- jeu, 23/03/2017 - 04:31
Le Parti Lumumbiste Unifié s’apprête à annoncer officiellement son divorce avec la Majorité Présidentielle.
Adolphe Muzitu Funji a été pardonné le 23 janvier 2017 par «le Vieux». L’ancien ministre du Budget qui a succédé le 10 octobre 2008 au patriarche Antoine Gizenga Fundji comme premier ministre, a regagné les rangs. Au Parti Lumumbiste Unifié, tout est désormais rentré dans l’ordre avec une amnistie générale qui ne paraît cependant pas avoir concerné l’ancien vice-premier ministre Willy Makiashi qui reste sous le coup de fatwa. Au PALU, on cherche en effet à établir des responsabilités après le déménagement chaotique du patriarche du château de Mbuma aux confins de Kingasani ya Suka pour le quartier chic de Mont Fleury où une villa prise en location fut présentée comme une propriété acquise par un haut cadre du PALU et offerte au patriarche alors que ne voyant plus venir ses loyers, son propriétaire, l’entreprise AVC Construct a ordonné son déguerpissement... Depuis, Gizenga occupe un appartement à la Cité du fleuve... D’aucuns pensent qu’il s’agissait d’un coup monté pour éloigner Gizenga de son épouse Anne Mbuba Gizenga.
Au Dialogue de la Cité de l’Union Africaine, Muzitu fit grande impression le 18 octobre 2016. Il fut le seul des 300 dialoguistes à refuser de poser sa signature au bas d’un accord politique d’importance qui venait d’être conclu par une partie de la classe politique nationale et des membres de la société civile sous la médiation internationale conduite par l’Union africaine...
On dira que l’ancien premier ministre avait été bien inspiré vu le sort de cet accord désormais balayé par celui de la Saint Syvestre mené sous les bons offices des évêques de la CENCO. Il n’empeche! Ce fut un coup dure asséné à l’alliance Majorité Présidentielle-Parti Lumumbiste Unifié.
Muzitu venait de faire publiquement dissidence en poursuivant sa tracée qu’annonçaient déjà ses chroniques au vitriole. Tel est Adolphe Muzitu Funji baptisé Mfumu Mpa (le nouveau chef) qui fait très Macron à Kinshasa en attendant son heure... Viendra-t-elle?
A LA BASE, LA CAMPAGNE FAIT RAGE.
Plus vite qu’on ne le pense dans la mesure où l’ancien premier ministre compte les mois qui passent outre le grand âge de Gizenga, né le 9 octobre 1925 à Mushiko, Gungu, province du Kwilu, nonagénaire et biencentenaire.
En attendant, la campagne à la base fait rage à Kinshasa, dans l’ex- Bandundu et surtout dans la nouvelle province du Kwilu. Le 19 décembre 2016, l’accord avec la Majorité Présidentielle a pris. Le Parti lumumbiste Unifié assure avoir offert deux mandats à Joseph Kabila Kabange à l’issue duquel viendrait son tour. Qui est désormais arrivé...
Comme en 2006 où les résultats à la Présidentielle furent un désastre au premier tour pour le candidat de l’ancienne AMP, la diabolisation à la base menée par Muzitu qui se rêve un destin national, a repris du poil de la bête!
Du coup, le PALU présentera ses candidats propres à tous les scrutins, y compris à la Présidentielle.
Or, pour la Majorité, il ne saurait exister d’autre candidat que Joseph Kabila Kabange. A elle de s’apprêter pour s’assumer pleinement. Cela fait longtemps que Muzitu se prépare à cette campagne. Ministre du Budget pendant deux ans, Premier ministre du Gouvernement de la République pendant quatre ans, il a eu assez de temps d’y penser et de s’organiser.
Aux Législatives de 2011, il s’était battu bec et ongles pour enlever le plus de députés afin de constituer un groupe parlementaire qui ferait du PALU sinon la première du moins la deuxième force politique du pâys. Il ne réussit guère malgré pressions et violences qiui s’abattirent sur les fonctionnaires de la Centrale électorale indépendante.
A Gungu, les président et vice-président de la CENI, ulcérés par ces pressions et violences, durent démissionner face à un Premier ministre devenu autorité morale de fait de son parti, qui réclamait tous les mandats du territoire.
Malgré cela, le PALU recula encore plus dans le pays. S’il avait compté 5 députés en 2006 dans le territoire de Bulungu, il ne réussit à en imposer aucun en 2011.
Dans le Masimanimba, tous les 5 députés de 2006 furent balayés. Le PALU ne compte qu’un Député de Masimanimba au sein de la législature actuelle. Du coup, ni l’objectif de s’ériger en deuxième sinon en première force du pays ne fut atteint, ni celui de former un groupe parlementaire homogène. Battus à Kinshasa en 2006 pourtant base sociologique du PALU, ses deux personnalités de tout premier ordre - Muzitu et Godefroid Mayobo Mpwene Ngantien, ancien bras droit de Gizenga et son ministre délégué auprès du Premier ministre - ne furent élus qu’en désertant la Capitale, le premier dû aller cher des voix à Kikwit, le second à Kenge. A voir la situation qui prévaut aujourd’hui sur le terrain, il n’est pas sûr que le PALU puisse faire mieux lors des prochains scrutins. Mais la politique n’a jamais été exempte de surprises. A la Majorité Présidentielle d’affûter ses armes en ne se laissant pas endormir.
D. DADEI.