Sokimo veut aller en bourse en faisant l’offre de ses 150 millions de $US
  • mar, 09/06/2020 - 03:41

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1487|MARDI 9 JUIN 2020.

SOKIMO veut ignorer ses 105 millions de $US perçus par la Primature contre une garantie d’Etat d’aller en bourse.
La société des mines d’or de Kilo-Moto tient à être cotée en bourse dans l’espoir de se refaire une bonne mine. Ici, les arriérés des salaires dépassent les 80 mois et les dividendes attendus de différents PPP, partenariats publics privés, ne sont plus versés, depuis nombre de mois.

La Commission en charge des ressources naturelles de l’Assemblée nationale a rendu public, fin mai 2020, son rapport sur la SOKIMO : ni blâme, ni sanction contre le D-g Jean-Baudouin Kodravele pourtant sous les feux de critiques des ONG. La mouvance de la société civile congolaise avait sollicité du gouvernement une évaluation de la gestion des entreprises MIBA et SOKIMO en conseil des ministres. On le sait, seuls les membres du conseil d’administration (PCA et D-G) de la Minière de Bakwanga ont été limogés par le gouvernement, avec l’aval du président de la République, Félix Tshisekedi. RAS sur SOKIMO. Pourtant, selon la commission en charge des ressources naturelles, une mission d’enquête parlementaire devrait se pencher sur la régularité des initiatives entreprises par la direction générale de SOKIMO et prendre langue avec les sociétés étrangères en contrat de partenariats avec la SOKIMO.

VETUSTE ET INEXISTANT.
«L’outil de production est quasi vétuste et pratiquement inexistant. Les différents partenariats auxquels la société s’est assigné n’ont pas produit des effets escomptés. Et la SOKIMO n’a pas pu se relancer. Le seul partenariat qui a semblé marcher rester celui signé avec Barrick-Kibali. Mais depuis 2018, Kibali doit près de 3 millions USD des dividendes à la SOKIMO (…)». Pourtant, fin 2019, le PDG de Kibali Gold mines, Mark Bristow soutenait qu’après dix ans de production, Kibali avait déjà versé 2,7 milliards de $ à l’Etat. Quoique divisé en pro et anti-D-G, le banc syndical s’accorde toutefois sur le fait que Kibali a versé 105 millions de $US de royalties à l’Etat après une déduction justifiée de 8 millions de $US. Tout s’est passé à la Primature en 2010, reconnaît devant la presse ce leader syndical. On rappelle que ce fut la période où le PALU et l’AMP (MP) avaient coalisé pour gérer et Adolphe Muzito trônait à la Primature. Willy Bafoa était D-G de SOKIMO.

A la Commission en charge des ressources naturelles, on se dit étonné du silence du gouvernement sur les droits dûs par la SOKIMO. «Il est anormal qu’à fin d’exercice, les actionnaires déclarent en assemblée générale un bénéfice reparti à tous les actionnaires. Et l’actionnaire SOKIMO pour le compte de l’Etat ne reçoit rien… Et le même Etat ne s’en offusque même pas!». Déjà, le 27 février 2020, à la faveur d’une manif des travailleurs de la SOKIMO/Kinshasa, les syndicalistes sollicitent en vain de savoir pourquoi «malgré des nombreux partenariats avec des miniers comme Kibali Gold, nous sommes pas payés. Nous cherchons à savoir si ces partenaires versent de l’argent ou pas dans les caisses de l’entreprise». Le 20 avril 2020, toujours à Kinshasa, le caucus des députés et sénateurs de l’Ituri où se concentre l’essentiel des actifs de la société, demande au chef de l’Etat d’annuler tous les actes posés par des mandataires à la tête de la société minière et de les remplacer. La suite de la requête se fait encore attendre...
Le gouvernement savait…

Le 31 mai 2020, sur la télévision nationale, RTNC, un cadre de la SOKIMO en compagnie d’un syndicaliste soutient urbi et orbi que la tutelle technique (le ministre des Mines, Willy Kitobo Samsoni) et la tutelle administrative (le ministre du Portefeuille, le FCC Clément Kwete) sont au courant de tous les actes posés par les dirigeants de la SOKIMO qui jouissent d’ailleurs de leur accompagnent. Concernant le dossier des 105 millions de $US dûs à la SOKIMO conclu à la Primature, l’homme fait comprendre que ce n’est plus que du jadis. «Pourquoi les ONG ne s’intéressent pas à d’autres financements comme celui de la BAD, 150 millions de $US, rétorque-t-il. Pour la Société des mines d’or, le plus important, c’est d’aller en bourse ».

Pour ce faire, le 6 février 2020, SOKIMO et AJN Resources Inc. officialisent, en catimini, un protocole d’accord (MoU) lequel prévoit la cession des 10 % de participation que SOKIMO détient dans Kibali Goldmines SA, à la société minière canadienne AJN Resources. Barrick Gold et AngloGold Ashanti qui détiennent, à parts égales, 90% de de Kibali Goldmines se sont opposés à ce deal, sans fléchir la SOKIMO. La petite firme canadienne qui fait, en réalité, le commissionnaire minier, a été chargé de lever environ 20 millions de dollars canadiens (un peu plus de 17 millions USD) sur le marché international pour développer la société minière d’Etat. La coalition d’organisations non gouvernementales COGEP soutient que d’autres actifs de la SOKIMO seraient mis en jeu dans le protocole avec AJN dont les 30 % dans KODO ; les 35% dans GIRO GOLDFIELDS; les 35 % dans WANGA; les 30% dans NIZI ; les 30% dans Kibali Sud. Il sied de rappeler qu’avant l’indépendance, SOKIMO était déjà cotée en bourse, en Belgique.
POLD LEVI MAWEJA.


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