Le pari fou du président Nangaa
  • lun, 26/06/2017 - 05:04

A l’Ouest, on crie déjà au complot…

Nangaa réussira-t-il son pari fou? Balloté entre diverses demandes de la classe politique congolaise, il ne savait plus où donner de la tête. Mieux, il commencerait à douter de l’atteinte de ses objectifs. De bonne foi, il avait pris des engagements - conduire une opération d’identification et d’enrôlement en toute transparence et dans les 90 jours chrono, clôturer celle-ci à travers tout le territoire national au 31 juillet.
Or, à un peu plus d’un mois de ce deadline, rien ne permet de dire que ces promesses seront tenues. Pour être plus franc, tout indique que le pari devient impossible... Si bien que dans un pays impitoyable, les critiques fusent, les appels à la démission se font entendre...

L’ARGENT FAIT DEFAUT..
C’est clair, l’argent fait défaut. Au tout début de la semaine dernière, une délégation mixte Gouvernement-CENI se serait rendue dans l’ex-Katanga. Dans le but d’aller grappiller quelques dollars auprès des régies financières ou de faire rapport au Chef de l’Etat qui s’y séjournait? Reste que la descente en catastrophe paraît avoir produit quelques résultats.
En effet, deux jours plus tard, jeudi 22 juin, des camions citernes de mazout déboulaient sur certains sites dans l’ex-Bandundu.
Car c’est le mazout qui manquait le plus et était à la base de l’arrêt du déploiement dans nombre de centres d’enrôlement. Les kits avaient été livrés un peu partout, les fonds pour la paie du personnel disponibilisés, des véhicules pris en location prêts à partir mais le mazout faisait défaut. Et les jours passaient au grand désarroi des requérants et du personnel de la Commission Electorale Nationale Indépendante. A chaque fois que la question était posée, la même ritournelle: «Pas d’argent» (dans les caisses de la CENI). A ce point que dans un pays où le soupçon sinon le complot est roi, certains en étaient à évoquer publiquement un plan mijoté dans des cercles de la Majorité Présidentielle pour imposer le glissement et éloigner (encore) les scrutins ou priver une partie de l’ouest du pays d’un quota attendu dans les nouvelles assemblées et, plus, l’empêcher de peser lors de la Présidentielle. Cet ouest - et, s’agissant du Bandundu, ces trois provinces et plus particulièrement l’actuel Kwilu - qui pèse le plus, au titre de swing state, dans la Présidentielle! Car en effet c’est au Bandundu - plus précisément dans certaines circonscriptions du Kwilu - que le problème se posait le plus.
Cas de Masimanimba qui attendait, selon des chiffres fournis par l’antenne locale, enrôler 1,5 million d’électeurs. A quatre heures de route au volant d’un 4x4 - à 6 heures pour un camion de transport de produits inflammables -, il n’y avait ni mazout, ni aucune moto. Après trois semaines de lancement de l’opération débutée le 28 mai dans l’ex-Bandundu comme dans la Capitale, sur dix secteurs que compte le territoire, un peu plus de trois secteurs seulement avaient effectivement ouvert avec cependant des performances étonnantes, résultat de la qualité des agents formés, notamment les OPS (Opérateurs de saisie)!
Là où à Kinshasa, on enregistrait une moyenne journalière de cinquantaine d’enrôlés, on en était à plus de 100 à Masi.
Reste ce grand retard enregistré.
Certes, certains pouvaient miser sur les 90 jours ouvrables que se doit d’accomplir - selon la loi - un kit électoral. Mais voilà que l’opposition remet ce principe en cause en rappelant que la CENI avait fixé elle-même la fin des opérations au 31 juillet 2017 sur tout le territoire national.
Du coup, elle annonçait des actions de rue si à cette date, les opérations n’avaient pas pris fin. Ce qui signifierait à ses yeux que la CENI, mieux, le Gouvernement, mieux encore la Majorité Présidentielle, serait dans un schéma d’un nouveau glissement, éloignant les élections de l’échéance du 31 décembre 2017 même si l’accord de la Saint Sylvestre l’envisage.

COMPLOT CONSOMME?
Certes, ce n’est pas l’opposition - encore moins une partie d’elle - qui sonnera la fin des opérations d’enrôlement. Reste que la perspective d’un nouveau conflit n’est pas rassurante. Plus grave: le pays semble en voie de ne pas atteindre l’objectif premier poursuivi par ce «glissement»: celui de ne pas laisser sur le trottoir des nouveaux électeurs (environ 10 millions), ces jeunes ayant atteint l’âge de voter. Avec la fin de l’année scolaire, nombre d’élèves ont d’ores et déjà quitté les villages ou campus ou sont sur les routes des vacances. Dès lors, il devient impossible de les capter là où ils auraient dû voter...
Le complot est-il consommé? Nombre d’observateurs pensent en tout cas que l’ouest - le Bandundu - aura du mal à atteindre les 60% d’enrôlés et, même, les 50%.
Pour Kinshasa, alors que la CENI a annoncé 5 millions d’enrôlés, à moins de multiplier le nombre de kits, des projections montrent que la Capitale ne dépasserait pas le million et demi. D’où des contestations d’ores et déjà annoncées!
ALUNGA MBUWA.


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