Quand l’homme qui répare les femmes violées apporte sa solidarité au présumé chef hiérarchique violeurs de femmes
  • lun, 28/03/2016 - 15:37

Denis Mukwege - l’homme qui répare les femmes violées - s’est rendu à La Haye dire sa solidarité à Jean-Pierre Bemba Gombo reconnue coupable de crimes de guerre... notamment sexuels.

Cinq fois coupables. L’ancien VIPI congolais a été reconnu coupable de deux crimes contre l’humanité et trois crimes de guerre commis en Centrafrique en 2002 et 2003. Des meurtres, des pillages, des viols commis par les soldats du MLC, sa milice, envoyée soutenir le président centrafricain Ange-Félix Patassé contre les rebelles du général François Bozizé.
Les juges ont d’abord rappelé les crimes commis par les soldats du MLC qui, partout dans le pays agissaient selon un même modus operandi: à chaque prise de position sur les rebelles de Bozizé, les soldats de Bemba faisaient la chasse aux traîtres, pillaient, tuaient, violaient les civils. Au cours de son procès, qui a duré quatre ans, de 2010 à 2014, Jean-Pierre Bemba n’a pas nié que des crimes aient été commis par ses troupes. Mais il affirmait qu’une fois en Centrafrique, les hommes du MLC n’étaient plus sous son commandement mais sous celui des forces armées centrafricaines. Les juges n’ont pas accepté les arguments de l’accusé. Déclaré coupable par la Cour pénale internationale de crimes de guerre et crimes contre l’humanité. A l’énoncé du verdict, Jean-Pierre Bemba est resté de marbre, dans la même position que durant l’heure et quart qu’a duré la lecture du jugement. Bras croisés, attentif, il n’a pas sourcillé quand le juge l’a reconnu coupable de cinq chefs de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Après avoir échangé quelques mots avec ses avocats, il est sorti sous escorte.

«IL A CESSED’ETRE UN TOUBIB».
«Il est déçu car il était optimiste, a expliqué Peter Haynes, l’un de ses avocats. Mais cela fait un moment qu’il s’est résigné à sa situation. Il sait que c’est une période de sa vie durant laquelle sa famille, ses affaires et sa vie politique ont été mises en suspens tant qu’il est en prison. Il a attendu huit ans, je pense qu’il se satisfera d’en attendre encore deux ou trois si c’est ça qu’il faut pour tourner «C’est un jugement historique, a déclaré Fatou Bensouda, procureure de la CPI. Il envoie un message très fort à tous les chefs militaires de par le monde. Ils savent maintenant qu’ils sont pénalement responsables s’ils n’empêchent leurs soldats de commettre des crimes. De plus, cela confirme que cette responsabilité des chefs militaires existe même si leurs soldats se trouvent dans un pays étranger. Enfin, il faut retenir que les viols commis par ces soldats ont été à la fois jugés comme un crime de guerre et comme un crime contre l’humanité». La CPI a jugé que JPB avait bien le contrôle et l’autorité effective sur ses hommes, qu’il était informé de leurs crimes, mais qu’il n’a pas pris les mesures nécessaires pour empêcher ces crimes ou en punir les auteurs.
C’est un verdict inédit qui pourrait donc faire jurisprudence s’il est confirmé car les avocats de la défense ont trente jours pour faire appel et ce n’est qu’une fois le jugement confirmé que les juges détermineront la peine à appliquer à Bemba. Satisfaction du côté de la représentante des victimes. Pour mettre Me Douzima, ce verdict est un signe fort, et pas seulement pour les 5.229 victimes partie au procès. «On reconnaît leur souffrance et au cours du procès on a constaté que le viol était utilisé comme arme de guerre, a-t-elle souligné. Ce qui s’est passé en République centrafrique, c’est ce qui se passe dans bien d’autres pays. Les chefs de guerre se croient au-dessus de la loi et ils décident de la vie ou de la mort des populations civiles et pour arrêter ce genre de phénomène, c’est la justice qui doit faire son travail et servir d’exemple». «Les victimes ont attendu longtemps que justice soit faite. Aujourd’hui je crois que ce jugement va les aider, que ce verdict va aider les victimes dans leur processus de guérison, a souligné Fatou Bensouda. Nous devons poursuivre nos efforts pour mettre fin à l’impunité. Nous devons continuer à enquêter sur ces crimes et à les juger. Jusqu’à ce qu’ils appartiennent au passé».
C’est pourtant ce Bemba accusé et reconnu de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité - dont des viols massifs commis par ses rebelles armés sur des femmes et des mineures - que le médecin de Panzi au Sud Kivu, le Dr Denis Mukwege - l’homme qui répare les femmes violées» par d’autres soldats et qui déclare à toutes les tribunes où il est invité à prendre parole que le viol est utilisé au Congo comme arme de guerre - est allé rendre visite dans sa cellule de La Haye, pour lui dire sa solidarité et conclure un pacte politique!
C’est signe que ce médecin multi décoré (Prix Sakharov et autres pour son «héroïsme») a pris fait et cause pour un violeur présumé en tout cas reconnu unanimement comme tel par la Chambre de la CPI présidée par la juge Sylvia Steiner. A moins qu’il ne s’agisse d’un parti pris public anti-Kabila. «Je signe le pacte même avec le Diable pourvu que le message soit clair...». Au Sud-Kivu, il n’y a eu personne qui a encore vu...
«Cet homme a cessé d’être un toubib. Il se regarde tous les matins dans le miroir en se rasant et se voit Président», confie un Député. Invité à donner une conférence de presse à l’école française à Kinshasa, la direction lui fait savoir de garder sa chambre. Le médecin y voit la main des services secrets congolais et alerte chancelleries et médias pour... harcèlement et intimidations! Les Français avaient d’autres chats à fouetter: accueillir l’ex-première Dame française, Mme Ségolène Royal, ministre de l’Environnement venue promouvoir la COP 21. Qu’importe! L’image répugnante... contre son pays, déjà capitale mondiale du viol, se renforce encore plus dans le monde. Le lendemain, il peut être fêté comme un héros de la résistance par le groupe du G-7 - d’anciens de la majorité présidentielle.
avecAGENCES.


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