Médias euro-africains stipendiés et... engagés
  • lun, 29/01/2018 - 01:31

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Dans les pays d’Occident développé, toute la presse est en décrue. Ni public lectoriel ou, mieux, pas assez pour continuer à exister. Ni pub ou pas comme avant. Avec la montée en puissance des réseaux sociaux que permet l’arrivée du haut débit et sa guerre déclarée aux médias classiques, la presse papier est poussée dans ses derniers retranchements. Elle vit la mévente et ferme. Le dernier cas en date viendrait de France avec la faillite annoncée de la mastodonte Equipe, le grand quotidien sportif français, qui se voit proposer une voie de survie, la version Internet.
Si elle veut survivre, la presse doit en effet aller vers de nouvelles frontières. L’Afrique est toute indiquée… Du coup, quotidiens et hebdomadaires voire périodiques occidentaux, ont désormais chacun une édition Afrique. Mêmement pour les radios et les télés… Même les distributeurs de l’audiovisuel, ils n’ont pas de choix que de se tourner vers ce Continent pauvre certes mais très demandeur de nouvelles…
Le problème est que l’Afrique continue toujours d’être traitée comme cette «merde». On peut critiquer Donald Trump, le 45ème président américain lègue à l’Humanité deux mots, à ce jour. Après «fakenews», voici la «merde».
Mais sur l’Afrique ou à sa rubrique, ce ne sont pas toujours les pros qui sont affectés. Et les textes qui s’y publient peuvent ou pas être contrôlés! Occupés à leur survie politique voire physique, des régimes «kleptocrates» africains ne disposeraient pas de temps pour traîner médias et journalistes occidentaux devant des tribunaux. Ceux qui ont osent, se font débouter par des juges au nom du principe de liberté de presse ou de jugement même si les journalistes ne peuvent étayer leurs propos. Il y a des années, le principe de diffamation régnait en maître et les médias occidentaux avaient tant peur d’avoir à être poursuivis et condamnés à de fortes amendes.
Rien de tel aujourd’hui…
Si, hier, des organes de presse pouvaient financer eux-mêmes des voyages à l’étranger de leurs «envoyés spéciaux», la crise est si profonde qu’aujourd’hui, il n’y a plus rien de tel.

«ON NE MORD PAS LA MAIN QUI TE NOURRIT».
Du coup, désormais, ce sont des régimes «prédateurs» prêts à mettre la main à la poche ou des personnalités politiques marquantes ou du monde des affaires, soucieuses de leur image publique, qui distribuent des cartons d’invitation, logent les journalistes, s’occupent de leur déplacement dans le pays, paient les articles de presse ou les reportages radio et télé. En clair, la presse est désormais laissée au plus offrant!
Ainsi, le proverbe français selon lequel «on ne mord pas la main qui te nourrit», triomphe. Du coup, la presse euro-africaine à un sou, se voit envahie de textes politiquement colorés que même des élèves du primaire sursautent à leur lecture. Pour survivre, cette petite presse se laisse en effet dicter ses articles si elle ne reprend pas des communiqués vitriolés.
Des journaux comme le français Le Monde du très vertueux Hubert Beuve-Méry dont des rédactions ont été prises d’assaut par des jeunes loups africains, reprennent à longueur de journée des communiqués politiquement engagés et écartent toute opinion qui risquerait de heurter la main qui nourrit.
C’est le cas de cette lettre de l’archevêque Marcel Utembi Tapa datée du 15 janvier 2018 (réf. CENCO/PR/MUT/15/01 0000070/2018BG-7°) et qui fait couler de l’encre. Aucune reprise pro’ ni sur aucun compte des réseaux sociaux (Twitter ou Facebook ou autre de ces médias ou journalistes), ni, encore moins, dans un article de presse, et cette lettre adressée à «Son Eminence le Cardinal, Archevêque de Kinshasa et à Leurs Excellences Archevêques et Evêques de la CENCO», n’a, bien entendu, donné lieu à aucun commentaire sur un média audiovisuel euro-africain ou transafricain alors qui porte sur des «Orientations relatives à la marche annoncée par le Comité Laïc de Coordination (CLC)», marque un tournant.
On y lit entre autres ce qui suit: «Ayant appris que le Comité Laïc de Coordination (…) a annoncé une autre marche (…), je m’empresse d’attirer notre attention sur l’attitude que nous devons avoir si jamais nous sommes approchés par les laïcs de nos diocèses qui veulent emboîter le pas ou encore par les journalistes». «Tout en n’assumant pas cette marche comme étant organisée par la CENCO (…)». Puis: «Les laïcs peuvent s’organiser à leur niveau sans vous impliquer directement dans l’action. A chaque diocèse de voir comment accompagner les laïcs qui souscrivent librement à cette initiative pour qu’ils restent dans la dynamique de l’appel de la CENCO».
D. DADEI.

Soudain, des médias admiratifs,
florilège d’articles de presse sur le Cardinal

Nul doute. Opposants et une partie du clergé catholique ont résolu de diaboliser le régime Kabila. Après l’échec de manifestations organisées à l’appel de l’opposition, place à l’Eglise! Il s’agit de faire du 31 décembre 2017 (ou du 21 janvier 2018 ou, comme on l’entend déjà, du 16 février 2018 ou de toute autre manifestation à venir) un 16 février 1992 des années Mobutu ou… ce «massacre du campus de Lubumbashi qui vit le régime de la IIème République vaciller.

JOKER ET
«ARISTOCRATE».

Dans un article pleine page paru jeudi 18 janvier 2018, la journaliste belge Colette Breackmann, spécialiste Congo, voyant le grand soir vnu, réchauffe des notes biographiques, qualifie le Cardinal d’«aristocrate de l’Eglise catholique». «Cet originaire du Bandundu, évêque d’Inongo qui «ne sillonnera pas pas beaucoup les brousses abandonnées et les paroisses rurales car en 1984 déjà, est élu président de la Conférence Episcopale du Zaïre».
«Le pouvoir a beau démontrer que le prélat avait rencontré à Bruxelles des chefs de l’opposition (dont Moïse Katumbi) et suggérer qu’il y aurait eu une manœuvre concoctée, rien n’y fera: au Congo comme à Rome, le jugement de Laurent Monsengwo Pasinya sera considéré comme parole d’Evangile et il fera date». Le pouvoir l’accuse de vouloir briguer la magistrature suprême du pays, cette «seule personne sensée de la fin du règne de Mobutu», président de 1992 à 1996, du Haut Conseil de la République-Parlement de transition, avant de se faire octroyer en 2010 par Benoît XVI le titre de cardinal-prêtre de Santa Maria «Regina Pacis» in Ostia mare, est de marbre. «Je n’envie pas le pouvoir politique. Si je le voulais, je l’aurais en 1997, avec la chute de Mobutu mais je ne l’ai pas fait car mon pouvoir ecclésiastique est mille fois supérieur au pouvoir politique».
Des laïcs chrétiens, dans son «Cardinal Monsengwo, un «joker» face à Kabila» et «en voie de s’ériger en figure de proue de la société civile congolaise», la spécialiste belge Zaïre écrit: «Nous y voilà. Longtemps préparé dans l’ombre, le mouvement «Telema Ekoki» (Mettez-vous debout) est désormais lancé et l’appel des laïcs n’est que la face visible d’une vague de fond qui secoue le pays et qui pourrait déboucher sur une «transition sans Kabila», c’est-à-dire, un pouvoir intérimaire. Pour diriger cette «TSK» qui se traduirait par de nouvelles tractations politiques, le temps d’organiser de futurs scrutins, plusieurs noms sont cités dont celui du Dr Mukwege ou de l’archevêque de Kinshasa». (Le Soir, Bruxelles, 18 janvier 2018).

DESMOND TUTU OU MACHIAVEL?
Un autre texte documenté et actualisé, le portrait flamboyant de Sonia Rolley, Rfi Afrique, tout aussi long que le premier. Intitulé «RDC: le cardinal Monsengwo, Desmond Tutu ou Machiavel congolais?», on lit: «Il y a un adjectif qui revient sur toutes les lèvres quand on évoque la personnalité du cardinal Monsengwo: «têtu». «Quand il est décidé, il va jusqu’au bout», écrit la journaliste française citant le sénateur (opp.) Florentin Mokonda Bonza. «L’ex-directeur de cabinet du président Mobutu se souvient des messages déjà très politiques de celui qui n’était encore qu’archevêque de Kisangani et président de la Conférence épiscopale dans les années 90. Suivant les traces de son mentor et prédécesseur, le premier cardinal du Congo, l’archevêque Joseph-Albert Malula, Laurent Monsengwo perpétuait déjà à l’époque la «mission prophétique» de l’Eglise catholique au Congo, dénonçant la misère du peuple ou la corruption à une époque où le Congo vivait sous le régime d’un parti-Etat. «Ses messages égratignaient le président Mobutu sans jamais le désigner», note Mokonda Bonza.
Extraits: «Le président Mobutu ne voulait pas de lui à la tête de la conférence nationale, il a tout fait pour qu’un autre évêque soit désigné». Le maréchal cherche à diviser la société civile et envoie son émissaire négocier le soutien des protestants et des Eglises du réveil contre le prélat catholique. Mais, en 1992, la personnalité de Laurent Monsengwo s’impose à tous, lui y compris». Puis: «A peine ouverte, la conférence nationale censée amener à une démocratisation du pays est suspendue par un parti-Etat devenu la cible de toutes les critiques. Le 16 février 1992, à l’appel des mouvements laïcs de l’Eglise catholique, des dizaines de milliers de personnes descendent dans la rue pour réclamer la réouverture des débats dans le cadre d’une «Conférence nationale souveraine». Pris de panique, le gouvernement zaïrois fait intervenir les forces de sécurité. Elles ouvrent le feu sur les manifestants. Le bilan officiel fait état d’une vingtaine de morts, l’opposition - elle - évoque un bilan d’une centaine de victimes. Le maréchal cède. «Le président Mobutu s’est rendu compte à ce moment-là que l’Eglise était un adversaire redoutable, il ne voulait pas faire de l’Eglise un ennemi», se souvient le sénateur Mokonda Bonza».
«Alors que la rébellion de Laurent-Désiré Kabila menace son régime, il (Mobutu) acceptera en 1994 la «troisième voie» proposée par Laurent Monsengwo et désigne l’actuel président du Sénat, Kengo wa Dondo, comme chef de son gouvernement. Aux yeux des Congolais, la première «marche des chrétiens» reste un tournant pour un régime qui n’en finira plus d’agoniser».
«L’opposant Christophe Lutundula se souvient du jour où, en 1996, le cardinal s’est vu démettre de la présidence du Haut conseil de la
République, le parlement de transition, dont lui-même était deuxième vice-président: «Quand on a commencé à lui demander de partir, il souriait, il n’arrêtait pas de répéter qu’il n’y avait pas de solutions en dehors des résolutions de la Conférence nationale, comme il le fait aujourd’hui avec l’accord de la Saint-Sylvestre».
«Selon le vice-président du G7, Laurent Monsengwo serait resté très calme. Selon Christophe Lutundula, sa réaction la plus expressive s’est limitée à un «ah bon, celui-là aussi». (...). «Laurent Monsengwo est l’un des touts premiers africains à avoir choisi l’exégèse comme sujet d’étude», note l’historien Isidore
Ndaywel qui a co-édité un livre sur les 25 ans de son épiscopat. Le choix de l’exégèse biblique, recherche ô combien difficile et sensible
autour du texte sacré, a permis à ce jeune congolais issu d’un petit village de la province du Bandundu d’être remarqué très tôt alors qu’il
faisait ses études à Rome. Cette discipline nécessite la maîtrise des langues bibliques, l’hébreu, l’araméen et le grec. «L’érudit»
Monsengwo aurait «une très grande facilité à apprendre les
langues», il en parlerait plus d’une quinzaine si l’on en croit ses collègues professeurs. C’est aussi, et en partie, à Laurent Monsengwo que l’on doit la reconnaissance par le Saint-Siège du «rite zaïrois» qui insiste sur la participation active de l’assemblée au cours de la messe, permet une «procession en cadence», pas une danse, précisera Benoit XVI. (...). En 2013, François fait de lui l’un de ses neufs conseillers pour l’une des réformes les plus ambitieuses de l’administration du Saint-Siège, mais qui suscite des résistances: la réforme de la curie romaine. «Qu’on aime ou qu’on déteste le cardinal Monsengwo, il est stratège, il sait où il va, sinon il ne serait jamais devenu cardinal», note Mokonda Bonza, ajoutant: «C’est même la crème de l’Eglise aujourd’hui».
Silence, le cardinal compose sur l’orgue dans sa chambre, dit-on. Le morceau «Kinshasa, telema o ngenge na mwinda mwa Kristu», littéralement: «Kinshasa, lève-toi et resplendis de la lumière du
Christ», est souvent joué lors des messes où Laurent Monsengwo officie. «Il est très florentin», commente un officiel congolais qui dit
l’avoir souvent côtoyé. «Il aime l’exercice du pouvoir sous toutes ses formes, il est capable d’être machiavélique comme il l’est aujourd’hui». A l’adjectif «têtu», cet officiel ajoute une ribambelle
d’autres: sibyllin, très méthodique, retord, rancunier… Le mélomane de l’archidiocèse de Kinshasa a toujours inquiété les autorités congolaises. «On tablait sur les divisions au sein de l’Eglise catholique, mais il a complètement renversé la vapeur», reconnaît cet
officiel.

EN PASSE DE «RENVERSER LA VAPEUR».
«En décembre 2015, les «évêques de l’est» partent rejoindre le pape François en Ouganda pour son premier voyage sur le continent. (...). Le pape François aurait, dit-on, tapé du poing sur la table. La décision n’aurait pas été assez démocratique à son goût et le risque trop grand de voir couler le sang des chrétiens. A Kinshasa, à l’époque, un religieux s’emporte: «on ne peut pas laisser la Conférence épiscopale être noyautée par le G7». L’accusation fait sans doute référence à la proximité entre Laurent Monsengwo et
plusieurs personnalités de cette plateforme dissidente de la majorité, passée à l’opposition. Ces liens avec le président et le vice-président du G7, Pierre Lumbi et Christophe Lutundula, remontent à l’époque de la Conférence nationale. Mais l’opposant Christophe Lutundula dément: «Le cardinal n’était ni pour le président Mobutu, ni pour Etienne Tshisekedi à l’époque. Il n’a pas non plus de biais politique aujourd’hui».
Deux ans après la visite du pape François en Ouganda, le cardinal Monsengwo semble bel et bien «renverser la vapeur». Un comité laïc de coordination a été mis sur pied dans l’archidiocèse de
Kinshasa. A l’image des mouvements laïcs de 1992, cette association formée par des intellectuels proches de l’Eglise catholique cherche à travers des prières et des marches à arracher l’application de l’accord politique de la Saint-Sylvestre signé sous l’égide de l’Eglise catholique et notamment l’ouverture de l’espace politique au Congo, avant des élections promises pour la fin de l’année. Ce sont cette fois les «évêques de l’est» qui sont accusés d’avoir entravé les marches du 31 décembre 2017, en décourageant les paroissiens de s’y rendre par des communiqués relayés dans les médias, comme à Goma, Bukavu ou Butembo. Même si la conférence épiscopale a démenti toute division dans le clergé congolais, de jeunes activistes sont allés frapper à la porte du Centre interdiocésain pour demander une enquête contre des prélats soupçonnés d’être «vendus au pouvoir». «Après la répression des marches du 31 décembre 2017, les paroissiens tués, les gaz lacrymogènes lancés dans les Eglises, le cardinal Monsengwo ira plus loin qu’il n’est jamais allé avec le maréchal
Mobutu ou l’opposant historique, Etienne Tshisekedi. Il n’a jamais demandé le départ des uns ou des autres, il ne les aimait pas. «Il n’aime pas les politiciens», répètent ses proches. «Que les médiocres dégagent», lâche Laurent Monsengwo lors de sa conférence de
presse le 2 janvier 2017. Face aux voix de la majorité qui protestent, accusant le cardinal d’être devenu «l’opposant numéro 1», le secrétaire général de la Conférence épiscopale, l’abbé Nshole justifie:
«Médiocre, ce n’est pas une insulte, c’est une évaluation».
L’expression sans ménagement ne surprend pas Isidore Ndaywel, l’historien du comité laïc, même s’il l’attribue à une forme d’exaspération: «Le cardinal utilise des mots très forts, parfois des
phrases assassines, même sur le plan religieux».
Pour le sénateur Mokonda Bonza, «le cardinal n’a fait que dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas. C’est ça qui a fait mal au régime». La majorité présidentielle qualifie les propos de Laurent Monsengwo d’«injustes et injurieux». Le gouvernement évoque
«quelques tentatives subversives initiées notamment par un membre de la hiérarchie du clergé de l’Eglise catholique de la ville de Kinshasa» et accuse la Conférence épiscopale de s’inscrire «dans un
schéma anticonstitutionnel de violence, de désordre, de perturbation du processus électoral», une démarche «compromettant gravement
les intérêts nationaux». Son porte-parole, Lambert Mendé ira jusqu’à qualifier l’archevêque de Kinshasa «d’apôtre de l’insulte». «Dans le gouvernement, il y en a qui sont persuadés que Monsengwo
veut le pouvoir. S’il n’était pas cardinal, il aurait été arrêté», commente un officiel interrogé par Rfi, ajoutant: «Il n’est pas
l’opposant n° 1, le pire est qu’il est devenu le symbole de la résistance». Les proches de l’archevêque de Kinshasa s’inquiètent pour sa sécurité, certains évoquent des messages de menaces à peine
voilées. Le cardinal Monsengwo serait toujours protégé par un garde du corps. L’officiel sourit: «Monsengwo n’a pas peur, il vit dans la
suspicion permanente. Il se méfie de ce qu’il mange et avec qui. En bon florentin, il a peur du poison».
Le 12 janvier 2017, malgré les critiques, le cardinal célèbre une messe à la mémoire des martyrs du 31 décembre. La cathédrale est archicomble et dans le public de fidèles, à son apparition, des «Mandela» fusent. Aux premiers rangs, ambassadeurs occidentaux et opposants congolais montrent leur soutien à l’archevêque de Kinshasa. Cette commémoration était annoncée par le comité laïc de coordination, qui avait demandé aux politiciens d’oublier les insignes de leur parti. Laurent Monsengwo ne prononce aucun mot à caractère politique. Sa
parole reste rare, il laisse à d’autres le soin de porter les coups. (..) Rongée par les divisions internes, soupçonnée de ne s’intéresser qu’aux postes, l’opposition ne cache pas son soulagement à voir l’Eglise catholique défendre l’accord de la Saint-Sylvestre. (...). Le 31 décembre 2016, les bases d’un accord politique global sont signées par les principales des forces politiques du pays. Le cardinal Monsengwo est resté silencieux durant les débats autour du désormais accord de la Saint-Sylvestre. C’est la Conférence épiscopale qui se prend les coups, de plus en plus accusée par la jeunesse des quartiers populaires de la capitale d’avoir permis au chef de l’Etat congolais, par ce second dialogue, de se maintenir au pouvoir en violation de la Constitution. Les discussions sur le partage effectif du pouvoir traînent en longueur et les principales forces de l’opposition dénoncent une violation de l’accord, quelques semaines après sa signature». «Je pense que le pape a voulu laisser la chance à l’accord», estime l’officiel joint par Rfi. Un autre dit soupçonner qu’il peut s’agir du
fameux plan B de l’Eglise catholique et accuse Laurent Monsengwo d’avoir tout orchestré, de pousser le comité laïc de coordination et ses marches interdites par le régime. Pendant les interminables discussions au centre interdiocésain, la Conférence épiscopale avait souvent menacé les acteurs politiques récalcitrants d’un «Plan B»
sans plus de précisions. Les médias congolais imaginaient déjà le cardinal Monsengwo à la tête d’une transition «sans Kabila».
Pourtant, aucun de ceux qui l’ont réellement côtoyé ne lui prête d’ambition politique.
«Ou peut-être juste la papauté», s’amuse même l’un d’eux. Un patron de presse n’hésite pas à le qualifier de «Desmond Tutu congolais». L’ancien directeur de cabinet du président Mobutu voit dans la posture du cardinal, celle d’un homme qui veut parachever son œuvre au Congo. «C’est le changement qu’il cherche depuis Mobutu et qui n’arrive pas», médite Mokonda Bonza.
L’opposant Christophe Lutundula voit dans la posture du cardinal et l’émergence d’un nouveau comité laïc de coordination «l’histoire se
répéter ou du moins bégayer». Même si la mobilisation n’est pas encore du niveau de celle de 1992, l’intention est là».


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