Et si on avait tout faux
  • lun, 14/12/2015 - 03:49

A la quête du Graal

Incroyable couple! Qu’écrire? Comment l’arrêter de courir? Voilà une actualité sur un événement national, international réclamé, annoncé, convoqué par le Président de la République, Chef de l’Etat, qui s’envole... sans savoir s’il aura jamais lieu au point où un édito du plus officiel et de la Rtnc s’en pose la question vendredi 11 décembre à 20h00’, à la prime time. Aura lieu? N’aura pas lieu? Avec ou sans l’UDPS? Nul doute, le pays entier veut ce Dialogue, le réclame...
Un calendrier précis avait été examiné par les parties aux négociations, annoncé par la plus haute autorité de l’Etat - comme il se doit et comme demandé par l’une des parties aux négociations et convenu - mais voilà qu’il est déjà caduc! Cette partie multiplie les menaces, cogne un ultimatum. Aussitôt que le camp présidentiel fait mine de l’avoir entendu en s’en montrant favorable, les enchères reprennent et repartent de plus belle!
Les parties conviennent d’une feuille de route commune et tombent d’accord sur un texte âprement négocié, et les points et les virgules.
Aussitôt que celui-ci est rendu public, il est dénoncé!
Le camp présidentiel croyait s’être engagé dans un projet commun, une relation de confiance mutuelle - s’est mis d’accord sur tous les fondamentaux, s’est assuré de tous les réglages - voilà que le projet cesse net d’exister puisque l’UDPS a retourné sa veste, se rend coupable d’adultère en ralliant le camp adverse puisque le parti des Tshisekedi (père et fils) a passé à Paris le 10 décembre un accord sans équivoque qui fait voler en éclat tout le processus, selon l’analyse cartésienne! Que font les Congolais? A quelle partie jouent-ils? Et si, au départ, dans ce couple, tout était faux, tout était jeu, tout était malentendu?
Il faut relativiser car dans l’analyse du discours politique officiel congolais, le cartésianisme est souvent inexistant lorsqu’il s’agit de la posture publique à prendre...
Off the record et depuis des lustres, chaque politique vous dit qu’il sait tout, qu’il connaît la vérité: celle de l’impossibilité de tenir les délais électoraux constitutionnels.
Il existe des contingences techniques. Il y a force majeure.

L’IMAGE ETERNELLE.
Les sommes mirobolantes (1 milliard de dollars) réclamées par la centrale électorale nationale indépendante ne sauraient être réunies par le Trésor.
Il ne faut pas un dessin pour dire que ces sommes ont mieux à faire ailleurs dans une conjoncture congolaise d’urgence extrême.
Des réformes institutionnelles s’imposent au pays. Elles sont réclamées par la communauté internationale. Croyant le sujet hautement tabou, face à une opinion éveillée qui ne demande qu’à comprendre, à accompagner en se laissant expliquer, nul ne prend le risque d’ouvrir à haute et intelligible bouche par crainte de subir une mort subite.
La politique est pourtant aussi et souvent oser, en servant d’éclaireur à ses congénères...
Alors, on recourt à la Méthode Surprise en espérant que le peuple lui-même finira par comprendre de lui-même ou que Dieu fera le reste en sauvant le pays perdu comme il a su le sauver incroyablement à ce jour!
Mais si les analyses de départ elles-mêmes avaient été mal faites, étaient biaisées? Qui ne sait que si les inputs sont faux, les outputs ne peuvent que l’être à leur tour!
Car franchement, sauf déplacement de plaque tectonique, qui avait pu croire un instant que Tshisekedi pouvait être autre que ce qu’il a été à ce jour? Quel homme sur Terre aurait cru au miracle, aurait pu transmuter le «Sphinx de Limeté» arrivé en fin de course, ce lutteur acharné qui a consacré toute une vie à construire un mythe de résistant anti-pouvoir resté intact et contre quoi, en moucheron prêt à danser à hauteur d’homme, lui qui a tout refusé en tout déchirant même l’exercice du pouvoir quand il lui était offert ou que celui-ci s’était trouvé à portée de main? Lui dont le seul souci désormais est de préserver son image éternelle?
On pourrait lui substituer un héritier politique ou mieux, biologique mais outre qu’en l’espèce, humainement, cela ne prendrait pas mais qui ne sait qu’aussi longtemps que Tshisekedi aura le souffle et sera capable d’ouvrir la bouche pour parler librement, sa réponse sera non, trois fois non.
Notre pays est comme à la quête du Graal. A ce jour, ce qui lui a le plus fait défaut c’est le courage - le courage de la vérité! Il s’est pris à l’idée qu’il saurait faire une omelette sans casser des œufs! On en vient à monter les enchères, à miser sur l’épuisement du camp adverse en oubliant que l’autre a de la réserve, que quoi qu’on en dise, les maîtres du jeu sont ailleurs. Au moins pour ce pays qui n’est pas n’importe lequel sur Terre - ce qu’il représente, ce qu’il détient: l’avenir de l’Humanité.
Eux - les maîtres du monde - ont du temps et de la ressource. Le Congo n’a rien! Au moins pas aujourd’hui. Que ceux qui aiment ce pays s’engagent, coalisent, avancent...
Le temps commence à faire défaut.
Mais il est encore temps. Il faut commencer par recompter les troupes, retravailler l’appareil Majorité, aller à la refonte de celle-ci en dressant un bilan contrasté d’une décennie d’un vivre ensemble qui n’aura pas été - c’est normal - un long fleuve tranquille. Il y a une classe consciente qui veut des scrutins - des scrutins de responsabilité, en résolvant les contingences techniques - et une classe extrême qui s’arcboute sur les principes, réclamant à tue-tête des élections aujourd’hui et maintenant, brandissant celles-ci comme LA solution aux problèmes du Congo, faisant fi des contingences, brandissant le spectre de la rue qui marcheraient sur les Institutions. Or, les élections n’ont jamais été une solution que quand elles sont consensuelles et apaisées. Ce que le Chef de l’Etat a rappelé le 28 novembre dans son message. Qu’au nom du Congo, la Majorité consciente se mêle à l’opposition responsable pour aller de l’avant. Rien ces derniers mois ne va plus à l’UDPS. Rien ne lui réussit plus. La vieillesse est un naufrage. Jamais le «Lider Maximo», le «Dieu des Dieux» des années Transition, n’avait été autant contesté, à l’intérieur comme à l’extérieur. Fin d’une idylle! A la dernière Présidentielle, il avait annoncé, retour d’un long voyage maladie, à Bruxelles et à Johannesburg, que cette était la dernière qu’il livrait. Qu’elle marche ou pas, qu’importe! Il rangeait au placard ses gants.
Mais voilà! A près de nonagénaire, quand d’autres ont passé le flambeau, l’homme malade, le grand âge atteint, veut faire un baroud d’honneur. Il a encore une revanche à prendre.

LE LION A PERDU SES DENTS.
Dans Mobutu, roi du Zaïre, le conteur raconte: «Oh!!! Le Lion avait perdu ses dents! Il ne mord plus personne!». Etienne Tshisekedi wa Mulumba est-il au stade où Mobutu-le Léopard s’est trouvé à son extinction?
Tout commence à Bruxelles, la place qui l’a déifié, où il aimait tant se rendre. Ici, il était chez lui. Or, là, c’est une autre génération qui a pris le pouvoir.
L’homme qu’il avait tant combattu, Honoré Ngbanda Nzambo-ko-Atumba, ex-conseiller spécial de Mobutu - «le Terminator» - savoure son plaisir de prendre sa revanche. Lentement mais sûrement, il a tissé sa toile. A force de prêches, son APARECO (Alliance des Patriotes pour la Reconstruction du Congo Kinshasa bâtie sur le modèle de l’AFDL, Alliance des Forces démocratiques pour la libération du Congo-Kinshasa du Mzee Kabila) commande la rue de Bruxelles, cette plaque tournante européenne pour les Congolais. Elle a osé défié et défilé contre le Lider Maximo, un cercueil portant son cadavre promené à travers le quartier Matongé! Et la foule a applaudi. Le Roi est mort, vive le Roi! Lui, Tshisekedi présent en Belgique! Et les médias belges - bus jusqu’à la lie par les Zaïro-Congolais, hier friands de l’anti-mobutisme - se sont régalés en live.Incredible! Une page venait d’être tournée!
Et comme si cela ne suffisait pas, en interne, son propre conseiller, le fidèle des fidèles, le dur des durs, le penseur, l’idéologue - Valentin Mubake - venait de tourner casaque, l’accuser de haute trahison! Tshisekedi otage d’une clique ethnico-tribaliste! La célèbre cotérie du professeur Marcel Lihau. Chasser le naturel, il revient au galop! Mubake passe encore.
Dans un pays où il faut compter sur les siens, cette blessure était feinte. Mais voilà que François Tshipamba Mpuila - le Docteur à la langue et à la plume si pendues, né pour être UDPS Internationale - rejoint Valentin Mubake et reprend mot à mot les accusations! Tout ça après le schisme Belchika (François-Xavier), les fameux par Bomanza (Jean-Baptiste), les Moni Dela (Moïse), celui-ci passé au service d’un cousin, l’ancien chef de guerre Roger Lumbala!
Que reste-t-il à Tshi-Tshi? La famille biologique: Félix Tshilombo, le fils; l’épouse Marthe. Des porte-parole qui ne portent que leur propre parole. D’où le désordre, les accusations.
Faut-il approcher des nouveaux venus? L’UNC Vital Kamerhe Lwa-Kanyiginyi? Le G-7 Moïse Katumbi Chapwe? Plutôt le frère aîné de celui-ci Raphaël KatebeKatoto Soriano? Qui a le mérite d’être de son âge...
Car le problème de Tshisekedi est là! Qui de ces «gamins méprisables» pourrait lui donner quelle leçon de la vie qu’il refusa de son ami Mobutu qui le menaça des pires représailles sans qu’il ne fléchisse, en dépit de ses armes, dans un contexte où toutes les balles ne pouvaient être perdues pour tout le monde? Reste que personne sauf la famille ne sait comment se porte le «LiderMaximo», comment se réveille «le Sphinx de Limete», comment se nourrit-il.
Ses porte-parole changeant - dont Bruno Mavungu Puati - peuvent tout expliquer aux médias et faire toutes les annonces et les désannonces. Ils savent que Tshisekedi est imprévisible, que nul ne l’a jamais apprivoisé!
Donnera? Donnera pas le go au Dialogue? Viendra? Viendra pas pour sa crédibilité? Personne que Tshisekedi ne sait! Il a fait venir à Bruxelles un chaud partisan du dialogue, le Dép. honoraire Jean-Pierre Lisanga Bonganga - l’homme du Maréchal par excellence! Mais Etienne Tshisekediwa Mulumba est celui qui, après vous avoir donné sa parole en acceptant de voler avec vous, peut vous désintégrer en plein vol. Sans que vous ne sachiez pourquoi! Tous ceux qui l’ont côtoyé le savent...
D. DADEI.


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