Malgré un horizon de risques, un regain d’optimisme s’observe chez les patrons
  • lun, 16/11/2020 - 21:37

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1507|LUNDI 16 NOVEMBRE 2020.

En cet avant dernier mois de l’année 2020, la stabilité du cadre macroéconomique demeure exposée à la survenance des chocs d’origine externe et interne, estime un rapport daté de novembre 2020 de la BCC, la Banque Centrale du Congo qui détaille comme suit :

◗ risque d’accentuation de la récession mondiale à la suite de la deuxième vague de contamination à la COVID-19;
◗ risque de recul des exportations congolaises, de la baisse des cours des matières premières et de l’offre des devises, pouvant être accentué par la contraction des envois de fonds des migrants;
◗ risque de chute des transferts des migrants.

◗ Menace majeure d’une crise budgétaire, d’ici la fin de l’année, traduite par:
◗ risque d’aggravation du déficit public, dans un contexte de faiblesse des recettes et des pressions des dépenses;
◗ pressions intenses des dépenses publiques: (au 4 novembre les dépenses ont atteint 42,9 milliards de CDF contre des recettes de 5,6 milliards seulement). Les dépenses en attente de paiement à la BCC se chiffrent à 319,9 milliards de CDF dont 185,2 milliards se rapportent à la paie du mois d’octobre.

◗ augmentation des incertitudes quant à la mobilisation des appuis budgétaires extérieurs;
◗ épuisement de l’appui budgétaire du FMI;
◗ faible attractivité des bons du Trésor, dont les émissions nettes se chiffrent à -21,0 milliards de CDF au 4 novembre (remboursements nettement supérieurs aux nouvelles souscriptions);
◗ risque accru du retour au financement monétaire du déficit public, avec le danger de basculement dans l’instabilité interne et externe de la monnaie;

◗ consommation accélérée des réserves en devises, se traduisant par la chute continue du niveau des réserves internationales, laquelle érode la capacité de la BCC à intervenir sur le marché des changes (au 04 novembre, tes réserves internationales se sont établies à 672,1 millions de USD contre 697,5 millions le 29 octobre 2020) ;
◗ risque d’une accentuation de la contraction de l’activité intérieure, sur fond de la non maîtrise de la pandémie de la COVID-19, en ce dernier trimestre 2020.

En vue de prévenir ces risques, il est indispensable pour te Gouvernement et la BCC de prendre en compte les mesures suivantes :
◗ Réduction des dépenses des institutions politiques et des ministères ;
◗ négociation des paiements anticipés des impôts, notamment de l’impôt sur les bénéfices des entreprises ;
◗ mise en oeuvre des moyens indispensables au décaissement rapide de l’appui de la BAD;
◗ opérationnalisation des Bons du Trésor indexés et lancement d’une vaste campagne de communication pour convaincre les investisseurs ;
◗ respect des engagements pris dans le cadre du pacte de stabilité.
◗ renforcement des contrôles des prix auprès de grands importateurs, en vue de les dissuader et empêcher la spéculation généralement observée en cette période de l’année ;
◗ évaluation de la matrice des mesures d’urgence arrêtées au mois de mars dernier, spécialement celles visant à soutenir l’offre des produits de première nécessité, pour les renforcer ou les assouplir en perspectives des festivités de fin d’année. Ainsi par exemple, la réhabilitation ciblée des voies de desserte agricole et la levée des barrières sur les voies d’acheminement des produits de première nécessité vers les centres de consommation devrait contribuer à l’atténuation de la hausse des prix.

◗ maintien du verrou central du dispositif mis en place dans le cadre du pacte de stabilité, en ce qui concerne l’exécution des dépenses publiques;
◗ préservation de l’équilibre entre l’offre et la demande de liquidité;
◗ poursuite des missions des contrôles des rapatriements des recettes d’exportation conformément à la règlementation du change;
◗ poursuite de la mise en oeuvre d’une politique monétaire prudente.

Le rapport prévoit cependant que la contraction de l’économie nationale devrait être moins forte que celle estimée à fin mars, attestée par un taux de croissance de -1,7% en 2020, sur base des réalisations de la production à fin juin 2020, contre une estimation de -2,4 % à fin mars dernier.
L’activité économique devrait se contracter essentiellement dans les secteurs secondaire et tertiaire alors qu’une légère progression est attendue dans le secteur primaire.

Les contributions à la croissance de ces trois secteurs seraient de 0,45 point, - 0,65 point et - 1,08 point, respectivement pour le secteur primaire, secondaire et tertiaire contre 0,77 point, 1,55 point et 2,12 point en 2019. L’amélioration des prévisions de croissance tient notamment du bon comportement des activités dans le secteur minier, à la faveur des mesures de cantonnement des ouvriers dans les mines ainsi que de la bonne tenue des cours mondiaux des produits intéressant l’économie congolaise (notamment le cuivre, principal produit d’exportation); l’assouplissement des mesures de restrictions prises par le Gouvernement pour contenir la propagation de COVID-19;

les faiblesses structurelles de l’économie congolaise, notamment l’état des infrastructures de base.
Du coup, les résultats de l’enquête effectuée au mois sous analyse renseignent un regain d’optimisme des opérateurs économiques quant aux perspectives de l’économie congolaise à court terme. Le solde global d’opinions des chefs d’entreprises s’est chiffré à +5,4 % en octobre 2020 contre +4,1 % le mois précédent. Ce regain de confiance a été constaté globalement dans tous les secteurs d’activités.

COURS A LA HAUSSE.
Au 6 novembre 2020, les opérations financières de l’Etat se sont clôturées par un déficit de 74,0 milliards de CDF, résultant d’un niveau des recettes de 24,2 milliards et celui des dépenses de 98,2 milliards. Ce déficit a été financé exclusivement par des ressources tirées de l’appui budgétaire du FMI. En cumul annuel, la situation financière de l’Etat est déficitaire de 879,3 milliards de CDF, consécutivement aux recettes de 5.454,8 milliards de CDF et aux dépenses de 6.334,1 milliards de CDF.

Par ailleurs, à fin octobre 2020, le solde de l’Etat a affiché un déficit de 27,7 milliards de CDF contre un excédent programmé de 28,2 milliards. Ce déficit a été financé exclusivement par l’appui budgétaire du FMI d’un montant. Les ressources mobilisées au cours de la période se sont chiffrées à 576,3 milliards de CDF, soit un taux de réalisation de 92,7 % bien que les régies financières aient collectés en dépassement de leurs assignations mensuelles.
Cette situation est expliquée par le non encaissement prévu de l’appui budgétaire attendu de la BAD de l’ordre de 137,0 milliards de CDF.

Les dépenses exécutées ont atteint 604,1 milliards de CDF, enregistrant un dépassement de 1,8% par rapport à leur programmation mensuelle de 593,3 milliards de CDF. En outre, les dépenses publiques du mois d’octobre 2020 auraient pu être plus importantes, en cas d’exécution des OPI en attente de paiement au niveau de la BCC, chiffrés à 323,0 milliards de CDF. Par ailleurs, concernant l’exécution des dépenses, particulièrement celles liées à la rémunération des agents et fonctionnaires de l’Etat, il y a lieu de relever un reliquat de paiement de 78,1 milliards pour le mois d’octobre. De même, la dette extérieure est en arriérés depuis les mois de juillet, août et septembre 2020.
Le Trésor prévoit un déficit de 140, 4 milliards de CDF dont 24, 7 pour le mois de novembre et celui de 115,7 pour le mois de décembre 2020. Ce déficit devrait être financé essentiellement par l’appui budgétaire et les ressources provenant des émissions des bons du Trésor. Par ailleurs, le montant attendu de la BAD, la Banque Africaine de Développement, au titre de l’appui budgétaire (142,0 millions de $US) pourrait être encaissé au cours des prochains jours.

Au 5 novembre 2020, à l’exception du cobalt faiblement concentré en cathode, les cours des produits de base intéressant l’économie congolaise ont globalement évolué à la hausse au niveau international.
Hausse hebdomadaire de 7,16 % du baril du Brent sur le marché de Londres. Le cours du pétrole s’est établi à 40,12 $US le baril au 5 novembre 2020.

Cette évolution tient principalement :
(i) d’une possible intervention de l’OPEP, visant à contrer la rechute de la demande entraînée avec la nouvelle vague de contamination à la COVID-19 observé notamment sur le continent européen,
(ii) des résultats de l’élection présidentielle américaine favorables au candidat démocrate Joe Biden. D’aucuns estiment que la victoire du candidat démocrate serait de nature à faire monter les cours du fait de son projet de limiter l’exploitation du pétrole de schiste dans le pays.

Hausse hebdomadaire de 0,80%, le cours du cuivre se fixant à 6.748,00 $US au 5 novembre 2020.
Cette hausse est soutenue par la bonne santé économique de la Chine qui s’est déjà remise de la pandémie du corona virus.
Le Groupe International d’étude sur le cuivre a même modifié ses anciennes prévisions pour annoncer plutôt un déficit de l’offre du cuivre sur le marché international.
Hausse de 0,13 %, du cours du cobalt (cathode 99,80 %) sur la semaine. La tonne vaut, 34.768,21 $US au 5 novembre 2020.

Hausse de 3,58 % du cours de l’or, en rythme hebdomadaire soutenu par les ravages sanitaires et économiques de la pandémie du COVID-19. L’once s’étant établie à 1.949,27 $US.
Hausses du cours hebdomadaire du maïs pour 2,70 %, de celui du blé pour 0,91% et de celui du riz pour 1,60 %. Au 5 novembre 2020 ces cours se sont fixés respectivement à 150,46 $US la tonne, 609,25 cents et 12,67 cents le boisseau.
Hausse des cours faisant principalement suite au bon comportement de la demande découlant de la faiblesse du dollar américain.
Par ailleurs, la récolte du maïs ainsi que la semence du blé ont été perturbées par les conditions météorologiques non favorables dans les grandes zones de production.
La situation provisoire fait état du recul de 13,97 % du volume des échanges au quatrième trimestre 2020 par rapport à la période correspondante de 2019.

L’excédent du compte des biens a représenté 1,2 % du PIB contre 0,2 % à la période correspondante de 2019.
La forte baisse des importations renseignée en octobre a induit une amélioration du solde commercial.
Poursuite de la relative stabilité du marché des changes, attestée par des légères dépréciations de la monnaie nationale sur les deux segments. Au 6 novembre courant, le taux de change s’est établi à 1.965,0 CDF et 2.013,8 CDF le dollar, respectivement à l’indicatif et au parallèle. En rythme hebdomadaire, la monnaie nationale s’est dépréciée de 0,02 % à l’indicatif, alors que sur le marché parallèle le CDF s’est apprécié de 0,26%.

Comparée à la situation à fin décembre 2019, le CDF (Franc congolais) a connu une dépréciation de 14,86 % à l’indicatif et 14,31 % au parallèle face au dollar américain.
Au 6 novembre 2020, les réserves de change se sont établies à 692,89 millions, soit une hausse hebdomadaire de 2,77 %. Ce niveau des réserves correspond à 2 semaines et 5 jours d’importations des biens et services sur ressources propres.

Hausse hebdomadaire de la base monétaire de 213,4 milliards au 5 novembre 2020, se situant à 3.678,6 milliards de CDF, expliquée en grande partie par une augmentation des avoirs intérieurs nets de 212,3 milliards, soit 99,5 % de l’accroissement total de l’offre de monnaie.

Au niveau des composantes, la croissance de l’offre de monnaie centrale est expliquée essentiellement par la hausse du compte courant des banques à hauteur de 221,0 milliards de CDF.
Baisse de la masse monétaire de 7,6 milliards de CDF, se situant à 17.797,4 milliards de CDF, expliquée par le recul des avoirs intérieurs nets de 8,7 milliards.


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