Y a-t-il plus de corbillards aujourd’hui qu’hier dans la Capitale, le Dr Lola Kisanga meurt, frappé par le Covid-19
  • mer, 02/12/2020 - 16:14

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1508|MERCREDI 2 DECEMBRE 2020.

Il est reporté que les établissements hospitaliers de Kinshasa sont full. Full de malades de Covid-19... Parfois en phase terminale. Mais le Gouvernement n’arrive pas à trouver les mots pour passer le message aux Congolais. Des réunions se tiennent à l’Hôtel du Conseil sous la présidence du Premier ministre Sylvestre Ilunga Ilunkamba. Mais voilà que mardi 1er décembre, la classe politique nationale est frappée par un énième décès, celui du Dr Jean Pierre Lola Kisanga.

Né le 10 juin 1969 à Watsa, dans le Haut-Uelé, ministre de l’Enseignement supérieur et universitaire jusqu’au 15 novembre 2005, Lola Kisanga, un ancien du RCD-Goma, succède à Théo Baruti, un autre ex-RCD-Goma, aux fonctions de gouverneur de la grande province Orientale.

«AVEC SON EPOUSE
SOUS OXYGENE SANS RESPIRATEUR».

Lola Kisanga conserve ce poste de gouverneur jusqu’au 24 février 2007 quand Médard Autsai Asenga, aujourd’hui député national, lui succède. Admis le 23 novembre aux urgences du CMK, le Centre médical de Kinshasa, il y arrive avec son épouse également malade, «tous les deux sous oxygène sans respirateur», conduits au centre Covid-19, près du beach, dans la commune de la Gombe. S’y sont-ils pris trop tard? L’hypothèse est généralement retenue... même si nombre d’autres sources recommandent la prudence. Le Sénat a diffusé mardi 1er décembre dans la soirée un communiqué qui fait état «d’une courte maladie».

L’Histoire retiendra que dans une lettre datée du 27 octobre 2020 de l’ancien gouverneur du Haut-Uélé, le Dr Jean-Pierre Lola Kisanga faisait part de son «acte d’engagement pour un soutien politique et responsable à Son Excellence Monsieur Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, Président de la République, Chef de l’Etat» - celui qui fit en octobre partie d’un groupe de sénateurs FCC qui s’étaient offusqués devant la Cour de Cassation en signant une requête en interprétation de l’article 158 de la Constitution à la suite de la nomination des fameux juges constitutionnels par le Président de la République, avait donc trouvé le bon tempo.

Dans cette lettre adressée au Président de la République, publiée le 2 novembre sur les réseaux sociaux, Lola Kisanga affirme avoir signé ce texte «en toute responsabilité» quatre jours après l’adresse attendue du Président de la République à la Nation, le 23 octobre.
Il dit souscrire «à la vision noble du Président de la République (...), (celle de) réussir à relever les défis (...) non seulement avec votre partenaire politique, l’ancien Président Joseph Kabila Kabange et sa famille politique le Front commun pour le Congo, mais en lançant un appel hautement responsable en direction des forces politiques, sociales et des personnalités représentatives afin de rassembler la Nation». Il dit «partager (cette) vision de la Gouvernance politique axée sur votre souci permanent à privilégier l’intérêt général du Peuple congolais».

Il dit «soutenir cette démarche (présidentielle) républicaine visant à construire une véritable Union sacrée pour la Nation, par une approche participative et inclusive, à l’effet d’asseoir une large base de réflexion sur les questions essentielles qui constituent les vraies préoccupations de notre Peuple et de la Nation». Il dit «affirmer le caractère irrévocable de (son) engagement à accompagner (le Président de la République) dans la mise en œuvre de (ses) politiques publiques sectorielles, pour l’intérêt supérieur de la Nation et de ne ménager aucun effort, dans le cadre de mes fonctions institutionnelles afin de contribuer à produire les réformes essentielles sur le plan législatif, pour la mise en œuvre de votre politique».

Il veut «concourir, par (son) expertise dans la gouvernance territoriale de développement, à asseoir la vision et les politiques publiques nationales (du Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo) afin d’impulser une action concrète et pragmatique de développement dans les provinces en général et, particulièrement, dans celle du Haut-Uele, sur laquelle (il dit exercer) un leadership politique incontestable, le régionalisme constitutionnel dans notre pays étant un atout majeur pour construire des politiques publiques innovantes pour le développement à la base et nécessite l’implication des acteurs disposant des capacités managériales, technocratiques et politiques avérées».

UN RALLIEMENT QUI SONNE COMME UN SCANDALE AU FCC.
En clair, tout ce que souhaitait et souhaite le Président de la République de la part des pro-Kabila : engagement et accompagnement passionnés pour la République et l’Etat de droit. Devant des médias, il déclare avoir eu «un colloque singulier» avec le chef de l’État et « pris un engagement républicain de soutenir la vision que le Chef de l’État a déclinée lors de son adresse à la nation dernièrement.

Je crois aux valeurs qu’il a déclinées à l’intention de la population congolaise». Plus tard, avec des centaines de militants de l’UDPS et des partis alliés, MLP, AFDC, etc., il participe samedi 14 novembre à la marche de soutien aux consultations présidentielles. On le voit marcher aux côtés du président a.i de l’UDPS, Jean-Marc Kabund-A-Kabund.

Son ralliement au projet Union sacrée de la Nation sonne comme un scandale dans les rangs du Front commun pour le Congo, la plate-forme pro-Kabila dont est membre son parti politique, Éveil de conscience pour le travail et le développement, ECT en sigle. L’ex-gouverneur de la province du Haut-Uélé est menacé de perdre son mandat parlementaire.

Deuxième Vice-président de l’Assemblée nationale et président de l’ÉCT, Boniface Balamage Nkolo annonce qu’il prend acte de ce qu’il considère comme une auto-exclusion du sénateur et promet tirer les conséquences conformément à la loi face à sa nouvelle posture. «Le camarade Jean-Pierre Lola Kisanga a quitté de lui-même notre parti politique», annonce Boniface Balamage Nkolo selon qui, «il s’agit là, conformément à nos textes, d’une auto-exclusion de notre parti politique et du regroupement.

Nous allons donc tirer les conséquences. Nous le considérons aujourd’hui, comme étant parti de lui-même de notre parti et de notre regroupement», déclare Balamage Nkolo. «Nous allons nous réunir aujourd’hui en tant que bureau du Conseil politique pour que les décisions soient prises, mais d’ores et déjà, l’interprétation du texte n’est pas équivoque quant à ce», précise-t-il.
avec AGENCES.


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