Edem Kodjo, le facilitateur désigné désormais complicateur
  • lun, 23/05/2016 - 13:17

Des boules puantes lancées contre le facilitateur du Dialogue congolais désormais pris pour un complicateur appelé à démissionner et à quitter le Congo.

C’est un incompétent»! «Il n’est à la hauteur ni de sa tâche, ni des enjeux», fulmine un opposant «politiquement modéré», membre de l’opposition autre que l’UDPS, très remonté contre l’ancien Premier ministre togolais Edem Kodjo facilitateur du Dialogue politique national et inclusif au lendemain de sa déclaration lors de sa conférence de presse organisée vendredi 20 mai 2016 dans la Capitale.

«IL A CHOISI SON CAMP».
Il n’y a pas que le verbe qui peste dans la prise de position politique, il y a le ton employé contre l’ancien Premier ministre togolais et secrétaire général de l’Union Africaine. Une vraie rage a envahi des personnalités d’opposition qui ont rejoint le camp du Dialogue, avaient été reçues, devant les caméras de la télévision, publiquement, par le Chef de l’Etat au Palais de la Nation lors du round de consultation pour le Dialogue et qui ont le sentiment aujourd’hui à l’arrivée d’être laissées pour compte, trahies par le facilitateur unionafricain et de subir l’humiliation.
«Si je ne prends pas part au Comité préparatoire, bien sûr, je n’irai pas au Dialogue», tonne l’un d’eux. «Ce Kodjo est un provocateur. Il nous ramène cinquante ans en arrière. Il doit remettre sa démission tout de suite et quitter le pays sans attendre», fulmine un autre. «Il se prend pour le nouveau roi, pour Léopold II. Il se prend pour le nouveau Président de la République de ce pays car il estime que les personnalités que le Président de la République avait consultées (dans le cadre des préparatifs de ce Dialogue, ndlr) représentaient la fausse classe politique; c’est lui le Togolais qui connaît ce pays, qui connaît la bonne classe politique congolaise; c’est à lui de désigner les opposants congolais», tempête de rage un autre.
«Si c’est ça un sage du Continent, alors le Continent africain est mal parti. Nous prenons acte dès ce soir que cet homme a échoué. Il a perdu la qualité de facilitateur. Il va présider la première réunion et puis, s’en va. Le facilitateur doit être l’Eglise au milieu du village. Lui a choisi son camp. Il a quitté le milieu du village. Il a signé des accords avec un parti politique. C’est extrêmement grave. Mme Zuma doit nous désigner un autre facilitateur». «C’est clair, cet homme ne connaît pas ce pays. Il doit remettre sa démission et s’en aller car ce n’est pas un facilitateur, c’est un complicateur». «Le facilitateur ne peut soumettre toute l’opposition sous le leadership d’un seul parti pour engager toute la classe politique nationale. Chaque parti a ses statuts, son projet de société. Or, Kodo ne considère que l’UDPS. Sait-il qu’en 2006, les élections ont bel et bien eu lieu dans ce pays - et l’UDPS les avait boycottées. Le Congo ne s’en porte pas mal! D’où lui vient l’idée de privilégier l’UDPS comme seul représentant de l’opposition dans ce pays?», s’enflamme un autre.

LE FEU VA PRENDRE DE PARTOUT.
De vraies boules puantes qui viennent de toutes parts, de tous les opposants («opposition citoyenne», «opposition patriotique», etc.) autres que proche de la «mouvance UDPS» et lancées contre l’ancien Premier ministre togolais facilitateur désigné par la présidente de l’UA, Union africaine Mme Nkosazana Dlamini Zuma.
Pour l’instant, ils sont trois ou quatre (Steve Mbikayi, Justin Bitakwira, Sylvanius Mushi Bonane) à donner de la voix après la deuxième sortie médiatique du facilitateur (la veille, il avait accordé une interview à la radio onusienne Okapi désignant l’UDPS comme l’élément bloquant au démarrage du Dialogue. Il s’est plaint «l’opposition reste divisée sur sa participation au dialogue». L’UDPS, qui lui avait promis depuis le 26 mars de faire une liste commune de l’opposition pour le comité préparatoire ne lui a, jusqu’à ce jour, toujours rien remis, a déclaré Kodjo lors de cette conférence presse à Kinshasa.
A n’en point douter, les rangs qui démonétisent Kodjo pourraient très vite grossir et le feu prendre de partout.
Qu’il ait décidé de revoir sa copie de départ - en faisant passer le nombre de membres du Comité préparatoire de 30 à 34 (après avoir accepté d’augmenter de 4 le quota de la société civile passé de 6 à 10) ne lui porte pas bonheur.
«C’est un mauvais signe de départ», analyse un observateur.
Un geste qui est loin de satisfaire les composantes de la société civile dans leur diversité qui estiment que les deux composantes politiques (opposition et majorité) disposent de 12 membres chacune au sein du Comité préparatoire, soit plus que la société civile, ce qui n’est pas normal. «Nous sommes une composante à part entière. C’est à nous d’aider les politiques quand ils s’affrontent en leur trouvant des points de convergence et des voies de sortie. Nous devons avoir le même nombre de délégués au Comité préparatoire voire plus», déclare la porte-parole de la Société civile plurielle Katy Kalala. Un autre membre fait ressortir «le caractère ethnique» de la liste de la Société civile rendue publique par le facilitateur. «Sur les 10 membres désignés (de la société civile), six ont une même coloration ethnique. Edem Kodjo nous amène la division dans ce pays». Cérise sur le gâteau, la Lucha (Lutte pour le Changement), un mouvement des jeunes luttant contre l’hypothèse de troisième mandat de Joseph Kabila et très médiatisé avec des militants emprisonnés et désormais condamnés à 12 mois de servitude pénale, dont un membre se trouvait sur la liste du facilitateur aurait reconsidéré sa position.
D. DADEI.


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