Alingete, un homme en danger
  • mar, 08/10/2024 - 11:13

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1620|MARDI 8 OCTOBRE 2024.

Incroyable guerre médiatique. Jules Alingete Key, guerre contre, guerre pour. Quand au Congo, des médias s’entre-déchirent.

Incroyable scène médiatique. Si ce secteur n'est pas encadré, accompagné de manière citoyenne, il sera dangereux de faire la politique et de faire avancer le pays. Qu'un homme public soit critiqué, passe; qu'il soit harcelé est inacceptable. Mais quand un autre groupe de partisans vient à son secours, à sa défense, Que retenir ? Les nouveaux médias seraient incapables de voir la vérité? Sont-ils stipendiés à ce point qu'ils refusent toute vérité ? La vérité ci-après. Nulle part ailleurs.

Alingete a-t-il pris de l'argent d'un fonds de l'État et mis dans sa poche? L'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service est un homme et, comme tout homme, il a des faiblesses ; il peut être secoué par une tentation. Raisonnons cependant et, au Congo, il est possible de raisonner.

Dans quelle opération, Jules Alingete Key aurait détourné cet argent - des médias parlent de 30 millions de $US - et comment cela se serait passé ? Il s'agit de fonds chinois, de la Société commune sino-congolaise SicoMines, Société en charge d’exploitation des gisements miniers, créée d'une part par des partenaires chinois, Groupement d'Entreprises Chinoises, GEC, et, de l'autre, par la partie congolaise, l'État représenté par la Gécamines SA.

Le fameux «contrat du siècle», infrastructures routières et ferroviaires, érection d'une trentaine d'hôpitaux contre mines, l'accès privilégié aux ressources minières, particulièrement le cuivre et le cobalt.

QUE DISENT CES LETTRES ?
Comment le patron de l'Inspection Générale des Finances, IGF, a-t-il pris ces 30 millions de $US? Des documents sont brandis. Parmi ces documents, cinq correspondances authentifiées adressées par Jules Alingete Key au Directeur Général de la Société SicoMines S.A, à l'adresse ci-après : «avenue Mama Yemo, n°2432, Commune de Lubumbashi, à Lubumbashi/Haut-Katanga».

Première correspondance datée du 02 février 2024, n°195/PR/IGF/IG-CS/JAK/NMM/2024. Objet : «Paiement des jetons de présence des membres de la Commission Plénière de la renégociation de la Convention du 22 avril 2008 ». Somme réclamée : $US 9.700.00,00, $US neuf millions sept cents mille.

Deuxième correspondance datée du 02 février 2024, n°196/PR/IGF/IG-CS/JAK/NMM/2024. Objet : «paiement des jetons de présence de la Commission Plénière de la renégociation de la Convention du 22 avril 2008». Somme réclamée : $US 5.810.000,00, $US cinq millions huit cents dix mille.

Troisième correspondance datée 08 mars 2024, n°0471/PR/IGF/IG-CS/JAK/NMM/2024. Objet : «paiement des jetons de présence de la Commission Plénière de la renégociation de la Convention du 22 avril 2008». Somme réclamée : $US 4.000.00,00, $US quatre millions.

Puis deux courriers, un accusé de réception daté du 08 mai 2024, n°0975/PR/IGF/IG-CS/JAK/BCO/2024, une confirmation de paiement en compte, datée du 08 mars 2024, n°0473/PR/IGF/IG-CS/JAK/NMM/2024).

Retenons : toutes ces correspondances signées par l'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service, Jules Alingete Key, adressées à «Monsieur le Directeur Général de la Société SicoMines S.A, avenue Mama Yemo, n°2432, Commune de Lubumbashi, à Lubumbashi/Haut-Katanga», sont sur du papier à en-tête IGF-CS, donc, des lettres officielles, avec «transmis copie» au Directeur de Cabinet du Chef de l'État, à Monsieur l'Inspecteur Général des Finances-Chef Adjoint, à Monsieur l'Inspecteur Général des Finances-Coordonnateur, à Monsieur le Directeur Général de l'Agence du Suivi des Projets Sino-congolais, tous à Kinshasa/Gombe. Total des sommes réclamées par ces correspondances : $US 19.510.000,00 ($US dix-neuf millions cinq cents dix mille).

À ce stade, prenons acte d'un fait :
Les cinq correspondances authentifiées adressées par Jules Alingete Key, l'Inspecteur Général des Finances, IGF, au Directeur Général de la Société SicoMines S.A, avenue Mama Yemo, n°2432, à Lubumbashi, sont toutes officielles, avec «transmis copie» au Directeur de Cabinet du Chef de l'État, à Monsieur l'Inspecteur Général des Finances-Chef Adjoint, à Monsieur l'Inspecteur Général des Finances-Coordonnateur, à Monsieur le Directeur Général de l'Agence du Suivi des Projets Sino-congolais, tous à Kinshasa/Gombe.

◗ Première question : le superflic aurait-il mis dans sa poche cet argent provenant de fonds publics qu'il aurait en même temps envoyé des copies officielles de ses correspondances à des officiels du pays?
◗ Deuxième question : si ces $US 19.510.000,00 ($US dix-neuf millions cinq cents dix mille) ont été portés sur un compte public, celui de l'Inspection Générale des Finances, IGF (n°05100-25101-04056860502-57 $US), ouvert à la Rawbank, comment auraient-ils été «pris» par un individu quelconque sans craindre des traces?
Et, selon des informations disponibles, ce compte IGF est activé par trois signatures. En clair, l'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service, ne peut agir seul sur ce compte. Donc l'hypothèse d'un détournement ne serait-elle pas du seul fait de l'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service ?
◗ Troisième question: pourquoi n'élargit-on pas la sphère de l'enquête, si enquête il y a eu, et, pourquoi Jules Alingete Key est-il seul dans le viseur ?
◗ Quatrième question: cherche-t-on à régler un compte au super flic ?

CE QUI FONDE CES COURRIERS.
Poursuivons le raisonnement, et abordant cette fois le fond.
◗ Question : qu'est-ce qui fonde ces correspondances de l'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service, qui sont des factures adressées au Directeur Général de la SicoMines S.A ?

Réponse : une décision datée du 5 avril 2003, n°23/004 BIS du 5 avril 2023 portant institution, organisation et fonctionnement au sein du Cabinet du Président de la République d'une Commission interinstitutionnelle chargée d'analyser et de renégocier la Convention de collaboration du 22 avril 2008 dite Projet Sicomines.

On y lit :
« Vu la Constitution (...), Vu l'Ordonnance (...), Vu la Décision (...), Considérant la nécessité de mettre en exécution l'instruction du Président de la République appelant à rééquilibrer les différents partenariats publics privés notamment dans le secteur minier, Considérant la nécessité de matérialiser la Déclaration conjointe entre la République de Chine et la République Démocratique du Congo sur l'établissement d'une coopération globale et d'un partenariat stratégique, Vu la nécessité et l'urgence, décide (...) : il est créé, au sein du Cabinet du Président de la République, une Commission interinstitutionnelle chargée d'analyser et de renégocier la Convention de collaboration du 22 avril 2008.

La Commission est régie par les dispositions de la présente Décision». Mission de cette Commission créée par la Décision du DirCab du Chef de l'État : « analyser et évaluer la Convention de collaboration du 22 avril 2008 en vue de sa renégociation. (...)».

«La Commission est chargée de :
- analyser le contexte à l'origine de l'élaboration et de la signature de la Convention de collaboration ;
- passer en revue le contenu et la teneur de la convention de collaboration ;
- exploiter l'audit technique sur les aspects juridiques de la Convention par les Experts des Ministères sectoriels compétents ;
- exploiter l'audit sur les aspects techniques et financiers de la Convention par les Experts des Ministères sectoriels compétents ;
- exploiter l'audit sur les aspects techniques et financiers miniers de la Convention par les Experts des Ministères sectoriels compétents ;
- exploiter l'audit sur les aspects techniques et financiers des infrastructures de la Convention par les Experts des Ministères sectoriels compétents ;
- dégager les attentes de la partie congolaise (RDC) au regard des résultats et les avantages tirés à ce jour ;
- présenter des rapports d'étape en plénière ;
- présenter les conclusions finales en plénière et ;
- proposer et discuter avec la partie Chinoise un projet d'Avenant (n°5) à la Convention de collaboration» (art. 2).
Durée de la mission : six mois.
Composition de la Commission : Un Comité Stratégique, le Secrétariat technique, la Plénière (art. 4).
Le Comité Stratégique est l'organe d'orientation et de supervision des travaux de la Commission interinstitutionnelle (art. 5).

« Elle est composée des membres ci-après :
- Le Directeur de Cabinet du Président de la République ; le Directeur de Cabinet du Président de la République Adjoint chargé des Questions Économiques et Financières ; le Directeur de Cabinet du Président de la République Adjoint chargé des Questions Politiques, Juridiques et Diplomatiques ; le Conseiller Spécial du Chef de l'État chargé des Ressources Extérieures et Suivi des Projets ; le Ministre ayant les Infrastructures et Travaux Publics dans ses attributions ; le Ministre ayant la Justice dans ses attributions ; l'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service ; l'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service-Chef de Service Adjoint ; du Directeur Général de la Gécamines » (art. 5).

«Le secrétariat technique est l'organe d'appui à l'exécution technique des missions de la Commission interinstitutionnelle (art. 6). Il est composé des membres désignés par les parties prenantes ci-après :
- Présidence de la République (Direction et services spécialisés désignés) ;
- Ministère des Affaires Étrangères ;
- Ministère de la Justice ;
- Ministère des Infrastructures et Travaux Publics ;
- Ministère du Budget ;
- Ministère des Finances ;
- Ministère du Commerce Extérieur ;
- Ministère des Mines;
- Ministère des Transports, Voies de Communication et désenclavement ;
- Agence de Pilotage, de coordination et de Suivi des Conventions de collaboration signées entre la RDC et les partenaires privés (APCSC) ;
- Gécamines SA ;
- Agence Nationale de Renseignement (ANR) ;
- Cellule Nationale de Renseignement Financier (CENAREF) ;
- Banque Centrale du Congo (BCC) ;
- Direction Générale des Impôts (DGI);
- Direction Générale des Douanes et Accises (DGDA) ;
- Direction Générale des Recettes Administratives, Domaniales, Judiciaires et Participation (DGRAD) ;
- Office Congolais de Contrôle (OCC) ;
- Cadastre Minier (CAMI) ;
- Initiative pour la Transparence dans le Secteur Extractif (ITIE) ;
- Cellule technique de Coordination et de Planification Minière (CTCPM) ;
- Agence Congolaise de Grands Travaux (ACGT) ;
- Société Nationale d'Électricité (SNÉL) ;
- Régie des Voies Aériennes (RVA) ;
- Fonds National d'Entretien Routier (FONER) ;
- Société Civile. (art. 5).

Puis, plus important peut-être, la section 5 qui parle du traitement des membres de la Commission, et l'article 9 qui stipule ce qui suit : « les membres de la Commission interinstitutionnelle ont droit, à l'occasion de leur mission, à un jeton de présence».

Puis, l'article 12 qui clôt la décision n°23/004 BIS datée du 5 avril 2023 : « Le Directeur de Cabinet du Président de la République Adjoint chargé des Questions Économiques et Financières est chargé de l'exécution de la présente Décision qui sort ses effets à la date de sa signature, Fait à Kinshasa, le 05 avril 2023, Guylain Nyembo Mbwizya».

Voilà qui commence à être plus clair.
◗ 1. À la suite du contentieux chinois, faisant référence à une décision de renégociation de la Convention du 22 avril 2008 prise par le Président de la République, un organe est créé en bonne et due forme par le DirCab du Chef de l'État. Il s'agit de la Décision n°23/004 BIS du 05 avril 2023;
◗ 2. Cette décision n°23/004 BIS du 05 avril 2023 du DirCab du Chef de l'État prévoit, en son art. 9, un jeton de présence pour chacun des membres de cet organe ayant pris part aux travaux.
◗ 3. La décision n°23/004 BIS du 05 avril 2023 prise par le DirCab du Chef de l'État, Guylain Nyembo Mbwizya, est exécutée par le Directeur de Cabinet du Président de la République Adjoint chargé des Questions Économiques et Financières, André Wameso Nkwaloki.

Selon des informations disponibles, l'IGF, pour la compétence et la confiance dont elle fait preuve, est désignée par la Présidence de la République comme la structure devant organiser le paiement des jetons de présence décidés au profit de membres de la Commission ayant pris part aux travaux. Au total, 262 bénéficiaires.

Le contrat ayant prévu que certaines dépenses acceptées par les deux parties (chinoise SicoMines et congolaise, l'État congolais) soient prises en charge par la Société SicoMines à valoir sur la partie bénéficiaire, la joint venture accepte de débloquer les fonds, sur instruction de la Présidence et à la demande de l’IGF en vue de payer les jetons de présence et de comptabiliser dans la part de l'État congolais.

Les listes de ces 262 bénéficiaires sont établies à la Présidence de la République et, après avoir reçu les fonds de la SicoMines, l'IGF paie les jetons de présence aux bénéficiaires.
Quelqu'un y voit un détournement de fonds de l'État imputé à l'Inspecteur Général des Finances-Chef de Service ?

À l'IGF, on jure : jamais ni le DirCab du Chef de l'État, aujourd'hui Vice-premier ministre en charge du Plan et de la Coordination de l'Aide au Développement, Guylain Nyembo Mbwizya, ni l'Inspecteur Général des Finances Jules Alingete Key, n'a empoché les prétendus 30 millions de $US. Mensonge, rien que mensonge !

Et, dans son style connu, l'IGF lâche : «Nous demandons à la maffia financière du Congo et à son chef de file de digérer sa défaite face à l’IGF».
Puis : «Une perte de position n'est jamais une fin de vie. Il faut éviter un AVC inutile».

RAPPEL DES FAITS.
L'histoire commence en juin 2022 quand une équipe de douze inspecteurs des Finances en mission au Katanga tombe sur des importations de la Société SicoMines. L'équipe effectue un contrôle de routine sur la validité de ces importations.

Elle veut savoir si les droits dûs à l’État ont été payés et la raison qui expliquerait qu'ils ne l'aient pas été.
Après analyse du dossier, l'équipe IGF fait une découverte étonnante : la société bénéficie d'exonérations dans le cadre d'un Contrat de collaboration signé, le 22 avril 2008, sous la présidence de Joseph Kabila, avec l'État congolais. Mais si le contrat prévoit des obligations contractuelles, la partie chinoise ne les réalise pas toujours. Il s’agit de la construction des Infrastructures au profit du Congo estimées à 3 milliards de $US.

Après examen approfondi, l’IGF fait une autre découverte. En 15 ans d’application de ce contrat, la SicoMines a réalisé des infrastructures évaluées à environ de 820 millions de $US soit, une moyenne de 26 millions de $US par an.
Ces infrastructures contrôlées avec le concours du Bureau Technique de Contrôle dénotent une incroyable surfacturation.

Exemple : le tronçon de route dit « Boulevard Triomphal», long de 2 kms, situé entre les avenues Kasavubu et 24 novembre, qui passe par le Palais du Peuple. Il a coûté 36 millions de $US.
Oui, vous avez bien lu : 36 millions de $US sur deux kms.

L’IGF entre en colère. Elle décide de plonger dans ce contrat. Le résultat est choquant.
Depuis la mise en œuvre du contrat SicoMines, la partie chinoise a gagné près de 10 milliards de $US quand le Congo n’a reçu que 820 millions de $US en infrastructures par ailleurs surfacturées.

Dans ce contrat, le Congo a apporté ses gisements les plus riches en cuivre et cobalt évalués à près 92 milliards de $US au prix de vente des minerais tandis que la partie chinoise n’avait en mains, au moment de la signature du contrat, qu'un carnet d’adresses qui l'aide à ouvrir des portes des banques chinoises pour l’exploitation de la société commune.
Un rapport est aussitôt fait au Président de la République, de qui, aux termes des textes réglementaires, relève directement l’IGF.

Le 15 février 2023, le Chef de l'État valide le rapport IGF.
Il ordonne la révisitation du contrat SicoMines. L’IGF publie les conclusions finales de ce rapport d'audit. Scandale dans le pays et dans le monde.

Il n'empêche ! Le Gouvernement chinois et l’Ambassade de Chine à Kinshasa nient tout en bloc. L'Ambassade de Chine estime que le contenu de ce rapport est « plein de préjugés, (il) ne correspond pas à la réalité, ne peut pas être considéré comme crédible ». Elle le rejette avec force.

« Nous avons appris avec stupéfaction la publication du rapport sur le Contrat chinois par l’Inspection Générale des Finances, IGF, de la République Démocratique du Congo. Nous avons le regret de constater que le rapport, dont le contenu est plein de préjugés, ne correspond pas à la réalité, ne peut pas être considéré comme crédible et n’a pas de valeur constructive.

Le Contrat chinois constitue un bel exemple du partenariat gagnant-gagnant. Il s’agit d’un fait indéniable. De nombreuses réalisations palpables prouvent que la partie congolaise a bénéficié effectivement de cette coopération. Le Gouvernement chinois encourage les entreprises chinoises à travailler avec leur partenaire congolais pour améliorer la coopération en la faisant bénéficier davantage à la partie congolaise, et résoudre les désaccords à travers le dialogue amical et raisonnable.

Il va défendre fermement les droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises et riposter résolument à toute violation des droits et intérêts légitimes des entreprises chinoises», déclare, le 17 février 2023, à Kinshasa, un porte-parole de l’Ambassade de Chine.

Beijing promet de défendre fermement les droits et les intérêts légitimes de ses entreprises, annonce qu'il va riposter « à toute violation des droits et intérêts légitimes de ses entités».
Mais Beijing se déclare pour un dialogue amical et raisonnable en vue de résoudre les désaccords.
En province, dans le Haut-Katanga, où est installée la SicoMines, un professeur de département des Relations internationales à l'Université de Lubumbashi, Germain Ngoie Tshibambe, ne mâche pas ses mots.
Sur les médias du monde, il déplore « le triomphe de la désillusion» face à «l'omniprésence de la Chine dans la vie économique» congolaise.

«Cette forte présence de la Chine dans la vie économique du Congo se manifeste par l'omnipotence des investissements chinois: 80% du cuivre et cobalt exportés par le Congo va en Chine. (…) Non seulement les Chinois ont investi dans le secteur minier industriel mais ils l'ont aussi fait dans le secteur minier artisanal (...). La Chine est présente dans le secteur minier mais elle devient de plus en plus présente aussi dans le secteur des travaux publics.

Elle est omniprésente aussi dans le secteur des routes, des infrastructures routières. Il y a un projet remporté par la Chine qui prévoit la construction de plus de 1.000 kms de routes par la Chine dans l'Est du Congo. Et un autre secteur est celui de l'électricité ».

Si Germain Ngoie Tshibambe évite de parler d'«impérialisme chinois», il dit la grande déception dans les espoirs placés par les Congolais dans la relation avec la Chine : « On a cru engranger beaucoup de dividendes et on constate finalement qu'il s'agit d'un marché de dupes pour le Congo. La Chine, elle, exploite les ressources minières. Certains minerais sont expédiés bruts vers la Chine, sans contrôle, sans aucune société de surveillance, les minerais partent vers les usines en Chine».

Secrétaire exécutif de la Coalition des Organisations de la Société Civile pour le suivi des réformes et de l'action publique, Corap, Emmanuel Musuyu s'étonne que « des ouvriers viennent de Chine pour exécuter des projets au Congo. Très peu de gens ont accès au marché de l'emploi. Plusieurs rapports ont montré qu'ils sont très mal payés.

Sur la SicoMines et sur le projet (de la centrale hydroélectrique) de Busanga ou autre, un journalier pouvait toucher 6.000 CDF, ce qui ne représentait pas 3 $US. C'est un sous-paiement, c'est une exploitation de l'Homme. Cette fois, il faut privilégier l'accès des Congolais aux ressources, à l'emploi, et garantir que ces emplois soient créés de façon raisonnable, en respectant les droits des populations».

Depuis le Cameroun, Mireille Manga, maîtresse de conférences en Sciences Po, à l'Institut des Relations Internationales, salue le réexamen des clauses du «contrat chinois». Celle qui a coordonné un ouvrage paru en octobre 2022, aux Éditions Palgrave Macmillan, basées à Londres, New York et Shanghai avec des équipes commerciales dans 50 pays, sur «les nouvelles routes de la soie chinoises et les nouvelles formes de nationalismes», a ces mots : « Après 15 années de coopération à travers ce contrat, d'interactions multiples, on s'arrête pour faire le bilan.

Les résultats observés sur le terrain ne correspondent pas aux attentes de départ et donc il est normal, en tant que partenaires et États souverains, qu'une partie ou l'autre décide de questionner les accords et de les renégocier. C'est un processus normal de la vie politique internationale. L'Inspection Générale des Finances a voulu mettre en avant le déséquilibre de cette coopération et le besoin de renégocier le partenariat. Mais il ne s'agit en rien d'une colonisation car il s'agit de deux acteurs conscients et très lucides par rapport à leurs intérêts».

CIRCULEZ, IL N'Y A RIEN À VOIR.
Si, globalement, l'IGF reçoit positivement ces réactions, le Service de l'État persiste et signe. Il ne lâche guère prise. Il parle de marché de dupes, de «colonisation économique». Le contrat chinois n'est pas gagnant-gagnant.
L'IGF appelle au rééquilibrage du partage des gains de SicoMines, réclame aux entreprises chinoises 20 milliards de $US. L’institution veut rétablir l’équité entre les intérêts congolais et chinois.

Sous cette pression comme suite au blocage de ses importations par l’IGF, la partie chinoise rétropédale, accepte la renégociation.
En avril 2023, sur instruction du Président de la République, une commission voit le jour avec mission de renégocier la joint venture, «le Contrat du Siècle».

La Commission interinstitutionnelle est donc créée par la décision n°23/004 BIS du 05 avril 2023 du DirCab du Chef de l'État, Guylain Nyembo Mbwizya, exécutée par le Directeur de Cabinet du Président de la République Adjoint chargé des Questions Économiques et Financières, André Wameso Nkwaloki.

Dans son exécution, la décision du DirCab prévoit un comité restreint de renégociation composé du DirCab Guylain Nyembo Mbwizya, du DirCaba André Wameso Nkwaloki, de la DirCaba Nicole Ntumba Bwatshia, du ministre d'État des Infrastructures et Travaux Publics Alexis Gisaro Muvunyi, du ministre des Finances Serge Nicolas Kazadi Kadima-Nzuji, de la ministre des Mines Antoinette N'Samba Kalambayi, de la ministre de la Justice Rose Mutombo Kiesse, du Directeur Général de la Gécamines SA Placide Nkala Basadilua, de l’Agence de suivi du Pilotage du Contrat Chinois dirigé par le Pasteur Freddy Yodi Shembo, de l’IGF, avec ses deux Inspecteurs Généraux des Finances-Chef de Service, Chef de Service Adjoint et Coordonnateur.

D’avril 2023 à janvier 2024, la commission s'est réunie trente-deux fois en plénière et en comité de renégociation.
Peu avant l’investiture du Président de la République le 20 janvier 2024, la commission est reçue par le Chef de l'État.
Elle lui annonce l’accord trouvé avec la partie chinoise, à savoir, la mise à la disposition du Congo de 7 milliards de $US en 15 ans dont 624 millions $US dès 2024 et 324 millions chaque année pour la construction des infrastructures.

Avec cet accord, le pays passe de 3 milliards de $US prévus en infrastructures à ériger par la coentreprise congolo-chinoise SicoMines et dont 822 millions déjà libérés à 7 milliards de $US. Un gain de 5 milliard de $US réalisé pour le Congo, grâce à l'IGF. Grâce à l'implication des deux Chefs de l’État, le Chinois Xi Jinping et le Congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Celui-avait fait un voyage en Chine en mai 2023.

Son premier voyage officiel. À l'agenda, des discussion avec son homologue chinois sur le partenariat entre le Congo et le géant asiatique. En clair, renégocier les termes de la convention de la SicoMines. Une convention qui a longtemps profité d'abord à la Chine et au détriment du Congo.
Le dossier SicoMines ? Circulez y'a rien à voir. C'est si clair comme l'eau de roche...

Que conclure ? Si elle le pouvait, si elle en avait les moyens, la maffia financière qui sévit au Congo en serait venue à neutraliser Jules Alingete Key. Que de cabales montées ! Que de pièges tendus !
Dès la découverte de cet homme et de son action, Le Soft International l'a prédit. Le Soft International publia le premier article paru au pays et dans le monde sur ce chef juré anti-mafia en opposition frontale avec nombre d'anciens poids lourds du cercle fermé du Président de la République (n°1570 | mardi 20 décembre 2022).

Un article prémonitoire qui voyait en cet Inspecteur Général des Finances-Chef de Service l'image d'un de ces juges italiens de la Mani pulite (mains propres), Giovanni Falcone ou Paolo Borsellino, ceux qui luttèrent contre la mafia, qui furent assassinés tout à tour par la mafia.

Retenons que Jules Alingete Key est un humain. Il a des forces et des faiblesses.
Qui a dit qui a les mains propres n’a pas de mains? Alingete est loin d’être un robot, qui n’a ni cœur, ni sang qui coule dans ses veines. Reste que ce qu’il réalise, et ce qu'il a réalisé depuis cinq ans qu’il est à la tête de l’IGF relève d’un génie. L'Histoire n'oublie rien.
T. MATOTU.


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