- lun, 12/04/2021 - 09:30
KINSHASA, PARIS, BRUXELLES. Le Soft International n°1524|LUNDI 12 AVRIL 2021. L’affaire date des années «Surdoués». «Surdoués»? Le Premier ministre Augustin Matata Ponyo Mapon et nombre de ses ministres de Matata-I (première mouture) dans le choix duquel le Chef du Gouvernement mit particulièrement tout son honneur en les recrutant un à un après des interviewes en règle, le furent sans aucun doute. Des techniciens sinon des techno-politiques chacun dans son domaine. Des dossiers d’Etat préparés en amont au sein des cellules techniques, des Conseils des ministres millimétrés, gérés en veillant strictement à l’économie du temps, certains ne dépassant pas une quinzaine de minutes et, du coup, des résultats immédiats au bout du compte... Bravo ! Sauf que l’Inspection Générale des Finances, d’ordre du Président de la République et conformément à sa mission d’Etat, pioche dans nombre de dossiers à scandale. Et, chaque jour qui passe, on sait un peu plus sur une omertà savamment entretenue... Il y a eu la débâcle du projet pharaonique des parcs agro-industriels de Bukanga Lonzo à califourchon entre deux provinces, le Kwango et le Kwilu. Présenté à l’époque comme la solution miracle à la disette populaire structurelle d’un pays aux énormes terres arables mais qui importe fruit, tomate, épinard, pomme de terre, maïs, etc., Bukanga Lonzo, prototype sur lequel devrait s’asseoir un maillage, n’a guère produit une feuille quelconque mais a enrichi des individus, accuse l’Inspection Générale des Finances qui veut retracer 205 millions de $US partis en fumée. Il existe d’autres cas de détournement des fonds publics comme celui qui met en scène l’Entreprise d’Alimentation et de Logistique EGAL Sarl proche de l’ex-président Joseph Kabila, la banque BGFI Bank DRC, la filiale congolaise de la Banque Gabonaise et Française Internationale dirigée à l’époque des faits par Francis Selemani Mtwale, un proche quasiment biologique de l’ex-président et la BCC, la Banque Centrale du Congo. EN PLEINE ANNEE DES «SURDOUES». En 2013, en pleine année des «Surdoués», un courrier du ministre délégué auprès du Premier ministre en charge des Finances Patrice Kitebi Kibol M’Vul sans réserver copie, comme c’est de règle administrative, à aucune autorité réglementaire, atterrit à la Banque Centrale du Congo et ordonne le paiement d’une somme de 42.999.6999,05 $US au bénéfice de la société EGAL Sarl. Sans aucune autre forme de procès, la banque des banques exécute cette instruction, depuis ses comptes logés à la Rawbank, vers un compte dénommé «Banque Centrale du Congo Équipements» ouvert à la BGFI Bank RDC. Peu après, cette somme quitte ce compte «Banque Centrale du Congo Équipements» à la BGFI Bank DRC pour être intégralement versée en quatre tranches (9.999.891,00 $US, 14.999.888,70 $US, 4.999.899,80 $US, 13.000.000,00 $US) sur un autre compte séquestre n°45191026110-13 $US dénommé Société EGAL Sarl. Ce sont deux individus, Hervé Kusombi et Abdel Kader Diop, agents de la BGFI Bank DRC qui donnent l’ordre. Mais ce compte séquestre va changer plusieurs fois de numéro et prendre notamment celui n°40010276015-54 EGAL V/C Séquestre. Pourtant, en 2018, l’audit interne de la BCC fait état de l’existence d’aucun compte à la BGFI Bank RDC dénommé «Banque Centrale du Congo Equipements» ! Cette bagatelle 42.999.6999,05 $US a donc disparu dans les coffres de la filiale congolaise de la Banque Gabonaise et Française Internationale. Dans un courrier daté du 8 février 2021 (n° 207/PR/IGF/IG-CS/JAK/NMN/2021), l’incorruptible patron de l’IGF Jules Alingete Key accable EGAL et lui réclame des comptes expliquant que ce fonds arrivé sur le compte de la BGFI Bank DRC pour EGAL Sarl est un «paiement (...) indu et constitue un détournement des deniers publics». Et de conclure sans la moindre équivoque : «L’Inspection Générale des Finances compte tout mettre en œuvre pour obtenir le remboursement du montant détourné et la réparation du préjudice ainsi causé». Mais la terrifiante Inspection Générale des Finances - pour la pieuvre financière - ne s’arrête pas en si bon chemin surtout que la société EGAL Sarl répète à l’envi tout ignorer de ce fonds... Fille d’un ministre de Mobutu, Dr Jiby Ngoyi, un gastro-entérologue ayant longtemps séjourné au pays des Bongo au Gabon dans une vie passée, premier diplômé congolais du très prestigieux Harvard Business School, Marlène Ngoyi Mvidia nourrit plusieurs idées en tête quand en novembre 2018, elle prend la filiale congolaise de la BGFI Bank. Cette dame qui se présente comme une «lucky girl» (la fille chanceuse), qui a parcouru le monde, l’Amérique du nord, l’Amérique du Sud, l’Europe et l’Afrique de l’Est après s’être distinguée au Merrill Lynch à New York, à Reliant Equity Investors, à Chicago et à la tête de la filiale BGFI Bank Europe est rattrapée dans son propre pays par des affaires de détournements des fonds publics et de blanchiment d’argent. Convoquée et entendue sèchement au moins huit fois et sur procès-verbal par des OPJ de l’IGF, la fille Ngoyi est en passe de piquer une crise d’AVC par le passé sa banque et les pratiques congolaises d’un autre âge. Elle avait mission de redorer l’image de la BGFI Bank après le scandale de blanchiment d’argent illicite révélé en 2017 par le lanceur d’alerte basé à Washington The Sentry qui dépiste l’argent sale provenant des crimes de guerre. La «luck girl» new-yorkaise du gastro-entérologue congolais retraité en Belgique, préfère remettre sa blouse à la BGFI refusant d’assumer une quelconque responsabilité quand le 5 avril 2021, Jules Alingete Key l’IGF lui adresse un courrier couperet (n° 382/PR/IGF/IG-CS/JAK/BCO/2021) pour la réputation d’une banque qui pèserait 9 milliards de $US. MEME MODE OPERATOIRE. Alingete n’y a jamais été par le dos de la cuillère et appelle un chat un chat : «Au stade actuel des choses, il se dégage que l’État congolais a perdu le montant de 42.999.6999,05 $US sorti du compte «Banque Centrale du Congo Équipements» et la responsabilité incombe à la BGFI Bank DRC». Le courrier porte l’objet: «Destination des fonds de la Banque Centrale du Congo logés dans le compte n°70010285011-72 intitulé «Banque Centrale du Congo Équipements». Selon le très sérieux site en ligne politico.cd, les pistes de l’IGF «mènent actuellement vers les donneurs d’ordres en premier l’ancien ministre Délégué auprès du Premier ministre chargé des Finances Kitebi (...) à la base des ordres de décaissements, au niveau de la Rawbank d’où l’argent est parti, et à la BGFI Bank d’où l’argent a disparu». Puis : « Il y a eu des gens qui ont donné ordre pour faire sortir l’argent des comptes de la BCC à la Rawbank pour le loger dans un compte séquestre obscure, utilisant la société EGAL comme prétexte. Il est aujourd’hui prouvé que cet argent n’a jamais été prêté à la société et a disparu. Ils doivent répondre cette énorme somme d’argent». En clair, quel ministre des Finances (et d’ordre de qui et pourquoi ?) a donné ordre au Gouverneur de la BCC Déogratias Mutombo Mwana Nyembo ? En français facile, le même mode opératoire partout expérimenté par la fausse haute finance congolaise, la grande pieuvre financière congolaise qui se projette un destin national voire international. Une lettre d’Alengete du 16 mars 2021 met en effet hors cause EGAL : « Faisant suite aux différentes séances de travail que nous avons eues, en présence des représentants de la BGFI Bank, sur l’affectation en faveur de votre société, d’un montant de quarante-trois millions de dollars américains, montant provenant d’un compte séquestre ouvert par la Banque Centrale du Congo dans les livres de la BGFI Bank, j’ai l’honneur de vous communiquer la position, à ce stade, de l’Inspection Générale des Finances qui consiste en ce qu’aucune preuve n’a pu être produite par la BGFI Bank, attestant que cette somme ait jamais été mise à votre disposition». « À ce stade, il découle au contraire des différents éléments de ce dossier que vous aviez bénéficié de cette banque, d’une ligne de crédit en garantie de laquelle un compte confort avait été ouvert, compte alimenté par des prélèvements opérés sur votre chiffre d’affaires et que cette ligne de crédit a été apurée suivant un compromis intervenu entre parties, compromis ayant impliqué la liquidation de ce compte confort», poursuit le courrier de l’IGF. Qu’attend donc cette IGF Alingete pour aller fouiner ailleurs où des candidats promoteurs sont ponctionnés par des fonctionnaires indélicats, des magistrats qui ne sauraient être au-dessus des lois du pays, des sites en ligne au service. ALUNGA MBUWA.