Un agent Airtel subtilise des documents ministériels pour le compte de son parti
  • jeu, 08/05/2014 - 09:45

Le ministre des PT-NTIC est sorti tête haute de la fournaise des élus nationaux qui lui avaient soumis à un sérieux jeu de questions-réponses, en dépit de toutes les stratégies montées visant sa démonétisation par le député FONUS Emery Okundji et son frère John Aluko, fonctionnaire d’Airtel RD-Congo

Kin-kiey a pris goût à dialoguer avec les élus. C’est l’un des principes directeurs de la démocratie. Les dirigeants doivent régulièrement rendre compte de leur gestion. Le mercredi 30 avril 2014, le ministre des Postes, Télécommunications et Nouvelles technologies de l’information et de la communication était devant la représentation nationale pour répondre à la question orale avec débat posée par le député UNC Jean Baudouin Mayo Mambeke. La question portait sur l’interconnexion, la qualité des services et l’apport des licences de concession au Trésor public. Le ministre s’est employé à répondre à toutes les neuf questions soulevées dans la requête. Ce qui a soulevé des réactions multiples d’autres élus. Quarante-huit heures plus tard, vendredi 2 mai, le ministre s’est de nouveau présenté devant les élus avec des réponses claires à toutes les questions, regroupées en dix catégories. Une méthode purement académique. A chaque question, une réponse claire, concise et précise.
«J’ai eu à m’étendre sur le sujet en confirmant le caractère obligatoire de l’interconnexion pour tous les opérateurs du secteur qui, selon la loi-cadre des télécommunications, doit passer par le réseau de référence qu’aurait dû implémenter l’opérateur public, à savoir: la SCPT. En vue de faire face à ce manquement grave, nous sommes contraints d’assumer des interconnexions bilatérales entre opérateurs. D’où des séances de négociation et de signature des contrats commerciaux entre opérateurs, chacun recherchant à sauvegarder ses intérêts», répond le ministre à la question liée à l’interconnexion. D’ajouter: «Bien sûr que le refus d’interconnexion est inacceptable mais la loi 014/2002 du 16 octobre 2002 a institué, en l’espèce, le Régulateur comme juge naturel. Le ministre ne peut intervenir qu’en cas de recours auprès du ministre d’un opérateur mécontent de l’arbitrage du régulateur».
On ne peut parler interconnexion sans évoquer l’impitoyable guerre des prix. Là encore, Kin-kiey est plus que clair. «Même les tenants des prix planchers en sont arrivés à pratiquer des prix en deçà de ceux contre lesquels ils se sont levés. Quand on leur pose la question, ils répondent: «Nous devons survivre, non!» Du coup, les uns vous offrent des appels illimités pour 100 unités pour toute la journée - «Kanga Journée». D’autres des tarifs «Benga voisins» à 6 unités. Ou «7 jours de Bonus» et voilà qu’on annonce le retour avec fracas de «Allo na Allo», outre le «Triple avantage». Voulant garder sa neutralité, le ministre a dû recourir à la Haute Cour pour un avis consultatif. Il a pris le soin d’informer toute sa hiérarchie. Puis: «Pour en convaincre les honorables députés, le législateur n’a jamais placé le ministre dans la position d’exécuter les décisions du régulateur - c’est le contraire». Abordant la question relative à la licence 3G, le ministre affirme, preuve à l’appui, comparativement aux autres pays voisins, que le prix de la 3G en R-dCongo est bien meilleur.

L’ELU MASSACRE LE FRANÇAIS.
Le mercredi 30 avril, alors que le débat sur les télécoms l’emporte sur celui des prix des biens de première nécessité, le député FONUS (opp dure.) élu de Lubefu, Emery Okundji, tente de l’empoisonner. Pour la petite histoire, la haine d’Okundji contre Kin-kiey remonte à près de deux ans. Le Député en veut toujours au ministre P.A du fait que ce dernier l’avait déballé devant la plénière, dénonçant l’acharnement du Député qui l’avait harcelé partout à travers la ville, lui demandant d’acheter sa question d’actualité. Depuis, chaque fois que KKM est invité à l’Assemblée nationale, Okundji tente de prendre sa petite revanche, sans succès. Cette fois, il a eu le soutien d’un de ses amis, cadre dans une entreprise des télécommunications qui cherche une renommée dans la presse (et dans les milieux de sondage) en donnant régulièrement des petits coups de sabots au ministre. Ce jour-là, John Aluko, directeur en charge de la régulation chez Barthi-Airtel, est aperçu peu avant la plénière dans l’enceinte du Palais du peuple. Dans sa gibecière, une farde pleine de documents qu’il a ensuite remis à son frère, l’élu de Lubefu. Qui est John Aluko? Réponse: un juriste qui n’a pas connu une fructueuse carrière d’avocat, mise à part la petite expérience de magistrat acquise à N’Djili. Aluko est l’ami intime de Joseph Olenghankoy, le frère aîné d’Okundji. Aluko est membre des FONUS, le parti dont Okundji est secrétaire général, qu’il finance. Ils sont fils du terroir. Une rencontre amicale et familiale qui sonne comme un complot. La suite, on la connaît! Okundji se sert de ces documents devant la représentation nationale, dans l’espoir de couler Kin-kiey. Il s’agit des courriers officiels échangés entre la Primature, le Ministère des PT-NTIC et la Présidence de la République. Pire, l’élu de Lubefu avait entre ses mains un document-brouillon interne au gouvernement qui a fait grand bruit reçu de John Aluko. Et le président de l’Assemblée nationale demande que l’élu lui remette illico presto des copies. Inacceptable que des documents internes du Gouvernement se promènent entre les mains d’un fonctionnaire privé pour débouler à la Chambre basse! Mais le meilleur est à venir. Lorsque le speaker invite l’élu à prendre parole, toute la salle s’agite! Des sourires s’affichent à toutes les bouches. Les initiés savent à quoi s’attendre. Okundji aime maltraiter la belle langue de Molière. Chaque fois qu’il prend la parole, il sort une petite bombe. Ce mercredi, on a bien eu droit à une nouvelle invention: «Jériade»! Le frère Aluko voulait sans doute dire «jérémiades». Mais cela n’offense personne et on se demande pourquoi il s’expose tant devant le micro suscitant l’hilarité des téléspectateurs. N’empêche! L’homme se fait porte-parole de l’opérateur indien Airtel qui vient d’être frappé à Brazzaville par le régulateur ARPCE et doit verser 20 millions de dollars pour offre de service de basse qualité. Lui, l’élu, demande des sanctions immédiates contre tous ceux qui ne respectent pas les prix planchers, avant de s’en prendre au ministre des PT-NTIC, à qui il demande de démissionner s’il ne veut pas appliquer les décisions de l’ARPTC que soutient l’opérateur indien. A se demande si, à Lubefu chez Okundji, un chef de secteur pourrait appliquer les décisions d’un chef de groupement. Mais, de cela, Ukundji n’en a cure! L’essentiel est qu’il a parlé et a massacré la langue de Molière. Et l’élu - pire - dit toute son indignation à l’égard du ministre qui a demandé l’avis en interprétation d’une disposition de la loi-cadre à la Cour suprême de justice. Un simple coup d’épée dans l’eau. Okundji et son frère d’allié Aluko et l’opérateur indien Airtel savent à quoi s’attendre désormais. Le PM a instruit la ministre de la Justice de saisir le PGR en vue d’ouverture d’une enquête sur l’affaire de vol des documents du gouvernement. Ils vont tous les deux être auditionnés. Et comme Okundji est un élu, l’Assemblée nationale devra au préalable lever son imunité. Est pris qui voulait à tout pris prendre!
YA KAKESA.
AfricaNews,
série II n°944
daté mercredi 7- jeudi 08 mai 2014.

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