La guerre avant la guerre
  • mar, 12/05/2020 - 05:32

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1485|MARDI 12 MAI 2020.

Loin du procès annoncé pour le 11 mai 2020 dans la Capitale, à travers presse et réseaux sociaux, Vital Kamerhe livre une guerre silencieuse contre ses autres alliés de la coalition CACH et proches conseillers du Chef de l’État Félix Tshisekedi.
«Kitenge Yezu et Tryphon Kin-Kiey, deux occultistes qui rôdent autour de Félix Tshisekedi». C’est le titre d’un média en ligne qui fait le tour des réseaux sociaux.
Celui-ci est dirigé par un proche de Vital Kamerhe. Depuis plusieurs semaines, le journaliste Lwarhiba, promoteur du site, n’hésite pas à défendre le directeur de cabinet du président Félix Tshisekedi dans ses tweets.
Cet article témoigne d’une guerre silencieusement menée par Vital Kamerhe depuis son arrestation et sa détention au CPRK, la prison de Makala, le 8 avril 2020.

En effet, si Vital Kamerhe est emprisonné et attend son procès qui s’ouvre le 11 mai 2020, le président de l’Union pour la Nation Congolaise UNC en sigle n’a toujours pas démissionné de son poste de directeur de cabinet de Félix Tshisekedi et espère toujours le retrouver. Cependant, la semaine dernière, le Chef de l’État congolais a promu, au rang de Vice-Premier ministre, son Haut Représentant et Conseiller Spécial Kitenge Yezu. Mais, celui-ci ne partirait pas en vacances avec Kamerhe.
Quelques heures avant son élévation, ce grand connaisseur de la scène politique congolaise avait lancé un tweet sulfureux à l’endroit du DirCab emprisonné, sans le nommer. «Félix est Président par la volonté de Dieu, matérialisée en son Peuple, guidé par le Sphinx. Œuvre de longue haleine. «Faiseurs de rois», tout à votre honneur mais, simples instruments de Dieu. Tout comme le Diable: la Tentation du Christ. Les outrages au PR se paieront comptant», avait-il promis.

BEYA ET KIN-KIEY VISES.
Kitenge allait le payer cher. Notamment sur les réseaux sociaux, où tout un réseau s’est activé. Des accusations fusent. Dont celle qui suppose que l’homme aurait logé dans un hôtel 5 étoiles dans la capitale aux frais du contribuable. Et quand celle-ci ne suffit pas, le Haut Représentant de Tshisekedi est simplement traité d’occultiste et de «vautour». Dans les faits, c’est toute une campagne de communication qui est mise en place depuis l’annonce des poursuites contre Vital Kamerhe.
Proches et journalistes stipendiés ont menacé, de manière à peine voilée, le Chef de l’État d’ouvrir «la boîte de Pandore». Car, le président de l’UNC a toujours prétendu «avoir agi sous l’impulsion de Félix Tshisekedi».
Ainsi, alors que le Parquet de Matete envoyait le dossier de Kamerhe pour le Tribunal de Grand Instance de Kinshasa/Gombe où il est inculpé, une étrange lettre de l’homme d’affaires libanais Jammel Samih a fait irruption.
Adressée au président Tshisekedi, celle-ci, signée par l’un de ses avocats, insinue une «implication» de Jean-François Beya Kasonga, conseiller spécial du Chef de l’État en matière de sécurité.
«Mon client n’a agi que sur instructions de celui qui était Directeur de votre cabinet, ainsi que de la part du Conseiller Spécial en matière de sécurité», écrit la correspondance. La fameuse boîte de Pandore se mettait alors en marche.

Mais, l’accusation sera coupée court par François Beya, avec la diffusion d’une autre lettre. Celle de son Directeur de cabinet, expliquant finalement «l’implication», à travers un ordre de livrer des maisons préfabriquées.
Cette lettre du 12 août 2019, signée par Djoko Bale Kongolo, directeur de cabinet du Conseiller Spécial, est finalement «la seule» instruction au Directeur général de la société Samibo, Jammal Samih.
«Le conseiller spécial du Chef de l’État en matière de sécurité me charge de vous demander de mettre à la disposition de la présidence de la République, un premier lot de 300 villas dont 200 de 2 chambres et 100 duplex de chambres, destinés au camp Tshatshi» , renseigne cette note.
Tryphon Kin-kiey Mulumba est épinglé dans les attaques. Aux côtés de Kitenge Yezu, l’ancien ministre des PTNTIC puis des Relations avec le Parlement est perçu comme un potentiel candidat à la succession de Vital Kamerhe au cabinet du Chef de l’État.

Kin-kiey est la deuxième personnalité politique, après Kamerhe, à rejoindre l’alliance de Tshisekedi en novembre 2018. Ainsi, dans la presse kamerhiste, avec Kitenge, ils sont dépeints comme des «vautours» autour de Tshisekedi.
Pendant ce temps, le 11 mai 2020 approche à grand pas. Depuis sa détention à Makala, Kamerhe a eu plusieurs réunions avec ses lieutenants pour arrêter des stratégies autour de sa défense. Dans les médias et sur les réseaux sociaux, plusieurs réclament une retransmission du procès en direct, dans le but, disent-ils «d’éventrer le boa». A la Présidence, Félix Tshisekedi semble insensible à ces menaces. Le président se concentre à la lutte contre le COVID-19 qui s’embourbe. Il multiplie des réunions avec des responsables de la Riposte et une tournée sur le terrain. Sur le procès de Vital Kamerhe, la justice congolaise a décidé de tenir les audiences foraines dans la prison de Makala.
Mais, les partisans du Chef de l’État n’ont pas hésité à hausser le ton face aux menaces des proches du directeur de cabinet. À l’UDPS, parti présidentiel, on préfère «laisser la justice faire son travail. Aucun mensonge de pourrait occulter le travail de nos juges. Mais, si quelqu’un osait impliquer le Chef de l’État dans des bêtises et mensonges, nous allons réagir avec la plus grande fermeté et la plus grande énergie», promet un cadre du parti.
avec POLITICO.CD


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