été sélectionnées pour traduire sur le terrain et dans la vie de chaque jour le pari de la Révolution de la Modernité. Un commentateur a trouvé le mot juste en indiquant qu’il s’agit des «28 travaux de Joseph Kabila», allusion faite au nombre de Ministères que compte l’équipe Matata, résumant ainsi l’ampleur de la tâche qui attend nos Ministres.
- Le Ministère du Budget recevrait pour mission générale de veiller à la stabilité du cadre macroéconomique du pays. Sa plus grande tâche consisterait à aider la RDC à atteindre un taux de croissance à deux chiffres et à maintenir le taux d’inflation à un niveau susceptible de booster les investissements ainsi que d’autres activités créateurs des richesses.
- Le Ministère de la Défense et Anciens Combattants devrait recevoir des directives précises de la part du Commandant Suprême des Forces Armées en rapport avec la situation sécuritaire dans le pays, particulièrement à l’Est où des nouveaux irrédentismes se sont déclarés, ainsi qu’avec les conditions générales de vie de nos compatriotes sous le drapeau.
- Les dossiers chauds des Affaires étrangères, Coopération internationale et Francophonie sont la place de la RDC dans les enjeux mondiaux, l’image peu reluisante offerte par certains de nos diplomates en poste à l’étranger, l’absence d’un véritable leadership digne d’un grand pays sur la scène internationale.
- La priorité des priorités, estiment les experts, devrait être l’épineux dossier de la décentralisation, parce qu’il s’agit d’une exigence constitutionnelle, mais aussi parce que la décentralisation répond à la stratégie nationale de développement par la base. Le Ministre du secteur pourrait se voir proposer le projet de loi sur les limites des provinces et de la ville de Kinshasa. Une autre priorité qu’on devrait en principe retrouver sur la feuille est celle de l’identification de la population qui a posé tant de problèmes lors des dernières élections et dont la Députée Jaynet Kabila (lire page 5) a bien eu raison de parler lors d’une récente plénière.
- Au Ministère de la Justice et des Droits humains, les urgences sont tout aussi nombreuses. Chantier dont découlent tous les autres: modernisation, assainissement et moralisation de la justice congolaise.
- Aux Médias, Relations avec le Parlement et Initiation à la Nouvelle Citoyenneté, Lambert Mende Omalanga aurait du pain sur la planche. Il lui reviendrait, assurent des sources, de se couper en mille morceaux pour améliorer l’image de la RDC et créer un environnement propice à l’émergence d’une nouvelle citoyenneté comme élément central et finalité de la reconstruction.
- La priorité des priorités pour le Ministère du Plan et Suivi de la mise en œuvre de la Révolution de la Modernité devrait être la consolidation du processus d’amélioration du climat des affaires, entre autre par le renforcement de la sécurité juridique et judiciaire des investisseurs.
- Portefeuille. Les actions attendues dans ce Ministère devraient tendre à assurer principalement le suivi du processus de réforme des entreprises du portefeuille de l’Etat. Ce qui devrait en principe le conduire à concevoir des projets de lois rectificatifs dans l’objectif de ramener dans le domaine de l’Etat les entreprises du secteur stratégique, tout en poursuivant le désengagement de l’Etat dans d’autres. Les audits seraient de ce point de vue un impératif catégorique, quitte à sanctionner positivement ou négativement les gestionnaires.
- Le plus gros chantier du Ministère de l’Economie et Commerce devrait être, selon les milieux proches du dossier, le contrôle de la structure des prix, particulièrement pour les produits pétroliers, mais aussi pour les denrées de première nécessité et de grande consommation. u Aménagement du territoire, Urbanisme, Habitat, Travaux Publics et Reconstruction. Deux gros chantiers pourraient figurer sur la feuille de route de ce Ministère. On évoque, dans le secteur de l’Aviation Civile, la très délicate mission de clouer au sol tous les aéronefs non en règle et, en ce qui concerne les infrastructures aéroportuaires, du lancement des travaux de modernisation des aéroports internationaux de Kinshasa, Lubumbashi et Kisangani.
- Deux dossiers phare attendraient le nouveau Ministre des Transports et Voies de Communication. D’abord l’assainissement du ciel congolais et, dans la foulée, les réformes courageuses à engager pour que la RDC quitte la liste noire de l’Union Européenne et de l’OACI, ce qui passe par le renforcement des capacités de l’Autorité de l’Aviation Civile. D’autres mesures fortes viseraient la réhabilitation et la modernisation des infrastructures aéroportuaires, le lancement des études pour la construction d’un nouvel aéroport international à Kinshasa, etc.
- Environnement, Conservation de la Nature et Tourisme. L’idée centrale est que la RDC constitue la deuxième réserve mondiale de la biodiversité. La feuille de route devrait insister sur la nécessité d’assurer le leadership de notre pays dans ce domaine aussi bien sur le plan régional qu’international et d’en tirer une juste rétribution en raison des services que les forêts congolaises rendent dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique.
- Dans le domaine des Mines, on insisterait sur la bonne gouvernance. D’où la nécessité de réévaluer et de vulgariser davantage le Code Minier, mais aussi de revisiter le cadre dans lequel évoluent les industries extractives. On pense que le Gouvernement exigerait la création d’un service chargé d’inventorier les ressources géologiques de la RDC, ainsi que l’application rigoureuse des principes de l’ITIE dans la production, le transport et l’exportation des produits miniers, particulièrement les dispositions relatives à l’obligation de publier tout contrat sur les ressources naturelles.
- Ressources hydrauliques et Electricité. L’urgence, ici, ne consisterait pas seulement à poursuivre l’achèvement du processus de réforme des entreprises publiques relevant de ce secteur, ou à exiger une plus grande transparence dans la gestion. La feuille de route devrait aller plus loin en retenant au titre des priorités l’augmentation de la production de l’électricité pour qu’elle se traduise dans la vie de tous les jours des Congolais. Ce qui implique la réhabilitation déjà entamée par la série d’inauguration par le Chef de l’Etat des barrages tels que Inga I et II, Zongo, Ruzizi, Mobayi Mbongo, l’amélioration du taux de desserte en électricité, l’autonomisation des provinces avec des mini-centrales, la réhabilitation de l’éclairage public dans les chefs-lieux des provinces. Mêmement pour le secteur de l’eau.
- Hydrocarbures. Là aussi, le mot clé devrait être, assure-t-on, la transparence dans le processus, jusque là quelque peu opaque, d’attribution des blocs pétroliers. Désormais, le processus devra passer par la voie de l’adjudication. Il s’agirait d’assigner aussi au Ministère l’objectif stratégique d’augmentation de la production du pétrole et du gaz, la réforme des entreprises du secteur ainsi que la mise en place des raffineries…
- Pour ce qui est du secteur de l’Industrie et PME, la mesure phare serait sans doute la création de ce que les experts appellent les Zones d’Economie Spéciale annoncée par le Premier ministre dans son discours devant l’Assemblée nationale.
- Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’Information et de la Communication. La feuille de route, estime-t-on, devrait s’appesantir sur la nécessité de mettre en place un portail électronique afin de présenter au monde l’image la plus juste possible de la RDC et de rendre notre pays attractif pour les investisseurs. Mais l’objectif le plus symbolique de la Révolution de la Modernité dans ce secteur serait à coup sûr l’exploitation très attendue de la fibre optique - déjà en retard quand tous les autres pays ont déjà pris la course depuis Cape Town le week-end dernier - pour asseoir effectivement les autoroutes de l’information, démocratiser l’internet et le téléphone, ouvrir nos populations au monde et à la connaissance. Ce qui passe par l’achèvement de la construction de la station d’atterrage à Moanda, la connexion avec le câble sous-marin ainsi que les interconnexions avec les opérateurs du secteur. Les autres chantiers attendus seraient le passage à la télévision numérique terrestre, l’informatisation des services publics de l’Etat, etc.
- Emploi, Travail et Prévoyance Sociale. Un seul chantier devrait mobiliser ce Ministère tout au long du mandat, à savoir la mise en œuvre des stratégies efficaces de création d’emplois.
- Santé Publique. Le Gouvernement fixerait à ce secteur plusieurs missions, notamment en matière de réhabilitation des infrastructures, la mise en place d’une législation sur les prestataires à but lucratif, la réforme du secteur.
- ESURS. La principale innovation serait, selon des sources, l’avènement de l’Enseignement Ouvert à Distance, EOD.
- En ce qui concerne l’EPSP, le Gouvernement devrait poursuivre son objectif de faciliter l’accès de tous les enfants à l’enseignement primaire, notamment en organisant une base de données sur les enfants déscolarisés et en confirmant la gratuité dans le primaire.
- Agriculture et Développement rural. Ici, le challenge est de faire adhérer les populations à la vision du chef de l’Etat de faire de la RDC un grenier agricole.
- Affaires foncières. La priorité pour le Gouvernement devrait être l’assainissement du secteur foncier. Cette démarche sous-entend la définition d’une politique nationale de gestion du secteur foncier, la vulgarisation de la loi foncière, le zonage des terres en adéquation avec la politique d’aménagement du territoire.
- Affaires sociales, Action humanitaire et Solidarité nationale. L’objectif prioritaire du Gouvernement est l’adoption d’une politique nationale de réduction de la vulnérabilité.
- Genre, Famille et Enfant. L’attention du Gouvernement devrait s’attarder sur les enfants et les personnes vulnérables en faveur desquels une politique nationale devrait être clairement définie.
- Fonction Publique. Les mesures phares dans ce domaine devraient consister à mettre en place et à assurer un fonctionnement régulier et efficace de toutes les administrations publiques au niveau central, provincial et local.
- Jeunesse, Sports, Culture et Arts. Ce Ministère devrait recevoir comme mission de définir une politique nationale en matière de la jeunesse, de mettre en place un comité national en charge du Plan d’Action de la décennie africaine pour la jeunesse et d’appuyer l’entreprenariat agricole des jeunes désoeuvrés en milieu rural.
- Finances. Comme pour le Budget, la préoccupation se situe au niveau de la stabilité du cadre macroéconomique, du meilleur fonctionnement des institutions et services de l’Etat, de l’amélioration de l’administration fiscale, du renforcement du dispositif de contrôle des finances publiques et de la lutte contre la corruption et le blanchiment des capitaux.
TTB