La maladie était plus forte que ses pourfendeurs
  • mar, 13/10/2015 - 03:55

Critiqué par des princes de l’église catholique, c’est la maladie qui a eu raison de Malu Malu.
On le savait, mais on refusait d’y croire. Voilà qu’à treize mois des scrutins nationaux - la présidentielle et les législatives - la rumeur est confirmée. Samedi 10 octobre , une annonce de la présidence de la République faisait état de la démission de l’abbé Apollinaire Malu Malu Muholongu, président de la CENI, chargée d’organiser ces élections.
L’abbé Apollinaire Malu Malu a présenté «sa démission de ses fonctions de président de la CENI, la Commission électorale nationale indépendante, institution» au président de la République Joseph Kabila, «pour raisons de santé» et celui-ci en a «pris acte», a annoncé le communiqué officiel lu à la télévision Rtnc.
Composée de membres issus de diverses composantes de la population (partis politiques de la majorité et de l’opposition, société civile), la CENI a été mise en place après de longs mois de négociations et de savants dosages. Le président de la République a demandé à la société civile, dont était «issu» l’ecclésiastique quinquagénaire de se réunir «pour désigner son remplaçant».
Originaire du Nord-Kivu, l’abbé Malu Malu appartient à l’ethnie Nande. Il obtiendra un doctorat en Sciences politiques à l’Université de Grenoble-II (Université Pierre-Mendès-France) en 1988, ainsi que plus tard une maîtrise en Sciences des droits de l’homme, et un diplôme d’études approfondies en Sciences politiques, en philosophie et en théologie à Lyon1. Entre 1993 et 1996, il est curé de la paroisse de Monestier-de-Clermont, dans le diocèse de Grenoble. En 1997, il revient au pays, où il occupera la fonction de vice-recteur puis de recteur à l’Université du Graben à Butembo. Il y est également président du Consortium agriculture urbaine de la Ville. En 2003, il est nommé Expert au Service présidentiel d’études stratégiques attaché au Cabinet du Président de la République Joseph Kabila. En 2003, il est nommé à la tête de la Commission électorale indépendante, chargé de superviser l’enrôlement des électeurs et de l’organisation des différentes élections devant se tenir en 2005 et 2006. En 2006 le Cardinal Etsou critique Malu Malu. L’abbé, qui n’a aucune influence sur les votes, et au vu des résultats, dément très fortement. Fin 2007, il est chargé des travaux préparatoires de la Conférence de Goma en vue d’une issue à la guerre du Kivu. Le 20 mars 2008, il reçoit un Honoris Causa de l’Université de Liège pour avoir réussi à organiser des élections démocratiques et transparentes, qui était alors un pays très instable politiquement parlant.
Chef du premier groupe parlementaire d’opposition (UDPS et alliés) à l’Assemblée nationale, le Dép. Samy Badibanga, n’était pas surpris samedi de cette démission, notant auprès de l’Afp que l’abbé Malu Malu «était indisponible depuis un bon moment». «Malu Malu était l’expert attitré de la CENI (...)», faisant allusion au fait que l’abbé était crédité d’avoir organisé en 2006 les premières élections libres depuis l’indépendance du pays en 1960, au sortir de deux guerres ayant ravagé le pays entre 1996 et 2003. Pour l’élu, la démission de l’abbé «va compliquer les choses» alors que le temps est compté pour organiser les prochains scrutins et que le fichier électoral issu de la présidentielle et des législatives de 2011 est jugé totalement «corrompu» par l’opposition et que l’enrôlement des nouveaux majeurs est au cœur des enjeux.
Soigné à l’étranger pour une maladie non rendue publique, Malu-Malu, critiqué par des princes de l’église catholique, était absent du pays depuis des mois. Il avait fait une brève apparition en avril pour une conférence de presse où il était apparu fort affaibli, coiffé d’une casquette pour dissimuler la cicatrice d’une opération chirurgicale. Compte tenu de ce que l’on savait de son état de santé, «tout laisse croire qu’on a voulu gagner du temps» en le maintenant en place, confie Samy Badibanga, rapoorte l’Afp.


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