Le PPRD propose une nouvelle reconfiguration politique du pays
  • sam, 07/04/2012 - 20:45

LE SOFT INTERNATIONAL N° 1159 DATÉ 2 MARS 2012
Secrétaire général du PPRD et président sortant de l’Assemblée nationale, l’Hon. Évariste Boshab Mabudj, élu du territoire de Mweka, Kasaï Occidental, a profité des 10 ans du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie pour répondre à son ancien collègue du Sénat, Léon Kengo wa Dondo sur son projet de «nouvelle majorité»

Qualifiant de «nouvelle pilule magique dénommée crise politique qui aurait pour finalité de mettre côte à côte majorité présidentielle et majorité issue de la majorité de l’opposition pour constituer une nouvelle majorité qui dirigerait le pays de manière apaisée», il a rejeté cette idée en cinq mots, pas plus. «Elle n’est pas du goût du PPRD». Cette «nouvelle majorité» n’est autre, a expliqué l’ancien président de l’Assemblée nationale, qu’une façon de «se payer les mots pour ne pas prononcer l’expression autrefois consacrée, «le partage équitable et équilibré du gâteau»».
Enfonçant le clou, il poursuit: «Lorsque l’on perd l’élection, au lieu d’assumer, on considère qu’il y a crise, on tombe dans ce que Kolakowski appelle «l’éloge de l’inconséquence». De repartir: «À travers l’histoire, les nationalistes ont toujours été confrontés aux forces centrifuges manipulées par certaines puissances en mal d’hégémonie politique et économique, relayées par quelques acteurs tapis dans des partis politiques ou des associations partisanes de la société civile. Tout en maintenant des relations de partenariat et de coopération avec des dynamiques politiques de l’étranger, nous demeurerons toujours des nationalistes, attachés à l’héritage que nous ont légué nos ancêtres, défendant notre terre et nos valeurs avec détermination et sans compromission».
L’essentiel du discours du S-g du PPRD a été consacré à des projets de réforme que le PPRD soumet au débat et dont il va falloir surveiller l’évolution, ces projets nécessitant des «retouches nécessaires» de la Constitution, «pour que la Constitution de notre pays rencontre les exigences du développement et de la modernité, au lieu de demeurer, anachroniquement, le reflet de survie des composantes et entités ayant siégé à Sun City».
Ci-après ces réformes proposées:

VERS LE SCRUTIN MAJORITAIRE.
«Nous savons tous qu’un parti politique a pour ambition de conquérir le pouvoir, de l’exercer et de le conserver. La question que nous nous posons est celle de savoir comment conserver le pouvoir, à l’avenir, dans un espace politique caractérisé et tenté par les démons des arrangements et des négociations? Comment nous affirmer comme un parti des masses, fort et dynamique, alors que le mode de scrutin en vigueur entretient les ferments de l’émiettement des résultats et favorise des candidats des partis à faibles scores? Tenez aux dernières élections législatives: 5.404 candidats ont eu moins de cent voix, 349 listes ont eu moins de 100 voix, 63 candidats ont obtenu moins de 10 voix, le record négatif ayant été battu par un candidat qui a obtenu 3 voix. Comment ne pas, dès lors, nous interroger sur la pertinence du scrutin proportionnel en ce qu’il produit l’émiettement des voix? L’initiateur de notre parti avait recommandé aux opérateurs politiques de modifier le mode de scrutin pour permettre la consolidation des partis politiques, l’enracinement de la légitimité des élus et l’allègement des procédures de dépouillement des résultats.Malheureusement, au sein de la majorité parlementaire, il y eut incompréhension afin d’introduire cette innovation. La suite, nous la connaissons: bien de nos camarades ont été emportés par le mode de scrutin proportionnel qu’ils avaient pourtant plébiscité!».

VERS UN GRAND PARTI NATIONAL.
«Comment admettre que sur les 355 partis politiques qui ont pris part à la compétition électorale, 255 soit 72% des partis politiques n’ont obtenu aucun siège, et continuent à bénéficier de la personnalité juridique? Le législateur ne devrait-il pas prévoir des sanctions, dans ce cas, pour assainir le marché politique? Pourquoi donc ne parvenons-nous pas encore à constituer un grand parti à la mesure des ambitions de nos masses? Les conditions de base sont pourtant bel et bien réunies. Nous avons expérimenté sous le leadership de l’initiateur de notre parti et mis en œuvre un ambitieux programme de gouvernement: les Cinq chantiers de la République. La vision mobilisatrice de l’initiateur pour nous orienter à long terme est connue: la Révolution de la modernité. Aujourd’hui, sur l’échiquier politique congolais, tous les nationalistes de gauche se reconnaissent à travers ce moule politique et idéologique. Il n’y a point de socialiste qui ne reconnaisse les mérites de l’initiative privée. Mieux encore, même ceux qui se disent simplement libéraux adhèrent, pratiquement, tous à l’économie sociale du marché. Si donc nous aimons notre pays, si nous nous reconnaissons à travers le leadership politique et idéologique du camarade Joseph Kabila, si nous ne faisons pas de la politique uniquement pour satisfaire nos propres ambitions, pourquoi donc ne nous mettons-nous pas ensemble? Les temps sont désormais murs pour la constitution des grandes organisations politiques, au sein desquelles s’exprimeraient toutes les nuances autant que toutes les tendances de notre Majorité. Il va sans dire que pour y parvenir, nous devons faire montre de beaucoup d’esprit d’ouverture: ouverture vis-à-vis des camarades du parti, ouverture vis-à-vis des partenaires de la Majorité Présidentielle, ouverture évidemment aussi vis-à-vis de tous ceux de nos compatriotes qui ont la passion du Congo». «Le cheminement vers un Congo émergent a ses exigences. L’édification d’une nation dont nos héritiers seront fiers nécessite de l’abnégation de la part des acteurs politiques. Cela n’est possible que lorsqu’on a des personnalités politiques au caractère bien trempé idéologiquement. C’est pourquoi, dès aujourd’hui, le PPRD s’engage à mener, avec tous les partis de la majorité présidentielle et toutes les autres instances préoccupées par la construction des grands ensembles, la réflexion stratégique dans l’intérêt de la stabilité institutionnelle et la bonne gouvernance. C’est l’unique manière de procéder à la régénération de notre espace politique et de ne pas bloquer l’avenir de notre pays».

VERS DES CIRCONSCRIPTIONS À SIÈGE UNIQUE.
«Pour accompagner ce processus de régénération de notre espace politique, nous avons besoin d’un cadre de réflexion stratégique, un cadre de déploiement d’une intelligence prospective, un cadre qui intègre le passé et le présent pour donner une grande consistance à l’avenir.
En 2011, il avait été proposé d’ériger chaque commune de Kinshasa en une circonscription électorale. Les élus préférèrent reconduire le découpage de la ville en quatre districts tout en sachant que ces entités administratives n’avaient plus d’existence légale à Kinshasa. Ne serait-il pas plus pratique et plus opérationnel de simplifier le processus électoral en constituant partout des circonscriptions à siège unique? Ainsi, la ville de Lubumbashi serait découpée en treize circonscriptions pour les treize sièges, le territoire de Gungu serait découpé en cinq circonscriptions correspondant aux cinq sièges tandis que les territoires de Mweka et Kabinda compteraient chacun trois circonscriptions.Avec un tel découpage, le coût de la campagne électorale et le nombre de témoins seraient sensiblement réduits, le temps du dépouillement ne dépasserait plus quarante-huit heures et la compilation des résultats pourrait être achevée dans un délai raisonnable. Tout le monde y gagnerait, sauf peut-être ceux qui ne peuvent se faire élire, sans organiser la violence, en se faisant passer pour des victimes».

VERS LE VOTE ÉLECTRONIQUE.
«Ne faudrait-il pas envisager, d’ores et déjà, l’introduction du vote électronique pour pallier toutes les faiblesses organisationnelles qui ont émaillé les dernières élections? Le vote électronique aurait l’avantage de gagner en célérité et éviterait les manipulations malencontreuses tant décriées. Mais, évidemment, ce n’est qu’une réflexion à haute et intelligible voix».
Le secrétaire général du PPRD a aussi parlé de «la mise en place des entités décentralisées telles que prévues par la Constitution». «Au lieu d’organiser les élections provinciales à l’échelon des onze provinces actuelles, nous devrions normalement nous inscrire dans la configuration géographique qui a produit et qui produira les sénateurs, de manière à obtenir directement les élus de chaque nouvelle province et les sénateurs qu’ils auraient élus».
Si on peut comprendre «les réticences parfois exprimées par le gouvernement sur la viabilité de certaines provinces à l’heure actuelle», Boshab s’en remet à Dieu «pour que telle ou telle province ne connaisse pas une cessation de paiement ni ne tombe en faillite, au lendemain de sa mise en place. La solidarité nationale devra être à la fois effective et agissante». Il a aussi évoqué «le problème de la double nationalité et donc la nationalité à reconnaître aux Congolais de la diaspora et les incohérences que contiennent certaines dispositions de la Constitution actuelle».
Parlant des dix ans du PPRD, «le chemin parcouru a été ardu, parfois même éprouvant, mais les fruits récoltés jusqu’à ce jour ne peuvent que nous encourager à persévérer et à aller de l’avant. (...). Nous nous étions conformés aux exigences de la cohabitation, sous le régime du 1+4 et nous n’avions guère hésité d’œuvrer pour la cohésion nationale, en acceptant de nous engager dans une coalition gouvernementale. (...) Nous avions remporté, avec le concours de l’alliance de la majorité présidentielle et alliés, la victoire de l’élection présidentielle et nous nous étions placés en pool position au niveau de l’Assemblée Nationale.
Une fois franchie cette première étape, nous savions que le peuple allait nous juger et que nous devrions lui rendre compte de notre gestion, à terme échu. Sous l’impulsion de l’initiateur de notre parti, nous sommes allés de nouveau aux élections et le peuple a décidé de reconduire le Président de la République. En même temps, au niveau du parti, nous ne sommes pas les plus mal lotis au sein de la majorité présidentielle».

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