Le « en même temps » de Macron débarque sur les bords du fleuve Congo
  • mar, 07/03/2023 - 08:58

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1577|lundi 6 mars 2023.

Les mêmes propos hier, aujourd’hui. Il se contente de réaffirmer les principes mais ne condamne pas, ne cite pas le Rwanda sauf lorsqu'il y est vraiment poussé à l'extrême. Et encore ? Il ne demande pas au Rwanda de retirer ses forces armées du territoire congolais comme l'ont fait les États-Unis d'Amérique. Certes, il finit par évoquer «les sanctions... mais ce n'est pas le moment...».

Samedi 4 mars, Emammnuel Macron est resté dans son narratif connu d'«en même temps» mais a eu bien mal face à son homologue congolais Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo. Lors d'une conférence de presse commune organisée dans un amphithéâtre chargé d'histoire au Palais de la Nation, où Patrice-Émery Lumumba prononça son réquisitoire violent imprévu contre la colonisation belge, en présence du roi Baudouin et du premier ministre Gaston Eyskens, et où fut proclamée l'indépendance le 30 juin 1960 avant de faire basculer le pays dans la violence, à commencer par l'assassinat d'un premier ministre qui venait à peine de prendre ses fonctions, les deux dirigeants ont disserté sans ménagement devant la presse, à Kinshasa, sur la fin de la «Françafrique» et le nouveau «logiciel» de la France avec le continent. Le ressentiment antifrançais de plus en plus marqué dans l'ancien pré carré de l'Hexagone - le Sahel - où les forces françaises ont tenté en vain de faire refluer le jihadisme depuis 2013 et ont fini par être accusées de tous les maux, a facilité un vrai ping-pong.
«Si la France veut être aujourd'hui en compétition avec tous les autres partenaires de l'Afrique, elle doit se mettre au diapason de la politique africaine et de la manière dont les peuples africains regardent désormais les partenaires de coopération», a lancé le président congolais. «Regardez-nous autrement, sans regard paternaliste», a asséné le président congolais.
Attendu sur des propos de son ancien ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui avait qualifié l'élection congolaise de «compromis à l'africaine» en janvier 2019, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a mis le gaz. «Quand il y a des irrégularités (dans des élections en Occident, en France sous Chirac), on ne parle pas de compromis à l'américaine, à la française (...) Regardez-nous autrement en nous respectant, en nous considérant comme de vrais partenaires et non pas toujours avec un regard paternaliste, avec l'idée toujours de savoir ce qu'il faut pour nous ; ça aussi, ça doit changer...», a martelé le chef de l'Etat congolais sous les applaudissements de la salle.
«Le processus électoral est entamé. S'il y a risque de dérapage, ce ne sera pas du fait des Autorités ou de la CÉNI. Du fait que nous sommes un pays agressé par le Rwanda, avec le déplacement massif des électeurs, faut-il stopper le processus d'enrôlement en attendant que la paix revienne ou continuer le processus en ne prenant pas en compte les populations déplacées. S'il a retard dans l'enrôlement, on aura un retard dans le vote de la loi sur la répartition des sièges si on veut aller à un processus électoral crédible».

SES PHRASES-CLÉS.
Le service de presse et de veille de la Présidence de la République française a publié samedi 4 mars 2023 peu après la fin de la conférence de presse conjointe du Palais de la Nation «les propos liminaires» du président français Emmanuel Macron tenus à cette occasion. Extraits.
«Monsieur le Président, cher Félix,
Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les ministres, Mesdames et Messieurs les parlementaires, Ambassadeurs, chers amis».
C'est ainsi qu'Emmanuel Macron a débuté son propos. «D'abord, je veux dire combien je suis heureux d'être aujourd'hui pour ma première visite en République Démocratique du Congo, dans cette salle historique pour l'Histoire de votre nation et après avoir accueilli comme invité d'honneur le Président, au Forum sur la paix en 2019, puis retrouvé lors du Sommet sur le financement des économies en 2021. Il était grand temps que je vienne à mon tour».
«Alors cette visite est la dernière étape, le point d'orgue, en quelque sorte, d'une tournée de quatre jours qui m'a conduit de Libreville à Luanda, puis Brazzaville, jusqu'à vous, Kinshasa. Et c'est ici, en effet, que se jouent nombre de combats du siècle, y compris ceux que nous avons portés ces derniers jours. Celui pour la forêt et ce trésor du bassin du fleuve Congo. Alors, cette visite, vous l'évoquez à l'instant, arrive à un moment particulier pour la République démocratique du Congo et j'en mesure toute la gravité. Elle intervient à un moment, vous l'avez dit, Président, où une région, un peuple, un pays vit le nouvel acte d'une tragédie qui, depuis près de 30 ans, ne s'est jamais vraiment éteinte. Des centaines de milliers de Congolais vivent, revivent le cauchemar de la guerre, de la fuite, du dénuement absolu. Une ville, Goma, est à nouveau sous la menace d'une rébellion qui emprunte de nouveaux acronymes. Aujourd'hui, le M23, dont le visage et les soutiens extérieurs et l'agenda sont connus».
«Je veux également pleinement mesurer le poids de l'Histoire: les drames qui se sont joués dans votre pays, les crises et guerres précédentes qui nécessitent et nécessiteront que la justice pour le temps présent et la justice pour les crimes passés puissent passer.
Face à une Histoire dont le nombre de victimes équivaut à celui des guerres mondiales que nous avons vécu, la France ne prétend pas - et je ne prétends pas - avoir seule une solution. La solution est dans un réveil collectif, dans la prise de conscience qui se joue ici, qui est l'affaire de tous et de toute la région. Et aux crimes et aux tragédies qui se déroulent sous nos yeux, nous ne devons pas ajouter l'oubli et l'abandon».
«Alors, je souhaite aujourd'hui que la France reste fidèle à son rôle d'allié indéfectible de la RDC pour défendre son intégrité et sa souveraineté. La République démocratique du Congo ne doit pas être un butin de guerre. Le pillage à ciel ouvert de la République démocratique du Congo doit cesser. Ni pillage, ni balkanisation, ni guerre. C'est le sens même de ma présence aujourd'hui, dire à tous qu'il ne peut d'ailleurs y avoir deux poids deux mesures entre la tragédie qui se joue en Ukraine sur le territoire européen et celle qui se joue sur le sol africain. Et la solidarité ne saurait être à géométrie variable».
«À cet égard, je veux vous saluer, Monsieur le Président, pour la clarté de vos expressions et de vos votes à l'Assemblée Générale des Nations Unies, quand il s'est agi de condamner l'agression russe et de défendre le droit international. Vous méritez la même clarté».
«Le rôle de la France, c'est aussi de tout faire pour qu'il y ait un chemin vers la paix. Pour cela, chacun doit être à la hauteur de ses responsabilités. J'ai parlé il y a quelques instants au secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, qui est engagé pour faire jouer aux Nations unies leur rôle indispensable. Je l'en remercie. Ensemble, nous devons travailler, Union européenne, Union africaine, Organisation sous-régionale, pays de la région et Nations unies. Nous devons travailler à ce que chacun apporte sa contribution pour enfin imposer la désescalade et la paix. À cet égard, je veux ici dire tout notre soutien au processus de Luanda et de Nairobi. Et suite à la dernière réunion qui s'est tenue en marge du sommet de l'Union africaine, à Addis-Abeba, notre soutien à la médiation que vous avez confié. J'étais hier avec le président Lourenço, nous avons eu un très long échange sur le sujet. Le plan qui est aujourd'hui sur la table, qui a été agréé par tous, qui est en train d'être mis en œuvre, j'en suis convaincu, est le bon, à condition évidemment qu'à chaque étape, il soit respecté et que le chronogramme qui a été décidé à partir du 28 février soit dûment respecté. Cessez-le-feu sur le terrain, mécanisme de vérification sous supervision angolaise, cantonnement du M23 sur votre sol, processus de désengagement, désarmement et réinsertion, déploiement de forces régionales. Je veux ici remercier les Kényans, et j'espère que les autres rejoindront. Je veux ici dire que nous serons évidemment mobilisés pour aider au financement et à la désescalade dans un premier temps pour parvenir à un retour à une paix durable ensuite. Tout cela est ce qui nous a longtemps manqué. Mais tout cela dépend évidemment des pressions politiques, diplomatiques et économiques pour que cela soit respecté.
À cet égard, la discussion que j'ai eue avec le Président Lourenço, la discussion que j'ai eu ce matin avec le Président, cher Félix, et l'échange que j'ai pu avoir avec le Président Kagame m’a démontré une chose. Tous m'ont apporté un soutien clair au cessez-le-feu pour mardi prochain, qui est prévu dans le chronogramme, sur lequel se sont engagés aussi les représentants du M23 qui sont allés voir le Président Lourenço. Nous verrons maintenant si chacun respecte la parole donnée. Mais si je dois retenir un seul motif d'optimisme, c'est que tous mes interlocuteurs adhèrent à ce plan porté par l'Angola, le Kenya, le Burundi, et je salue, cher Félix, le courage qui est le vôtre de donner une chance à ce plan et à la paix. Avec une exigence légitime : que tout ce qui s'y engage respecte la parole donnée, les rendez-vous, les dates et l'effectivité des choix pris et des promesses tenues. Il nous revient d'être collectivement à vos côtés pour faire la démonstration que ce choix est le bon. Ceux qui s'en éloigneront auront une responsabilité écrasante et s'exposeront à la sanction de l'Histoire. Et dans une région où la France a su regarder en face son propre passé, nous savons combien ce poids de la sanction de l'Histoire peut être accablant. Je le disais en ouverture de mon propos, cette visite en un moment de gravité est aussi une visite d'amitié, d'espoir. Le Président l'a évoqué à l'instant. C'est un espoir légitime parce que vous êtes un grand pays et nos deux pays ont en quelque sorte en commun aussi de voir grand. Et pour transposer un mot célèbre du Général De Gaulle: « Le Congo ne peut être le Congo sans la grandeur. Aucun pays d'Afrique n'est plus doté que le vôtre de richesses de toutes sortes et une capacité à saisir un destin d'exception. C'est pourquoi, nous souhaitons bâtir un partenariat nouveau sur plusieurs axes».
«Je veux ici dire combien, à mes yeux, la langue française n'est pas simplement un trait d'union, mais un trésor en partage dont vous êtes devenu le centre de gravité. Plusieurs présidents de la République sont venus avant moi ici pour parler de francophonie. Et lorsque François Mitterrand s'est rendu à Kinshasa en 1984 parler de francophonie, il la défendait ici alors la France était deux fois plus peuplée que votre pays. Je viens ici devant vous en vous parlant de francophonie et en assumant totalement que vous êtes le premier pays francophone par votre démographie. C'est une force et une fierté dont il faut tirer toutes les conséquences. C’est une communauté de langue, de valeurs, de solidarité, de progrès, d'exigence. C'est aussi une communauté de création, de dynamisme. Je suis convaincu que la vocation qui est celle de la République démocratique du Congo est de prendre toute cette place, la première dans la francophonie de demain. Je souhaite qu'ensemble, on puisse bâtir les prochains rendez-vous et en particulier des annonces fortes lors du Sommet de la Francophonie que nous organiseront en France en 2024».
«J'ai dit dans mon propos introductif et je vous le redis avec beaucoup de clarté, que la France était un allié de la RDC et continuera de l'être. Et j'ai dit avec beaucoup de clarté comment nous voyons la situation aujourd'hui, condamnant toutes formes de pillage, de balkanisation, de menace de la souveraineté de votre pays. Je suis prêt à ouvrir tous les dossiers de l'Histoire, je l'ai fait avec le Rwanda. Si c'est le souhait du Président Tshisekedi, je suis totalement favorable à ce qu'il y ait une commission d'historiens qui puisse assigner les responsabilités aux uns et aux autres. Vous avez rappelé une page sombre de l'Histoire de la région. La France a assumé d'ouvrir tous ces livres et de la faire écrire par des historiens de manière totalement indépendante. Je pense que vous avez fait un raccourci qui, lui, n'a rien d'historique, ni de juste entre le rôle qu'a pu jouer la France et la situation dramatique que j'évoquais, et la guerre, la deuxième guerre avec les millions de morts dans votre pays dont je rappelle la gravité. Donc je récuse le raccourci que vous avez fait et la responsabilité qu'on pourrait assigner à la France parce que je suis pour la vérité, mais toute la vérité, et je ne suis pas pour prendre tous les fardeaux. J'essaie de prendre les miens et c'est déjà bien. Donc oui, pour une commission d'historiens, pour faire ce travail s’il vous semble utile, s’il semble utile au Président et donner les faits. Ensuite, soyons clairs, quelle est la situation depuis 1994 ? Plusieurs pays de la sous-région, il n'y en a pas qu'un, plusieurs, sont rentrés dans votre pays et plusieurs groupes rebelles y ont prospéré, captant d'ailleurs beaucoup de richesses minières et économiques qui devraient revenir à votre peuple. Et depuis 1994, ce n'est pas la faute de la France, pardon de le dire dans des termes aussi crus, vous n'avez pas été capables de restaurer la souveraineté, ni militaire, ni sécuritaire, ni administrative de votre pays, c'est aussi une réalité. Il ne faut pas chercher des coupables à l'extérieur de cette affaire. Et donc, on en est dans cette situation qui a conduit à des drames absolus, à cette deuxième guerre, à des millions de morts qu'on ne doit pas oublier, à la nécessité aussi, ce qui est une responsabilité qui doit se faire ici. Ce n’est pas à la France ou d’autres de le faire, de mettre en place une vraie justice, une justice transitionnelle qui est la clé pour que celles et ceux qui parfois ont tué soient jugés. Comment voulez-vous qu'il y ait une paix durable et de la confiance dans un pays quand la justice n'est pas passée? N'accusez pas la France pour quelque chose qui dépend de vous. Mais très clairement, cette situation, depuis 30 ans, a pris un tour inacceptable. Et, si on est clair, soyons clairs jusqu'au bout, et assignons toutes les responsabilités, y compris les responsabilités congolaises, y compris les responsabilités de la sous-région. Bâtissez une armée solide, construisez la sécurité et le retour de l'État partout sur le territoire, faites passer la justice transitionnelle pour que vous n'ayez pas des coupables et des criminels de guerre encore en responsabilité ou sur le terrain, soyez intraitables avec tous les voisins de la région quand ils viennent vous piller et nous serons à vos côtés. Je ne peux pas être plus clair sur ce sujet». «La clé dans la durée, on l’a évoquée avec le Président Tshisekedi, c'est très clairement d'avoir la capacité de tenir tout le territoire et un discours de vérité avec toute la sous-région, parce qu'on ne peut pas rester sur un modèle économique qui consiste à ce que des ressources soient prises ici pour permettre la stabilité économique de voisinage. À ça s'ajoute un devoir aussi, qui est de répondre à la menace terroriste, je l'évoquais tout à l'heure rapidement. Les ADF sont des groupes, eux, qui n'ont pas de proxys régionaux. Ce sont des groupes terroristes sur votre sol qui menacent la stabilité et qui peuvent s'étendre. On l'a vu dans d'autres régions africaines, avec des conséquences terribles. Et ces mouvements terroristes islamistes, il faut aussi les combattre. C'est une question de sécurité nationale».

«JE FAIS CONFIANCE».
«Ensuite, pour ce qui est du M23 et des sanctions, j'ai toujours été très clair et la France a constamment condamné le M23 et tous ceux qui le soutiennent. Et je suis ici pour que chacun prenne ses responsabilités, y compris le Rwanda. Aujourd'hui, la Région assume ses responsabilités en mettant un plan de désescalade sur la table. Il en est à ses premiers pas. D’abord, il y manque une convergence entre des mécanismes qui étaient séparés jusqu'alors. Ensuite, il commence à fonctionner. En tout cas, je le regarde avec beaucoup d'estime, d'amitié et si je puis dire de soutien. Nous sommes d'accord, y compris avec le Président Tshisekedi pour appliquer ce plan et donner une chance à la paix. Donc, nous avons une opportunité de résoudre, je l'espère, la question du M23. Nous avons aussi l'opportunité de traiter ce faisant si ce plan avec son chronogramme sont appliqués. Donc, je vais être très clair, ce n'est pas aujourd'hui qu'on doit tout bousculer. Aujourd'hui, il faut donner une chance à ce plan, à la médiation angolaise, à l'engagement des uns et des autres résultats. On verra sur le terrain ceux qui feront obstacle à ce plan puisque dans le cadre de la médiation il y a un mécanisme de vérification sous pilotage angolais qui pourra dire qui respecte, qui ne le respecte pas - avec des observateurs indépendants. Ceux qui feront obstacle à ce plan savent à quoi ils s'exposent, y compris à des sanctions».
«Je veux d'abord dire très clairement que j'ai expliqué la position de la France. Nous avons pris des engagements humanitaires et politiques très clairs, y compris d'ailleurs sécuritaires. Mais ce n'est pas la France qui apportera la solution, et je le dis ici avec beaucoup de clarté et d'humilité. Je pense que c'est à la fois l'honnêteté et c'est la condition pour pouvoir être heureux. Puisque si on attend trop de quelqu'un, ou si on arrive dans le sentiment qu'on pourrait résoudre tous les problèmes, on finit tous malheureux. Ensuite, je l'ai dit au Président, moi, je soutiens le processus. Je fais confiance aussi à l'engagement du Président Lourenço et j'espère, en quelque sorte, ne pas avoir à aller jusqu'aux sanctions parce que ça voudra dire que le chemin aura été respecté. Je pense que tous ici, dans cette salle, c'est ce que vous préférez parce que c'est ça qui permet d'éviter la guerre et de recouvrer une situation de stabilité. Enfin, sur les questions humanitaires, je voudrais distinguer deux choses. Il y a le pont humanitaire qu'on a décidé, qu'on va financer de court terme. Il faut le faire parce que c'est livrer du matériel médical et de quoi se nourrir dans une situation d'urgence. Ensuite, il y a la question de réfugiés et de déplacés, et je souscris à ce qui a été dit par le Président, et nous accompagnerons ce mouvement sur le retour de ces populations vers des lieux qui auront été libérés par les M23. Le Président m’a aussi parlé d'autres camps de réfugiés, cette fois, côté rwandais».
«Sur ce qui est des élections à venir (...), là aussi, je pense que si on veut que les choses marchent, il faut partir avec de la confiance et se donner les moyens. Et donc, il y a un processus loyal qui est une commission nationale indépendante qui suit le processus, avec des personnalités incontestables d'un point de vue politique et neutres, avec des systèmes d'enregistrement et d'organisation de vote aux meilleurs standards. Avec des observateurs régionaux, internationaux déployés partout, avec peut-être d'ailleurs une association des communautés religieuses pour que, de manière très locale, il puisse y avoir des observations dans chaque bureau de vote et qu'il y ait un processus de confiance qui soit mise en place. Donc moi, j'ai confiance en cela, je sais combien le Président Tshisekedi, qui est le fruit d'une alternance politique, est attaché à la clarté démocratique. Il n'y a aucune raison pour que les choses ne se passent pas dans les meilleures conditions. Et le rôle de la communauté internationale, c'est d’y aider en fournissant les moyens, la bonne organisation et le reste».
« Malgré les vivats, si le Président Tshisekedi m’y autorise, je voudrais apporter un commentaire. D'abord, je veux que vous sachiez que quand il y a des problèmes électoraux aux États-Unis d'Amérique ou en France, la presse française en parle. Elle les dénonce, elle l'explique, elle s'en saisit et elle en parle de manière aussi intraitable qu'elle le fait quand elle parle de vous. Donc, il n'y a pas de double standard. Ce qui serait inquiétant, c'est si la presse française n'en parlait pas pour vous. Mais elle en parle aussi pour nous. Elle parle de malversations quand il y en a. Elle essaie de dire la vérité, c'est le travail d'une presse indépendante. Et donc, il ne faut pas être choqué que la presse quand elle entend des oppositions qui disent qu'il y a des problèmes. Ce serait un double standard si elle disait : on est en Afrique, donc on ne pose même pas la question. Ce n'est pas un sujet. Elle pose la question, mais elle le fait aussi chez nous. Et il se trouve que chez nous, quand il y a des malversations politiques, je ne voudrais pas que des malentendus s'installent, y compris quand on fait référence au Président Chirac, il y a des procès qui sont faits et les gens sont condamnés parce qu'il y a une justice indépendante. Donc, il y a une presse indépendante et une justice indépendante. Ça crée une démocratie qui est parfois vibrante. Alors, je ne dis pas qu’on se fait attaquer, mais c'est très bien. Ça permet les alternances démocratiques et ça permet de bâtir une parfaite maïeutique, une vérité. Ça, c'est la première chose. Ne croyez pas qu'il y a un double standard, ce n'est pas vrai. Ne croyez pas que ce soit de l'irrespect. Ce n'est pas vrai parce que les journalistes français, européens ou américains posent les mêmes questions à leurs dirigeants chez eux».
«J’ai été très clair sur la condamnation du M23 et de tous ceux qui le soutiennent, y compris le Rwanda. Donc je ne peux pas être plus clair que ça.
Après, ce n'est pas une question de dénonciation. Je l'ai fait, nous l'avons fait depuis des mois. Parler d'agression, on l'a fait par des groupes qui sont d'ailleurs des groupes incluant aussi des Congolais, vous le savez comme moi. Donc ce n'est pas une agression d'une puissance extérieure. Ils sont soutenus par plusieurs puissances extérieures dans une logique de prédation. Mais ces groupes ont aussi des ressortissants qui sont de votre pays, c'est une réalité. Bon. Donc je l'ai condamné et on peut parler tout à fait d'agression, je n'ai aucun problème de tous ces groupes, y compris des ADF et autres. Et la France est un soutien et un allié de la RDC contre à la fois ces pillages, cette volonté de balkanisation. La question qu'il y a derrière ce que vous me demandez, c'est de savoir si on veut passer un cran supplémentaire et aller tout de suite aux sanctions.
J'ai répondu de manière très claire tout à l'heure. Nous dénonçons, nous condamnons, nous accompagnons le processus de médiation régionale, mais au moment où, pour la première fois depuis des mois, alors que jusqu'alors, ces processus avaient été mis en échec par des refus de délivrer des visas pour permettre, par exemple au M23 de bouger, ça a été fait, ils ont pu aller à Luanda. Il y a un processus qui avance. On a un rendez-vous mardi. Je serai intempestif à vous dire : il faut tout de suite sanctionner. Je vous l'ai dit, moi, je fais confiance à ce processus parce que je pense qu'on peut se faire plaisir, on peut faire de l'escalade de tribunes ici, devant vous. Mais demain, c'est quoi l'alternative au plan de paix régional ? C'est la guerre. Est-ce que je souhaite la guerre ? Non».
«Donc, je souhaite défendre ce plan de paix régional qui me paraît sérieux, crédible et qui engage toutes les forces de la région. Parce que je n'ai pas trouvé de solution plus intelligente et plus crédible. Et donc, dans ce cadre, je préfère faire confiance avec exigence, dire ce que nous attendons du Rwanda et des autres voisins, c'est de s'engager et de respecter les rendez-vous qu'ils se donnent sous la supervision des médiateurs. Et s'ils ne respectent pas, alors oui, il doit y avoir des sanctions. Je vous le dis très clairement, mais au bon moment et en fonction du processus qui a été décidé par votre président et ses homologues à Addis-Abeba et qui est sous cette médiation congolaise».


Related Posts