- ven, 12/10/2012 - 07:24
Mille questions se posaient encore mercredi soir dans la Capitale au lendemain des terribles phrases - le moins que l’on puisse dire - prononcées la veille à Paris par le président français François Hollande.
Pourquoi cette envolée où il condamne certes le Rwanda - mais sans le citer dans l’aventure du M23, ce qui aurait constitué une avancée dans le débat entamé la semaine avant à New York dans les couloirs de l’Assemblée générale des Nations Unies - et considère «tout à fait inacceptable la situation des droits de l’homme, de la démocratie et de la reconnaissance de l’opposition en République démocratique du Congo»?
LE SOFT INTERNATIONAL N° 1194 DATE DU JEUDI 11 OCTOBRE 2012
Pourquoi choisit-il de porter ces accusations - qui ne sont certes pas nouvelles dans la bouche du président socialiste français - devant le patron des Nations unies, le Coréen Ban Ki-Moon et, au cours d’une conférence de presse commune à l’Elysée, en leur donnant du coup une particulière solennité, à quatre jours d’un voyage à Kinshasa qu’il a annoncé lui-même où il sera forcément accueilli par le Président (d’un pays) qu’il critique?
A-t-on déjà vu un homme ayant annoncé son intention de se rendre chez un autre plutôt que de tenir une posture de prudente réserve avant le déplacement, se lancer à cœur joie dans des critiques les plus acerbes de la maison de celui qui va le recevoir et où il va être accueilli et avec qui il pourrait partager sinon un repas, du moins un verre d’eau? Si l’intention était de torpiller ce déplacement, il n’y a pas meilleure façon...
LA OU SE TROUVENT NOS INTERETS VITAUX.
Quels sentiments pourraient en effet être ceux du candidat hôte?
Même si au nom de certains intérêts, l’honneur peut ne pas être sauf, ces critiques sont-elles humainement acceptables?
Au fond, ces critiques élyséennes ne sont-elles pas injustes même si, à l’effort de positivation, elles peuvent être d’usage interne franco-français?
Nul n’ignore l’absence d’anticipation française dans le printemps arabe quand des ministres se sont retrouvés dans le guêpier tunisien, à bord de jets privés, payés par un régime détestable!
Mais si on peut comprendre les choix élyséens des «contacts congolais» - tel ce professeur de cours d’histoire narrateur à certaines heures, candidat malheureux dans la compétition à la direction du Sommet de Kinshasa - comment ne pas s’interroger sur une politique élyséenne de deux poids deux mesures encore que politique et mathématique ne rimeraient pas?
Comment ne pas poser le fait que des choix élyséens étant ainsi faits en direction du «camarade congolais de l’Internationale socialiste», d’autres Congolais peuvent à leur tour ne pas se sentir concernés par ce Sommet et cette langue de tous les dangers? De là l’abasourdissement - le moins que l’on puisse dire - de la Maison France appelée à Kinshasa à éteindre un feu qu’elle-même a allumé?
C’est kafkaïen que ce soit au diplomate français dans la Capitale de tenter de faire peur au bouledogue en expliquant – pathétique! - «ou tu viens seul au rendez-vous de M. Hollande et tu seras reçu, ou tu te fais accompagner par tes amis comme tu l’annonces et tu n’as qu’à oublier ton audience»!
Tout ça c’est du bordel, le risque pour l’Elysée d’avoir à porter le chapeau des troubles qu’il aurait contribué à créer, loin de Paris, dans un pays qui peu à peu, tente de se sortir d’une guerre créée par une opération Turquoise élyséenne de triste mémoire...
Quand le porte-parole du Gouvernement estime à Kinshasa que M. Hollande est peu informé sur le pays qu’il souhaite visiter, cela peut surprendre à certains égards, mais comment ne pas comprendre une réaction congolaise outrée?
Il reste à compatir au sort de la ministre en charge de la Francophonie, la Française d’origine algérienne et qui ne se reconnaît qu’ainsi, Yamina Benguigui ayant débarqué depuis peu à Kinshasa et se promet de se rendre dans les Kivu, qui aurait fâché du monde à l’Elysée comme au Quai d’Orsay pour avoir appelé M. Hollande à se rendre à Kinshasa...
Restera à notre pays certainement, l’épreuve du Sommet passée, bien ou mal organisé, émaillé ou pas d’incidents, de faire sereinement ses comptes et de voir où se trouvent réellement ses intérêts vitaux.
LE SOFT INTERNATIONAL