Comment Tshisekedi s’est laissé piéger
  • mar, 02/08/2016 - 01:58

Comment les ex-Mobutistes et les ex-Kabilistes ont pris le contrôle de la maison Tshisekedi, multiplient des selfies avec «Le Sphinx de Limeté». Comment toujours à ses côtés, l’ex-tycoon Raphaël Soriano Katebe Katoto (ici de dos) est l’homme qui ne quitte plus Tshisekedi, a acquis le droit de lui souffler à l’oreille.

Il avait pris congé de la politique… A la veille de la présidentielle de 2011 à laquelle il avait pris part après qu’il eût boycotté celle de 2006, Etienne Tshisekedi wa Mulumba avait été explicite: cette bataille était la dernière de sa vie qu’il livrait!
Il l’avait engagée au terme d’un long séjour médical en Afrique du Sud et en Belgique et la campagne fut épuisante...
Au lendemain de son échec que fermement il contesta après s’être autoproclamé Président de la République et a prêté serment dans sa modeste demeure de Limeté à Kinshasa, puis se fit appeler Président élu de la République Démocratique du Congo, le vieux combattant pro-démocratie des années Mobutu, qui participa à la purge de plusieurs lumumbistes, exprima toute sa joie à l’incarcération des «principaux lieutenants du crapaud» - à savoir le Premier ministre évincé Patrice-Emery Lumumba depuis proclamé héros national -, expliqua qu’il restait «concentré sur le sort à réserver à ses anciens collaborateurs pour empêcher la pérennisation de son œuvre de destruction», extrada les lumumbistes «aux fins de leur faire subir un châtiment exemplaire», que «c’est de cette manière que nous serons utiles à la cause» que défend le Maréchal-Président Mobutu, puis, comme premier juriste du pays, fut en première ligne à la création du parti unique MPR, Tshisekedi s’était éloigné pour la énième fois du pays en partie pour des ennuis de santé avant de prendre ses distances de la politique.
A près de nonagénaire (84 ans désormais sonnants, né le 14 décembre 1932), il prendra ses quartiers en Belgique, s’y cloîtra avec sa femme Marthe et sa famille biologique, s’interdisant (ou interdit) de voir personne.
Ceux qui voulaient le rencontrer étaient dirigés vers l’un de ses multiples porte-parole ou vers son fils Félix Tshisekedi Tshilombo, député sans avoir jamais siégé au Parlement, secrétaire national très actif aux Relations extérieures de son parti UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès social) qui n’avait cessé de s’émietter entre pro et anti-Institutions, entre pro et anti ligne dure.

PRIS EN OTAGE.
Une autre fronde vînt voir le jour au cœur du centre névralgique, menée par l’un de ses plus proches lieutenants, François Tshipamba Mpuila, longtemps représentant combattant en Europe, qui avait rejoint l’ex-candidat à la présidence de la République, réfugié en Belgique, Raphaël Soriano Katebe Katoto, et l’autre par son ancien conseiller politique Valentin Mubake Numbi, partisan d’une virginité idéologique.
Les deux hommes s’étaient retrouvés sur un fait: Etienne Tshisekedi wa Mulumba était désormais l’otage en Belgique d’une aile familiale biologique qui filtrait tout chemin conduisant vers «le Sphinx»…
Directeur de cabinet et porte-parole de Tshisekedi, Albert Moleka avait fait les frais de cette prise d’otage.
Reçu en audience par Tshisekedi qui lui dictait ses dernières volontés avant son dernier départ pour Bruxelles présenté comme sans retour, l’épouse Marthe fait irruption dans la pièce, prie l’imposteur de quitter la salle et que plus jamais il ne revienne… Elle confie les fonctions de directeur de cabinet à une autre personne de son choix!
Le 23 mai 2014, le directeur de cabinet se fend d’une lettre à son Président jamais arrivée à destination.
Petit florilège: «Respectueusement, je me permets de vous adresser cette lettre pour vous faire part de mon malaise à poursuivre mes activités dans le rôle de Directeur de Cabinet et Porte-Parole conformément à votre décision n° 007/UDPS/PP/011 du 10 janvier 2011. En effet, j’ai pris connaissance par voie de presse et divers réseaux sociaux du contenu de la circulaire n°042/UDPS/PP/SG/2014 du 21 mai 2014 de Monsieur le Secrétaire Général du Parti annonçant (…) que je ne suis plus membre de votre Cabinet».
Puis: «Si j’observe avec regret que la démarche de Monsieur le Secrétaire Général pêche contre le principe de l’acte contraire, il m’est difficile de ne pas prendre acte des conséquences de la publicité faite autour de ladite «note circulaire» qui contrarie effectivement la substance et la portée de mes responsabilités au sein de votre Cabinet» (…)
Puis: «Je reste (…) à votre entière disposition et suspendu à vos instructions, sous réserve de la correction de la forme, pour pouvoir procéder à la remise-reprise avec mon successeur que vous désignerez».
L’histoire est muette sur la suite réservée à Moleka. Qui avait fait face à une digue familiale biologique comme peu à peu Mubake et que le conseiller raconte à un journal en ligne de l’opposition congolaise.
Florilège: «Je suis à Bruxelles depuis une semaine. Le but est de rencontrer le président (…). L’UDPS fait face à des problèmes internes. J’entendais évoquer non seulement ces questions mais aussi les enjeux électoraux. L’occasion de lui proposer des pistes de réflexion et obtenir des orientations. Je n’ai pas de fonctions statutaires au sein du parti. En tant que conseiller politique, je dépends directement de mon chef hiérarchique qui est le président national» (…).
Au bout d’une semaine, le conseiller n’est pas reçu. «A partir de Kinshasa, j’ai tenté de renouer le contact. En vain. J’ai décidé de me rendre en Belgique. J’y ai mis trois jours pour savoir à quelle porte frapper. J’ai pu obtenir les coordonnées téléphoniques de son épouse, Mama Marthe. Je lui ai fait part de ma demande. Trois jours après, j’aurai au téléphone Me Tshimpangila (qui) me dira qu’il a un message de la part du président. Il me fixera rendez-vous à l’hôtel Sofitel».
Le message? «M. Tshisekedi est offusqué par le fait que vous avez méconnu son autorité à travers trois décisions. A savoir, celles démettant M. Pierre-Adolphe Mbuyi et Claude Kiringa en qualité de représentant de l’UDPS au Benelux et au Canada et renommant M. Bruno Mavungu en qualité de secrétaire général du parti. Avant de vous recevoir, M. Tshisekedi vous demande de réparer cette offuscation».
En faisant quoi? «M. Tshimpangila me dira: «Il ne m’a pas dit en quoi consiste cette réparation».
«J’ai dit à mon interlocuteur deux choses. Premièrement: «c’est la première fois que je vois M. Tshisekedi transmettre à un de ses collaborateurs, via un messager, une «demande de réparation». Ce n’est pas le Tshisekedi que je connais». En second lieu, j’ai demandé au messager de transmettre à M. Tshisekedi l’objet de ma visite. «S’il y avait des problèmes de décisions méconnues, nous aurons l’occasion d’en parler», en soulignant que ce n’était pas le but de ma venue à Bruxelles.

TOUT MELANGE.
Puis: «Je suis le conseiller politique de M. Tshisekedi. Celui-ci signe en toute souveraineté ses décisions. A-t-il franchement besoin de ma «réparation» pour conférer la légitimité à sa signature? M. Tshisekedi ne peut pas me demander à travers un messager de «réparer», au préalable, «quelque chose» qui l’aurait offusqué. Connaissant M. Tshisekedi depuis 1991, j’ai la conviction qu’il y a des gens qui ont posé des actes en ses lieu et place, (... qui) cherchent une «blanchisserie». Puis: «C’est une grande désolation. Non pas pour moi dans la mesure où mon voyage ne procède pas d’une initiative personnelle mais pour tous les militants qui attendent mon retour pour savoir si j’avais rencontré le président Tshisekedi. Je ne vous dis pas les supputations que cette rencontre manquée pourrait générer au niveau de la base. Je me garde de me lancer dans des spéculations. Je ne peux m’empêcher de faire remarquer que notre parti est arrivé à un point où deux choses doivent être clarifiées. D’une part, la famille biologique. Celle-ci a le droit de s’occuper de sa santé. D’autre part, la famille politique M. Tshisekedi est comptable. (...) Le moment est venu de mettre fin au «mélange» entre les «ayant-droits biologiques» et les «ayant-droits politiques», peste Mubake. Puis: «Je me trouve en Belgique au nom des ayant-droits politiques».
Puis: «Chacun de nous doit rester à sa place. Je suis le conseiller politique du président Tshisekedi. J’ai le droit de m’entretenir avec lui dans le cadre de mes fonctions. Si je ne peux pas le faire, c’est qu’il y a un problème. S’il s’avérait que je ne peux pas le rencontrer pour une raison ou une autre, la famille devrait comprendre qu’elle a, sur le plan politique, l’obligation de mettre cartes sur table en disant les raisons politiques pour lesquelles je ne peux pas rencontrer le Président du parti. C’est à ce niveau-là que nous sommes arrivés. C’est pourquoi, je dis que la situation me semble grave! Si cet aspect de choses n’est pas clarifié, nous allons ouvrir la porte aux spéculations. Et les spéculations entraînent toujours des dérapages aux conséquences imprévisibles…».
Tshisekedi est-il au centre de plusieurs courants antagonistes? «C’est possible …». Au dimanche 26 avril 2015, Valentin Mubake Numbi se considère-t-il toujours conseiller politique de Tshisekedi? Oui «jusqu’à preuve du contraire…».
Depuis, Mubake a disparu des écrans radars. On ne l’a pas vu à Genval, en banlieue bruxelloise lors de la grande messe de l’opposition congolaise convoquée par... Tshisekedi qui avait lancé des invitations à tous les opposants! Avait-il oublié son conseiller politique?
Ce fut, plus tard à François Tshipamba Mpuila, de donner la charge. En cause, la non-application par Tshisekedi des résolutions d’un congrès. Puis des actes de tripatouillage et de falsification des statuts de l’UDPS. Notamment la modification de l’article 10 des statuts, une disposition liée à la nature de l’UDPS.
François Tshipamba Mpuila: «Médecin, je me pose la question de savoir si un certain entourage n’a pas abusé de la faiblesse découlant de l’état de santé du Président pour lui arracher des signatures. Le président est pris en otage. Je présume qu’il y a des personnes qui profitent de son état de santé pour abuser de lui». Puis d’expliquer: «Lorsque le président Tshisekedi est arrivé à Bruxelles en 2014, le représentant de l’UDPS en Belgique et moi-même qui suis en charge du Bureau d’expertises et stratégies avions écrit au fils aîné Jean-Claude Mulumba pour lui demander de voir le président. Nous voulions lui transmettre notre message de réconfort. Nous avons fini par lui adresser une lettre après avoir constaté qu’une sorte de mur avait été érigé autour du président. Un cas identique s’était produit en 2007».
Puis le constat: «La famille biologique du président s’est érigée en une institution suprême du parti. C’est la famille qui décide, qui autorise toute entrevue avec le président. C’est encore elle qui décide qui n’a pas le droit de le voir. Le fils du président en charge du secrétariat national aux Relations extérieures joue le rôle de congrès, et de président du parti. Il joue également le rôle de secrétaire national à l’Information et à la mobilisation. Quel désordre!»
Puis Tshipamba de sonner l’hallali. «Le parti est géré en ce moment d’une manière empirique. A l’UDPS tout le monde chante et danse au rythme de la recherche de l’impérium chèrement défendu par le Président du parti (...), impérium qui devient un rêve auquel personne ne croit encore», charge un homme né UDPS (…). Etienne Tshisekedi a fait son temps. Il a échoué! Le rôle de Tshisekedi appartient désormais à l’histoire. Il est temps qu’il passe la main. A nous de reprendre la main. Ne le mêlez pas à la démarche du Parti».
Puis, ce retournement de situation, l’incroyable retour sur scène du vieux combattant. A près de 85 ans! Lui qui ne peut s’exprimer longtemps. Qui ne se déplace sans être soutenu… En août 2014, il avait quitté le pays par jet médicalisé affrété par Joseph Kabila. Il avait pu monter à bord par une civière. La télévision nationale avait diffusé un reportage ludique l’estimant en fin de vie…
Dans une récente interview au MondeAfrique, au lendemain de la réunion de Genval, il était apparu très assommé par l’âge et la maladie. Sénile! S’il accepte de répondre aux questions de la journaliste, l’interview ne dure que moins de 10 minutes, les réponses limitées à un ou deux mots, complétées par un abbé qui fait office de secrétaire particulier, par son ami Raphaël Soriano Katebe Katoto, par Maman Marthe… Celle-ci explique que Tshisekedi est «mieux ici (à l’étranger). Il travaille mieux. Il reçoit…».
Une polémique avait éclaté dans le clan. Des membres accusaient d’autres de chercher à sacrifier la santé du «Sphinx» sur l’autel de leurs intérêts.
Il se raconte que Tshisekedi serait au centre d’importants intérêts financiers… Qu’il se (ou on le) négocierait très cher! Voire très cher!

ANTI-KABILA.
Le pouvoir verserait d’importantes sommes d’argent qui n’arrivaient pas (toujours) à destination. Un élu de l’opposition Franck Diongo fait l’état des sommes versées, démenti par le fils Félix…
La réunion de Genval, par le nombre de participants qu’elle a drainés, dépasse toutes les capacités budgétaires d’un parti historique avec un président qui gérait le parti seul, avec son cocon familial, comme un fonds de commerce, qui n’a jamais disposé d’un siège. Au lendemain de Genval qui fut un gros succès des anti-Kabila, Raphaël Soriano Katebe Katoto lui en offrit un, présenté comme un trophée de guerre par les militants!
Qui est Katebe? Simple commerçant né d’une mère congolaise et d’un père italien, il fait fortune au Katanga (alors Shaba) quand Mobutu décide de faire émerger autour de la mastodonte Gécamimes une classe moyenne locale katangaise. Katebe gagne un contrat de fourniture de poisson aux travailleurs de la société minière, un Etat dans un Etat.
Il lance des frigos industriels dans le lac Moero et pêche du fretin qu’il livre aux agents de la Gécamines. Par un jeu de fausses factures, il parvient à se faire une place dans ce Katanga où fleurissent des familles d’expatriés en or dont celle de George Forrest qui fait du génie civil mais lorgne vers les mines.
Au Katanga, il y a surtout une bonne communauté de commerçants grecs bien implantés. Katebe y trouve une âme sœur qu’il épouse, une parente de l’homme d’affaires Stavros Papaionnou. Peu avant la chute de Mobutu, une affaire l’oppose à la communauté grecque. Katebe est cité dans le meurtre d’un Grec Dimitri. Il l’aurait abattu à bout portant à l’aide d’un pistolet et aurait tiré plusieurs coups de feu… L’homme explique que Dimitri s’est rendu à son domicile pour l’abattre. Une altercation s’en serait suivie au cours de laquelle l’assaillant a trouvé la mort! C’est loin d’être l’avis d’un juge qui le condamne: arrestation immédiate et prison ferme. Aidé par des complices, depuis le Katanga, Katebe se déguise et quitte le pays. Avec une nouvelle épouse flamande, il s’installe dans sa latifundiaire demeure flamande de Brugges d’où, au milieu de cerfs, il prépare son retour en fanfare…
Car, entre-temps, Mobutu est tombé et les Kabila ont pris le pouvoir. Katangais par sa mère, Katebe aurait pu s’entendre avec le nouveau pouvoir. Mais la justice n’a rien oublié et lui, il déteste les Kabila. Cela n’empêche pas le tycoon de faire un furtif retour à Kinshasa, après Sun City, protégé par l’homme fort du régime, Katangais, conseiller spécial en matière de sécurité du président, feu l’ambassadeur Guillaume Samba Kaputo qui recrute et projette un destin pour le fils du Mzee.
Mais si Katebe aime la politique, le richissime katangais réclame les premiers rôles.

EX-MOBUTISTES.
Financier de premier ordre de l’ex-rébellion alliée du Rwanda, le RCD-Goma, il s’était installé à Kigali, puis à Goma avant le dialogue inter-congolais. Il fait partie de la délégation du RCD-Goma à Gaborone au Botswana, à Addis-Abeba, en Ethiopie, à Sun City et à Pretoria en Afrique du Sud. Il coache un groupe d’opposants internes et externes au nombre desquels feu l’ancien secrétaire général adjoint de l’Organisation de l’Union Africaine et ministre des Affaires étrangères et de la Justice Gérard Kamanda wa Kamanda, ministre de la Recherche Scientifique après le dialogue de Sun City et le spécialiste des «villes mortes» des années Mobutu, Joseph Olenghankoy, ministre des Transports et Communications. L’ex-éminence grise de l’UDPS Justine Kasavubu qui avait rejoint Kabila comme ministre, nommée plus tard ambassadeur à Bruxelles, fait partie de sa prise.
A Gaborone, il occupe une résidence d’hôtes de marque et descend à Addis-Abeba au très luxueux Sheraton, gardé comme un roi par des gros bras sud-africains. A Sun City, quand les chefs de guerre prennent des chambres dans des établissements trois étoiles, crésus occupe une suite royale dans l’extravagance et la démesure du fameux Le Palace, qui domine la cité touristique, au cœur d’un million d’arbres et de plages artificielles où il reçoit et distribue des paquets de dollars.
On voit pour la toute première fois dans son entourage l’ombre d’un jeune longiligne qui vient de la Zambie Moïse Katumbi Chapwe, qui l’accompagnait dans la pêche au fretin du lac Moero...
Katebe se rêvait Président de la République au lendemain de l’assassinat du Mzee Kabila. Lâché par son groupe d’opposants dont l’un Joseph Olenghankoy le traite en public d’«analphabète politique», c’est Kabila fils qui rempile.
Quand Jean-Pierre Bemba et la rébellion du MLC et la composante Gouvernement signent un accord de gouvernement excluant la rébellion du RCD-Goma, Katebe fait partie de l’ASD, l’Alliance pour la Sauvegarde du Dialogue inter-Congolais mise en place par le Rwanda qui réclame et obtient la reprise du Dialogue. Pour ses bons et loyaux services, Kigali l’a imposé 2ème vice-président, ne pouvant faire plus. Quand Tshisekedi est président et Azarias Ruberwa 1er Vice-président...
Comme tout pêcheur, celui du lac Moero attend patiemment sa proie. Il a largué les amarres et lancé le chalut. S’il se fâche avec son demi-frère qui s’est approché de Kabila, a pris la carte de son parti PPRD, s’est fait élire député à Lubumbashi, puis gouverneur du Katanga minier qu’il dirige de main de fer et dicte sa loi aux investisseurs qui accourent du monde entier avec le démantèlement et la vente en morceaux du patrimoine minier national, l’homme ruiné financièrement par le Dialogue de Sun City, démonétisé politiquement, voit l’intérêt à sauvegarder «l’esprit de famille» depuis que «le petit de la Zambie» est devenu roi du Katanga.Les millions de dollars de Moïse renflouent les caisses de Soriano ou transitent par lui avant d’atterrir chez les opposants. En premier lieu Tshisekedi...
La prise est telle que «le Sphinx» n’a rien vu quand s’impose l’impossible réconciliation avec son ennemi tortionnaire anti-luba kasaïen Gabriel Kyungu wa Kumwanza qu’il destinait à la CPI pour des crimes imprescriptibles (nettoyage ethnique au Katanga) passé au G7 et qu’il accueille en Belgique pour fêter (trop vite!) le début de la fin de Kabila. Katebe ne le quitte plus, a acquis le droit de lui souffler à l’oreille…
Le G7? Un mélange d’anciens mobutistes (l’ancien ministre de la Défense Charles Mwando Nsimba, l’ancien gouverneur du Katanga Kyungu wa Kumwanza, l’ancien P-dg et ministre de l’Environnement José Endundo Bononge, retoqué à chaque remaniement comme candidat ministre, convaincu qu’il n’a guère de salut sous Kabila) et d’anciens Kabilistes (l’ancien conseiller spécial en matière de sécurité, Pierre Lumbi Okongo, un ancien du cabinet de Samba Kaputo, l’ancien ministre du Plan Olivier Kamitatu Etsu, l’ancien 1er Vice-président de l’Assemblée nationale Christophe Lutundula Pene Apala).
Après avoir poussé l’argentier de Mobutu Pierre Pay-Pay wa Syakasighe, puis Jean-Claude Masangu, deux anciens gouverneurs de la Banque Centrale, le G7 s’est choisi Moïse Katumbi qui a fait fortune au Katanga comme candidat Président de la République qu’il coache sur tous les théâtres. Katebe a lancé AR (Alternance pour la République) qui a remplacé le groupe de Kamanda-Olenghankoy, et a nommé coordonnateur un député kasaïen, Delly Sessanga Hipungu Dja Kaseng Kapitu, un ancien du RCD-Goma, du RCD-Kisangani, et du MLC.
G7 et AR ont convaincu «le Sphinx» de son retour en politique par sa prise d’imperium qu’il n’a eu de cesse de révendiquer. G7 et AR le verraient Président d’une (énième) transition... Pris dans le filet, «le Sphinx» désormais accepte tout. Il peut quitter la Belgique et se rendre à Paris à une réunion au Quai d’Orsay où il salue non pas le ministre Jean-Marc Ayrault mais des fonctionnaires.
Lui qui réussit le tour de force en octobre 2012 de se faire recevoir par le président François Hollande à Kinshasa en plein sommet de la Francophonie. Une rencontre certes qui se solda par des commentaires peu amènes… A la base du mouvement Le Rassemblement, ex-Mobutistes et ex-Kabilistes alliés retrouvent la machine à laver de leurs devanciers Mobutistes pendant les années USORAL, Union sacrée de l’opposition radicale et alliés qui les ramena au pouvoir face à Mobutu en les relégitimant.
Tshisekedi est-il victime d’un abus de faiblesse qui consiste à exploiter l’état d’ignorance ou de vulnérabilité psychique ou psychologique d’une personne pour l’amener à prendre des engagements dont elle est incapable de voir l’importance? La lessiveuse tourne à plein régime. Au moins pour l’heure... Voilà pourquoi il multiplie les conditions au démarrage du dialogue et réclame l’abandon des poursuites contre Katumbi.
T. MATOTU.


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