Boshab reconnaît une «forte recrudescence» de l’insécurité dans la ville côtière de Moanda
  • dim, 17/05/2015 - 13:50

Muanda, ville balnéaire, vient de connaître une vague d’insécurité. Originaire du Kongo Central, le Sénateur, chef du groupe parlementaire Kongo Central, Raphaël Siluvangi Lumba a posé une question orale sans débat au Vice-Premier Ministre, Evariste Boshab Mabudj. Réponse.

J’ai reçu et examiné avec intérêt la question orale m’adressée par l’Honorable Siluvangi Lumba Raphaël, subséquemment à la situation d’insécurité qui a prévalu dans la ville côtière de Moanda.
Pour des raisons d’économie, je me permets de ramener à trois questions, au lieu de cinq, vu le recoupement que j’ai décelé dans ce questionnaire.
Il s’agira donc pour moi de répondre aux questions ci-après:
-Que s’est-il réellement passé à Moanda et qui a occasionné cette situation d’insécurité?
-Quel est le bilan de la situation?
-Quelles sont les mesures qui ont été prises pour rétablir l’ordre public?
Loin d’être un titillement pour moi, venir devant votre Auguste Chambre est non seulement un grand honneur mais relève aussi et surtout du sens de collaboration entre les Institutions de la République parce qu’en fait la séparation des Pouvoirs n’a jamais signifié inimitié ou braquage des pouvoirs, le pouvoir est un comme vous le dites souvent Honorable Président.
Ainsi donc, je n’ai assignation de répondre aux questions posées par l’Honorable Sénateur Siluvangi Lumba Raphaël sur la situation qui a prévalu dans la ville de Moanda.

-Que s’est-il réellement passé dans la Ville côtière de Moanda et qui a occasionné cette situation d’insécurité?
Ce dernier temps, il a été constaté une forte recrudescence de l’insécurité dans la ville côtière de Moanda marquée notamment par quelques cas d’extorsion des motos, des vols à main armée et des meurtres dont quelques illustrations chronologiques sont ici faites:
- La nuit du 18 au 19 avril 2015 a été marquée par l’assassinat de M. Mvumu Mania Vivien alias Eddy, 25 ans, motocycliste de son état, par des inconnus à proximité de la rivière Kitombe sur la route SOCIR, au Groupement Mamputu.
Il faut noter aussi qu’une arme de modèle AK 47 n°1961 avec chargeur de 26 munitions ainsi qu’une douille de 7,62 mm ont été trouvées à 7 m du cadavre.
Je vous informe qu’au moment où je vous parle, ce dossier suit son cours normal à l’Auditorat Militaire Garnison de Kitona/Moanda.
- La nuit du 19 au 20 avril 2015, vers 2h00’ du matin, assassinat de M. Papy Ndembe, cambiste de son état, par des hommes armés habillés en tenues militaires qui se sont introduits dans sa maison, sise avenue Aéroport.
Avant de mourir, la victime, atteinte par balles au niveau de l’abdomen, a blessé l’un des assaillants au bras, à l’aide d’un coup de machette.
Ces inciviques ont violemment menacé l’épouse de la victime en tirant des coups de feu et en exigeant de l’argent, et un fait curieux, ils lui ont même ordonné de leur donner le cahier de ristourne et de crédit à intérêt (banque Lambert) que tenait son mari. C’est donc une indice sérieux que les assaillants connaissait parfaitement la victime
- La nuit du 22 au 23 avril 2015, vers minuit 30 m, vol à main armée perpétré par un groupe composé de 7 à 12 hommes armés habillés en tenues militaires au domicile de M. Jean-Pierre Ibula, Chef du Bureau Environnement, sise avenue Colonel Nduwa, au Quartier Malamba-Bendo. Les cas de décès occasionnés par cette intrusion armée, dont celui du fils et de la belle-sœur de l’intéressé, ont été les éléments déclencheurs de la situation quasi insurrectionnelle dans cette ville.

-Quel est le bilande la situation?
Il a été dénombré au total sept victimes dont six morts et un blessé parmi lesquelles:
- M. El Dady Ibula, 19 ans, fils de M. Jean-Pierre Ibula, élève au Complexe Scolaire «Les Jeunes Champions», atteint par balles à l’épaule et à l’abdomen;
- Mlle Mado Mwana, atteinte par balles à la poitrine;
- M. Bakala Jephté, un des manifestants;
- M. Mvuvu-Mvuvu, un taxi-moto;
- M. Makengele Ngeba Sébastien, mort par balles;
- M. Ndembe Mwaka Papy, tué par balles - Un blessé admis à l’Hôpital Générale de Référence de Moanda.
Sur le lieu du crime, il a été ramassé les effets ci-après: un chargeur de l’arme AK 47 garni de quelques, cartouches éparpillées ainsi que des douilles, une tenue FARDC, une paire de bottines, une carte militaire biométrique n°215919 au nom de Kamin Kapend Jeannot, matricule 190137474152, né à Lubumbashi le 05 octobre 1990.
Il convient de signaler que ce troisième cas est l’élément déclencheur qui a incité la population locale à se soulever contre l’Autorité et les services de sécurité.
C’est ainsi qu’en date du 23 avril 2015, vers 06h00, la population, furieuse, encouragée par des messages radiophoniques, a transporté le corps de Mlle Mado Muana sur le lieu du crime entraînant des actes de vandalisme.
Le bilan de dégâts matériels affiche:
- Quatre bureaux administratifs de la cité saccagés et incendiés;
- trois magasins ont été pillés dont deux appartenant aux citoyens congolais et un aux expatriés chinois;
- des hommes en uniformes chargés du maintien et de rétablissement de l’ordre ont été lapidés.
- Cette situation a obligé les forces de l’ordre à disperser les manifestants par des tirs de sommation en l’air. C’est à la suite de cette sommation que M. Makengele Ngeba Sébastien a succombé d’une belle perdue. Son corps a été conduit à la morgue de l’Hôpital Général de Référence de Moanda.
De ce qui précède, il importe de souligner que cette situation d’insécurité en recrudescence à Moanda et dans ses environs est l’œuvre des éléments des FARDC:
- Le regroupement de plusieurs miliciens de groupes armés dont l’ACPLS, les Bakata-Katanga et ex-éléments M23 ainsi que les groupuscules Maï-Maï vivant dans le dénouement total.
Ces miliciens ont failli se souleverpour exprimer leur ras-le bol, suite aux atermoiements dans le processus de leur insertion dans l’armée.
- La tendance au sédentarisme des compatriotes renvoyés de l’Angola parmi lesquels il y a plusieurs repris de justice, confrontés au manque de moyens pour regagner leurs milieux d’origine et gagner par la tentation de retourner en Angola. Il convient de porter à la connaissance des honorables sénateurs que sur les 8.891 compatriotes expulsés par l’Angola depuis le début de l’année en cours par la Province du Bas-Congo, 7.669 se sont dirigés vers la cité de Moanda.
-Les mesures de rétablissement de l’ordre public.
Aussitôt que j’ai été alerté de la survenance de ces événements, je me suis rendu immédiatement sur les lieux et y ai procédé aux constations nécessaires, avec l’appui des autorités locales. Après analyse de la situation, j’ai pris les mesures suivantes:
- le Commandement de la ville de Moanda a été provisoirement confié au Commissaire Provincial du Bas-Congo.
Le Groupe Mobile d’Intervention a été missionné pour ramener le calme dans cette ville;
- Il a été procédé à une intensification des patrouilles mixtes PNC-FARDC;
- Le Commissaire Provincial a été chargé de poursuivre les concertations avec la notabilité et la Société Civile pour consolider le calme et de prévenir tout trouble;
- Les instructions ont été données pour augmenter l’effectif de la police nationale;
- Moanda étant devenu un Commissariat Urbain, il sera doté des matériels roulant pour faciliter les interventions de la Police;
- Délocalisation du Commandement du Commissariat Urbain de Moanda de la base de Kitona pour le Centre-ville, en vue d’une couverture conséquente;
- Renforcement à titre exceptionnel du Commissariat Urbain avec une compagnie du Groupe Mobile d’Intervention en provenance de Matadi pour accroître les capacités opérationnelles de la Police dans cette ville, tenant compte de l’effectif pléthorique des militaires FARDC, auteurs de l’insécurité qui y est déplorée;
- les frais d’enterrement et d’hospitalisation ont été pris en charge par l’Etat.
Je voudrais vous rassurer du fait que le Gouvernement de la République mettra tous les mécanismes en marche pour un accompagnement social des victimes.
Les auteurs de ces faits ont été formellement identifiés et déférés en justice pour répondre de leurs acte et de subir la rigueur de la loi.
EVARISTE BOSHAB M.


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