Le Franc congolais s’est déprécié de plus de 75%
  • dim, 23/07/2017 - 23:03

L’économie congolaise frôlerait la banqueroute.

KIN’S, n°8, daté lundi 24 juillet 2017.

Le taux de change s’est indûment déprécié en dépit de nombreuses interventions de la Banque Centrale du Congo. Entre fin 2015 à ce jour, il s’observe une dépréciation de plus de 75% en considérant le taux change partant de 945 CDF à 1.650 CDF le Dollar US.
L’usage des monnaies étrangères comme instrument de paiements, non pas seulement dans les transactions internationales, mais aussi à l’intérieur de économie congolaise, est l’aboutissement d’un phénomène progressif connu sous le nom de «dollarisation de l’économie», parce que le dollar est la principale devise utilisée à cette fin.
La dollarisation s’est développée en RDC, suite à une forte dépréciation de la monnaie nationale qui a entraîné une forte inflation ou «inflation chronique», voire de l’hyperinflation, depuis les années 80 et surtout 90.
Après une stabilité macroéconomique entre 2003 et 2015, suite notamment à une conduite des politiques monétaires plus efficaces contre l’inflation (que pendant toute la période antérieure), «les changements structurels liés à la mondialisation et un concours de circonstances favorables, à la bonne chance» (voir, Tcheta-Bampa, 2015, 2016), l’instabilité macroéconomique de la RDC est redevenue forte. Le taux de change s’est assidûment déprécié et ceci malgré les nombreuses interventions de la BCC.
Si on considère le taux change, jadis échangé à 945 FC contre un dollar américain fin 2015, aujourd’hui ce dernier s’échange à 1.635 FC (soit, une dépréciation de 75 %).
Cette dépréciation entraîne en conséquence, une perte de pouvoir d’achat des ménages, en particuliers celui de des fonctionnaires et autres agents de l’Etat.
Ce qui a motivé la décision du gouvernement de payer les agents et fonctionnaires de l’Etat dès ce mois de juillet, au taux de 1.425 CDF le Dollar US.
Toutefois, mais nous pensons que cette décision n’est pas une bonne et est prise à la hâte sans comprendre et s’attaquer aux vrais problèmes, qui est le déficit de la balance de paiement. C’est ce déficit extérieur qui détermine la dépréciation du taux de change. Tcheta-Bampa, dans son article sur la leçon de l’expérience récente de la dépréciation, décrit le lien entre le déficit commercial et l’évolution du taux de change en RDC comme suit: «La RDC est structurellement en crise de balance des paiements parce que la propension à importer est plus forte que le taux de croissance des exportations et des réserves en devise. La valeur de la monnaie nationale devrait baisser parce que s’il y a de déficit, c’est-à-dire les exportations de biens et services sont inférieures aux importations. Or, les exportations rapportent des dollars qui sont nécessaires pour acheter les importations. Comme les exportations sont structurellement faibles, il n’y a pas assez de dollars et donc les entreprises de la RDC qui importent, elles sont obligées de demander du dollar. Donc, elles offrent du Franc Congolais sur le marché des changes et elles demandent de dollar. Le résultat, ce qu’il y a une offre du Franc Congolais importante (parce que les entreprises congolaises ont besoins de beaucoup de dollars), et par contre la demande du Franc Congolais n’a pas tellement de raison d’être importante, parce que la RDC exporte peu, le résultat ce qu’il y a une baisse de la valeur du FC parce que l’offre du FC est supérieure à sa demande sur marché».
La faiblesse structurelle des réserves internationales de la RDC est donc expliquée par le déficit commercial du à la fois à la baisse de la valeur des exportations (à cause des prix bas des produits de base) et à la faible compétitivité.
STEVE KILULA.

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L’économie congolaise se porte très mal, a déclaré, à l’occasion d’un séminaire avec les opérateurs du secteur minier, Déogratias Mutombo qui a décrit une économie en surchauffe. Avec une inflation de plus en plus galopante et une réserve de change de plus en plus réduite. Pour la paie des fonctionnaires au mois de juillet, la Banque centrale - dans l’attente de recettes - a décidé d’étaler ses décaissements aux banques commerciales sur une dizaine de jours.
Sur les six derniers mois de l’année 2016, les prix avaient enregistré une hausse de près de 40% et le phénomène ne fait que s’aggraver en 2017. En juin notamment, l’inflation était pour ce seul mois de plus de 7%.
Phénomène inverse pour les réserves de change, elles sont au plus bas: trois semaines et demie à peine quand la norme est de trois mois. Or, le Congo importe presque tous les biens de consommation courante et subventionne même les prix des carburants. Pourtant, depuis janvier 2016, on parle de mesures «urgentes» de redressement de l’économie face à la baisse des cours des matières premières, réduction drastique du train de vie de l’Etat et chasse aux détournements, notamment des recettes fiscales.
Mais pour un économiste congolais, si les mesures avancées depuis sont les bonnes, elles n’ont jamais été véritablement mises en œuvre. Son gouverneur, Deogratias Mutombo, met en cause notamment le secteur minier qui, selon lui, ne répondrait pas à son obligation légale de rapatrier 40% de ses recettes d’exportation au Congo, synonyme d’injection de devises dans l’économie.
Le patronat congolais se dit prêt à collaborer avec les autorités mais dément que le secteur minier contrevienne à la loi en vigueur. Se disant être un bouc-émissaire.
AVEC AGENCES.


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