Le 23 déc. 2018
  • lun, 06/11/2017 - 06:40

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
C’est le 23 décembre 2018. Un dimanche. Elections présidentielle, législatives nationales et provinciales. On le sait désormais. Il a fallu longtemps attendre... Finalement, cela a été annoncé «en fin de semaine». Puis, l’annonce a été plus précise encore: samedi 4 novembre. Certes, si la plénière de la CENI a bien débuté samedi 4 novembre, la Commission électorale nationale indépendante n’a pu clôturer ses travaux et, du coup, l’annonce a été repoussée à «dimanche après-midi». Le temps de «harmoniser les points de vue des uns et des autres», a-t-on précisé.

«La délibération n’est pas une messe où le pasteur vient prêcher et tout le monde dit Amen. Chacun vient avec les idées, les résultats de ses consultations et tout ce qu’il y a comme interférences. L’équipe technique présente ces faits, on débat sur place. C’est vous dire que de tous temps, on avait les grandes options du plan opérationnel mais pas un calendrier dans l’agenda ou dans la poche comme on en voit sur le net», explique le rapporteur de la CENI, Jean-Pierre Kalamba Mulumba.
Au départ, la CENI avait réclamé 504 jours - faisant honneur sans le savoir à un véhicule français mythique des années 68 dessiné par PininFarina - après la fin de l’enrôlement des électeurs. Mais, la pression s’est faite forte à la suite notamment du passage à Kinshasa de Mme Nikki Haley, l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations unies qui a eu un entretien de deux heures en tête-à-tête et à huis clos avec le Président de la République, Chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange.
Au sortir d’une rencontre avec la CENI peu avant ce tête-à-tête avec le Chef de l’Etat, Nikki Haley avait été très claire: son pays n’accepterait des élections au-delà de 2018, ni la communauté internationale. «Sous-entendu, Washington pourrait ne plus reconnaître le gouvernement de la RDC et entraîner derrière lui d’autres pays», traduit une source diplomatique citée par Rfi. L’Union Européenne a fini par rejoindre cette position. Jusqu’à fin 2018, c’est le maximum. «Mais il n’y a pas que la date, cela fait un an qu’on est piégé par ce débat et pendant ce temps-là, il y a bien d’autres questions qui pourrissent», dit-on du côté de Bruxelles.
Ministre belge des Affaires étrangères, Didier Reynders venait de séjourner aux Etats-Unis où il a eu des discussions «notamment sur le Congo» avec son homologue américain Rex Tillerson.
A Addis-Abeba, siège de l’Union Africaine, le Tchadien Moussa Faki, le président de la commission de l’Union africaine qu’a rencontré le président de la commission électorale Corneille Nangaa Yobeluo en début de semaine, aurait insisté sur la publication du calendrier et la tenue des élections au plus tôt.
«Il a lui aussi suggéré qu’il serait mieux qu’elles se tiennent avant la fin 2018», assure un diplomate africain.

OPPOSANTS EN COLERE.
Selon la décision nr 065/CENI/BUR/17 du 5 novembre 2017 portant publication du calendrier des élections présidentielle, législatives, provinciales, urbaines, municipales et locales, c’est donc le dimanche 23 décembre 2018 qui sera «jour des scrutins directs combinés présidentiel, législatifs national et provincial».
Le mercredi 6 mars 2019 sera «jour du scrutin des Sénateurs». Le lundi 18 mars 2019, «jour des scrutins des Gouverneurs et Vice-Gouverneurs». «Le jour du scrutin des conseillers communaux et des secteurs/chefferies» étant le dimanche 22 septembre 2019. Le mercredi 4 décembre 2019 est «jour du vote combiné des conseillers urbains, des bourgmestres et des chefs de secteur», le samedi 25 janvier 2020 est «jour de scrutin des Maires et Maires adjoints». La CENI a fini par faire sa part en publiant le calendrier «global» qui lui était demandé. A ses partenaires de mettre la main à la poche. La CENI a en effet fait accompagner son calendrier d’une série de «contraintes» légales mais surtout financières liées à l’organisation des scrutins et logistiques. Si le Parlement est appelé à voter les lois attendues (celles notamment sur la répartition des sièges tenant compte du quotient électoral), la CENI devra publier avec ses partenaires (Gouvernement et partenaires extérieurs) un plan de décaissement actualisé des fonds qui doit être exécuté en temps et en heure.
Pour la CENI en effet, si la communauté internationale tient à des élections en 2018, il faudra qu’elle débourse les moyens financiers, logistiques et humains.
Alors qu’à Kinshasa, la CENI procédait à la publication du calendrier électoral, à Bruxelles, plusieurs membres de l’opposition (Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Moïse Katumbi Chapwe, Sindika Dokolo, des représentants de la société civile et des mouvements citoyens) étaient en réunion en vue d’établir «un plan d’action pour tenter d’arracher l’alternance à la tête de leur pays».
Dans son discours, le président de la CENI a déclaré que ce calendrier «respecte l’accord politique de la Saint-Sylvestre». Il a appelé à éviter toute mauvaise réaction après cette annonce alors qu’un important dispositif sécuritaire était déployé autour du siège de la Commission électorale et dans des points névralgiques de la Capitale.
L’opposition du Rassemblement a aussitôt rejeté cette annonce. Le secrétaire national à la Communication de l’UDPS a dit sur la radio privée TopCongo que son parti «rejette ce calendrier (…) qui n’est qu’une provocation du peuple» exigeant, peu après l’annonce de ce calendrier, «le départ de tout le bureau de la CENI à qui nous n’accordons pas notre confiance». Puis: «Même si Nangaa nous dit que demain il y a élection, on ne peut pas lui faire confiance (…) Il s’agit d’une distraction qui n’a rien à voir avec ce qu’attend la population».
Pour l’UDPS Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, président du Rassemblement de l’opposition, ce calendrier qu’il rejette est une violation de la Constitution et de l’accord politique de la Saint-Sylvestre que lui-même a signé. Il affirme ne plus reconnaître ni le Gouvernement du pays, ni la CENI. Même avis au MLC où sa secrétaire générale Eve Bazaïba rejette également ce calendrier que «le peuple n’acceptera pas», dit-elle. Dans un tweet, depuis Bruxelles, l’ancien gouverneur Moïse Katumbi Chapwe qualifie le «régime» (de) «prédateur (qui) veut prolonger instabilité et misère du peuple. Nous n’accepterons pas ce calendrier fantaisiste».
Quant à Sindika Dokolo, il promet un appel solennel: «Nangaa va déclencher l’appel que le peuple attend. LesCongolaisDebout sont prêts. Je donnerai le mot d’ordre LCD en communiqué solennel».
D. DADEI.


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