Et si l’Afrique se sauvait du coronavirus?
  • mar, 12/05/2020 - 05:09

KINSHASA, PARIS, BRUXELLES.
Le Soft International n°1485|MARDI 12 MAI 2020.

Alors qu’on lui prédisait un cataclysme sanitaire, l’Afrique a pour l’instant été relativement épargnée par la pandémie de Covid-19. Des pays comme le Bénin ont rejeté toute mesure de confinement impossible sur le Continent. Ils ne s’en portent pas trop mal alors que des pays occidentaux qui déconfinent malgré la poursuite de la pandémie. Du climat aux modes de vie en passant par la démographie, plusieurs facteurs pourraient l’expliquer.
Les médias occidentaux sont aujourd’hui à s’interroger. Ils en sont à évoquer la chaleur que connaît le continent, la jeunesse de sa population, l’immunité qu’auraient produit d’autres pandémies : Ebola, malaria, VIH, etc.
«Le meilleur conseil à donner à l’Afrique est de se préparer au pire et de se préparer dès aujourd’hui», avait déclaré en mars l’Ethiopien Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’une conférence de presse virtuelle à Genève.
A une question d’un journaliste rwandais, le Directeur général de l’OMS avait indiqué que même si l’incidence de la maladie est faible, le continent devrait se «préparer au pire».
«Dans d’autres pays, nous avons vu comment le virus s’accélère après un certain point de basculement», avait-il insisté, tout en ajoutant qu’il vaut mieux que «ces cas recensés soient vraiment les chiffres exacts pour que l’on puisse étouffer le nouveau coronavirus dans l’œuf».
«Pour l’instant, l’incidence de Covid-19 en Afrique est faible», avait fait valoir de son côté, le Dr Michael Ryan, Directeur exécutif chargé de la gestion des situations d’urgence sanitaire à l’OMS.
Selon lui, l’incidence est peut-être «plus élevée» en raison notamment de l’absence de détection. Mais, l’Afrique a encore une occasion majeure d’éviter certains des pires effets de l’épidémie et de préparer son système de santé publique et son système de santé à cette éventualité.
Dans cette optique, l’OMS s’attend à ce que les pays africains examinent toutes les options possibles, en se basant sur l’expérience de l’Asie et de l’Europe pour déterminer les options qui leur conviennent le mieux.
En attendant, l’agence onusienne basée à Genève avait réitéré les mêmes conseils donnés aux autres pays, à savoir l’importance de faire des tests, de rechercher les contacts, d’isoler et de traiter les personnes atteintes. Pour l’OMS, il est certain qu’en ce moment, tous les pays qui ont une maladie à l’intérieur de leurs frontières doivent examiner les mesures appropriées pour limiter les contacts entre les individus, en particulier «les grands rassemblements de masse qui ont le potentiel d’amplifier la maladie».
Afin d’éviter l’amplification de la maladie, l’OMS estime actuellement que tous les pays où il existe une transmission communautaire ou des grappes de cas à l’intérieur du pays, devraient envisager sérieusement de retarder ou de réduire les rassemblements de masse.

LE CONFINEMENT N’EST PAS UNE IDEE DE L’OMS.
L’agence onusienne avait averti que de telles manifestations, qui rassemblent les gens de manière intense, ont le potentiel d’amplifier et de propager la maladie, en particulier «les grands rassemblements de type religieux qui mettent en contact très étroit des personnes venant de très loin».
La recommandation de l’OMS est en fait d’éviter ces regroupements de masse et de tout faire pour couper le virus de l’œuf, en espérant que le pire puisse se produire.
«Car nous avons vu comment le Covid-19 s’accélère vraiment et se propage dans d’autres continents ou pays», avait insisté Dr Tedros, estimant que «l’Afrique devrait se réveiller». «Mon continent devrait se réveiller».
De son côté, Margaret Harris, porte-parole de l’OMS, Organisation mondiale de la santé, a déclaré que l’organisation n’«a jamais conseillé d’instaurer des mesures du confinement». «Nous n’avons jamais dit d’instaurer des mesures du confinement. Nous avons dit de suivre, tracer, isoler, traiter», a affirmé lundi 27 avril cette porte-parole au quotidien australien Sydney Morning Herald.
Toutefois, pour les régions où le coronavirus s’est rapidement répandu, «les gouvernements sont allés jusqu’à mettre leurs pays en quarantaine parce qu’ils n’étaient pas en mesure de savoir où se déroulaient la plupart des transmissions», a poursuivi le Dr Harris.
De plus, a-t-elle soutenu, «ces pays se sont assurés de l’efficacité de ces restrictions après avoir vu qu’elles avaient fonctionné à Wuhan, sauf qu’ils n’ont pas appliqué l’ensemble des mesures: Mais ils n’ont pas pris en compte ce qu’il s’est également passé à Wuhan, à savoir qu’il y avait un suivi des contacts très sévère, un isolement très sévère des personnes qui avaient eu des contacts, s’assurant que ces personnes n’allaient nulle part, ainsi que le dépistage massif».
Il y avait donc, d’après la porte-parole, «bien plus qu’une simple fermeture de la région». Selon elle, les pays qui ont l’intention de se déconfiner ont besoin de localiser les foyers de transmissions pour les isoler.
«Vous devez être capables de séparer les personnes infectées de celles en bonne santé», a poursuivi la porte-parole.
Le monde n’a pas encore vaincu la pandémie, a-t-elle mis en garde, car la propagation du virus ne fait que commencer en Europe de l’Est et en Russie. Bien que l’OMS s’engage à analyser les conséquences de la pandémie de manière autonome, ce qui représente une pratique habituelle suivant les épidémies majeures, l’organisation n’est pas opposée à toute enquête indépendante, a souligné Margaret Harris.


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