Comment il a triomphé
  • lun, 01/01/2024 - 20:55

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.

Le Soft International n°1599|mardi 2 janvier 2024.

Tshisekedi avait un discours qu'aucun autre concurrent n'avait. Tout au long de la campagne, il a usé de la communication comme jamais. À l'international, dans les médias, il a eu le verbe requis, appelant un chat un chat. Il a fait prendre conscience... Et a triomphé ! Trois verbatims porteurs qui ont fait mouche ces dernières semaines au pays et à l'étranger. Celui prononcé le 9 décembre 2023 à Bukavu, à quelques encablures du Rwanda, lors de son meeting. Le Président congolais a comparé Paul Kagame à Adolf Hitler. « Je vais m'adresser au président rwandais pour lui dire ceci : puisqu'il a voulu se comporter comme Adolf Hitler en ayant des visées expansionnistes (au Congo), je lui promets de finir comme Adolf Hitler ». L'autre verbatim tombe le 18 décembre, au lendemain de l'annonce le 15 décembre à Nairobi de la création par les rebelles du M23 de l'Alliance Fleuve Congo. À la moindre escarmouche, déclare-t-il, martial, « je vous assure que la réponse sera immédiate. Je convoquerai les deux Chambres parlementaires. Je déclarerai la guerre au Rwanda. Aujourd'hui, nous n'avons pas besoin d'envoyer des troupes au sol au Rwanda. De chez nous, nous pouvons atteindre Kigali ». « Paul Kagame se moque de nous. Il faut quelqu'un pour l'arrêter et je suis ce quelqu'un là ». Message explicite. Les FARDC sont désormais militairement mieux équipées. Elles disposent de la puissance de feu qui leur permettrait de donner la réponse appropriée. Un autre verbatim placé au cœur de cette campagne. Celui « de père et de mère ». Si à ce jour, aucune loi n'a été votée légitimant ce texte, le Président s'est servi de ce verbatim. En parlant de «candidats de l'étranger», de «ceux qui ont trahi leur pays» - dès le début de la campagne jusqu'à la fin de celle-ci -, il a fait passer le message contenu dans le « de père et de mère ». Au point d'abattre Katumbi. L'ancien gouverneur a vite fait non seulement d'éloigner son épouse de nationalité burundaise, lui qui est présenté comme Zambien - après avoir été tout - a fini par battre campagne en solitaire quand le Président n'a pas quitté une seule fois son épouse qu'il a présentée fièrement tout au long de cette campagne et à qui il a souvent donné la parole en la faisant ovationner. Enfin, le mauvais calcul de Katumbi : son incroyable obsession du pouvoir...

Ils n'y croyaient pas. Ils n'y avaient jamais cru. Quoiqu'elles puissent être qualifiées, ces élections ont fini par avoir lieu. Une page du Congo est désormais tournée.

Plusieurs raisons avaient été avancées par les uns comme par les autres pour repousser ces élections, les unes aussi valables que les autres.
L'absence de financement d'abord même si le ministre des Finances Nicolas Serge Kazadi Kadima-Nzuji, à la suite du Gouvernement, n'avait de cesse de donner des assurances.
La guerre à l'Est ensuite et la menace paraît-il toujours «imminente» de prise par les rebelles du M23 de la ville de Goma.
Certes, le M23 a fait plusieurs tentatives; il a envoyé un message fort, la constitution d'une « Alliance Fleuve Congo » avec un homme à la plume et à la parole jusqu'ici inconnues, l'ancien président de la CÉNI, la Commission Électorale Nationale Indépendante, Corneille Nangaa Yobeluo. Sauf qu'en l'espèce, la plume et la parole seules ne suffisent pas pour faire bouger les lignes.
Il faut en face un vacuum de détermination. Or, si le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a manqué de quelque chose ces dernières années, ce n'est certainement pas la détermination.
Le Chef de l'État congolais a usé de la communication comme jamais.
À l'international, dans les médias, il a eu le verbe requis, appelant un chat un chat. Il a fait prendre conscience...
S'il a manqué les armes pour faire repousser la guerre d'où elle est venue - c'est-à-dire du Rwanda - Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo a fini par faire s'interroger les Rwandais eux-mêmes sur la légitimité d'une guerre éternelle que leur régime menait au Congo, pays frère qui, fondamentalement, n'avait jamais rien fait au Rwanda sauf à accepter, à la demande humanitaire d'un pays d'Europe d'ouvrir les frontières à des Rwandais qui cherchaient à se sauver d'une guerre sans toujours savoir s'ils portaient sur eux des armés.
Trente ans plus tard, ces Rwandais génocidaires sont-ils toujours vivants, présents au Congo, toujours en force pour envahir leur pays ?
Dans les chancelleries, ce discours ne passe plus. Le verbatim de Kigali est de moins en moins entendu.
Il suffit de voir comment de par le monde les diplomates rwandais sont désormais regardés avec suspicion.
Trois verbatims de Félix Tshisekedi qui ont retenti ces dernières semaines lors de la campagne électorale.
Celui prononcé le 9 décembre 2023 à Bukavu, à quelques encablures du Rwanda, lors de son meeting. Le Président congolais a comparé Paul Kagame à Adolf Hitler. Carrément ! «Je vais m'adresser au président rwandais pour lui dire ceci : puisqu'il a voulu se comporter comme Adolf Hitler en ayant des visées expansionnistes (au Congo), je lui promets de finir comme Adolf Hitler».

«STEP BY STEP», MOLO MOLO».
L'autre verbatim tombe le 18 décembre, au lendemain de l'annonce le 15 décembre à Nairobi de la création par les rebelles du M23 de l'Alliance Fleuve Congo.
À la moindre escarmouche, déclare martial, le Président congolais, « je vous assure que la réponse sera immédiate. Je convoquerai les deux Chambres parlementaires. Je déclarerai la guerre au Rwanda. Aujourd'hui, nous n'avons pas besoin d'envoyer des troupes au sol au Rwanda. De chez nous, nous pouvons atteindre Kigali ». « Paul Kagame se moque de nous. Il faut quelqu'un pour l'arrêter et je suis ce quelqu'un là », a-t-il poursuivi en fin de campagne.
Message explicite. Les FARDC sont désormais militairement mieux équipées. Elles disposent de la puissance de feu qui leur permettrait de donner la réponse appropriée.
On parle de trois CH-4B, des aéronefs d'attaque et de reconnaissance acquis en Chine et positionnés à Kavumu, à Bukavu. Les FARDC sont aussi dotées de drones à même de toucher Kigali et dont l'un aurait été tiré dans la nuit du 9 au 10 décembre sur des troupes rwandaises dans le Masisi.
Le Rwanda est-il prêt à s'engager dans une guerre ouverte avec un voisin ? Un feu qui s'abattrait sur Kigali faisant des morts et la riposte attendue de Kigali serait susceptible de renforcer l'image de Kagame ou marquerait la fin de celui-ci?
On peut tout dire des dictateurs sauf qu'ils n'ont jamais été des idiots...
Un autre verbatim placé au cœur de cette campagne. Celui « de père et de mère ». Si à ce jour, aucune loi n'a été votée légitimant ce texte, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo s'est servi de ce message. En parlant de «candidats de l'étranger», de «ceux qui ont trahi leur pays» - dès le début de sa campagne jusqu'à la fin de celle-ci -, le Président Candidat a fait passer le message contenu dans le «de père et de mère» de Noël Tshiani Muadiamvita. Au point d'abattre Moïse Katumbi. L'ancien gouverneur (multi-milliardaire) a vite fait non seulement d'éloigner son épouse de nationalité burundaise, lui qui est présenté comme Zambien - après avoir été tout - mais a finalement battu campagne en solitaire quand Tshisekedi n'a jamais quitté une seule fois son épouse qu'il a présentée fièrement tout au long de cette campagne et à qui il a aussi donné la parole en la faisant ovationner.
Enfin, le mauvais calcul de Katumbi: son obsession du pouvoir.
À l'étranger, les chancelleries avaient salué des actes posés par le Président Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo.
Quand l'ancien Président Joseph Kabila Kabange avait tout refusé à Katumbi, c'est Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui prit la décision de remettre à l'ancien gouverneur un passeport. Ce qui permit à Katumbi de remettre les pieds au Congo.
En le faisant, le Président de la République reconnaissait Moïse Katumbi comme congolais même si un passeport n'est qu'un titre de voyage.
Mais plus important encore. Alors que le débat faisait rage sur la nationalité congolaise de Katumbi, c'est sous Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo que l'Italien, le Zambien, le..., fut autorisé à prendre la course de la présidence de la République.
En clair, sous et avec Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo, l'ancien gouverneur du Katanga éloigné du Congo par l'ancien pouvoir, bloqué par l'armée et la police à la frontière terrestre zambienne sans avoir la moindre possibilité de fouler le sol congolais, a tout eu. Fallait-il qu'il pousse plus loin ses muscles au point de vouloir chercher sans élégance à arracher le pouvoir à un homme qui lui avait tout donné ?
« Step by step » (étape après étape), ont sagement fait valoir ses mentors étrangers. « Ce que vous cherchiez, vous l'avez eu. Vous avez été autorisé à prendre la course de la présidentielle. Vous êtes désormais reconnu comme Congolais. On ne peut pas tout faire en même temps ! «Step by step», molo-molo. Une chose après l'autre».
Katumbi a été appelé à attendre 2028, le cinquième cycle électoral, pourvu qu'il ait toujours ses millions de $US en poche; qu'il ait toujours son entourage souffleur inspiré ; qu'un concurrent mieux pourvu ne fasse pas surface ; qu'un nouveau verbatim ne fasse pas jour. Qui en voudrait à qui ? C'est la démocratie...
Triomphe annoncé, triomphe attendu. Triomphe logique. Triomphe mérité pour Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo qui nul doute aura joué mieux que quiconque ces dernières années.

T. MATOTU.

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