La BIAC a cessé de remplir sa mission
  • lun, 04/04/2016 - 01:51

Le Gouvernement a beau vouloir, aux Blatter actionnaires de renflouer la mastodonte, de céder ou de vendre.

Assassinat par défenestration. Le moins que l’on puisse dire! A la BIAC, les événements se sont accélérés à une incroyable vitesse. En une matinée, lundi 28 mars, peu après que Le Soft International eut mis sa livraison sur le marché (avec le titre en page 13 «La BIAC en voie de frôler la banqueroute?», n°1353 daté lundi 28 mars), le sort de Michel Losembe, patron bling-bling, était scellé. Un coup KO! Gouverneur de la Banque Centrale du Congo (Banque Centrale et Institut d’émission), Déogratias Mutombo Mwana Nyembo signifiait dès les premières heures à cet établissment bancaire familial appartenant à l’un des deux fils Blattner - Mickael Blattner - la décision de révocation de son directeur général, un ancien d’une filiale de Citigroup - Citibank Congo - et son remplacement par l’épouse de l’un des enfants Mobutu, Anne Mbuguje Marembo Giala, qui occupait jusqu’ici les fonctions de directeure «service public» chargée de la Ville Province de Kinshasa. Une décision sans appel. La désignation comme Directeure Générale (a.i, précisait plus tard un communiqué officiel du Conseil d’administration de la BIAC diffusé le 31 mars) a été décidée à l’issue de la Troïka stratégique, une réunion qui a lieu tous les lundis à la première heure, regroupant, autour du Premier ministre, Chef du Gouvernement Augustin Matata Ponyo Mapon, le ministre du Budget, ceux des Finances et de l’Economie ainsi que le gouverneur de la Banque Centrale du Congo. Selon le communiqué du C.A de la BIAC, la Banque Internationale pour l’Afrique (francophone) au Congo ex-BIAO, jadis BIAZ lors des années Mobutu) était désormais placée sous une direction collégiale.
Celle-ci est composée de Mme Anne Mbuguje Marembo Mobutu, flanquée de trois adjoints: Fabrice Alfonsi (en charge de l’Exploitation), Stéphane Lukamba (en charge du Commercial et Trésorerie) et... de Mickael Blattner, représentant du Conseil d’administration, et, à ce titre, en charge de la recapitalisation de la banque.

L’ARGENT EST UN ANIMAL PEUREUX.
Losembe a, dans un baroud d’honneur dont il connaît seul le secret, négocié et obtenu le renouvellement de contrats de publicité de plusieurs médias - alors que, de bonne gestion, quand une crise voit le jour, le premier poste à supprimer est, au contraire, la publicité - de même que la diffusion de plusieurs communiqués abusifs qui ne cachent pas une situation angoissante pour le système bancaire local et pour l’économie nationale.
Tel celui-ci: «Le Conseil d’administration de la BIAC réuni ce jeudi 31 mars a entériné le départ du directeur général, Michel Losembe, en fonction depuis janvier 2013. Ce départ interviendra à la fin de son mandat, prévue mi-avril à l’occasion de l’adoption des résultats 2015 de la Banque en Assemblée générale. Michel Losembe reste membre du Conseil d’administration. Nous saluons le travail effectué par Michel Losembe depuis plus de trois ans. Grâce à lui, nous avons entamé la restructuration de la Banque et accéléré son développement commercial en direction notamment de la clientèle des particuliers et des PME. Mais dans le cadre de l’essor de la BIAC qui passe nécessairement par une optimisation de son fonctionnement et une augmentation de son capital, il nous semble important d’insuffler une nouvelle dynamique avec d’autres méthodes de management et de gestion».
Puis de menacer - pour la énième fois - de poursuites judiciaires des médias qui relaient «de fausses informations sur la base de rumeurs non vérifiées» créant la panique au sein de la population! Pourtant, c’est à la BIAC et à elle seule de jouer la transparence en ouvrant ses livres. L’argent est un animal peureux qui déteste cordialement le bruit.
Quand la BIAC - bien que forte de ses «fondamentaux» interminablement ressassés - volume d’activités, nombre de ses comptes bancaires (340.000 ou 400.000), réseau d’agences, contribution au financement de l’économie nationale - décide de limiter les retraits à ses guichets à USD 500/jour comme il y a peu en Grèce portée à bouts de bras par l’UE, argua d’une crise «brutale» de liquidités, est-ce la faute des épargnants ou celle des médias qui rendent compte de la ruée vers des guichets fermés aussitôt ouverts plusieurs jours d’affilée puisque vides, c’est-à-dire la panique?
Dans un pays où l’accès bancaire ne dépasse pas 5% de la population, qui douterait du potentiel d’une offre bancaire bien gérée? La BIAC fait état de «difficulté opérationnelle passagère». Elle assure qu’elle déploie «de nouvelles solutions monétiques adaptées au marché congolais, comme le mobile banking ou le lancement de la solution financière Heyano. Le développement de la BIAC repose sur les PME, un marché encore insuffisamment desservi (...)». Puis: «l’actionnaire de la BIAC a engagé une stratégie d’abondement en fonds propres, qui passe non seulement par l’apport direct de capital, mais aussi par la recherche active d’un partenaire de référence et d’un nouvel investisseur à très brève échéance».
Il faut attendre que les richissimes Blattner mettent la main à la poche. Ce qui se fait attendre… Il faut attendre que la Banque Centrale, encouragée par le Gouvernement, avance d’autres millions à une banque surendettée et en cessation de paiements! Ce qui se fait attendre.

BEAU REVE MAIS VŒU PIEUX.
Si la BIAC pèse USD 400 millions d’épargne, il faut injecter en liquide USD 400 millions afin que la BIAC honore tous ses épargnants. Sinon les effets collatéraux sur nos PME qui vont devoir être mises à l’arrêt, seront considérables sur l’économie. En attendant, la panique gagne les étages… Organismes et ONG internationales qui reçoivent mensuellement du financement extérieur négocient d’autres solutions afin que les fonds ne tombent plus dans un trou béant.
Un économiste explique: «Les symptômes que présente la BIAC ne laissent aucun doute sur son état. Quand une banque ne parvient plus à remplir sa mission principale qui est de mettre en relation les détenteurs d’épargnes - les ménages, les déposants - et les demandeurs d’épargnes - les demandeurs de crédits - ce qu’elle est en faillite».
Du moment où une banque ferme des guichets, met dehors une partie de son personnel, réduit des salaires, parle de restructuration, c’est très mauvais signe. Il ne faut pas être un génie en économie pour comprendre».
La nouvelle D-G Mbuguje Marembo Mobutu brandit sa feuille de route à appliquer «avec l’appui de notre Conseil d’administration et en étroite collaboration avec les autorités du pays». Signe, dit-elle, de la volonté de la BIAC de poursuivre son développement «avec les mêmes ambitions: assurer une qualité de service à sa clientèle pour contribuer activement à l’émergence économique de la République démocratique du Congo». Beau rêve. Vœu pieux certainement...
T. MATOTU.


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