Nangaa, un énième Congolais de service
  • mar, 24/12/2024 - 11:20

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1624|MARDI 24 DECEMBRE 2024.

Ce fut la phrase clé léguée au Congo par Me Gérard Kamanda wa Kamanda, né le 10 décembre 1940 à Kikwit, province du Kwilu, éteint le 21 janvier 2016 à Kinshasa.

Celui qui fut, à Addis-Abeba, en Éthiopie, entre 1967 et 1972, directeur de cabinet du Secrétaire Général de l'OUA, Organisation de l'Unité Africaine (aujourd'hui UA, Union Africaine), le Guinéen Diallo Telli, et, entre 1972 et 1978, Secrétaire Général Adjoint élu de l'OUA avant de regagner le pays et d'occuper plusieurs fonctions ministérielles (Vice-Premier ministre aux Affaires étrangères et à la Coopération internationale, Vice-Premier ministre à l'Intérieur, Vice-Premier ministre à la Justice, ministre de la Recherche scientifique et technologique), a usé d'une formule choc - « Congolais de service » - pour désigner Laurent-Désiré Kabila quand celui qui fit sa vie longtemps dans le maquis de l'Est, dans l'oubli, fut porté par le Rwanda et l'Ouganda à la tête de l'Afdl, Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo, que Wikipédia décrit comme «une coalition de dissidents à Mobutu Sese Seko et de groupes ethniques minoritaires congolais qui, emmenés par Laurent-Désiré Kabila, mais en réalité orchestré et dirigé par le Rwanda, prirent le pouvoir au terme de la première guerre du Congo (1996-1997), tout en se rendant coupable de nombreuses exactions.

Bien que l'alliance ait réussi à évincer Mobutu du pouvoir, elle ne survécut pas aux tensions entre Kabila et ses anciens alliés, l'Ouganda et le Rwanda, ce qui amena au déclenchement de la deuxième guerre du Congo le 2 août 1998».
Après la crise surgie entre Laurent-Désiré Kabila et ses mentors rwandais et ougandais et la fin de l'Afdl, Kigali construit en 1998, sur le même mode opératoire, une autre rébellion, le RCD, Rassemblement congolais pour la démocratie, né à Goma et porte à sa tête plusieurs personnalités congolaises de premier plan recrutées à Kinshasa et dans des pays de l'Est.

Cette rébellion compte dans ses rangs le professeur Ernest Wamba dia Wamba, l'ancien premier ministre Vincent de Paul Lunda Bululu, l'ancien fonctionnaire de l'Unesco Arthur Z'ahidi Ngoma, l'ancien mnistre Alexis Thambwe Mwamba, Antipas Mbusa Nyamwisi, John Tibasima Bogemu, Émile Ilunga Kalambo, Adolphe Onusumba Yambo, Azarias Ruberwa Manywa, Moïse Nyarugabo Muhizi Mugeyo, etc.

ÉNIEME CONGOLAIS DE SERVICE.
Après le RCD qui participe au pouvoir à Kinshasa (régime 1+4 après le dialogue inter-congolais de Sun City, nouveau clash entre Kinshasa et Kigali. Puis, nouvelle guerre contre Kinshasa conduite cette fois par divers groupes rebelles, CNDD avec Laurent Nkunda Batware, Bosco Ntaganda surnommé le Terminator, Sultani Makenga, Jean-Marie Runiga, le M23 avec un natif de Bukavu, Bertrand Bisimwa et, le tout dernier acte, l'AFC, l'Alliance Fleuve Congo avec l'ancien président de la Commission Électorale Nationale Indépendant, Corneille Nangaa Yobeluo.

Ce natif de l'Ituri est-il le énième «Congolais de service» qui subira le sort de nombre de ses compatriotes passés à Kigali, utilisés à souhait par Kigali pour la vente de son image dans un monde interconnecté quand il exploite à souhait illégalement les mines de l'Est avant d'être lâchés car usés?

Il est vrai que le régime rwandais n'a jamais eu le moindre état d'âme quand il s'agit de ses intérêts. L'échec du sommet de Luanda qui aurait réuni, le 15 décembre 2024, le Congolais Tshisekedi et le Rwandais Kagame autour de l'Angolais João Lourenço quand Kigali réclame auparavant un dialogue entre Kinshasa et le M23-AFC, laisse un espoir à Nangaa et à Bisimwa.

Mais l'histoire n'a pas encore dit son dernier mot. Le Rwanda fera-t-il marcher ses soldats une énième fois jusqu'à Kinshasa?
T. MATOTU.


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